mardi 28 avril 2009

Relâche

Je m'absente pour quelques jours et reprendrai mes billets le mardi 5 mai. Mais tout de même ici, je réitère l'indignation que j'ai manifestée hier. Maître MAISONNEUVE estime que monsieur BURGAUD, dans la mesure où il n'a pas commis de faute disciplinaire, n'a pas d'excuses à présenter aux victimes, et qu'en outre, c'est tellement vrai qu'aucun des avocats des mis en cause n'a jugé utile de demander sa récusation ! On nage dans le juridisme le plus inhumain, le plus froid, le plus inacceptable !
Je le redis, une justice et des lois capables d'aboutir aux traitements injustes de dizaines d'innocents doit être réformée, avant que les citoyens ne s'en détournent et se fassent justice eux-mêmes !

lundi 27 avril 2009

Indignation

Monsieur Fabrice BURGAUD a pu maintenir en prison pendant presque trois ans près d'une trentaine d'innocents, provoquer le suicide de l'un d'eux, le divorce d'un autre, ruiner la réputation d'un prêtre exemplaire, et de tant d'autres, monsieur Fabrice BURGAUD a pu faire tout cela, au terme d'une instruction dont la Commission d'Enquête Parlementaire a montré les lacunes, les faiblesses, l'absence de rigueur, de prudence, et de contrôle de la part, notamment, de l'inénarrable Procureur LESIGNE, monsieur BURGAUD n'est que "réprimandé" par le Conseil Supérieur de la Magistrature. Encore a-t-on l'impression que cette instance s'est contrainte à "sanctionner" l'un des siens pour satisfaire l'opinion publique sans avoir à renier la solidarité de clan qui lie les magistrats les uns aux autres. On voit à quel point l'élite française est la proie d'une incroyable corruption morale. Je vois bien le raisonnement. Monsieur BURGAUD s'est trompé, peut-être, mais il a suivi la procédure (ce qui est fort contestable ; car il a instruit à charge, et non point à charge et à décharge, comme le lui demande la loi), il a suivi la lettre ; qu'importe l'esprit. Monsieur BURGAUD aurait dû tout simplement être révoqué. Car au pays des Droits de l'Homme (!!!!), il me paraît impossible que le respect de la loi puisse conduire à tant d'injustice.
Ah ! On peut gloser sur les lettres de cachet de l'Ancien Régime, sur l'arbitraire, que sais-je encore ! Mais si l'on nous enseignait honnêtement l'histoire, on nous apprendrait que les libertés individuelles et publiques étaient infiniment plus grandes de ces temps-là. Je suis en train de relier la collection complète des Mémoires pour servir à l'Histoire de France, publiés dans les années 1837 à 1839 par messieurs MICHAUD et POUJOULAT. Le dernier volume que je viens de travailler comporte la correspondance d'Omer TALON, avocat du Roi au Parlement de Paris. Les remontrances des membres de la Compagnie, au Roi, à la Reine Régente, et à certains grands, enrobées dans la soie des "votre majesté", "monseigneur" et autres gracieusetés, sont d'une autre portée, et les réactions des Souverains et des Princes est empreinte de respect, d'embarras et de protestations d'amitié de toutes sortes vis-à-vis de ces messieurs. On est dans un autre monde, un monde où le respect des codes de politesses (CONFUCIUS appellerait cela le respect des rites) rend les rapports sociaux policés, aimables et infiniment plus vrais que la prétendue égalité des citoyens devant les lois de la République.
Si le verdict du CSM vous indigne, dites-le ici. Nous pourrions le faire savoir à un maximum de gens. Du train où vont les choses, la justice française va susciter la plus légitime des suspicions : celle que les Français jetaient sur ces quelques centaines de nobles, qui désertant leurs propriétés de province, pour faire leur cour au Roi, se soutenaient les uns les autres contre le sens commun, et ont précipité la chute d'un système qui, sous certains rapports, présentaient quelques avantages, y compris pour les plus petits. J'en ai déjà parlé. J'y reviendrai.

vendredi 24 avril 2009

Que la loi doit reposer sur la morale naturelle

Les animaux consentent à de très nombreux sacrifices pour satisfaire aux exigences de leur nature : se nourrir, se reproduire, protéger leur progéniture le temps qu'il lui est nécessaire pour devenir autonome. Des fauves passeront des heures, immobiles, sous un soleil de plomb, à guetter une proie, des guenons défendront bec et ongle leur petit, les animaux de la savane déploieront des ruses inouïes pour s'abreuver aux maigres mares qui la parsèment tout en échappant à leurs prédateurs.
Il n'en va pas de même pour l'homme. Toute l'histoire de l'humanité peut se résumer aux efforts accumulés par les générations multiples pour diminuer sa peine et ses efforts et augmenter ses plaisirs. Les outils, la vie en société, la spécialisation des fonctions dans les communautés humaines n'avaient d'autres fins que cette volonté d'amélioration, fondement de la culture. Cette tendance, avec le développement prodigieux des techniques, n'a fait que prendre de l'ampleur, au point qu'aujourd'hui toute difficulté à agir, tout frein à l'accomplissement des désirs, tout retard dans l'accaparement des fruits, sont perçus, par ceux qui les vivent, comme une injustice. Chaque individu réagit dans le seul but de diminuer sa peine et d'augmenter ses plaisirs.
De tous temps, pour empêcher que cette tendance humaine à accaparer le fruit et négliger l'effort, ne perturbe la vie sociale, il y a eu des lois dont la fonction est de réguler les comportements humains, et de tempérer le foisonnement des passions individuelles ou collectives. La loi est donc nécessairement contraignante. Mais - et ceci a très bien été étudié et démontré par Michel CROZIER dans un ouvrage très remarquable, L'acteur et le système, - la tendance des êtres humains et des sociétés auxquelles il appartient, est de réagir à la contrainte par un contournement de ses exigences. (Je voudrais ici illustrer ce point par les propos d'un responsable syndical de la police ; il critiquait les mesures prises par les pouvoirs publiques contre les casseurs-manifestants porteurs de cagoule qui, jusque-là, échappaient à la loi en dissimulant leur visage pour ne pas être identifiés ; il énonçait lui-même, à grands renforts de détails, les moyens de contourner cette loi [porter une capuche, un casque de moto intégral, etc.], la jugeait inutile pour le motif qu'elle pouvait être aisément anéantie dans ses effets par l'habileté des casseurs et de leurs avocats). Mais plus la loi est transgressée, et plus on a tendance à la durcir. Comment lutter contre cette atteinte qui, effectivement, pourrait en fin de compte, être jugée comme insupportable ?
Je ne vois personnellement qu'un moyen. On me trouvera naïf, utopique, rêveur. Tant pis. La loi, pour être applicable, ne doit pas blesser la morale naturelle. On peut la résumer par la Règle d'Or formulée négativement : "Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'il te fasse". Ne le tue pas, car tu ne voudrais pas qu'il te tue, ne le vole pas pour la même raison, ne convoite pas ses biens non plus que sa femme, etc. Il faut donc, très tôt et à l'école, enseigner ce qu'est la morale naturelle, et ne rien édicter par la loi qui aille contre : car l'esprit humain est très prompt à détecter les contradictions et les failles d'un discours.
C'est pourquoi, en vertu de la proscription absolue du meurtre, je demeure résolument opposé à l'avortement (hormis quelques très rares cas où il apparaît comme la solution du moindre mal : viol ou inceste, comme ce fut le cas récemment de la petite brésilienne). On voit bien ici que la loi ne vient pas protéger la vie, mais alléger ou supprimer la peine ou les douleurs d'une grossesse non désirée, tout en augmentant les possibilités de prendre du plaisir, celui du sexe. Elle n'a là aucune considération pour l'avenir de l'espèce, ou la protection du faible. Pour la même raison, je suis absolument opposé à la peine de mort, et je ne vois aucune exception possible à cet interdit fondamental. Supprimer le pire des criminels, c'est lui ôter la possibilité d'une rédemption, c'est le croire incapable d'être sujet d'un salut. On pourrait multiplier, pour chaque interdit de la morale naturelle, des exemples qui montrent combien, de nos jours, la loi, offense cette morale naturelle, la seule à laquelle une conscience droite peut obéir sans avoir l'impression d'y être contrainte.
Mais pour qu'il y ait conscience droit, il faut qu'il y ait conscience éclairée. Cela ne se peut, dans notre société laïque, que par un enseignement très rigoureux, très constant, de la morale naturelle, et une étude approfondie des conséquences personnelles et sociales de ses violations.
Je rêve...

jeudi 23 avril 2009

L'information déformante

Il y a presque deux ans, lorsque j'ai ouvert ce Blog, j'avais fait état de ce livre absolument décapant. J'en avais cité quelques passages. L'actualité m'incite à y revenir. Dans le chapitre III de son livre (L'intelligence en péril de mort), Marcel DE CORTE traite de "l'information déformante". Et je trouve dans ces réflexions une illustration parfaite de la manière dont nos médias traitent des non événements. (Il s'agit surtout de la polémique artificielle suscitée par madame ROYAL à propos de réflexions qu'aurait faites le Président SARKOZY et que toutes les personnalités présentes à ce dîner - de la majorité comme de l'opposition - disent avoir été déformées, voire inventées de toutes pièces, par la Présidente de la Région POITOU-CHARENTES à seule fin de faire parler d'elle dans les médias.)
Le chapitre III, donc, commence ainsi
L'intelligentsia et ses utopies, l'exaltation de la science comme critères universels des connaissances, panacée de tous les mots et substance de la société future sont des phénomènes qui caractérisent notre siècle et qui témoigne du divorce de l'intelligence et de son objet propre : le réel extramental, ainsi que le triomphe corrélatif de l'imagination poétique, constructrice d'un univers qui soit uniquement l'oeuvre de l'homme. Mais si puissantes que soient notre faculté imaginative et notre capacité d'illusion, elles ne parviennent néanmoins pas à créer de toutes pièces, à partir de rien, leur contenu dont les artifices passeront dans la réalité. Elles ont beau renoncer délibérément, avec une sorte d'assurance olympienne, aux données de l'expérience et de la tradition, elles ne peuvent pas se nourrir de néant. Il leur faut quelque chose dont elles puissent tirer partie tant pour justifier l'objectivité qu'elles veulent revêtir que pour continuer sous ce masque leur travail de destruction du réel. Mais ce quelque chose doit être aussi peu indépendant de leur domination que possible. Il doit être malléable à l'extrême. Il doit pouvoir accueillir avec docilité la forme que la volonté de puissance de l'homme entend leur donner. Ce quelque chose dont la volonté de puissance axée sur l'imagination peut faire à peu près tout ce qu'elle veut a reçu un nom : l'information.
Et Marcel DE CORTE d'insister sur le fait que l'information porte sur tout ce qui arrive, advient, survient, a lieu, surgit dans l'immensité de l'Univers. Elle se déploie sur un arrière-fond de changement continu. En somme, l'information porte sur le nouveau. Et le fait nouveau, dans notre civilisation contemporaine, prend la place jadis attribuée à l'expérience et à la tradition. Et Marcel DE CORTE de citer quelques dizaines de pages plus loin la remarque de Jean MADIRAN : L'information moderne, par nature, ignore ce qui est important, ou n'en retient que l'écorce étrangère à la dimension intérieure et à la dimension historique... Les techniques de l'information moderne réclament d'abord de celui qui les manie qu'il se place hors des conditions humaines de réflexion, de méditation, de confrontation personnelle permettant de saisir la portée d'un événement.
Dans le cas qui nous préoccupe, les propos prêtés à tort au Président de la République n'ont strictement aucune importance, si ce n'est celle d'être saisie avec une rare bêtise par une femme politique avide d'un pouvoir qu'elle croyait fermement tenir de par son verbe et sa beauté (qu'il faut lui reconnaître), un pouvoir qui pour le bien de notre patrie et celui du PS lui a échappé. Monsieur GEOFFRIN de Libération a accordé crédit à une ou deux confidences, non recoupées, venues de sources qu'il ne cite pas, dont il garantit la fiabilité. Certes. Mais où étaient-elles ces sources ? Ont-elles entendu vraiment ? Ont-elles saisi quelques bribes d'une conversation privée ? Et dans quel but se sont-elles empressées de la faire connaître ? Les relations de la France et de l'Espagne méritent qu'on accorde un peu plus de réflexion dans la diffusion de ces (fausses) réflexions. Mais c'était nouveau ; ça risquait de faire vendre du papier. Dame ! Il faut bien vivre ! Et surtout, ça nuisait à un "ennemi" qui est quand même le représentant légitimement élu des Français. Il n'y a pas la moindre trace de réel, de vérité, d'importance dans la relation de ces (faux) échanges. Il y a un événement crée de toutes pièces qui permet à une irresponsable de rebondir dans l'opinion.
Ce journal-là, décidément, me dégoûte. Et pourtant je ne saurais dissimuler qu'il lui arrive de publier des analyses et des points de vue intéressants, noyés hélas dans une idéologie culturo-marxisto-boboïque, dépourvue de recul, et de connaissances historiques. Mais agir avec une telle légèreté, faire tant de mal à son pays pour soutenir sa camarilla, voilà qui est insupportable. On sait où peuvent conduire ces "informations" inintéressantes, dépourvues de toutes prises sur le réel. Monsieur Edwy PLESNEL fut un champion du genre qui a très probablement contribué au suicide de Pierre BEREGOVOY en diffusant des "informations" sur un prêt parfaitement régulier à lui consenti par un ami.
Tout cela est minable.

mercredi 22 avril 2009

Deo gratias !

Dans la lettre de la Société des Amis du Louvre, Société dont je suis membre, Marc FUMAROLI, son Président écrit ceci :
"[...] Le Musée a connu [...] l'an dernier une hausse de sa fréquentation portant à 8 millions le nombre de ses visiteurs. Certains verront dans cet attrait croissant pour le Louvre un symptôme de l'ère nouvelle où nous sommes entrés depuis l'Octobre noir 2008. Les tempêtes fixent le regard des marins, de nuit, sur les phares, au sens où l'entend BAUDELAIRE, les chefs-d'oeuvre qui ne vieillissent ni ne trompent. Je ne rangerais pas, malgré son succès d'affluence, l'exposition "Picasso et les Maîtres" parmi les phares, au sens baudelairien. Le génie de PICASSO n'est pas à son meilleur lorsqu'il joue, en moderniste, avec VELASQUEZ et de son côté, VELASQUEZ, exposé à ces jeux modernistes, n'est pas dans sa bonne lumière. Le public, justement attiré par ces grands noms, risque fort d'avoir été embrouillé et non éclairé."
Et plus loin, sans doute sans que notre Président se fut rendu compte de ce qu'il disait en rapprochant le succès du LOUVRE de son propos sur PICASSO, au moment où il rédigeait, il conclut le deuxième paragraphe de son éditorial par ces mots :
"La publicité à l'américaine ? Pourquoi l'amour et le culte des vraies et durables beautés se priveraient-ils, pour se défendre, de méthodes qui ont trop longtemps servi à imposer contre nature, la surévaluation du rien, du non-art, de la laideur, du jetable ?"
Bien entendu, c'est moi qui fait le rapprochement. Mais comment croire que monsieur FUMAROLI ne l'ait pas fait, quand il semble reprocher en sous-main à PICASSO d'avoir prostitué son immense génie en "peignant contre nature, en surévaluant le rien, le non-art, le jetable ?" Pour un Arlequin, un Enfant à la colombe, un Guernica (toile sublime par sa violence, et l'horreur des crimes et du sang innocent qu'elle suscite dans l'esprit de l'amateur d'art), combien d'horreur, d'obscénités inutiles, de tableaux vides de tout talent et de toute signification ?
Rendons hommage à monsieur FUMAROLI, membre de l'Académie Française, à son goût, à son courage aussi. Il déboulonne les idoles et les replace à une juste hauteur. Je jurerais qu'il met VELASQUEZ un tantinet au-dessus de Pablo. Deo gratias !

Rectificatif : Steve n'est pas l'auteur de la blague

Steve n'est pas l'auteur, semble-t-il, de la petite blague que j'ai mise en billet ce matin. Il n'en est que le retransmetteur. En la recevant redirigée sous nom, d'une tierce personne, je n'ai pas pris garde au fait qu'il l'avait reprise d'un site internet. Il ne dit pas d'ailleurs que c'est de lui. C'était une interprétation euphorique, jubilatoire et personnelle de cet humour gentil. Je dois à mon cher Olibrius ce rectificatif. Je déteste le mensonge et j'essaye de fuir l'erreur. Que mes lecteurs me pardonnent cette attribution indue à un jeune que je connais fort bien par ailleurs et qui correspond tout à fait à la description sommaire que j'en ai faite.

Un commentaire de Steve

Steve doit avoir dans les 25 ans. Il est bien de son temps. Comme il n'est ni bossu ni bancal (comme disait ma belle-mère à propos des jeunes gens bien tournés), il pourrait avoir beaucoup de succès féminins. Guitariste et chanteur de talent, Steve fait partie d'un groupe de rock, mais attention de rock chrétien. C'est pourquoi il attend avec sagesse de rencontrer celle avec qui il entend faire vie commune. Il est intéressant de prendre ici connaissance du petit commentaire humoristique qu'il nous a envoyé :
"A son retour à Rome, par une belle après-midi ensoleillée, le Pape aurait confié à une journaliste :

"Il fait beau aujourd'hui !" Ces propos ont aussitôt soulevé dans le monde entier une immense émotion et alimentent une polémique qui ne cesse de grandir.
Quelques réactions :
Le maire de Bordeaux : "Alors même que le pape prononçait ces paroles, il pleuvait à verse sur Bordeaux ! Cette contre-vérité, proche du négationnisme, montre que le pape vit dans un état d'autisme total. Cela ruine définitivement, s'il en était encore besoin, le dogme de l'infaillibilité pontificale !"
Le Grand Rabbin de France : "Comment peut-on encore prétendre qu'il fait beau après la Shoah ?"
Le titulaire de la chaire d'astronomie au Collège de France : "En affirmant sans nuances et sans preuves objectives indiscutables qu'il "fait beau aujourd'hui", le pape témoigne du mépris bien connu de l'Église pour la Science qui combat ses dogmes depuis toujours. Quoi de plus subjectif et de plus relatif que cette notion de "beau" ? Sur quelles expérimentations indiscutables s'appuie-t-elle ? Les météorologues et les spécialistes de la question n'ont pas réussi à se mettre d'accord à ce sujet lors du dernier Colloque International de Caracas. Et Benoît XVI, ex cathedra, voudrait trancher, avec quelle arrogance ! Verra-t-on bientôt s'allumer des bûchers pour tous ceux qui n'admettent pas sans réserve ce nouveau décret ?
"L'Association des Victimes du Réchauffement Planétaire : "Comment ne pas voir dans cette déclaration provocatrice une insulte pour toutes les victimes passées, présentes et à venir, des caprices du climat, inondations, tsunamis, sécheresse ? Cet acquiescement au "temps qu'il fait" montre clairement la complicité de l'Église avec ces phénomènes destructeurs de l'humanité, il ne peut qu'encourager ceux qui participent au réchauffement de la planète, puisqu'ils pourront désormais se prévaloir de la caution du Vatican."
Le Conseil Représentatif des Associations Noires : "Le pape semble oublier que pendant qu'il fait soleil à Rome, toute une partie de la planète est plongée dans l'obscurité. C'est là un signe intolérable de mépris pour la moitié noire de l'humanité!"
L'Association féministe Les Louves : "Pourquoi "il" fait beau et pas "elle" ? Le pape, une fois de plus s'en prend à la légitime cause des femmes et montre son attachement aux principes les plus rétrogrades. En 2009, il en est encore là, c'est affligeant !"
La Ligue des Droits de l'Homme : "Ce type de déclaration ne peut que blesser profondément toutes les personnes qui portent sur la réalité un regard différent de celui du pape. Nous pensons en particuliers aux personnes hospitalisées, emprisonnées, dont l'horizon se limite à quatre murs ; et aussi à toutes les victimes de maladies rares qui ne peuvent percevoir par leurs sens l'état de la situation atmosphérique. Il y a là, sans conteste, une volonté de discrimination entre le "beau", tel qu'il devrait être perçu par tous, et ceux qui ressentent les choses autrement. Nous allons sans plus tarder attaquer le pape en justice."
A Rome, certains membres de la Curie ont bien tenté d'atténuer les propos du pape, prétextant son grand âge et le fait qu'il ait pu être mal compris, mais sans succès jusqu'à présent.
Merci à Steve pour son humour. Merci à Steve pour son témoignage personnel.

lundi 20 avril 2009

Petites nouvelles d'Asie et d'Afrique

Pendant que les médias continuent de se gausser des propos de Benoît XVI, en les déformant, en les caricaturant, en exultant devant les ravages qu'ils sont censés avoir produits dans l'opinion catholique mondiale (confondue avec l'opinion hexagonale), des hommes et des femmes sont à l'oeuvre dans le monde entier pour aider, soutenir, soigner ceux qui souffrent, notamment du SIDA.
J'apprends ainsi qu'au Népal, on fête la mémoire du Père Thomas GAFNEY sj, assassiné dans des conditions troubles en 1997. Ce jésuite, d'origine américaine, avait pris la nationalité népalaise. C'est le père du travail social au Népal. Dès les années 1960, il s'occupait des enfants de la rue à KATMANDOU et avait construit un centre d'accueil pour venir en aide aux handicapés, aux victimes de l'alcool et de la drogue, puis aux malades du SIDA et aux enfants orphelins de parents victimes de cette maladie. Il y a au Népal une soixantaine de jésuites, une centaine de religieuses et 7000 catholiques. Cette Eglise locale est engagée dans l'enseignement des castes inférieures (le pays est hindouiste à 80 % et bouddhiste à 11 %). Elle compte 30 établissements éducatifs, et plus de 40 programmes sociaux.
Au Burkina Faso, l'Eglise locale a créé l'ASVS (Association Solidarité Vie et Santé). C'est une petite ONG, animée par une infirmière burkinabé, qui prend en charge une soixantaine de personnes atteintes du SIDA. Des bénévoles visitent chaque mois les malades. On leur assure des soins quotidiens au local de la permanence ainsi que la distribution de médicaments et de vivres. Le Père Jacques FEDRY sj, est conseiller de cette association catholique.
Je tiens ces informations de la très bonne revue La Lettre du Service Jésuite International (N°13, avril-juin 2009) qui fourmille de nouvelles sur les actions que conduisent dans le silence, le labeur et la prière des milliers de chrétiens, au service des malades. Ceux-là, on ne les a pas interrogés. Et monsieur DRUCKER peut se répandre, régulièrement, en compagnie de ses invités de Vivement Dimanche (tout n'est pas inintéressant dans cette émission), en sarcasmes sur Benoît XVI. Ces messieurs et ces dames discutent en rigolant de questions qu'ils ne connaissent pas et gagnent leur vie à rire de tout, y compris des choix (que personne ne leur impose de partager) pour lesquels des hommes et des femmes ont donné joyeusement leur vie. Flottant à la surface du réel, effleurant les drames qu'ils feignent de vouloir prévenir par un vain ministère du discours creux, ils arriveront, comme tout le monde, au seuil du grand passage et peut-être se rendront-ils compte alors du mal qu'ils ont fait, de la douleur qu'ils ont infligée à nombre de leurs semblables en brocardant leur espérance, leur foi et leur charité.
Voici l'adresse où l'on peut s'abonner à cette revue :
La Lettre du Service Jésuite International,
42 rue de Grenelle,
75343 PARIS Cedex 07.

dimanche 19 avril 2009

Dinditude et quichitude sont les deux mamelles de Ségolène

Elle a encore sévi. Prenant ses informations dans le journal Libération qui les tient d'on ne sait où, elle présente à monsieur ZAPATERO des excuses pour une imaginaire offense, qui lui aurait été faite par le Président de la République, en privé. A quelques encâblures d'une rencontre importante entre les autorités espagnoles et françaises, voilà qui sert les intérêt de notre Pays, dont elle prétend être l'unique et justifiée représentante. Elle oublie qu'elle a été battue aux élections présidentielles et qu'elle ne représente qu'elle même, puisque même son Parti n'en a pas voulue.
Elle vit tout simplement dans un monde imaginaire ; elle est venimeuse ; elle est insupportable ; elle ment avec l'aplomb de l'inconscience. Dieu nous garde de l'avoir jamais comme Président de la République. Je me sentirais obligé de lui désobéir, et de promouvoir la désobéissance. On n'est pas obligé de s'incliner devant les exigences des imbéciles.
Monsieur MIGAUD, Président socialiste de la Commission des Finances de l'Assemblée Nationale, monsieur BRARD (que j'ai moi-même entendu à la télévision), député communiste, d'autres personnalités de la majorité comme de l'opposition ont formellement démenti que le Président ait tenu les propos qu'on lui prête, rien n'y fait. Elle n'y était pas, mais elle sait mieux que les témoins de la scène ; elle traverse les murs, et se tient invisible derrière la chaise du Président. Pour autant que j'ai pu décrypter les propos des uns et des autres, il se pourrait bien que monsieur SARKOZY ait vanté l'habilité de monsieur ZAPATERO qui, lui, a gagné deux fois les élections, quand bien même il ne serait pas très intelligent (conditionnel d'allusion à des propos de tierces personnes), petite égratignure contre monsieur JOSPIN qui, lui, très intelligent, les a perdues deux fois. Quant aux propos qu'on lui prête sur monsieur OBAMA, ils refléteraient (à supposer qu'ils aient été tenus) la stricte vérité : monsieur OBAMA n'a jamais été ministre. C'est dommage, sans doute, mais c'est ainsi. Enfin, force est de reconnaître qu'après avoir renâclé, madame MERKEL a fini par rentrer en partie dans les vues de monsieur SARKOZY sur les solutions qu'il convenait de trouver pour résoudre la crise financière et économique mondiale. Et ce ralliement partiel a été souligné et loué en son temps par les médias français, pourtant assez avares de compliments sur le Président de la République.
Comment avoir du respect pour une telle femme ? J'ai beau chercher, je ne trouve aucun argument pour la défendre. Martine AUBRY, décidément, a une autre envergure. Elle n'est pas plus tendre avec la majorité, mais elle est dans son rôle ; elle travaille avec ses collaborateurs ; elle ne s'enfle pas la boufigue, comme le fait celle que des rivaux peu bienveillants appellent la dinde du Poitou ou la Quiche. Je trouvais ces sobriquets peu aimables.
Mais on finit par se demander si la dinditude et la quichitude ne sont pas les deux mamelles de Ségolène.

samedi 18 avril 2009

Petit apologue syndical

Le collectif, nuitamment réuni , avait décidé de frapper un grand coup. Puisqu'ils voulaient mettre en oeuvre un plan social qui avait pour effet de licencier 30 % des patrons, on allait voir ce qu'on allait voir.
C'est pourquoi, ce jour-là, on put donc observer de bon matin, se dirigeant d'un pas allègre vers le siège de la CGT, Laurence PARISOT en tête, suivi des Président de l'UGIMM, de la CGPME, du Syndicat des Artisans de France, un immense cortège de patrons dégoûtés de ces méthodes. Les deux inoffensifs gardiens du bâtiment ne purent endiguer le flot de ces hommes et femmes en colère, qui brandissaient des banderoles vengeresses ; ils furent bousculés sans ménagement. Laurence PARISOT se dirigea sans hésiter vers le bureau de Bernard THIBAULT lequel avait réuni avec lui François CHEREQUE de la CFDT et Jean-Claude MAILLY de FO, ainsi, du reste, que les responsables nationaux de la CFTC, de SUD, et de divers autres syndicats de moindre envergure. La secrétaire n'eut pas le temps de protester, ni même de faire "oh !". Laurence PARISOT, sûre d'elle, ouvrit brusquement la porte capitonnée qui donnait sur la pièce où se tenaient ces messieurs. Elle cria d'un ton décidé : "Plus personne ne sort. Vous êtes séquestrés, jusqu'à ce que vous reveniez sur votre décision". Elle fit apporter quelques sandwichs, tandis que ces messieurs, qui avaient sur eux des jeux de cartes, se mirent à la belote.
Plein d'espoir, les manifestants escomptaient de ce coup de force de grands résultats, lorsqu'un porteur spécial de la poste, laquelle, miraculeusement n'était pas en grève, leur fit parvenir un pli contenant quelques nouvelles qui mit fin à ce bel enthousiasme : les autorités portuaires de Gênes et de Barcelone avaient négocié avec la plus grande entreprise chinoise de transport par containers, l'exclusivité du débarquement des marchandises en provenance de l'Empire du Milieu au détriment de MARSEILLE, SIEMENS avait chassé ALSTOM et la SNCF du grand marché brésilien du transport ferroviaire rapide entre RIO et BRASILIA, et les carnets de commande pour notre TGV s'étaient brutalement vidés, la Belgique, les Pays-Bas et l'Allemagne, lassés de voir leur fourniture de courant électrique abandonnée aux foucades et aux aléas des employés d'EDF, s'étaient mis d'accord pour exploiter d'une nouvelle manière les ressources hydro-électriques potentielles du Rhin et de la Meuse, et BOEING avait délogé AIRBUS des marchés de la Péninsule arabique.
Chacun rentra chez soi, qui les patrons, qui les responsables syndicaux, la queue basse. Mais il était trop tard. D'un pays qui fut un des grands phares de la culture, du goût, du bien vivre européens, ils avaient fait les uns et les autres l'homme malade de l'Europe, la risée des médias internationaux, et la cible d'un artiste tchèque de mauvais gôut qui illustrait la France d'un hexagone barré de la mention GREVE.

vendredi 17 avril 2009

Les numéros se suivent et ne se ressemblent pas

La semaine dernière, madame Dorothée WERNER condamnait les propos de Benoît XVI dans un éditorial particulièrement offensant pour les chrétiens, publié dans la revue Elle. Cette semaine, changement de ton : le même journal publie un entretien de Sylviane AGACINSKY, philosophe et chercheur à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales, avec la même Dorothée WERNER. Sylviane AGACINSKY ne fait pas mystère de ses opinions politiques. Elle se se situe "à gauche", et elle a de bonnes raisons de le faire. A la ville, elle est l'épouse de Lionel JOSPIN. Mais madame AGACINSKY a sur nombre de responsables et idéologues socialistes un considérable avantage. Elle pense, elle réfléchit, elle argumente. Et elle le fait avec une rare probité intellectuelle, celle d'un esprit supérieur. J'ai donc lu avec intérêt cet article, comme un scientifique soucieux d'une pratique scientifique qui soit morale. Madame AGACINSKY, en effet, vient d'écrire un livre intitulé Corps en miettes dans lequel elle explique pourquoi il faut que la société proscrive formellement la gestation pour autrui ou pratique des mères porteuses. Je ne partage pas la totalité des opinions de Sylviane AGACINSKY, en particulier sur le don de gamètes (ovocytes ou spermatozoïdes) qu'elle estime moralement fondé, mais elle explique par des arguments absolument limpides pourquoi l'usage de mères porteuses est une aberration morale, une sottise sociale, et une offense ineffaçable faite à l'enfant porté par l'une et donné à l'autre. Madame WERNER a beau, par ses questions, essayer de trouver une faille dans le raisonnement de la philosophe, notre Sylviane tient bon.
Elle a notamment cette formule que chacun de nous devrait garder en tête : la loi est responsable de l'idée même d'humanité et de civilisation. Jean-Pierre DENIS dans un éditorial du journal La Vie (numéro 3320) commente avec bonheur cette affirmation, et rappelle que les chrétiens en général, et les catholiques en particulier, n'ont pas le monopole de la pensée juste. Et il ajoute qu'il suffirait de former un front informel qui réunirait tous ceux qui pensent que les valeurs universelles ont encore un sens pour forcer le législateur à ne pas errer lors de la délibération et l'élaboration des lois sur la Bioéthique.
Voici pour terminer un extrait de ce livre que je vais me procurer sans tarder.
La barbarie a toujours été moderne, toujours nouvelle, toujours actuelle. Nous progressons parfois vers elle sans le vouloir, aveuglés par les "progrès" de la puissance technologique et les ruses du marché. Tout est possible, tout doit être possible pour satisfaire la demande de l'individu, jusqu'à la production d'enfants en laboratoire. Mais à quel prix ? Dès lors qu'ils engagent des tiers, les "progrès" biotechnologiques ont leur revers redoutable : l'exploitation du corps d'autrui. L'homme moderne se réjouit de pouvoir utiliser à son profit tous les procédés du laboratoire sans voir qu'il contribue à la fragmentation de son propre corps. Dans l'imaginaire biotechnologique, l'enfant n'est plus qu'un produit fabriqué à partir de miettes : sperme, ovocytes, utérus. Qu'est-ce qui nous attend si nous oublions la dignité de la personne et de son corps.
J'ose dire merci à Sylviane AGACINSKY. C'est une esprit droit, qui se moque du politiquement correct, et qui, voyant le bien de l'humanité sur le long terme, combat la sensiblerie pseudo-caritative et le marché lucratif de la procréation. Elle illustre à merveille ce qu'a dit Jean-Paul II : l'enfant est un don, non un dû.

jeudi 16 avril 2009

Travaux pratiques chinois

Il existe dans la Chine contemporaine des intellectuels remarquables et courageux qui agissent dans l'espace public en conjuguant les trois aspects sous lesquels tout problème de l'existence doit être résolu ; je vous les rappelle : le réel, l'idéel, et le virtuel. Je résume pour vous l'affaire TENZIN DELEK, avant de voir comment un groupe de ces intellectuels a agi pour y trouver des solutions acceptables.
Le vénérable lama TENZIN DELEK et l'un de ses compagnons, des opposants tibétains, sont injustement condamnés à mort, accusés de vouloir détruire l'ordre social. Le procès s'est déroulé dans des conditions iniques ; les procédures légales n'ont même pas été suivies ; le droit chinois - parce qu'il en existe un sur le papier - n'a pas été suivi. WANG LIXIONG, un spécialistes des questions tibétaines prend l'initiative avec vingt-trois autres intellectuels chinois de publier une "Lettre de proposition" qui réunit finalement cent quarante-sept signatures. Ces hommes et femmes courageux lancent un appel pour que TENZIN DELEK soit jugé équitablement, ils offrent au condamné les services du très célèbre avocat ZHANG ZHISI. Dans leur esprit, il s'agit de poser un geste de reconciliation entre les peuples HAN et TIBETAINS. Ils ne doutent pas que si des penseurs, chercheurs, philosophes proposent ainsi un pacte de coopération avec les TIBETAINS au nom de la dignité des peuples, il peut en résulter une atténuation des préjugés et des incompréhensions entre les deux peuples. Leur initiative, en outre, peut faire pression sur les autorités communistes, une pression populaire venant de leur propre ethnie, et susceptible de favoriser l'ouverture d'un dialogue entre le gouvernement du Dalaï Lama et les autorités de PEKIN. Les signataires concluent la "Lettre de proposition pour une révision de la condamnation à mrt des vénérables TENZIN DELEK et LOBSANG DHONDRUP, envoyée à l'Assemblée Nationale Populaire, la Haute Cour de Justice Populaire et la Cour d'Appel de la Province de SICHUAN" comme il suit : Garantir un traitement judiciaire équitable à TENZIN DELEK ne peut avoir que des effets positifs pour le pays, pour les peuples chinois et tibétains, ainsi que pour la crédibilité de notre système judiciaire.
Cette lettre illustre à la perfection, selon moi, ce que je disais dans le billet intitulé : "le réel, l'idéel et le virtuel".
Les signataires, en protestant, offrent au pouvoir une résistance. Ils tiennent eux-même compte des institutions susceptibles d'infléchir le cour des événements : Assemblée Nationale Populaire, Haute Cour de Justice Populaire, Cour d'Appel du SICHUAN. Ce sont les organismes qui font la loi et l'appliquent. Ce sont eux les points de résistance à toute modification du jugement. Voilà donc le réel auquel sont confrontés WANG LIXIONG et ses amis.
Ils s'y opposent, car ils constatent un décalage entre ce que dit la loi et la manière dont elle a été appliquée. Leur sens de la justice, la conscience aiguë qu'ils ont des Droits de l'Homme, est le moteur de leur action. C'est l'idée même qu'ils se se font d'une société harmonieuse qui est bafouée. En outre, en cette période de renouveau confucéen, c'est le principe même de la réciprocité confucéenne qui est offensé par ce déni de justice, c'est la culture chinoise dans ce qu'elle a de beau et noble qui est bafouée. Et voilà bien l'idéel qui intervient dans l'action.
Bien entendu, ils savent que la réconciliation entre les peuples tibétains et chinois n'est pas pour demain. Il s'agit d'un rêve, d'un très beau rêve, qui relève POUR L'INSTANT du virtuel, et se tient en un inaccessible horizon. Mais il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer.
Ces intellectuels sont pour nous des modèles. Ils font partie de ces hommes qui font espérer en l'humanité. Je n'ai pas pu savoir si TENZIN DELEK et LOBSANG DHONDRUP ont vu leur peine commuée en prison. Mais je sais que nous devrions soutenir leurs initiatives, et ne pas nous laisser impressionner par le poids démographique ou économique (très discutable, je l'ai déjà dit) de la Chine. Grande nation, mais pas plus grande qu'aucune autre nation, la Chine mérite mieux que l'image qu'en renvoient au monde entier ses dirigeants !

mercredi 15 avril 2009

Ne rangez jamais votre bibliothèque

Ne rangez jamais votre bibliothèque. Vous aurez des surprises. Je l'ai fait ce matin, en partie. Et j'ai retrouvé un petit papillon coincé entre les pages de garde d'un livre que j'avais relié. C'est une manie chronophage certes, mais, quand je lis, je note sur des petits papiers tout ce qui me paraît digne d'intérêt, ou qui a retenu mon attention et sollicité ma réflexion. Ce papillon, donc, était resté là et n'avait jamais été recopié (je le fais toujours dans un cahier spécial).
Je donnerai le nom de l'auteur après.
L'homme n'a saisi qu'un aspect de la réalité. Sur l'arbre de la science, il a cueilli le fruit défendu ; mais ce fruit n'était pas mûr ; il nous donna la connaissance de toute chose à l'exception de nous-même. La science fit l'inventaire du monde matériel ; elle en organisa l'exploitation systématique. La technologie nous apporte la richesse, la santé, le confort, toutes facilités de l'existence ; elle nous permet de créer un nouveau paradis terrestre. [...] [Mais] au lieu d'établir nos institutions sur des concepts scientifiques, c'est-à-dire sur la réalité concrète, nous les modelâmes d'après les idéologies. Ainsi s'édifia un monde qui est incapable de satisfaire à nos vrais besoins et où nous resterons éternellement des étrangers.
L'histoire de notre émancipation morale et de notre abandon du sens du sacré se confond avec celle de la désobéissance aux lois essentielles de notre nature. Considérer, par exemple, le profit comme le but spécifique de l'existence a rétréci arbitrairement le champ des activités humaines. Il n'est pas possible de limiter nos efforts à la poursuite exclusive d'avantages matériels, sans rétrécir notre personnalité. L'Homo aeconomicus est une invention du marxisme et du libéralisme, et non pas de la nature. L'être humain n'est pas construit uniquement pour produire et consommer. Depuis le début de son évolution, il fait preuve d'amour de la beauté, du sens religieux, de curiosité intellectuelle, d'imagination créatrice, d'esprit de sacrifice, d'héroïsme. Réduire l'homme à son activité économique équivaut donc à l'amputer d'une partie de lui-même. Le libéralisme et le marxisme violent donc, l'un et l'autre, des tendances fondamentales de la nature.
Alexis CARREL.
Réflexions sur la conduite de la vie. Quinzième mille.
Librairie Plon, Paris, 1950.
Je trouve tout à fait troublant d'avoir dénicher ce billet après que j'avais rédigé celui que j'ai intitulé : Le réel, l'idéel et le virtuel. J'entends d'ici le choeur des effarouchés. Quoi ! CARREL, ce nazi, ce défenseur de l'eugénisme, ce réactionnaire. L'objection ne me trouble pas. Je regarde d'abord ce qu'il dit, et je réfléchis. Ma conclusion est qu'il a raison. Comme par ailleurs les détracteurs de ce très grand savant sont probablement les mêmes qui approuvent les travaux sur les cellules souches, la procréation médicalement assistée avec réduction embryonnaire consécutive à un diagnostic génétique préimplantatoire, l'avortement, quelles qu'en soient les circonstances, je me dis que ces effarouchements sont de peu d'importance.
Donnez-moi votre avis sur cette question.
Merci à ceux qui ont réagi à mon avant-dernier billet.

Le réel, l'idéel et le virtuel

Il y a trois manières d'envisager les problèmes de l'existence, et parmi eux, les problèmes politiques : en tenant compte du réel, en voulant l'idéel, en rêvant le virtuel. Il est très vraisemblable que les solutions qui font sens à ces problèmes tiennent compte de ces trois aspects. Elles deviennent alors des solutions idéales. L'erreur vient toujours de la négligence que l'on manifeste pour l'un d'eux.
Le réel est ce qui nous résiste. A cet égard, en matière sociale, le réel c'est tout aussi bien les manifestations des uns que les propositions de loi des autres. Des deux côtés s'expriment les résistances, et il faut bien en tenir compte. La grande erreur des marxistes est de penser qu'il suffit de créer des "rapports de force", comme ils disent, pour emporter la victoire. La grande erreur des réalistes est d'ignorer que l'homme n'est pas un être de nécessité mais un être de désir, comme le disait BACHELARD.
L'idéel est ce qui nourrit l'idéologie et l'esprit de système. Que de l'observation des faits l'on tire des interprétations et des généralisations propices à nourrir l'action, est tout à fait normal. Mais que l'on veuille à toute force faire rentrer les faits dans des systèmes d'idées préconçues est faux. La grande erreur des socialistes (de certains, plus exactement), est d'ignorer le réel, et de croire (car c'est une croyance) qu'il suffit d'avoir un système d'idées préconçues et de l'appliquer, pour voir se résoudre toutes les difficultés, notamment sociales. Mais le réel se venge. Il résiste, on l'a dit. Et l'idéologie érigée en système de gouvernement est vouée à l'échec. Il est impossible d'appliquer démocratiquement un système imaginé par tel ou tel idéologue, sans voir aussitôt les individus et les groupes réagir pour en contourner les aspects les plus rugueux. Le système, donc, n'est applicable que par la contrainte, et même la contrainte policière. La Chine, Cuba, la Corée du Nord sont d'excellents exemples de l'idéel porté à son paroxysme, et déconnecté de tout réel.
Le virtuel, hélas, est rentré dans la vie, par le moyen des jeux vidéos, des films ou de la littérature de science fiction. Comme les concepteurs de virtuel sont de très fins psychologues, ils parviennent à rendre les adolescents dépendants de mondes qui n'ont pas la moindre chance de jamais voir le jour. Le virtuel, c'est le rêve éveillé. Faut-il pour autant négliger la part de rêve dans les projets personnels ou politiques ? Certes pas, à une condition, c'est de savoir qu'il s'agit d'un moteur pour l'action, mais non d'une fin en soi. Car la vie nous apprend à en rabattre. Martin Luther KING le disait : "I had a dream" ; j'ai fait un rêve. Il n'a pas eu le temps de vivre assez longtemps pour le voir se réaliser en partie. Car il y a des rêve qui ne sont pas fous. Tout le problème est dans le discernement.

mardi 14 avril 2009

Un jugement de jeune

Le fils de très chers amis s'est récemment invité à déjeuner à la maison. C'est avec joie que nous avons accueilli une demande fait avec tant de spontanéité et de simplicité. Greg termine ses études à l'Institut d'Etudes Politiques de LILLE. Il est fort bien élevé, cultivé, aimable, ouvert. Lors du repas, nous parlons de choses et d'autres, quand la conversation en vient sur la loi - rejetée par surprise à l'Assemblée Nationale - qui visait à sanctionner le téléchargement illégal de musique et de films. J'interroge, je suggère que les droits d'auteurs sont les revenus des artistes. On m'objecte que c'est le téléchargement qui en a fait connaître un grand nombre. J'ai beau parler de justice, rien n'y fait. Ma dernière fille fait chorus. Et, à court d'arguments, Greg me dit : "On n'a pas de tunes ; cette musique ou ce film nous plaît ; on en profite puisqu'on peut l'avoir gratuitement".
Voilà le mot lâché ! "On en profite". J'ai déjà eu l'occasion de vous parler des fulminations que LANZA del VASTO portait contre cette manie qu'ont les hommes de "prendre", de "profiter", et non point "d'utiliser".
Et c'est cette mentalité-là que l'opposition, sans le dire, soutient : "On n'a pas de tune ; alors on en profite". Ladite opposition a profité d'une négligence des députés de la majorité pour faire en sorte que la loi sanctionnant le téléchargement illégal soit repoussée. Elle trouve normale de faire de la démagogie et de donner aux "jeunes" l'impression qu'elle les défend contre les "profiteurs". Bien entendu, la même opposition criera au scandale en prétendant que le "Gouvernement ne fait rien pour défendre la Culture". Si elle avait un peu de cohérence, elle aurait soutenu une mesure de bon sens et de justice. Toute peine mérite salaire, y compris la création de film, de musique et de chansons. Sans doute la mesure qui consistait à continuer de faire payer au contrevenant un abonnement suspendu par sanction était-elle inopportune, mais enfin il était possible d'en discuter. La grande jouissance de l'opposition n'est pas d'avoir combattu une loi parfaitement justifiée, moyennant quelques modifications qu'elle pouvait proposer, elle est d'avoir empêché une initiative du Gouvernement d'aller à son terme. Encore une fois, on est passé à côté de l'essentiel
On voit bien comment la liberté est comprise par ces messieurs ; du reste je crois que cette conception est partagée par une majorité de nos concitoyens, et par nombre d'hommes politiques de la majorité. Après tout, ils n'étaient pas là quand il s'est agi de voter. La liberté, est perçue aujourd'hui comme la possibilité de satisfaire tous ses désirs aux moindres frais. Le travail n'est plus la juste rétribution d'un effort concourant à la vie sociale et au bien-être de tous ; le travail n'est plus perçu comme structurant ; les revenus (salaires, traitements, honoraires, émoluments) ne viennent pas borner les désirs. Ils ne font que les exacerber puisqu'ils ne permettent pas de les satisfaire en totalité. Les revenus du travail ont perdu leur sens, d'autant que les prestations sociales et revenus non monétaires, ne sont pas perçus comme des apporteurs de liberté (pas de choix possible) mais comme des dus.
Je trouve tout à fait caractéristique de notre époque la réaction de ces jeunes. Ils ne voient même pas où est l'incongruité de leur comportement. Seul le plaisir compte. De mon point de vue, c'est terrifiant, d'autant que ni les parents de Greg, ni nous nous-mêmes n'avons élevé nos enfants dans cette mentalité. Les médias télévisuels et électroniques stimulent les automatisme et anesthésient la pensée. Grande est leur rersponsabilité.
Je crains que la loi ne soit impuissante à changer cet état de fait. Il y faudrait une grande nécessité, et peut être de la pénurie. Ou alors un accord général des éducateurs, des parents, des politiques, des instances intervenant dans l'éducation ou le complément d'éducation des enfants et des adolescents (mouvements de jeunes, associations sportives, etc.). Au train où vont les choses, on en est loin. Plus la locomotive va dans le mur, et plus on a de chauffeurs qui prétendent l'y conduire !

lundi 13 avril 2009

Olibrius a raison

Olibrius, un fidèle analyste de mes propos, me fait remarquer dans son commentaire sur mon billet "Nuit de la Résurrection", que je n'ai pas à m'inquiéter du nombre de mes lecteurs (que je qualifiais d'improbables) ni de la portée de mes billets. Il a raison. Et je le remercie, encore une fois, de pointer ma faiblesse - je la crois propre à tous ceux qui écrivent - qui n'est que la marque d'une fierté (orgueil ?) mal placée. Parfois, en effet, je me demande si c'est bien utile de faire vivre un Blog. Il y a peu de remarques, peu de commentaires à mes billets, comme s'ils étaient clos et se suffisaient à eux-mêmes. Et je m'en attriste.
Je m'efforce de dire le plus clairement possible ce qui me paraît juste. J'essaye d'étayer mes propos par des faits, une argumentation, un appel à des auteurs qui ont pensé ou qui pensent, et d'aller à contre-courant d'un monde qui me semble courir à sa perte en raison de son aveuglement et de son penser faux. Il m'arrive d'avoir la dent un peu dure. Mais je m'adresse alors à l'image que tel ou tel personnage renvoie de lui-même aux médias, et non pas à la personne elle-même. J'ai du reste eu l'occasion de signaler récemment ce décalage entre la personne réelle et le personnage public à propos de Martine AUBRY, femme fort sympathique en son particulier, insupportable dans l'espace public. Mais quand donc comprendront-ils qu'on leur demande de faire coïncider l'intérieur avec l'extérieur ?
Tout n'est pas perdu pour ce monde, loin s'en faut. Des actions merveilleuses se déploient dans le silence et dans l'ombre. Mais il faut s'armer de courage, annoncer la Parole à temps et à contre-temps. Car la lampe n'est pas faite pour être mise sous le boisseau ; elle est faite pour être sur un lampadaire. Mes lecteurs réguliers ont compris que je me situe comme un disciple de Jésus. Est-ce à dire que je me crois meilleur que les autres ? Certes pas ! Mais je ne veux pas rougir de Jésus devant les hommes, car je ne veux pas qu'au jour du Jugement, il rougisse de moi devant son Père. Une incroyable grâce de conversion m'a été donnée il y a près de 12 ans. Quand d'un seul coup la lumière fait irruption dans une demeure intérieure jusque-là enténébrée, vous avez envie de le dire, de le crier, de monter sur les toits pour le hurler. Je n'en dirai pas plus.
Mais tout de même, faites-moi la grâce de vos critiques et de vos commentaires. Et que la joie de Pâques continue d'habiter en votre coeur.

Retrouvailles

Nous avions été nommés au début des années soixante-dix. Nous débordions d'enthousiasme. Au sein de l'Association des Professeurs de notre discipline, nous respections nos vieux maîtres, mais nous les trouvions un peu compassés, représentant la vieille école. Nous avions donc décidé, tacitement, je le souligne, de donner de la force et de la visibilité à nos disciplines. Une très forte amitié s'était nouée entre nombre d'entre les membres de ce groupe informel. Certains d'entre eux nous ont quittés : Madedeleine, Jacqueline, Jeannette, restent dans notre souvenir. Ce furent des collègues profondément aimées pour leur compétence et leur gentillesse.
Les temps ont passé et nous avons quitté la scène d'un théâtre universitaire qui me paraît aujourd'hui un peu vain. Je ne renie point les pièces que j'y ai jouées du mieux que j'ai pu ; j'ai passionnément aimé mon métier, et le contact avec des jeunes en recherche de repères, tout remplis de projets pour leur vie a été pour moi comme une profonde respiration. Mais je n'ai point de goût pour le passé. J'y pense pour mieux rebondir dans ma vie d'aujourd'hui.
Voici venu justement le temps des retrouvailles et du présent. Claude, une très chère amie, a pris l'initiative de nous réunir bientôt chez elle. Certes le temps a quelque peu modelé nos visages. Mais notre amitié est restée intacte. Au cours de la préparation de ce week-end (prévu pour l'automne) qui réunissait quelques comploteurs, j'ai pu constater combien notre départ de l'Université n'a en rien altéré notre optimisme et notre goût de vivre. Claude et son mari, devenus des spécialistes de castellologie, restaurent avec une sage frénésie, le vieux château qu'ils habitent. Ils l'avaient acheté bien délabré ; il fallait sans doute être un peu fou pour se lancer dans une telle aventure. Louis et Jeannine s'occupe de leurs petits enfants, pélerinent sur la route de Compostelle, et - pour Louis - arpentent les collines en quête de gibier quand est venu le temps de la chasse. Andrée partage son temps entre son jardin, blotti aux pieds des Pyrénées et ses activités scientifiques ; car elle est restée une très grande spécialiste internationale de la normalisation des méthodes microbiologiques. Georges est un peintre de talent (et je vous invite à voir ses toiles : tapez sur votre moteur de recherche "peintures de gym" et vous trouverez l'adresse de son site.
Vous avouerais-je que, personnellement, je me consacre avec passion à l'étude de la Chine féodale et impériale, ainsi qu'à la Chine contemporaine, à quoi j'ajoute comme activité manuelle la reliure traditionnelle, et un engagement associatif à Tibériade.
Il est bon en ces temps de Pâques où nous fêtons la victoire de la vie sur la mort, de l'éternité sur le temps ravageur, de célébrer ces retrouvailles. Tout ce qui unit les hommes fait monter l'humanité tout entière, et tout ce qui nous permet d'habiter notre vie ici et maintenant, de partager nos histoires et nos légitimes passions, nous vivifie et permet de diffuser dans notre entourage une joie de vivre que le temps n'ont pas altérée.
Appelés à la vie, nous goûtons en préfiguration la vie éternelle. Merci à vous très chers amis à qui je dois tant. Et à bientôt.

dimanche 12 avril 2009

Nuit de la Résurrection

Les étoiles ne parlaient plus. La Lune était en pleurs, épaisses les ténèbres. La terre respirait à peine ; un morne silence planait sur le jardin. Les gardes eux-mêmes s'étaient assoupis aux portes du tombeau.
Soudain, une lumière plus vive que celle du soleil, plus blanche que l'éclat du soleil sur la neige, jaillit du sein de la grotte. La pierre du sépulcre roule. Il sort du tombeau, debout, l'Agneau, le Fils, l'Unique, l'Aimé du Père, le Glorifié. De son flanc transpercé coulent pour toujours l'eau et le sang qui font vivre. De la main droite il porte l'étendard de la victoire et son visage est resplendissant de douceur et de force.
L'aube pointait à peine. Elles marchaient à pas rapides vers le jardin, et elles abandonnaient dans leur sillage un vague parfum de myrrhe et d'aloès. Et elles se lamentaient et gémissaient : Qui changera ma tête en fontaine ? Et qui, mes yeux en sources de larmes ? disait l'une ; et l'autre répondait : Que les collines verdoyantes tombent sur nous ! Que les torrents d'eau vive se tarissent ! Ils ont tué le Juste, l'Innocent ! Malheur à nous !
Et l'autre reprenait : Qui nous roulera la pierre de devant le tombeau ?
Elles y arrivent là, le souffle. Plus de gardes. De pierre, il n'y en a plus ; le sépulcre bée. Deux hommes en blanc sont assis près de la banquettes où sont pliés les linges et les bandelettes qui servaient d'ultimes habits au corps du supplicié. Tremblantes, elles osent demander aux inconnus s'ils n'ont pas vu quelqu'un..., ou d'insatiables vautours peut-être, venir troubler le dernier repos du Maître, dérober son corps à la vénération des disciples.
"Il n'est plus là ! Il précède ses frères en Galilée. Allez le leur dire". Elles n'osent y croire. Elles ont peur. Puis se décident à tout raconter. Le disciple que Jésus aimait et Pierre le renégat se précipitent ; plus rapide, Jean arrive au tombeau, penche la tête, voit et croit !
Christ est ressuscité ! Il est vraiment ressuscité !
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Improbables lecteurs, cette nuit vous convoque. Puissiez-vous, loin des tumultes du monde et de l'agitation des plaisirs, saisir de l'intérieur ce que signifie la victoire sur la mort remportée par le Verbe de Dieu.

vendredi 10 avril 2009

Lettre ouverte à Dorothée Werner

Madame,


Dans sa livraison du 4 avril 2009, le journal Elle publie votre éditorial intitulé "Un pape en arrière". Je dois dire que cet exercice de rhétorique m'insupporte. J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer sur le forum de votre journal, ce que j'ai déjà fait du reste sur ce Blog, les raisons objectives qui permettent de dire que le préservatif n'est pas la protection absolue contre la transmission du virus de l'immunodéficience acquise. Et je n'ai pas l'intention de revenir sur ce sujet. Ce qui m'insupporte c'est votre ton péremptoire, c'est l'accumulation d'approximations qui finissent par faire de vos propos un tissu de contre-vérités. Et c'est ce ton de condamnation des propos de Benoît XVI, au nom de ce que le monde appelle "le Progrès", sacro-sainte divinité au service de la domination, de l'argent, du sexe et de l'ego.

A plusieurs reprises, votre journal a plaidé pour les respect de toutes les minorités : les immigrés, les roms, les homosexuels, les lesbiennes, etc. Il faut reconnaître que les disciples de Jésus sont aujourd'hui peu nombreux, et qu'ils forment aussi une minorité. Ce à quoi vous croyez madame, aurait dû vous pousser à manifester un plus grand respect à leur égard, et un peu moins d'offenses pour leur chef, qualifié par vous de "chef de clan qui flatte ses chapelles les plus sectaires". Je ne vous crois pas capable d'entendre la totalité des propos de Benoît XVI, aussi bien sur le préservatif, que sur les évêques intégristes, que sur le statut ontologique de l'embryon. Vous êtes encore sous le coup de l'émotion, d'une émotion qui rejoint la clameur du plus grand nombre. On sait ce que signifie l'unanimité violente ; René GIRARD l'a très bien dit. Je ne doute pas de votre bonne foi. Je doute de la qualité de votre réflexion, et de la fiabilité de vos informations.

En lisant vos propos, je ne puis m'empêcher de penser au Psaume 2 attribué au roi David :
"Les rois de la terre se dressent,
Les grands se liguent entre eux
Contre le Seigneur et son Messie [entendez ici, madame, Jésus et non le pape !]
'Faisons sauter nos chaînes,
Rejetons ces entraves !'
Celui qui règne dans les Cieux s'en amuse,
Le Seigneur les tourne en dérision.
[...]
Maintenant, rois, comprenez,
Reprenez-vous, JUGES DE LA TERRE !"
Il n'est pas indifférent que ce Psaume soit chanté à l'Office des Ténèbres du Vendredi Saint.
Puissiez-vous, madame, être assurée que je ne désire point vous humilier ni me moquer de vous. Vous avez tout à fait le droit de ne pas "comprendre" (c'est-à-dire "accepter") ce que dit Benoît XVI, et de ne pas le mettre en pratique et vous ne vous dites point chrétienne. Mais ne pointez pas du doigt ceux qui s'efforcent de le faire et de l'être. Ils sont plus nombreux que vous ne le pensez même s'ils ne forment plus qu'un "petit reste". Mais ils ne font pas de bruit, et ne disposent ni d'un journal, ni de la télévision, ni de la radio pour se faire entendre. Ils n'ont que l'humble silence, et la force de l'exemple.
Je vous prie d'agréer, madame, l'expression de mes hommages.
Philippe POINDRON,
Professeur honoraire de Virologie à l'Université Louis Pasteur de Strasbourg,
Bénévole pour l'accueil des séropositifs à l'Association Tibériade.

jeudi 9 avril 2009

Ils ne savent quoi inventer

L'opposition socialiste, en mal d'idées, ne sait plus quoi inventer pour se faire remarquer des médias. Il convient là encore de montrer comment fonctionnent l'idéologie, la propagande, et l'ingénue mauvaise foi. La dite opposition vient de découvrir qu'il existe un texte de loi, fort ancien, punissant les citoyens qui se sont rendus coupables d'avoir aidé un étranger en séjour irrégulier. Il profite de ce qu'une bénévole du Nord a été entendue par la police pour avoir nourri et réconforté des étrangers cherchant à gagner la Grande-Bretagne (et aussi pour recharger les batteries de leur téléphone portable, ce qui me laisse tout de même rêveur), pour demander l'abolition d'un délit qui n'existe pas ! Les socialistes oublient de dire que cette bénévole n'a fait l'objet d'aucune poursuite, et que le texte de loi incriminé précise que nul ne peut être inquiété pour avoir aidé un étranger en situation de détresse physique (sommeil, faim). La loi française, en effet, punit la non assistance à personne en danger. Et le texte incriminé, précise qu'il ne peut dans ce cas y avoir de poursuites judiciaires. Si l'initiative socialiste aboutissait, il n'y aurait plus aucun moyen de juger ces immondes que sont les passeurs.
L'angélisme de l'opposition vis-à-vis de ces situations, à l'évidence douloureuses et complexes, est absolument irrationnel, et gros de dangers. Il suffisait de regarder la vidéo diffusée (illégalement) par un policier (gardé à vue puis poursuivi pour cette raison) où l'on voit quatre jeunes d'origine étrangère - seraient-ils de nationalité française - voler et tabasser un jeune homme dans un bus, en injuriant les passagers et en hurlant des propos racistes (contre les Français), pour mesurer combien la question des populations immigrées est brûlante dans certains quartiers en France (la situation est sans doute très répandue en Europe). Ce n'est pas l'origine étrangère qui fait question, c'est le ressentiment que ces populations nourrissent contre la France, attisé du temps de monsieur MITTERRAND par les Touche-pas-à-mon-pote, les Harlem DESIR, ou l'imbécile monsieur LE PEN. Le ressentiment peut avoir parfois des fondements, il ne faut pas le nier. Ces jeunes gens de nationalité française mais dont les parents sont nés hors de France, bénéficient pourtant comme tous les autres jeunes français de la gratuité de l'école, de la sécurité sociale, des perspectives de retraite, du droit de vote. Et fort heureusement, nombre d'entre eux s'intègrent sans renier leur origine. Ce qui est faux, et qui est exploité par les parangons de la "solidarité", c'est de faire l'amalgame entre l'origine étrangère et victimisation dont on veut auréoler celle-ci. C'est la généralisation du jugement, c'est l'esprit de système qui veut qu'un Français d'origine maghrébine ou africaine doit être mieux considéré que les autres, au motif que l'imbécillité humaine, dont la loi n'est pas responsable, les traiterait moins bien. Décidément, ils ne savent pas quoi inventer... Je préférerais, moi, qu'on discute dans les écoles, collèges, lycées et universités, à l'occasion d'une journée dédiée à cette discussion, de ce qu'impliquent les notions de liberté, d'égalité et de fraternité. Chiche ?

mercredi 8 avril 2009

Précisions supplémentaires

Je ne critique pas madame ROYAL parce qu'elle est socialiste. Je la critique par ce qu'elle dit n'importe quoi, et qu'elle pense qu'il suffit d'être dans le registre de l'émotionnel, fût-il faux, pour emporter la conviction de ses auditeurs, alors qu'elle n'en entraîne que l'adhésion irraisonnée.

Madame ROYAL est le représentant le plus achevé des adeptes de l'esprit de système. Il faut bien qu'elle comprenne que son antidiscours de DAKAR instille dans l'esprit de ses auditeurs les manières de penser des Occidentaux, et que c'est elle qui fait preuve de colonialisme culturel. L'un de mes lecteurs me le fait remarquer très justement ; mon billet "Exercices d'observation" fait état de l'article d'un journaliste camerounais qui pointe merveilleusement bien l'arrogance intellectuelle et culturelle des Français.
Je ne connais pas l'Afrique directement. Ce que j'en pressens me vient des récits d'un ami qui a vécu au BENIN pendant plus de trente ans, et d'un médecin togolais qui vit à LOME. Le premier a écrit un livre absolument extraordinaire, un ensemble de récits, de faits, d'expériences vécues quand il était missionnaire dans la région d'ALLADA. Le second a fait ses études à STRASBOURG. J'ai très longuement écouté l'un et l'autre, et je n'en tire aucune conclusion générale. Mon impression est que le sens très réel que les Africains ont du passé n'est pas le sens que nous attribuons à l'histoire. Et le même lecteur qui remarquait l'intérêt de mon billet "Exercices d'observation", ajoute cette citation que je fais mienne : il s'agit d'un mot d'Olavo de Carvalho : "La déesse Histoire, cette vieille prostituée qui change de clients à chaque nouvelle génération, et qui se vend au plus offrant".
Nous avons vu comment la République traite l'histoire de la Révolution. Madame ROYAL poursuit, en moins brillant, la tradition des MICHELET, AULARD, SOBOUL, MATTHIEZ et consorts : la considération non point des faits, mais de l'interprétation que les uns et les autres en donnent en fonction de leur affinité intellectuelle, politique, philosophique ou religieuse. Or l'établissement des faits, dans la mesure où ceux-ci nous sont accessibles par des textes écrits, ou des monuments, demande beaucoup d'esprit critique, de probité intellectuelle, de détachement de sa propre personne, de recoupements. Rien de tout cela n'apparaît chez madame ROYAL, qui ne lui en déplaise, parle en son nom personnel tout en prétendant qu'elle représente l'opinion de la France et des Français ("je vous le dis en confidence - [devant 500 personnes et de nombreux journalistes...] - ce n'est pas l'avis de la France et des Français").
Les militants ont eu la sagesse de porter madame AUBRY à la tête du Parti Socialiste. Heureusement pour lui. (Je dois dire qu'à l'émission de "Vivement dimanche" où elle était conviée il y a un peu plus d'une semaine, Martine AUBRY m'a paru humaine, sympathique, et sans doute plus nuancée que ne l'exige le nécessaire durcissement de propos destinés à son public.) Madame ROYAL est un fléau public, non pas par sa personne, mais par les idées qu'elle incarne et qu'elle véhicule. Elle est d'une suffisance et d'une arrogance qui devraient effrayer même ses amis (j'aime en tout cas à le supposer).

mardi 7 avril 2009

Madame Royal dit n'importe quoi

Une fois encore, madame ROYAL a frappé. Où qu'elle aille, elle gaffe, elle dit des contre-vérités, elle humilie injustement sa patrie. Elle reprend, en le tronquant, le discours du Président SARKOZY qu'elle appelle "quelqu'un". Je cite ses paroles :
Quelqu’un est venu ici vous dire que "l’Homme africain n’est pas entré dans l’Histoire". Pardon, pardon pour ces paroles humiliantes et qui n’auraient jamais dû être prononcées et -je vous le dis en confidence- qui n’engagent ni la France, ni les Français.
N'en déplaise à madame ROYAL, monsieur SARKOZY a raison ; dans son discours, il incitait les Africains à jouer pleinement, aujourd'hui, leur partition dans le concert des nations. Si madame ROYAl avait un peu de culture - et comme elle sort de l'ENA, on aurait pu penser qu'elle en avait - elle aurait su que l'histoire des hommes et des sociétés commence avec l'écriture. La seule transmission orale ne suffit pas, et s'il est possible de décrire avec assez de détails l'histoire de MARI, d'UGARIT, d'ASSUR, de BABYLONE, de MEMPHIS ou de THEBES grâce aux tablettes inscrites en caractères cunéiformes ou aux papyrus écrits en hiéroglyphes, il n'est pas possible d'écrire une histoire du SÉNÉGAL avant l'introduction de l'écriture dans ce pays. Cette introduction est tardive. C'est bien évidemment regrettable, mais c'est ainsi, et je mets au défi madame ROYAL d'écrire quoi que ce soit d'historique sur un pays de l'Afrique dite noire qui ait été élaboré par des Africains avant l'introduction de l'écriture. Les Portugais ont décrit, autant qu'il m'en souvienne, la cour d'un Roi du CONGO au XVIe siècle, et sans doute d'autres voyageurs pour d'autres royaumes africains. Nombre de récits historiques sont écrits par des Européens. Bien entendu, il ne s'ensuit pas que les peuples africains n'ont pas de passé et qu'ils ne deviennent dignes d'intérêt que lorsque ils commencent à écrire. Simplement ce passé nous est difficilement connaissable.
Quant à demander pardon pour le passé esclavagiste, je dirai que nous l'avons déjà fait, et c'est tout à fait normal, quoique je ne me sente pas solidaire des décisions napoléoniennes, destinées à rétablir une habitude affreuse qui avait été abolie. Il serait à ce propos judicieux de rappeler que si des esclaves ont été honteusement vendus à des Européens, ils l'ont été par des marchands arabo-musulmans ou par des chefs tribaux africains.
Nous ne pouvons pas passer notre temps à prendre à notre compte des actes dans lesquels nous n'avons aucune responsabilité. Nous devons reconnaître les exactions que notre pays a pu commettre, évaluer à une juste valeur les effets bénéfiques et maléfiques de la colonisation, et nous demander où en serait l'Afrique si elle n'avait pas rencontré l'Europe. Je n'ai pas d'insinuations à faire ni de réponses à apporter. Simplement une question.
Madame ROYAL a commis une erreur scientifique, une offense à la vérité, a inutilement humilié son pays, au seul bénéfice de sa personne, de sa camarilla et de ses ambitions politiques. Idéologie, quand tu nous tiens..

Ne vous l'avais-je pas dit ?

Voilà, c'est fait ! Ceux qui sont sur la sellette ne sont pas les fous furieux qui cassent, dévastent, théorisent la violence comme la condition nécessaire à la survenue d'un monde meilleur. Non, vous n'y êtes pas ! Les responsables des dégâts à STRASBOURG sont les policiers qui n'étaient pas là quand il l'aurait fallu. En commentaire, mon cher Olibrius fait très justement remarquer que ceux qui critiquent les contrôles d'identité, les vidéosurveillance, la présence policière, sont aussi ceux qui critiquent l'absence de cette même police en des lieux qui sont d'improbables cibles pour les voyous, dont MERIADEC est chez nous l'emblématique représentant.
Monsieur Roland RIES, le maire de STRASBOURG, se trompe de cible quand il concentre ses critiques sur la police qui n'aurait rien fait lors de l'attaque en règle du quartier strasbourgeois du Port du Rhin. Monsieur RIES appartient à ce parti qui ne croit qu'à la prévention et fustige la répression quand elle s'exerce en d'autres endroits que ceux dont il a la charge. On peut donc se demander si monsieur RIES avait prévu que le quartier du Port du Rhin était une cible putative des exactions de l'ultra gauche, s'il en avait prévenu à temps les autorités en charge du maintien de l'ordre, s'il a été sur les lieux des émeutes AVANT la police (laquelle, selon monsieur NIEL, chargé par le Préfet du maintien de l'ordre pour ce fatal week-end, a mis 20 minutes pour arriver sur les lieux ; je les connais, je connais la configuration de STRASBOURG, et je puis vous confirmer que c'est exceptionnellement rapide). Il a beau se défausser sur la police, en rappelant, ce qui est exact, qu'il n'avait pas la responsabilité de l'ordre, il me semble qu'il a une attitude assez peu responsable et peu digne d'un dirigeant. Je le déplore, car il se trouve que j'avais pour monsieur RIES une certaine estime. Tant que l'on exacerbera les basses passions de l'homme, la jalousie et le ressentiment dans le cas de la gauche, l'esprit de domination, de jouissance et de compétition dans celui de la droite,et dans les deux cas, la prétendue "liberté", on ne risque pas d'aller bien loin dans la résolution de nos problèmes sociaux. Ceci étant dit, la communauté nationale devra bien exercer sa solidarité vis-à-vis de ceux qui ont vu dévaster leur quartier. C'est bien le moins que l'on puisse faire.

lundi 6 avril 2009

La Turquie n'est pas en Europe

Monsieur OBAMA aurait mieux fait de se taire et de laisser aux seuls Européens le soin de régler la question de l'entrée de la TURQUIE en Europe. Hormis un tout petit espace effectivement européen, laissé à la TURQUIE après la guerre de 14, avec la bienveillante bénédiction des Anglais, la TURQUIE est asiatique. Et souvent l'on donne à son territoire le nom d'Asie mineure. Elle a une frontière commune avec l'Irak, l'Iran, la Syrie, tous pays qui sont bien connus pour leurs intentions pacifiques, n'est-ce pas ? Quand bien même, une fois intégrée à l'Europe, la TURQUIE ne ferait pas partie de l'espace de SCHENGEN, elle serait une passoire et aspirerait une quantité invraisemblable d'Afghans, de Pakistanais, et sans doute d'autres citoyens des Républiques turcophones d'Asie centrale. On semble oublier à WASHINGTON que des peuples de langues turques habitent un espace qui va de la mer Egée au Pacifique (Turcs, Turkmènes, Azerbaïdjanais, Ouzbeks, Kazakhs, Kirghizes, Ouigours, Yakoutes, pour les principaux)... Nous ne pouvons recevoir chez nous tant de personnes à la culture, aux habitudes, à la religion si différentes. Un tel refus ne nous exonère pas du devoir de les aider, de favoriser chez eux le développement par des échanges équitables, par la promotion de la démocratie, par des investissements qui ne soient pas opprimants ou exploiteurs. Mais nous avons le droit, que dis-je ? le devoir, de conserver pour nos enfants notre genre de vie et notre culture.
On voit bien l'intérêt de monsieur OBAMA à l'opération d'intégration - (l'Iran n'aurait qu'à bien se tenir ; nous serions ligotés par une querelle qui ne nous concerne pas) - on voit mal celui de l'Europe. Pour une fois, ce n'est pas la France qui fait la leçon aux autres pays - et c'est un travers qui nous souvent reproché - ce sont les américains. Il m'apparaît qu'ils feraient mieux de surveiller leurs banquiers que de nous suggérer un inéluctable torpillage culturel, politique et religieux.

dimanche 5 avril 2009

Colère, tristesse, incompréhension

Je viens juste de voir quelques vidéos montrant les dévastations qui se sont abattues sur le quartier du Port du Rhin, à STRASBOURG. Je connais bien ce quartier. Il ne transpire pas la richesse ; il n'héberge que des gens au revenu modeste, voire très modestes. Comme le dit un de ses habitants : "c'est encore nous les pauvres, qui avons payé". Des imbéciles, des fous furieux ont brûlé une pharmacie, l'une des rares du quartier, un hôtel, des commerces, le bureau de tourisme. Les abris-bus sont détruits, les chaussées couvertes de débris de toutes sortes. On ne voit pas très bien où ces actions peuvent conduire ; on ne peut en comprendre la signification, si ce n'est celle de la rage impuissante d'une poignée de nantis - eh oui ! - qui à l'aide de téléphones portables, de motos rapides, d'internet et d'ordinateurs, peuvent se permettre de coordonner des actions violentes que n'ont pu endiguer 20.000 policiers. Il s'agissait d'une véritable guérilla urbaine, et il se trouve encore des gens pour dire que la police n'a rien fait. Certes, il semble bien que les forces de l'ordre se soient éclipsées après le passage des cortèges officiels car elles ont sans doute gagné le coeur de la ville, la Place Kléber, la Place Broglie, la Place de la République que les manifestants avaient l'intention d'investir. Il est regrettable, plus que regrettable même, que rien ni personne n'ait pu s'opposer à cette violence, ni même la prévoir en ce quartier. Mais quand on connaît la ville - ce qui est mon cas - on ne voit pas "l'intérêt" qu'il y a à vandaliser le quartier du port du Rhin. Si, on en voit un, celui de la lâcheté. Situé à la frontière allemande, il permet aux valeureux assaillants de se replier rapidement sur KEHL sans risquer d'être poursuivis par la police française. Une fois encore des pauvres ont été frappés dans leur lieu de vie et dans leur environnement. Ces grands coeurs de gauche sont tout prêts à démolir le monde pour sauver les opprimés disent-ils. Que ne commencent-ils par expliquer, argumenter, protester même, en manifestant dans le calme. Ils en sont incapables. (Écoutez bien ce que dit monsieur BESANCENOT [j'en ai déjà parlé], vous verrez que le sort des hommes concrets ne l'intéresse pas ; il comprend que des innocents perdent la vie à cause de la révolution ; ce qui mérite son combat, c'est le triomphe de ses idées, c'est à dire de son ego, de sa volonté de puissance, de son amour du pouvoir, et non le très hypothétique bonheur de lendemains qui chantent.)
Je suis pris de colère, et j'ai bien envie de flanquer une râclée à ces voyous ; je suis rempli de tristesse aussi, car je connais la difficulté qu'il y a à vivre au Port du Rhin, et je ne comprends pas qu'il puisse se trouver des gens pour critiquer l'absence de la police, comme s'il leur paraissait normal que de tels débordements puissent surgir pour manifester un désaccord politique. Et je fais le pari que c'est cette absence (relative) de la police qui va faire la une des journaux, et le fond des gloses, des éditoriaux, des analyses et des commentaires, et non le malheur des habitants. Rappelez-vous l'histoire de l'excommunication. Mis à part Mgr FISICHELLA, qui a parlé de la petite victime ? Personne ! On a tiré à boulets rouges sur l'archevêque de RECIFE, sur le Vatican qui n'en pouvait mais, sur le pape ; mais l'enfant ? Personne n'a exprimé pour elle la moindre compassion. Je le répète, le propre de l'idéologie c'est de n'accorder aucun crédit au sort des hommes concrets.

jeudi 2 avril 2009

Un message évangélique

Dom Marc AILLET, évêque de BAYONNE a publié une réflexion sur le lynchage médiatique dont Benoît XVI a fait l'objet. Cette réflexion, j'en conviens, s'adresse aux chrétiens. Mais elle me paraît intéressante car elle permet de situer la manière dont un disciple de Jésus, s'il est vraiment disciple, peut vivre les enseignements de son maître. J'ajoute que je n'entends pas faire de prosélytisme, mais donner un éclairage sur les réactions des chrétiens. Nous en avons eues beaucoup de la part des non chrétiens ou des agnostiques, ou des athées. Il est donc intellectuellement recevable de donner la parole à des croyants.
"Un message de Mgr Aillet à la lumière des écritures ; une manière de relire le "lynchage médiatique dont l’Eglise et le Saint-Père ont fait l’objet ces dernières semaines".

« Le jugement le voici : la lumière est venue dans le monde, mais les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, car leurs œuvres étaient mauvaises » (Jn 3, 19). Écoute, Israël, combien la Parole de Dieu est actuelle : « Vivante en effet est la Parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants … elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur » (He 4, 12).La lumière est venue dans le monde, « et le monde ne l’a pas reconnu » (Jn 1, 10), et il l’a prise en haine (cf Jn 15, 18) ; « Il est venu chez les siens et les siens ne l’ont pas accueilli » (Jn 1, 11), et même, « ils le poussèrent hors de la ville et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline … pour l’en précipiter. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin » (Lc 4, 29-30).
Le lynchage médiatique dont l’Église et le Saint-Père ont fait l’objet ces dernières semaines sont comme une illustration de ces paroles toujours actuelles : « Le serviteur n’est pas plus grand que son maître. S’ils m’ont persécuté, vous aussi, ils vous persécuteront » (Jn 15, 20). Les juges ont besoin aujourd’hui comme hier de « faux témoins », comme ceux qui se levèrent devant le Sanhédrin pour condamner Jésus, en déformant ses propos (cf Mc 14, 57-58). Si Jésus, le communiquant par excellence, n’a pas échappé à la mauvaise foi des hommes, pourquoi nous étonner que l’Église soit traitée ainsi ? Loin de se soumettre aux lois de la communication humaine que l’on prétend lui imposer, l’Église ne peut se soustraire à sa mission prophétique. N’appelons pas « bourde » ou « gaffe », ce qui n’est rien d’autre qu’un témoignage rendu à la Vérité.
Ainsi en est-il des propos, remplis de vérité et de compassion, du Saint-Père sur les moyens de combattre le Sida. Les journalistes, dont certains appartiennent à la presse dite catholique, se sont emparés une fois de plus d’une petite phrase ; des politiques, souvent esclaves de l’opinion, ont renchéri, sans aucun discernement, et dénoncé les « propos irrecevables » du Saint-Père et le « discours irresponsable de l’Église ».
Fils et filles de l’Église, nous pouvons garder la tête haute, car les propos du Pape ont été confirmés par les évêques d’Afrique et par les chefs d’État de ces pays où le Sida fait des ravages, dénonçant le « racisme latent » de ces occidentaux qui voudraient leur imposer leurs schémas mortifères, au nom de la sacro-sainte licence sexuelle ou bien du matérialisme mercantile dont on voit bien à qui il profite. Un discours qui ne résiste pas à l’évidence des faits : selon les statistiques de l’OMS, les pays d’Afrique où le taux de distribution des préservatifs est le plus fort, la progression du SIDA est la plus élevée ; là où les catholiques sont plus nombreux et où l’on prône en priorité l’abstinence et la fidélité - y compris dans les programmes gouvernementaux- , et le préservatif en dernier recours, le SIDA est en très nette baisse, comme au Burundi ou en Angola. Devant la partialité, voire la falsification de certains médias, les catholiques doivent aller à la source de l’information et communiquer autour d’eux par tous les moyens, à commencer par l’Internet.
Mais, en dernière analyse, il faut accepter de souffrir pour le nom du Christ et ne pas s’étonner de ces campagnes de dénigrement : « Si vous étiez du monde, le monde aimerait son bien ; mais parce que vous n’êtes pas du monde, puisque mon choix vous a tirés du monde, pour cette raison, le monde vous hait » (Jn 15, 19). « Mais gardez courage, nous dit Jésus, j’ai vaincu le monde » (Jn 16, 33).
+ Marc Aillet,évêque de Bayonne, Lescar et Oloron."
Voyez-vous, cette réflexion me paraît très profonde et très juste. Et la question n'est pas de savoir si les chrétiens jouent aux martyrs. La question est de savoir s'ils ont des martyrs ou non. La réponse est oui, et il y en a tous les jours.

Une suggestion

En ces temps difficiles où l'on voit s'étaler l'impudent comportement des dirigeants de grandes banques ou entreprises, j'ose soumettre ici une proposition qui pourrait être prise en considération. Elle consisterait à faire une loi qui plafonnât les revenus de ces grands dirigeants en fonction de la masse salariale de leur entreprise, selon des proportions qui dépendraient des tranches (tant pourcent maximum de revenus de tant de millions ou milliards à tant de millions ou milliards d'euros de masse, puis tant pourcent - plus faible - pour la tranche suivante, etc.) L'intérêt d'un tel système serait que le dirigeant, pour augmenter ses revenus, serait obligé d'augmenter la masse salariale de son entreprise, soit en augmentant son personnel, soit en recrutant de nouveaux salariés. Le deuxième intérêt est qu'il établirait une relation visible entre le travail de tous. Enfin la loi devrait interdire les bonus et les stock-options, sauf pour les entreprises innovantes, et dans ce cas, prévoir une délai limité à 7 ans pour leur délivrance. En effet, ces stock-options sont des moyens de distribuer des revenus différés à des dirigeants que l'on ne peut payer correctement lors du lancement de l'entreprise. Un dispositif de proportionnalité analogue devrait être appliqué aux retraites des dirigeants, fondé sur la valeur moyenne des retraites versées aux salariés. Puisque la morale a déserté ces dirigeants, et selon la loi bien connue dont j'ai souvent parlé, il convient de mettre en oeuvre la loi là où le bon sens et la morale ne sont plus ou pas appliqués.

mercredi 1 avril 2009

Enfin on y vient

Dans le numéro 1563 du journal gratuit METRO, en date du 31 mars, Olivier FERRAND, Président de Terra Nova publie un éditorial très intéressant intitulé : Une question de morale collective. Je dirai tout à l'heure pourquoi je suis en désacord total avec le titre, et l'adjectif collectif. Mais dirai aussi pourquoi j'approuve complètement le contenu de cet article. Voilà des mois que je vous bassine avec la morale, entendue au sens d'un art de vivre, et d'une réponse donnée par la conscience éclairée à la question Que dois-je faire ? Force m'est de constater que le mot de morale, utilisé hélas timidement, et d'une manière souvent ambiguë, revient à la mode, et que son contenu sera désormais au centre de toute réflexion politique.
Voici d'abord ce que dit Olivier FERRAND : Comment renouer avec une société plus juste ? Il faut sans doute réglementer ou fiscaliser. L'administration OBAMA vient de faire les deux. Mais la cause des dérives n'est pas la réglementation. Elle n'a pas changé. On pouvait se verser des sommes faramineuses il y a quinze ans, mais on ne le faisait pas. Ce qui a changé c'est la morale collective. L'éthique du capitalisme industriel était une éthique du travail. L'éthique du capitalisme financier, qui a miné toute l'économie, est une philosophie de l'argent roi, de l'immédiateté, de la jouissance.
Sur le fond, je suis bien entendu tout à fait d'accord. Mais je refuse le glissement de la morale à l'éthique. Je sais bien que je vais à contre-courant ; tout le monde n'a que le mot éthique à la bouche. C'est plus riche, et ça évite d'avoir à se poser la question du Que dois-je faire. (L'éthique est, je le répète, un ensemble de comportements normés, définis et acceptés par la société. On peut parfaitement décider qu'il est éthique de pratiquer ce que l'on appelle pudiquement l'aide à la fin de vie. Il n'en restera pas moins vrai que c'est immoral, en ce sens que si j'interroge ma conscience, elle me dit qu'attenter à la vie d'autrui, fût-il consentant, est un interdit absolu. Je conviens tout à fait que devant la douleur d'un être qui souffre, on peut être tenté d'éliminer ses souffrances en abrégeant sa vie ; il suffit de diminuer les souffrances, me dit ma conscience, même s'il peut en résulter indirectement un raccourcissement de la vie, ce qui n'est pas la même chose. Monsieur FERRAND se range implicitement à cette explication comportementale, puisqu'il parle de l'éthique du capitalisme financier). En d'autres termes, la morale est une question de conscience personnelle, et ce n'est pas la morale collective qui a changé, car la collectivité n'a pas de morale, mais des moeurs ; ce qui a changé c'est la morale de nombre de dirigeants d'entreprise, et notre acceptation collective de cette immoralité. Voilà pourquoi, me semble-t-il, il est nécessaire d'en revenir aux enseignements fondamentaux de la morale naturelle, résumés par le Décalogue, certes, mais de la même manière par bien d'autres sagesses ; il est nécessaire de faire des lois qui ne contreviennent pas à cette morale naturelle, sinon, "les bornes étant franchies, il n'y aurait plus de limites", et il ne faut point transiger avec l'immoralité. Utopie ? Rêve irréalisable ? Je ne crois pas. Car nous voyons bien que l'immoralité conduit au désastre et que la morale est faite pour le bien et la survie de l'humanité.