lundi 30 avril 2007

Matières à réflexion

Avant que je ne n'absente jusqu'au 5 mai, date à laquelle je reprendrai mes billets, je vous livre un texte de TOCQUEVILLE qui donne matière à réflexion :

"L'état travaille au bonheur des hommes, mais veut en être l'unique agent et le seul arbitre ; il pouvoir à leur sécurité, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leur succession, divise leur héritage ; que ne peut-il ôter le trouble de penser et la peine de vivre ? C'est ainsi que tous les jours il rend moins utile l'emploi du libre-arbitre, qu'il renferme l'action de la volonté dans un plus petit espace, et dérobe peu à peu à chaque citoyen jusqu'à l'usage de lui-même."
Eh bien je ne veux pas que tous ces politiciens s'occupent de mon bonheur avec une âpreté, une volonté de puissance, une haine de leurs adversaires qui suintent sur leur visage même, et dans leurs propos. Je vais préciser par une autre citation :
"On ne voit pas toujours ce que sont les idéalistes sociaux ou politiques : des gaillards qui montrent leur coeur qu'ils ont vaste, et qui se donnent de grands coups de poing sur la poitrine qu'ils ont sonores, afin de mettre le monde à feu, en vue de le rendre meilleur." MAURRAS, car il s'agit de lui, n'a pas toujours dit des choses inintéressantes.

Mise au point

"Les violentes attaques verbales portées contre nous sont une atteinte directe à l'honneur de notre presse" : cette phrase tirée d'un éditorial publié de Michel Comboul dans le journal Nice-Matin, vise Ségolène Royal et son entourage. Le président du SNPQR affirme qu'il n'a reçu aucune pression de la part de Nicolas Sarkozy sur le débat Royal-Bayrou qui devait être organisé vendredi matin. M. Comboul, sur Europe 1, a expliqué qu'il était inadmissible que la candidate socialiste dise que son syndicat était "à la solde" du président de l'UMP. "Je ne connais pas son bureau, je n'ai pas son portable. Je n'ai nullement cette proximité qu'elle laisse sous-entendre", a-t-il écrit dans son édito. Puis il accuse la candidate PS d'avoir inventé l'affaire des pressions. "Oui, le syndicat a été délibérément l'instrument d'une campagne orchestrée. Non, Mme Royal, il n'y a pas eu de pressions de Nicolas Sarkozy. En revanche, il y en a eu de très fortes de votre côté, exercées directement par votre équipe et, aussi, par vous-même, à travers vos déclarations", dit-il. Livrant sa propre version de l'épisode, il assure qu'il a renoncé à organiser le débat uniquement pour des raisons techniques liées, selon lui, à des questions de temps de parole. "Une formidable machine à désinformer s'est alors mise en marche. Et les accusations ont fusé : l'autre candidat exerçait des pressions intolérables sur la presse régionale. Nous y cédions", écrit Michel Comboul. Il accuse sans le nommer un des vice-présidents du SNPQR, "membre très éminent de l'équipe de campagne de Ségolène Royal", d'avoir colporté des rumeurs. "Tout cela nous a conduit à adopter une attitude de prudence, de trop grande prudence sans doute. Mais quoi que nous disions ou fassions, nous étions désignés à nos lecteurs et à l'opinion publique, comme une presse aux ordres", déplore-t-il.

Esprit faux

De JOUBERT, cette citation qui devrait bien faire réfléchir les électeurs avant qu'ils ne se décident dimanche prochain
"Les esprits faux sont ceux qui n'ont pas le sentiment du vrai et qui en ont les définitions ; qui regardent dans leur cerveau, au lieu de regarder devant leurs yeux, qui consultent, dans leurs délibérations, les idées qu'ils sont des choses, non les choses elles-mêmes."
Vous voyez tout l'intérêt qu'il y a à enfourner dans la tête des citoyens des idées toute faites pour les leur faire considérer, au lieu et place des choses et des êtres, au moment de leur choix. Nous avons été les témoins d'une campagne digne de GOEBBELS, de la part des compétiteurs du candidat arrivé en tête au premier tour. Sans la moindre preuve, par exemple, on dit qu'il a fait pression pour empêcher le déroulement d'une confrontation télévisée ; on n'en a pas la preuve, mais on en a la certitude : ce n'est pas un fait cela, c'est une croyance. Les cibles de la pression supposée ont beau démentir la chose à deux reprises chaque fois (le président du SNPQR, le CSA), le bruit a été lancé et il est accrédité dans la tête des citoyens. Monsieur LANG a jugé immorale la proposition que monsieur ROCARD avait faite avant le premier tour de discuter avec monsieur BAYROU, voire de passer un acord avec lui ? Il pavane toujours au premier rang de l'équipe de madame ROYAL et adresse des oeillades amicales au même monsieur BAYROU avant le second tour : monsieur LANG est un moraliste de grande qualité, dont le jugement est d'une remarquable sûreté, d'une stabilité de tout premier plan. Je propose qu'on le surnomme "manche à air". Il faut conclure ce commentaire qui pourrait paraître partial : il convient, avant de se déterminer, d'étudier les propositions des candidats, et de juger si elles sont propres à assurer l'intérêt général, et non une somme d'intérêts particuliers. Le propre du politique, c'est bien l'espace public, ce n'est pas l'espace privé. Il faut conclure encore que le procès qui est fait à madame ROYAL de ne pas entièrement se conformer au canon du socialisme est d'une rare stupidité, et lui reconnaître qu'elle désire sortir (un peu) du carcan de l'idéalisme. Je n'ai pas à juger si cet effort résulte de son désir - qui me paraît grand, mais ceci est un jugement - d'accéder au pouvoir à n'importe quel prix ; j'ai à chercher si ses propositions sont justes et bonnes. Je ne le pense pas, car elles portent en elle une contradiction dont on reparlera : mais de grâce parlons de ces propositions qui ne sont pas toutes idiotes, et non de bravitude, de doudoune blanche et de je ne sais quelle nez pointu de bécassine.
De Thomas d'AQUIN, cette autre citation, qui est dotée des mêmes vertus que le constat de JOUBERT :
"Celui qui recherche la faveur des hommes doit nécessairement, dans tout ce qu'il fait, être le serviteur de leur volonté, et ainsi il devient l'esclave de chacun des hommes à qui il s'applique à plaire." (De Regno, chapitre VII.) Et :
"Gouverner consiste à conduire convenablement ce qui est gouverné, A LA FIN QUI LUI EST DUE." (De Regno, chapitre XIX.)
Eh bien je prétends que la fin qui est due à chacun de nous n'est pas de lui assurer une vie matérielle convenable - encore que ce bien (qui est un but ou un objectif) soit le socle absolument indispensable à l'obtention de cette fin. Je dis que notre fin consiste à aller vers ce pour quoi nous sommes faits : à la fois accomplir les potentialités que notre nature, éclairée par notre éducation, et notre propre réflexion, a mises nous ; remplir vis-à-vis du prochain les devoirs d'aide et de fraternité que nous impose notre humanité.

dimanche 29 avril 2007

Ordre moral

Mensonge ? Impudence ? Mauvaise foi ? Quand McMAHON a utilisé l'expression "ordre moral", c'était pour opposer un ordre de l'esprit à l'ordre la matière. Avec l'esprit tortueux - hérité tout droit des Lumières et de la Révolution - qui la caractérise, la cléricature médiatique et culturelle l'a investie d'un sens nouveau. Ce sens le voici : "Nous ne voulons pas d'ordre moral, nous voulons faire ce qui nous plaît. Nous ne voulons pas que les curetons se mêlent de notre vie, et en particulier de notre vie sexuelle."
Voici un texte bien éclairant qui devrait attirer notre attention sur l'aspect tyrannique et totalitaire d'une telle opinion.
"Que n'a-t-on pas écrit, combien n'a-t-on pas gesticulé au sujet du retour de cet "ordre moral" qui menacerait nos sociétés de se recroqueviller dans je ne sais quelle ringardise archaïque ? [...] Tenir ce discours sur l'ordre moral, avec forces gesticulations avantageuses, c'est-à-dire résister à l'envie de rétablir la règle minimale, la limite, c'est encourager indirectement... la pénalisation de notre société, puisque - c'est une constante - moins il y aura de règles morales, éthiques, partagées délibérément, démocratiquement, plus il y aura de règles pénales. Ainsi, quand on emploie tant d'énergie à dénoncer l'ordre moral, cela signifie en fait qu'on prend son parti d'un renforcement de l'ordre pénal. Et pourtant, tout devrait nous inciter à préférer un ordre moral bien compris à un ordre pénal face auquel les libertés ont le plus à craindre." (Jean-Claude GUILLEBAUD. Intervention d'ouverture au 77e Semaines sociales de France, Issy-les-Moulineaux, 15-17 novembre 2002.)
Je dis ici très clairement que depuis les anées 1980, les hommes politiques de tous bords, surtout de l'un d'entre eux du reste, ont pris le risque de nous engager dans un ordre pénal tyrannique, qu'ils ont un sacré culot de dénoncer, alors qu'ils sont responsables de son émergence. Pour moi, Antigone aura toujours raison contre Créon. Je suivrai toujours la voix de ma conscience, formée par les traditions de mon pays, par l'éducation que j'ai reçu de mes parents, et par ma propre expérience (cf H. ARENDT et "La crise de la culture", texte où elle développe l'importance de la fondation, de la tradition et de la religion pour le développement d'une culture signifiante). Fidèle à l'enseignement que Paul de Tarse donnait aux premiers chrétiens, je sais que je dois obéir aux autorités politiques légitimement élue, même si elles ne sont pas de ma couleur politique et j'ai prouvé cette obéissance pendant ma vie professionnelle (voir ci-dessous), mais si ces autorité en venaient à heurter ma conscience, je n'hésiterais à désobéir (je l'ai du reste fait une fois, et je n'ai pas eu le courage de réitérer ma désobéissance), car "il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes".
Politis-philippe.
PS : je réalise que la rubrique "Mon profil" est vierge de tous renseignements susceptibles de me situer. Ce n'est pas juste. Les voici.
Philipe POINDRON.
66 ans et demi.
Professeur honoraire à l'Université Louis Pasteur de Strasbourg.
Vice-Président de cette université de 1982 à 1984. (Création du premier Comité d'Hygiène, de sécurité et des conditions de travail, découlant des lois AUROUX dans une université française : voir plus haut mon billet).
Disciplines enseignées : virologie et biologie cellulaire.
Publications internationales : 110.
Nombre de thèses dirigées : 33 (9 élèves sont aujourd'hui professeurs dans des universités françaises ou étrangères ; un autre est directeur scientifique de l'AFM, un autre est au CNRS. Plusieurs se sont fixés à l'étranger, notamment aux USA ou au Royaume Uni).
Fondateur et président de l'Association Alsace BioValley, porteuse du projet de pôle de compétitivité "Innovations Thérapeutiques", labélisé "à vocation internationale".
Président d'honneur de la BioValley Zentral Verein.
Un des fondateurs de la société de prestation de services scientifiques Neurofit (14 emplois créés).
Centres d'intérêt : orientalisme, archéologie proche-orientale, philosophie morale et politique, théologie.

samedi 28 avril 2007

Quelques évidences

On peut tourner la question dans tous les sens : la réponse est toujours la même. Il n'est pas possible de répartir des richesses qui n'ont pas été produites. Il y a deux façons d'augmenter la manne à redistribuer : améliorer la productivité ; travailler. Ces deux moyens, du reste, offrent chacun diverses options d'action.
Ainsi de l'augmentation de la productivité. Elle peut être assurée par une personne, par une machine, ou par la rencontre des deux agents. Quand on a supprimé, dans le métro, les poinçonneurs et le chef de train, on a fait supporter par le conducteur les tâches de ces derniers. Trois personnes ont été remplacées par une. On a diminué le nombre de secrétaires-dactylographes lors de l'avènement de l'ordinateur et des logiciels de traitement de texte, et le jour n'est pas loin, ou par le traitement vocal, on supprimera totalement ces postes. Certains robots convenablement programmés peuvent parfaitement remplacer un agent d'entretien. On voit que, selon les cas, ce processus d'amélioration est plus ou moins légitime. Il me paraît l'être, s'il diminue la peine des hommes sans détruire leur emploi. ll l'est nettement moins s'il s'agit d'augmenter des profits en diminuant le nombre d'emplois. Une amélioration de la productivité NE DERAIT PAS DETRUIRE D'EMPLOI. Elle devrait au contraire en créer, par l'invention de nouvelles fonctions dans l'entreprise. Messieurs, mesdames, inventez, innovez, imaginez, à partir d'une vision politique, sociale, économique et anthopologique globale, et non pas financière.
Travailler plus, deuxième voie générale. Voilà qui fait pousser des cris d'orfraie à ceux qui, en général, ont des revenus suffisants et peuvent vivre dans une relative oisiveté, en bénéficiant, du reste, du travail des moins bien nantis (restaurateurs ouverts le dimanche, hôpitaux, services de garde divers, transports en commun, et dans certains secteurs, commerces divers à ouverture dominicale, etc.). Car si personne ne travaille quand ils ont eux des loisirs, ils vont s'ennuyer, non ? Pourtant, que ce soit dans la production de biens ou dans l'offre de services, il n'est nul besoin de sortir de polytechnique pour comprendre que ce "travailler plus" engendre des richesses susceptibles d'être réparties. Il y a aussi le travailler autrement par la création d'entreprises, l'innovation, la prise de risque personnel, et, la diminution du salariat au profit de l'initiative individuelle. : je suis absolument convaincu que nous allons vers cette dernière solution. Elle me semble avoir l'avantage de laisser à chacun la maîtrise de sa vie. La civilisation technique, dans sa logique insensée, est faite pour une société dans laquelle des usines ultramodernes et sans employés, produiraient des biens que personne ne pourrait acheter, faute de ressources et d'emploi.
Dernière réflexion : il n'y a pas une piste unique d'action. Il est facile de dire que l'on va redistribuer. Mais redistribuer quoi ? Les bonnes vieilles recettes idéalo-socialistes ont fait preuve de leurs limites. Elles ont simplement permis de contenir l'explosion sociale par l'acceptation d'une civilisation inhumaine dont ils ont eux-mêmes édifié les fondements. Leur intuition philosophique est très claire. Elle peut se résumer par une sentence de TOCQUEVILLE : "On se passe fort aisément de ce que les autres n'ont pas". Les bonnes vieilles recettes dites "libérales" (on se demande bien pourquoi) peuvent se résumer par une sentence qui m'est personnelle : "Enrichissez-moi". Je préfèrerais un mot d'ordre plus humain : "Enrichissons-nous". Serait ouvert le débat de fond : de quoi avons-nous besoin d'être enrichi ? Mais je ne vois point surgir cette question dans le débat électoral, et pour cause, car elle ouvrirait une boîte de Pandore, celle-qui renferme toute la question du sens de la vie humaine dans sa dimension personnelle ET sociale.

vendredi 27 avril 2007

Terrorisme intellectuel : addendum

Quand un candidat très malheureux, monsieur de VILLIERS, traite publiquement madame ROYAL de Bécassine, il commet une mauvaise action, et je dirai même une action indigne de la fonction de candidat : il fait exactement ce que j'ai dénoncé chez la candidate, sans citer son nom, dans le premier billet consacré au terrorisme intellectuel. Il le fait simplement à l'envers. En plus, madame ROYAL dont je ne partage pas toutes les analyses est loin d'être une nullité. On n'arrive pas à ce niveau si l'on est dépourvu d'intelligence et de dons divers. Elle a aussi quelques idées qui ne sont pas dénuées de pertinence : oui, il faut boycotter les jeux olympiques de Pékin, si les responsables politiques Chinois ne modifient pas leurs pratiques vis-à-vis des dissidents, et surtout vis-à-vis des paysans de la Chine centrale et orientale qui sont exploités honteusement par les chevaliers d'industrie de Shangaï , de Canton ou de Pékin. Il y a des donnés très intéressantes sur ce problème dont il fauda bien reparler.
Dernier mot : en relisant mes billets, je constate que je laisse des fautes d'ortographe ("quitaient" au lieu de "quittaient", par exemple, dans le billet qui précède) malgré mes nombreuses relectures. Que les lecteurs veuillent bien pardonner ces fâcheux lapsus (lapsos ? Faut-il décliner ?) calami.
Politis-philippe

Terrorisme intellectuel

Le peuple français qui fut, dit-on, l'un des plus spirituels d'Europe, aurait-il perdu la tête ? La question est légitime. Pour s'en assurer, il suffit d'écouter les radios, ou de regarder les télévisions. A entendre une candidate, untel (son concurrent) est un père Fouetard, le même untel, dûment mandaté par le Président de la République pour expliquer au Président BUSH le refus français d'intervenir en Irak aurait en réalité déclaré à son interlocuteur qu'il regrettait cette décision, le même untel est arrogant, autoritaire, courtise le Front National, etc. Vous aimeriez savoir quelles dispositions seraient prises par cette candidate agressive pour faire baisser le chômage, améliorer la rentrée des jeunes dans la vie active, relancer l'Europe, régler la question des retraites, de la sécurité sociale, de la recherche, de la dette, des délocalisations. Vous attendez, car rien ne vient. C'est un perpétuel procès d'intention dans un désert de propositions. On conteste les chiffres du chômage, car il y a une amélioration (légère) de la situation. Monsieur untel a intrigué pour qu'on manipule ces chiffres. Malgré le démenti du Président du Syndicat de la Presse Régionale, on vous dit que c'est untel qui a fait pression pour empêcher le débat télévisé entre l'agressive et un candidat malheureux. Et puis, untel, toutours lui, a insisé auprès du CSA pour qu'il interdise ce débat, ce que cette institution a formellement démenti. Le prix de la salade augmente ? C'est à cause d'untel. Le climat se réchauffe ? Demandez à untel. Etc. Etc. Ce mode de débat a un nom : terrorisme intellectuel. En voici une belle description que je tire d'un livre très intéressant :
[Le terrorisme intellectuel] est un système totalitaire. Mais d'un totalitarisme patelin, hypocrite, insidieux. Il vise à ôter la parole au contradicteur, devenu une bête à abattre. A abattre sans que coule le sang : uniquement en laisant fuser des mots. Les mots de la bonne conscience. Les mots des grandes consciences. Les mots qui tuent.
Les circonstances varient, mais le procédé reste le même. Il consiste d'abord à imprimer dans L'IMAGINAIRE DU PAYS un archétype du mal. Depuis la guerre, cette funeste figure a été incarné par le fasciste, le capitaliste, l'impérialiste, le colonialiste, le xénophobe, le raciste, le partisan de l'ordre moral. Ces étiquettes, au minim, DEFORMENT LA REALITE ; au pire ELLES MENTENT. Collées par des mains expertes, elles revêtent un sens indéfini, dont l'élasticité permet d'englober tout ce que les idéologues vouent aux gémonies. Ensuite, la technique habituelle consiste à assimiler l'adversaire à l'archétype du mal. L'effet de cet amalgame est radicalement dissuasif : qui prendrait le risque, par exemple, d'être traité de fasciste ou de raciste ? L'accusation peut être explicite, ou s'effectuer par insinuation ouvrant la porte au procès d'intention : tout opposant peut être attaqué NON SUR CE QU'IL PENSE, mais sur les pensées qu'on lui prête. Manichéisme oblige, une autre logique s'enclenche en dernier lieu : la diabolisation. Pas questions de discuter pour convaincre : il s'agit d'intimider, de culpabiliser, de disqualifier". (Jean SEVLLIA. Le terrorisme intellectuel de 1945 nos jours. Collection Tempus. Perrin, Paris, 2000 et 2004.)
Et bien ces grands intellectuels, ces faiseurs d'opinion, ces piliers de Saint-Germain-des-Près, souvenez-vous en aujourd'hui. (Je résume ici SEVLLIA). L'URSS était un paradis en 1945 et ses admirateurs écrivaient des poèmes à la gloire de Staline. En 1965, ils soutenaient et saluaient la juste lutte de Fidel Castro, Hô Chi Minh et Mao. En 1975, ils se réjouissaient de voir Pol Pot a pouvoir. En 1981, ils quitaient la nuit pour entrer dans la lumière, et en 1995, ils soutenaient que la France devaient abaisser ses frontières pour accueillir les malheureux de la terre entière. En 1992, ils célébraient la mort de l'Etat Nation et saluaient l'ère nouvelle ouverte par le vote du traité de Maastricht. En 1999, ils affirmaient que la famille et la morale étaient des concepts dépassés. Vous voulez des noms ? Lisez ce livre, vous serez édifiés.
Ils se sont trompés sur toute la ligne et par leurs jugements irréels, leur manque de discernement, leur hargne à dénigrer ceux qui les contestaient, ces clercs sont responsables d'une grande partie de nos maux. Mais le réel finit toujours par se venger et il viendra le jour où les yeux s'ouvriront sur ce petit cénacle avide de pouvoir, mais peu soucieux de se salir les mains pour le conquérir, encore moins le mériter.

jeudi 26 avril 2007

Solutions concrètes (bis)

Monsieur NIHOUS, candidat malheureux à la présidence de la république, a défendu avec talent la cause de la ruralité. Il a raison. Hormis quelques régions à forte concentration urbaine ou très touristiques, la Fance est un désert. Je m'en suis aperçu, il y a une vingtaine d'année, lorsque je l'ai traversée à pieds de Paray-le-Monial à Ussel, ou, depuis des lustres, pendant des vacances passées dans ces régions superbes que sont le Rouergue, l'Auvergne, le Quercy ou les zones de moyenne montagne.
Il me semble qu'il y a des solutions concrètes qui permettraient d'enrayer cette désertification navrante. Supposons que quelques communes, regroupant un nombre significatif d'habitants (2500 au minimum) décident de s'associer pour attirer des professionnels de proximité (de préférence des familles, mais non obligatoirement). Il suffit de mettre à leur disposition un local commercial et un logement refait à neuf, au moyen d'un bail emphytéotique. On ne fait rien sans visibilité, sans inscription dans la durée. On peut imaginer que le bail soit donné à titre gracieux pour une dizaine d'années, et qu'ensuite, le prix du loyer soit modique. Le contrat d'association intercommunal est du type gagnant-gagnant si plusieurs professionnels sont attirés et répartis dans les diverses communes contractantes : une épicerie-mercerie-quincaillerie-dépôt de gaz, un garage et une pompe à essence (il faut alors que l'essence soit au même prix que dans les hypermarchés : cela est tout à fait possible si les grossistes en carburant bénéficient de bonus d'impôts ou de taxes pour les livraisons à ces professionnels particuliers), un électricien-plombier-sanitariste (il en existe), un café-cybercafé-dépôt de poste, etc. Pour que ces professionnels ne soient pas des assistés, ils doivent accepter de prendre des risques, notamment en empruntant à des taux préférentiels, les emprunts étant garantis soit par le conseil général, soit par le conseil régional. Il faut aussi qu'un revenu minimum leur soit assuré lors des cinq premières années d'exercice par les communes.
Supposons maintenant que trois ou quatre familles de deux ou trois enfants soient ainsi fixées dans ces zones : plus d'enfants, moins de fermeture de classes. Plus de proximité, moins de déplacements en voiture pour les habitants, et moins de pollution. Plus de services, moins d'exil. Des emplois, de la vie et en plus une nouvelle sociabilité. Bien entendu, les communes qui s'associeraient de la sorte seraient plus aidées par la puissance publique (notamment les collectivités territoriales) que celles qui préfèreraient se rencagnarder sur elles-mêmes.
Pourquoi une telle solution, adoptée par certaines communes, n'est-elle pas envisagée plus généralement ? Pour une raison très simple : la modernité a besoin de salariés, pas d'hommes et de femmes libres. Il lui faut des moutons uniformisés pour écouler ses produits fabriqués en masse et souvent inutiles. Et il faut avoir le courage de le dire, c'est une nécessité du capitalisme, lui-même conséquence du progrès technique. Et il faut aussi avoir le courage de dire que le socialisme et son avatar tyrannique, le communisme, ont prospéré avec le développement d'un salariat de misère.
Ainsi, voilà une autre proposition concrète (outre celle que j'ai déjà faite en m'inspirant d'Henri HUDE et qui consisterait à exiger des actionnaires qu'ils détiennent leurs actions au moins pendant le laps de temps séparant deux assemblées générales de la société dont ils sont les propriétaires partiels, ou alors qu'ils soient très fortement imposés s'ils ne respectent pas ces délais. Ainsi pas de spéculation boursière possible). On ne peut pas servir deux maîtres : l'argent et l'homme dont la perfection, pour moi, est Jésus.

mercredi 25 avril 2007

La lumière vient de l'Orient

Ex oriente lux ! La lumière vient de l'Orient ! Lu Xun, un écrivain chinois aujourd'hui adulé, mais qui fut largement persécuté par le régime communiste chinois (comme, du reste, par le Kuomintang) a laissé quelques belles oeuvres, et il est resté, jusqu'à sa mort, d'une intransigeante probité et d'une rare lucidité, teintée hélas d'amertume, vis-à-vis d'un régime qu'il jugeait totalitaire et tyrannique, bien qu'il eût, en sa jeunesse, de la sympathie pour le communisme.
Dans l'un de ses ouvrages, il dit : "Schopenhauer avait observé ceci : quand on veut évaluer la grandeur d'un homme, la méthode à suivre est inverse s'il s'agit de la stature morale ou de la taille physique. En ce qui concerne cette dernière, elle apparaît d'autant plus petite qu'on la regarde de plus loin, tandis que la première s'accroît en fonction de la distance.
Mais justement, comme le grand homme rapetisse [Lu Xun parle ici de la stature morale] quand on le regarde de près et qu'on voit plus clairement ses infirmités et ses verrues, il devient semblable à nous : ce n'est plus un dieu ni un phénomène miraculeux, ni un animal d'une espèce inconnue, c'est simplement un homme, rien de plus. Mais c'est précisément en cela qu'il est grand."
Voilà pourquoi beaucoup de journalistes, chroniqueurs, caricaturistes qui moquent le grand nez pointue de celle-la, la petite taille de celui-ci (auquel ils ajoutent en général un petite moustache sous-nasale, et une mêche sur le front), les bajoues d'un troisième, passent à côté de leur sujet quand ils essaient de nous faire croire que la taille physique est le reflet de la stature morale. Ils sont dans le royaume des apparences. Heureusement, il en est qui nous rendent les hommes politiques sympathiques et humains et non tombent pas dans cette manipulation digne de GOEBBELS. Poursuivons.
Lu Xun dit encore :
"Plutôt que de discuter les diverses façons d'atteindre le futur, il me semble que nous ferions mieux de donner la priorité au présent. Même si le présent est désespérément sombre, je n'ai nulle envie de le quitter.
Demain sera-t-il exempt de ténèbres ? On en reparlera demain ; en attendant, occupons-nous plutôt de transformer notre aujourd'hui."
Je tire ces citations de l'ouvrage ci-dessous mentionné :
Simon LEYS.
La forêt en feu. Essai sur la culture et la politique chinoises. Collection "Savoir".
Hermann, Paris, 1983.
Lu Xun est un adepte du réalisme philosophique. Il le sait bien : au nom des idées on a fait tuer, on a tué des millions d'êtres humains, surtout au vingtième siècle. La transformation de l'homme, l'avenir radieux, étaient paraît-il ce prix. Mais Lu Xun nous souffle à l'oreille que le mot chien n'a jamais mordu personne et qu'il faut se méfier des faiseurs-faiseuses de promesses qui semblent n'engager que ceux à qui elles s'adressent.
Voilà quelques sains principes susceptibles de guider notre choix le 6 mai prochain.
Politis-philippe
PS : Golfi, mon contradicteur, ne m'a pas répondu.

mardi 24 avril 2007

Il paraît que je suis violent

Un lecteur me reproche, dans un commentaire de mon texte sur "Nature et culture", d'être d'une rare violence dans ma propension à stigmatiser. Il me semblait pourtant avoir dit, de manière nuancée, qu'il fallait faire la différence entre les personnes et leurs actes. Mais peut-être n'ai-je pas été assez clair.
Je n'ai, quant à moi, rien à reprocher à ce lecteur. Bien entendu, je ne suis pas du tout d'accord avec lui. Mais il suffit d'analyser son vocabulaire pour voir combien il attribue aux autres les qualités qui nourrissent sa plume. Et c'est bien de cela dont nous souffrons. Sera-t-il possible un jour, en France, d'exprimer des opinions politiques divergentes sans tomber dans l'invective et le jugement a priori, et de les soumettre A DES CRITIQUES ARGUMENTEES EN RAISON ? Dans son célèbre ouvrage sur l'éthique de la communication, HABERMAS explique que pour dialoguer, il faut s'accorder d'abord et autant qu'il est possible sur le sens des mots, faire le crédit de la bonne foi à son interlocuteur, ne pas l'interrompre quand il exprime sa pensée, etc. Où allons-nous si nous suspectons la sincérité de nos adversaires politiques ?
Ce même lecteur m'a classé, un peu rapidement, dans la catégorie des "gens de droite", vous savez, de "ces gens du château" si aimablement évoqués par monsieur MAUROY. Après tout, pourquoi pas. Si être de droite, c'est s'intéresser d'abord aux faits, les rapporter avec autant de fidélité qu'il est possible, ne pas leur appliquer a priori une grille d'analyse qui les fasse rentrer de force dans nos schémas mentaux, alors oui je suis de droite. Mais alors il faut ranger beaucoup de scientifiques dans cette classe d'attardés mentaux que sont les chercheurs de vérité objective. Je ne suis pas bien sûr que ce soit vraiment le cas.
Je proposerais donc volontiers à mon contradicteur de répondre systématiquement à chacun de mes blogs, de la manière qui lui convient, et de laisser au lecteur le soin de choisir ce qui lui semble correspondre au réel.

lundi 23 avril 2007

Soirée électorale

Comme chacun de vous, j'ai passé quelque temps hier soir devant mon poste de télévision. J'ai été rapidement lassé d'entendre les commentaires des uns et des autres, surtout des autres d'ailleurs.
Seuls deux représentants de l'opposition m'ont paru à la hauteur de la situation. Laurent FABIUS est incontestablement un homme d'état. Il a fait preuve de maîtrise de lui-même, d'une très grande intelligence aussi. Dans un autre registre, Bernard KOUCHNER s'est révélé humain, fraternel, et sympathique. Que dire des autres ? Ils n'ont que l'injure à la bouche, le dénigrement des personnes surtout, car de propositions concrètes ils n'en ont pas. "Monsieur SARKOZY veut s'allier au FN, c'est honteux. Nous, nous voulons rassembler, c'est pourquoi nous ne dédaignerons pas les voix qui se sont portées sur madame LAGUILLIER, ou sur messieurs SCHIVARDI et BESANCENOT. Ils expriment pour ceux de nos concitoyens qui ne partagent pas leurs vues une haine viscérale, rejoignant en cela monsieur HOLLANDE qui hait les riches ? Tant pis. Nous voulons rassembler quand même, et si des électeurs de monsieur BAYROU veulent se joindre à nous, tant mieux. Voilà qui est d'une remarquable cohérence politique. N'est-il pas ?" Mais qui a fait rentrer des députés FN à l'Assemblée Nationale ? Allez, je vais vous aider : ça commence par monsieur MITTE et ça finit par RAND. Vous ne vous souvenez pas ? C'était pour éviter à son camp une monumentale pâtée électorale, et pour enquiquiner les vainqueurs prévisibles de la compétition. On a changé la loi électorale quelques temps avant le scrutin pour faire élire les députés à la proportionnelle. Pitoyable, cynique et immoral.
J'ai aussi entendu monsieur SARKOZY : "Je respecte madame ROYAL. Je respecte ses convictions etc." Hormi le reproche, fondé, de sectarisme, fait par monsieur BERTRAND à ses interlocuteurs, je n'ai pas entendu dans la bouche des supporters de monsieur SARKOZY ou de monsieur BAYROU (digne et remarquable Jean-Marie CAVADA) la moindre attaque personnelle.
Alors de deux choses l'une : ou bien ces personnages politiques sont sincères, et alors il faut conclure que la haine, le ressentiment (au sens de NIETZSCHE), la rage impuissante et la petitesse d'esprit sont dans un camp, et l'ouverture dans l'autre. Ou bien ils ne le sont pas. Alors il nous faut conclure que dans un cas, il y a au mieux de la courtoisie, au pire de l'habileté, et dans l'autre une exploitation éhontée et misérable des bassesses de l'âme humaine.
Il faut aussi que nous nous souvenions de ce que monsieur LANG a dit le 5 mai 1981 : "voici le jour où nous passons des ténèbres à la lumière", de ce que monsieur MAUROY, premier ministre a dit "des gens du château", ou de l'imprécation vulgaire de monsieur CHEVENEMENT, alors candidat à la députation, qui nous parlait "de l'haleine fétide de la droite". Qui sont ces gens qui se permettent de renvoyer dans les ténèbres, dans la puanteur, ou dans les très hypothétiques lambris des châteaux, les quelques 50 % des français qui ne pensent pas comme eux ? Qui sont les fauteurs de guerre civile ? Et pourquoi faudrait-il que les français qui par leurs talents, leur travail, leurs qualités personnelles gagnent de l'argent soient tous des salauds ?
Nous avions besoin de réconciliation. Nous avons besoin de fraternité. Pas de combat de chefs, de combats de clans. Pas de prélèvements obligatoires supplémentaires au nom de la solidarité, mais de supplément d'âme au non de la compassion et de l'aide qu'il nous faut porter aux pauvres, aux petits, aux malades, aux personnes âgées. De tout cela je n 'en ai pas entendu beaucoup parler. Ou plutôt si, mais le porteur de ces idées n'est plus dans la compétition.

jeudi 19 avril 2007

Nature et culture

Le colibacille, ce vulgaire microbe qui vit dans nos intestins, possède des gènes qui lui permettent d'utiliser le lactose comme aliment. Mais ces gènes ne manifestent leur présence (par la production, notamment de bêta-glactosidase et de bêta-galactoside perméase) que si du lactose est présent dans l'environnement.
Ainsi en va-t-il de l'être humain. Notre lactose à nous, c'est l'environnemen, non seulement matériel, mais aussi spirituel et relationnel. Voici un exemple. Nous avons dans notre cerveau une enzyme qui peut exister sous deux formes : l'une est dite courte, et l'autre longue. Il est parfaitement établi que les individus qui possèdent la forme courte, quand ils sont placés dans un environnement peu chaleureux et permissif, ne contrôlent pas leurs émotions comme ceux qui expriment la forme longue. Mais pour que ce moindre contrôle s'exprime, il faut cet environnement fâcheux.
Nous devons conclure que les comportements humains sont (au moins) le produit de l'interaction d'un patrimoine génétique avec un environnement et notamment, d'un environnement relationnel, affectif, culturel et moral.
Condamner d'un coup de langue et de revers de menton les propos - imprudents, et pas assez nuancés - d'un ancien ministre sur le déterminisme génétique des tendances pédophiles ou suicidaires témoigne d'une ignorance crasse, et me paraît tout aussi imprudent. Cela revient à imputer à l'environnement, et notamment à la culture et à la société ces comportements "déviants", c'est ne pas reconnaître en l'homme ce qui fait son éminente dignité (son libre arbitre) et lui ôter toute la responsabilité de ses actes (comme du reste le "tout génétique"). C'est aussi et surtout ne pas accepter que la culture et les systèmes de valeurs dominants ont une importance déterminante dans les choix éthiques et moraux des sujets. C'est aussi nier que le sujet n'est pas tout puissant et qu'il n'agit que dans les limites étroites de ce que la nature lui a donné. Bref, c'est ne pas reconnaître que l'homme est un sujet social.
Voilà pourquoi la loi qui condamne l'homophobie est une ânerie. Car de deux choses l'une : ou bien l'homosexualité est génétiquement déterminée (ce qu'un chercheur américain homosexuel a tenté en vain de démontrer), ou bien elle est une tendance culturelle. Dans le premier cas, il n'y a rien a condamner, dans le second, la condamnation comme la promotion de l'homosexualité relève de la culture et donc de la libre discussion. La vérité est sans doute entre les deux. Prudence, prudence, dans tous les cas.
Je terminerai en disant qu'il ne faut jamais enfermer un être humain dans ses paroles ou dans ses actes. Condamner ceux-ci sans juger celui-là, voilà l'exercice délicat auquel nous convie une saine anthropologie.
Politis-Philippe.

mercredi 18 avril 2007

Slogans des candidats

Les slogans des candidats me suggèrent quelques remarques. Je n'hésite pas à les livrer à mes éventuels lecteurs.
"Nos vies valent mieux que leurs profits". Sans doute le slogan le plus juste et le plus humain. Mais j'aurais dit : "Ma vie vaut mieux que mes profits". Car qui de nous, même rarement, même minusculement, n'a pas cherché un profit dans sa vie ?
"Pour une gauche etc." Parfait exemple de ce que j'appelle la xyloglossie. Rien à rajouter.
"La France de toutes nos forces". Excellent, mais que dire de ceux qui ne croient pas (ou plus) en leur patrie ?
"La France présidente". Comme le camenbert (ou le beurre ?).
"Un autre avenir est possible". On m'a déjà fait le coup.
"La révolution écologique". Les spécialistes des conflits (les polémologistes) ont prouvé que toute révolution conduit à instaurer un ordre plus contraignant que celui qu'elle renverse. Méfiance.
"La fierté d'être Français". Voir plus haut.
"La ruralité d'abord". C'est bien ; ça flatte mon goût des clochers et des vertes prairies. Mais il y a un précédent, au moins dans les images. Souvenez-vous !
"Votez Le Pen". En deux mots, je dirais, "Bien court !"
"Votez Arlette Laguillier". Voir ci-dessus.
"Ensemble tout est possible". Certes, mais pas avec 50 % des Français seulement.
Voilà où mène l'absence de débats de fond sur les grands problèmes que rencontre notre pays. J'ose dire ici qu'il m'est bien cher, et que je souffre de le voir réduit à cet état de décomposition. Il mérite mieux.
Politis-Philippe

mardi 17 avril 2007

Solutions concrètes

Nos hommes politiques manquent d'imagination ou de courage, ou, plus véritablement encore, de culture. Je leur conseil de lire un petit livre que j'ai trouvé cet été à Vaison-la-Romaine, chez un bouquiniste qui "faisait" la brocante dominicale. En voici quelques extraits :
"Une propriété détenue pendant dix-huit heures n'est pas plus une propriété effective qu'un ministère de dix-huit heures n'est un ministère effectif. Quand un pays s'offre ce genre de ballet ministériel, tout le monde considère que sa constitution est mauvaise ou fonctionne mal. Il doit en aller de même pour la propriété industrielle. Le temps est un élément essentiel qui entre dans la définition même de la propriété. Il devrait donc être strictement interdit de revendre des titres de propriété avant d'avoir justifié leur détention par l'exercice d'une responsabilité effective, donc avant de les avoir effectivement détenus pendant un certain temps".
"L'actionnaire responsable doit à la société sa participation à une assemblée générale annuelle. Comme il ne saurait être question qu'il achète la veille de l'assemblée et revende le lendemain, il ne saurait être question, en règle générale, qu'il puisse être propriétaire pendant moins de six mois ou un an".
Enfin, cette perle :
"La satisfaction de la jalousie permet seule de supporter l'insatisfaction de la volonté de puissance. Ou plutôt la satisfaction de la jalousie est le plaisir que l'on trouve à exercer sur les autres un pouvoir qui a pour effet de réprimer leur propre désir. C'est tout l'essentiel de l'égalité".
Pourquoi les travaux de ce philosophe sont-ils si peu connus . Je vais vous le dire. Il est chrétien, et d'un chrétien, il ne saurait rien sortir de bon pour nos contemporains, surtout quant celui-ci, au terme d'une analyse serrée, après avoir distingué conservatisme et esprit de conservation, ainsi qu'esprit de progrès et progressisme constate : "Le progressisme ne fait rien d'autre que de lâcher la bride aux instincts égoïstes et tyranniques. Il matérialise l'homme. Comment se peut-il qu'il puisse susciter parfois autant de ferveur et d'espérance ? [...] En réalité, le plus grand nombre n'adhère au progressisme que parce qu'il rejette le conservatisme".
In
Henri HUDE,
Ethique et politiqe.
Editions Universitaires, [Paris ?], 1992.
On ne saurait mieux dire.
Politis-Philippe

lundi 16 avril 2007

Philosophie et politique

Les philosophes médiévaux, occidentaux comme orientaux, identifient en l'homme trois facultés : la sensibilité, l'intelligence, et la volonté. C'est par la sensibilité que l'on accède au beau, par l'intelligence que l'on accède au vrai, et par la volonté que l'on accède au bien. Notez que ces trois facultés s'exercent par l'intermédiaire des organes des sens pour la sensibilité, du cerveau pour l'intelligence, et des nerfs moteurs pour le bien (on agit en vue d'un bien, et l'action est liée à un mouvement).
Jusqu'ici, je ne pense pas que l'on puisse nier cette évidence. On ne niera pas non plus que c'est au cerveau qu'échoit la fonction de traiter les informations sensorielles et de les traduire (ou non) par des actes.
Toute la question est donc de savoir si les choses et les êtres ont en eux un principe d'intelligibilité qui est détecté par notre cerveau après être passé par nos sens (nihil in intellectu quod non prius fuerit in sensu, dit Thomas d'Aquin) ou si l'intelligible est infusé par notre intelligence dans les choses perçues par ces derniers. La question est d'une importance politique capitale. Si les choses et les êtres ont en eux un principe d'intelligibilité qui ne dépend pas de ce que nous pensons d'eux, alors il y a en eux du transcendant.
Il n'est pas inintéressant de constater qu'en grec, le mot "vérité" se dit "alethaia", qui signifie mot à mot "ce qui est sorti du sommeil". Pour nos ancêtres dans la culture, il n'y a pas de doute : chercher et trouver la vérité consiste à repérer l'intelligible dans les choses. Un tel constat est d'une importance politique capitale. Et de mon point de vue, c'est ce qui différencie fondamentalement une sensibilité ou une polique dite "de gauche" d'une sensibilité ou d'une politique dite "de droite". Ce n'est pas le goût de la justice, pas même celui de la démocratie ou de la liberté qui est la pierre de touche de la différence. Pour une sensibilité de gauche, la matière n'a pas de forme et il importe que l'homme lui en donne une. Comme chacun de nous portons une idée personnelle de la dite forme, il faut pour faire triompher une des formes possibles (a) conditionner tous les citoyens par le biais de l'information et de la culture à intérioriser une forme unique pour éviter le désordre et le chaos, et limiter les conflits ; (b) et pour ce faire arriver par tous les moyens au pouvoir suprême : d'où l'âpreté des luttes politiques. Pour une sensibilité dite de droite (j'entends une "vraie" sensibilité de droite), il n'y a pas de bonne politique qui irait à l'encontre de la nature des choses (de l'intelligible qu'elles portent en elles, en vertu de leur être et par l'intermédiaire de leur forme).
Comment agir en toute justice si l'on croit que sa propre analyse, même partagée par les gens de son clan, est la seule qui vaille ? On l'imposera par la force, par la ruse même. Si l'on croit qu'il n'y a pas d'acte juste qui aille l'encontre de la nature des choses, on recherchera ce qui en elles est intelligible, pour agir en conformité avec leur nature. Et de mon point de vue, c'est la définition du bien.
Considérée de la sorte, on comprend pourquoi la culture et l'enseignement ont été et sont des enjeux politiques capitaux. L'idéalisme contre le réalisme, voilà le vrai combat des idées. Et pour moi, l'idéalisme est le père de tous les totalitarismes. On comprend aussi pourquoi un parangon de la modernité disait son "réconfort" pour ne pas dire son exultation, à l'idée que "l'homme est une invention récente, une figure qui n'a pas deux siècles, un simple pli dans notre savoir, et qu'il disparaîtra dès que celui-ci aura trouvé une forme nouvelle".
Eh oui ! Vous avez bien lu. C'est une ânerie de plus à mettre au compte de ce "philosophe". Il aurait mieux fait de relire les grecs, la bible et les philosophes arabes du moyen-âge. Mais pour Michel FOUCAULT, la culture n'est pas ce qui est transmis et enrichi à chaque génération humaine. La culture, c'est sa propre et délirante production. Jamais on aura mis tant d'énergie à utiliser le legs antique (les catégories de la logique d'Aristote) pour le démolir. C'est là une contradiction dont il ne peut se relever. Mais il n'est pas le seul, le pauvre, à gésir sur le fumier de la "déconstruction".

dimanche 15 avril 2007

Vous avez dit "information" ?

Il a donc fallu presque huit jours pour que les mass media présentent la mort du policier Reynal CARON à la foire du trône comme autre chose qu'un accident malheureux. Il suffisait pourtant qu'ils écoutent, sur RTL, au matin du drame, Marcel CAMPION, le responsable des forains de cette foire, pour avoir une relation exacte de ce qui s'était passé.
La première relation des faits, je l'ai lue sur "Métro", le journal gratuit distribué dans de nombreuses grandes villes. Sous le simple titre "Dernière minute", et dans un entrefilet d'une quinzaine de lignes, en bas à droite, le journal relatait sobrement cette tragique bagarre, et il concluait. "D'après les premiers éléments de l'enquête, la piste accidentelle est privilégiée." Je venais d'entendre la radio. J'étais scandalisé.
La vérité a peu à peu apparu. Le jeune était d'origine africaine ("jeune black" avait dit Marcel CAMPION). Il tentait de resquiller. Une rixe commençant avec le reponsable du manège, il avait fait appel aux copains de sa bande, africains eux aussi. La police (elle était bien de proximité, celle-là) était intervenue, et le jeune resquilleur avait poussé le policier, sans doute après l'avoir ceinturé. Il n'avait probablement pas l'intention de le tuer. Mais Reynal CARON, 31 ans, père d'une fillette, est mort sur le coup percuté par le bras d'une nacelle du manège.
Imaginez l'inverse. Imaginez qu'un policier ait poussé un jeune noir et que celui ait été tué. Je vois les gros titres des journaux : "Bavure policière ou crime raciste à la foire du trône ?" Et l'on aurait glosé sur l'inefficacité des mesures, sur cet ancien ministre de l'intérieur dont la politique aurait échoué, et l'on aurait pleuré sur ces pauvres jeunes.
Cette presse est lamentable, à l'origine de bien des dysfonctionnements de notre société, mais elle est irresponsable. Je vois dans les relations de ces événements d'innombrables témoignages de mépris : vis-à-vis de nombreux jeunes d'origine africaine ou nord-africaine, vis-à-vis de l'épouse et de la fillette de Reynal CARON, vis-à-vis du public, vis-à-vis de la police.
Ce n'est pas parce que ce jeune est noir qu'il est un voyou. Il est un voyou parce que l'école, la famille et la société dont nous sommes, ont failli dans l'exercice de leurs devoirs. Mais tous les jeunes africains ne sont pas des voyous. Ne pas mentionner l'origine de ce jeune, c'est englober tous ceux qui la partagent dans la même opprobre. Premier mépris. Ne pas exprimer de compassion pour madame CARON et sa petite fille est un insupportable signe de dureté de coeur. Second mépris. Nous prendre pour des imbéciles, incapables de réflexion, et tenter de dissimuler les effets politiques désastreux de ce drame, me met dans une colère noire. Troisième mépris. Enfin, ne pas souligner le difficile travail de la police, et le lourd tribut qu'elle paye à la racaille et aux voyous est tout simplement inconséquent. Quatrième mépris.
Alors, il est raciste Philippe ? Où avez-vous vu cela ? Les trois dernières années de ma carrière universitaire, j'ai donné, bénévolement, des cours de Biologie générale à des jeunes qui préparaient le DAEU B. Nombre d'entre eux, à chaque promotion, venaient des quartiers dits sensibles (Hautepierre, Neuhof, Les Ecrivains, etc.). Beaucoup étaient d'origine africaine, nord-africaine, asiatique, proche-orientale, moyen-orientale, gitane. Je les garde dans mon coeur comme un des cadeaux les plus précieux que j'ai reçu pendant ma vie professionnelle. Vifs, attentifs, chaleureux, sensibles, ces jeunes gens et ces jeunes filles ne méritent pas qu'on les enveloppe dans un monde qui s'appelerait "Les jeunes des quartiers sensibles". Dans ces quartiers, il y a des jeunes très divers. Certains sont des merveilles, dignes d'être encouragés, aidés, promus. D'autres sont effectivement des voyous et des racailles, et, n'en déplaise à monsieur LE PEN, ils ne viennent pas tous de l'immigration. Voilà des réflexions qui me semblent plus proches de la réalité que les généralisations, oiseuses mais politiquement juteuses pour l'extrême-droite comme pour la gauche, distillées volontairement par des médias acquis à la civilisation de masse, de consommation et d'anticulture.
Comme le dit Jacques MADIRAN : "L'information moderne, par nature, ignore ce qui est important ou n'en retient que l'écorce étrangère à la dimension intérieure et à la dimension historique... Les techniques de l'information moderne réclament d'abord de celui qui les manie qu'il se place hors des conditions humaines de réflexion, de méditation, de confrontation permettant de saisir la portée d'un événement".
Politis-Philippe

samedi 14 avril 2007

DSK sauve la France

Je n'en crois pas mes oreilles. Vous avez bien entendu ? L'important est de faire un "Front anti-Sarkozy" au deuxième tour (DSK dixit). L'important, ce n'est pas la France, son présent, son avenir. L'important ce n'est pas les retraites, la sécurité sociale, la défense, l'enseignement, les cités dites sensibles, l'emploi des jeunes, la démographie, la moralité publique. L'important, c'est de faire un front anti-Sarkozy. Je croyais monsieur STRAUSS-KAHN plus intelligent que cela. L'important du front anti-Sarkozy, c'est de permettre à DSK de devenir premier ministre, et d'occuper, comme je l'ai dit hier, l'ETAT VACANT. C'est indigne, encore une fois, d'un homme politique. Ce peut être efficace sur le plan électoral (encore que...), mais c'est pitoyable sur le plan de l'argumentation.
Il est vrai que lorsque l'on demande (légalement, je dis bien "légalement" et selon les usages de la profession) des honoraires de 600.000 F pour une heure de consultation d'avocat à une mutuelle d'assurance étudiante, on me semble bien loin des réalités de la vie, et l'on est assez peu crédible pour contester les scandaleuses indemnités de licenciement de monsieur Forgeard.
Voilà où nous mènent l'idéologie, la coupure d'avec le réel, la négation de l'être, l'idéalisme, en un mot le paganisme idolâtre le plus virulent que l'on ait connu dans l'histoire de l'humanité.
Je ne plaide pas ici pour tel ou tel candidat. Il y en a, parmi les petits, qui me semblent avoir beaucoup de talents oratoires, voire de contacts avec le réel, et qui me sont fort sympathiques. Ils sont de droite, comme de gauche. Et je préfère un candidat sincère dans l'erreur, qu'un candidat qui ment sciemment. Car de candidat dans la vérité, je n'en vois pas.
En voilà assez pour aujourd'hui.
Politis-Philippe

vendredi 13 avril 2007

Intellectuels et politique

J'en ai par dessus la tête d'être manipulé par des informateurs de tous poils déconnectés de la réalité, et farcis d'idéologie. Voilà pourquoi je m'efforcerai, tous les jours si possible, de commenter l'actualité d'une part, et de discuter de choses plus profondes et plus constantes, de l'autre, pour contrebalancer, à ma modeste mesure, leur irresponsabilité.
Non à la pensée unique !
Je vais commencer par une citation tiré d'un livre dont je recommande absolument la lecture à toute personne de bonne volonté soucieuse de penser en vérité et d'agir en vue d'un bien.
"La démocratie moderne n'existe pas. Ce qui existe dans le pur décor théatral des démocraties, ce sont les minorités dirigeantes qui conquièrent l'ETAT VACANT et en occupent les postes de commande, soit directement soit par personnes interposées. Ces minorités qui détiennent les leviers de l'état démocratique ne peuvent agir QU'EN FAISANT COMME SI LA DEMOCRATIE EXISTAIT, sincèrement ou non, le sachant ou ne le sachant pas. Elles ne peuvent gouverner les citoyens qu'en les trompant et en les persuadant qu'ils détiennent tous les pouvoirs alors qu'ils sont privés du pouvoir essentiel de décision et de direction qu'ils possèdent verbalement et qui détermine tous les autres. Leur bonne ou mauvaise foi, encore un coup, n'a rien à voir en l'espèce. En aucune période de l'histoire, le citoyen n'a été plus démuni de pouvoir réel que dans la démocratie moderne. Et cependant tout se dit comme s'il était roi, et tout se passe alors qu'il est soliveau."
"On s'étonne parfois que la plupart des "intellectuels" soient "de gauche" et enclins à tout pardonner au communisme, on se demande souvent pourquoi les grands centres d'information : agences de presse, journaux, actualités cinématographiques, radio, télévision, université, centres de recherche, etc., sont truffés de révolutionnaires, de prosélytes de la subversion, ou d'aimables "libéraux" qui se prêtent en soufriant au rôle de fourriers du nihilisme. Le contraire serait surprenant. Malgré les exceptions, qui ne sont pas tellement nombreuses, et qui sont dues au hasard et à la nécessité de la lutte, tous ces centres sont peuplés de gens qui répugnent à la condition humaine et veulent en bouleverser les assises [...] parce qu'ils sont aussi loin que possible de la vie quotidienne des hommes, parce qu'ils sont les moyens d'expression d'un régime dont les membres, à des degrés divers, aujourd'hui au plus bas, sont presque tous amputés de leur relation fondamentale à la réalité et au principe de réalité. Le milieu de "l'information" est aussi éloigné que possible des milieux naturels ou s'écoule la vraie vie des hommes, où il ne se passe rien de "nouveau" que l'incessant renouvellement de la vie, où les finalités maîtresses de l'existence humaine se déploient paisiblement comme le cours des rivières et des fleuves vers l'Océan. [...] Les milieux d'information sont les salons de la démocratie où des êtres anonymes qui grouillent dans le régime se révèlent comme les microbes et les virus sous le microscope."
In
Marcel DE CORTE.
L'intelligence en péril de mort.
Editions du Club de la Culture Française, Paris, 1969.
Evidemment, avec cet amer constat, on ne fait pas bouger les choses. Mais l'auteur le veut ainsi : avant de faire, de construire, d'agir, il est nécessaire de penser et de penser d'une manière qui ne soit pas déconnectée du réel. Je partage ce point de vue.
Quelques remarques complémentaires. J'émets les plus grandes réserves sur les compétences politiques d'un candidat qui brigue la magistrature suprême, désire donc être le chef des armées, et qui croit qu'il suffit d'un sous-marin atomique pour assurer la dissuasion, c'est à dire la protection du territoire national contre toute attaque ennemie. Je ne juge pas du bien fondé de la dissuasion. Je dis que pour l'instant c'est notre doctrine de défense. Le candidat ne l'a pas remise en cause. Une telle ignorance est abyssale et dangereuse. J'ajoute que le même candidat vient de remplacer l'argumentation par l'injure envers un de ses compétiteurs. C'est tout simplement indigne de la fonction prétendue.
Rassurez-vous. Les autres candidats auront leur lot.
Politis-Philippe