vendredi 30 avril 2010

28 juillet 1885, ou Jules Ferry démasqué

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Il se tint d'étranges propos à la Chambre des députés, le 28 juillet 1885. Jules FERRY devait s'expliquer devant la représentation nationale sur sa politique ouvertement colonialiste, combattue à la fois par la droite (monarchistes) et l'extrême gauche (qui nous paraîtrait bien pâle aujourd'hui) à laquelle appartenaient CLEMENCEAU et Camille PELLETAN ["pas d'ennemis à gauche" disait ce dernier] ; la gauche modérée, les radicaux, les socialistes soutenaient cette politique. Jules FERRY devait donc la défendre à la fois contre les opposants de droite et d'extrême gauche, qui voulaient renforcer les défenses françaises face à l'Allemagne, sur la frontière des Vosges plutôt que de se lancer dans des expéditions coloniales hasardeuses. Camille PELLETTAN avait dénoncé avec virulence la politique d'expansion coloniale menée par FERRY. Voici les passages les plus significatifs de la passe d'armes du 28 juillet 1885 dont les admirateurs de Jules FERRY n'ont pas lieu d'être fiers.
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"Sur ce point, l'honorable M. Camille Pellettan raille beaucoup, avec l'esprit et la finesse qui lui sont propres ; il raille, il condamne, et il dit : Qu'est-ce que c'est que cette civilisation qu'on impose à coups de canons ? Qu'est-ce, sinon une autre forme de la barbarie ? Est-ce que ces populations de race inférieure n'ont pas autant de droit que nous ? Est-ce qu'elles ne sont pas maîtresses chez elles ? Est-ce qu'elles vous appellent ? Vous allez chez elles contre leur gré, vous les violentez, mais vous ne les civilisez pas.
Voilà messieurs, la thèse : je n'hésite pas à dire que ce n'est pas de la politique, cela, ni de l'histoire, c'est de la métaphysique politique... (Ah ! Ah ! à l'extrême gauche)
Voix à gauche : Parfaitement !
M. Jules FERRY : ... et je vous défie - permettez-moi de vous porter ce défi, mon honorable collègue, monsieur Pelletan, - de soutenir jusqu'au bout votre thèse qui repose sur l'égalité, la liberté, l'indépendance des races inférieures. Vous ne le soutiendrez pas jusqu'au bout, car vous êtes, comme votre honorable collègue et ami M. Georges PERIN, le partisan de l'expansion qui se fait par voie de trafic et de commerce.
M. Camille PELLETAN : Oui !
M. Jules FERRY : Vous nous citez toujours comme exemple, comme type de la politique coloniale que vous aimez et que vous rêvez, l'expédition de M. de Brazza.
Messieurs, il faut parler plus haut et plus vrai ! Il faut dire ouvertement qu'en effet les races supérieures ont un droit vis-à-vis des races inférieures... (Rumeurs sur plusieurs bancs à l'extrême gauche).
M. Jules MAIGNE : Oh ! Vous osez dire cela dans le pays où ont été proclamés les droits de l'homme.
M. de GUILLOUTET [un monarchiste] : C'est la justification de l'esclavage et de la traite des nègres !
M. Jules FERRY : Si l'honorable monsieur Maigne a raison, si la déclaration des droits de l'homme a été écrite pour les noirs de l'Afrique équatoriale, alors de quel droit allez-vous leur imposer les échanges, les trafics ? Ils ne vous appellent pas (interruptions à l'extrême gauche et à droite. Très bien ! Très bien ! sur divers bancs à gauche.)
M. Raoul DUVAL : Nous ne voulons pas leur imposer ! C'est vous qui les leur imposez !
M. Jules MAIGNE : Proposer et imposer sont des choses fort différentes !
M. Georges PERIN : Vous ne pouvez pas cependant faire des échanges forcés ! "
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Et voilà le clou, l'apothéose de la pensée de Jules FERRY.
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"M. Jules FERRY : Je répète qu'il y a pour les races supérieures un droit parce qu'il y a un devoir pour elles. Elles ont le devoir de civiliser les races inférieures... (Marques d'approbation sur les mêmes bancs à gauche - Nouvelles interruptions à l'extrême gauche et à droite)."
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Qui osera dire enfin que ces paroles sont ignobles ? Qu'elles témoignent d'un racisme et d'une arrogance insupportables ? Et qu'elles traduisent l'opinion majoritaire de la Chambre des députés de l'époque. Pour l'honneur de la France, heureusement, il y eut à droite comme à l'extrême gauche des hommes qui ont protesté contre cette vision-là. Elle nous a certes valu le deuxième empire colonial du monde (après celui des Anglais). Elle nous vaut aujourd'hui le ressentiment de ces peuples qui avaient autant à nous apprendre qu'à être enseignés par nous, et elle est à l'origine de la haine ou de l'hostilité que nombre de citoyens des anciennes colonies françaises expriment à l'égard de notre patrie. En outre, elle fut une bombe à retardement, puisque la colonisation arrogante est à l'origine de flux migratoires que nous ne pouvons plus contrôler.
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Il n'empêche que monsieur Jules FERRY a l'insigne honneur d'être l'éponyme de nombre de lycées, d'avenues, boulevards, rues et places. Qu'en pensent les tenants de la laïcité à la française qui doivent tant à Jules FERRY ? Aujourd'hui, monsieur FERRY serait déféré devant les tribunaux.

Requiem pour une placette

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Il y a trente ans, la place Saint-Louis qui donne sur le pont Saint-Thomas, était, le soir, noire de monde. Une aimable anarchie régnait peut-être dans le stationnement des voitures sur le trottoir qui borde l'ILL. Mais on pouvait stationner régulièrement sur la place elle-même. Une foule d'étudiants se pressaient Aux deux Hallebardes et Aux bons crus d'Alsace, deux délicieuses winstubs contiguës. Certes, dans les salles, on n'y voyait pas à trois mètres tant les fumeurs étaient nombreux, et brumeuse l'atmosphère. Mais il y avait de la vie. Un brouhaha vigoureux faisaient un fond sonore vivant et multiforme ; parfois des chants, indubitablement gaulois jaillissaient, à une table, repris en choeur par les dîneurs.
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Imaginez aujourd'hui un endroit minéral, pavé de granit, entouré d'un petit muret qui se veut être une sculpture moderne minimale, un désert humain, pas de circulation, pas de stationnement. Des jeunes couples qui voulaient tenir commerce dans le quartier ont dû fermer boutique. Les deux winstubs sont quasi désertes.
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Les bobos sont passés par là, et les écologistes intégristes. Pas de voitures à STRASBOURG, pas de stationnement, pas de jeunesse le soir dans les rues : les étudiants, on les a repoussé à la périphérie de la ville. C'est dangereux, un étudiant, ça fait du bruit, et il ne faut pas déranger les locataires fortunés qui ont acheté, en connaissance de cause, des appartements rénovés au-dessus des deux restaurants si typiques. Monsieur le maire transforme sa ville en dortoir, en musée, et en touristodrome. Ça me fait mal de voir une ville si belle, que j'aime tant, perdre peu à peu de sa vie, comme un blessé perd de son sang. Hélas, le mal est fait. Plus jamais, cette ville naguère si vivante, ne retrouvera cette pétulance alsacienne, faite de bonhomie, d'humour et de juste distance. Les écologistes sont les ayatollahs d'une nouvelle religion tout aussi sectaire que celle de certains iraniens. Je crains fort qu'ils ne finissent par achever le peu de joie de vivre qui reste à un peuple jadis qualifié "du plus spirituel du monde".
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Allez ! Je chante un requiem pour cette défunte placette.

mardi 27 avril 2010

Absence

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Je suis absent jusqu'à vendredi 30 avril, inclus.
Bonne semaine à mes lecteurs.

lundi 26 avril 2010

Tenir bon

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La manière dont les partis politiques réagissent à l'affaire de cet homme supposé être polygame est typique de l'idéologie qui les ronge.
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Il faut commencer par le commencement. En premier lieu, nous sommes un pays de droit, et il est absolument indispensable de le respecter. Il faut tenir ferme sur ce point, et n'y jamais déroger. En second lieu, et c'est là où les choses se compliquent, notre pays ne reconnaît pas le mariage religieux. Il est donc tout à fait possible à un fidèle musulman (a) de se marier civilement à une française, d'acquérir ainsi notre nationalité, et (b) de contracter à la suite trois mariages religieux, sauf qu'un ministre des cultes qui, en France, marie religieusement un homme et une femme non marié civilement se rend coupable d'un délit et est passible des tribunaux. Qu'à cela ne tienne, il suffit d'aller dans un pays musulman qui, lui, reconnaît le mariage religieux, et le tour est joué.
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Ainsi, l'homme soupçonné de polygamie peut être religieusement (et régulièrement aux yeux de sa foi) polygame, sans l'être juridiquement. Voilà où mène l'exacerbation de la laïcité qui refuse de prendre en compte ce fait. Il me semble, toutefois, très facile de juger de la réalité de la polygamie, en se posant quelques questions : (a) les femmes supposées être mariées à cet homme ont-elles des enfants ? Combien chacune ? Ces enfants sont-ils du même père ? Quel âge ont-ils ? Les mamans de ces enfants sont-elles toutes voilées ? Quel nom porte les enfants ? S'il apparaît que les réponses à ces questions indiquent que l'homme soupçonné de polygamie a engendré régulièrement de ces quatre femmes, et d'elles seules, des enfants à des périodes coïncidentes, alors il y a fort à parier qu'il s'agit d'un cas de polygamie, régulier aux yeux de la religion musulmane, mais difficile à condamner chez nous si les mariages ont été contractés à l'étranger.
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Que faire ? La seule solution, à mon point de vue, consiste à reconnaître que le mariage religieux musulman a valeur de pacte civil de solidarité qu'il ait été ou non contracté en France. Or il est impossible aux yeux de la Loi d'en contracter plusieurs simultanément. La gauche s'époumone, mais ne voit le danger qu'il y a à défendre ces pratiques, qui condamne à brève échéance notre pays à être submergé par des familles pléthoriques, à la charge des contribuables, et qui ne manqueront pas de constituer chez nous des ghettos islamistes irréductibles. La droite réagit sans doute trop vite. Il faut réfléchir. Quant à accuser monsieur SARKOZY d'être responsable d'une prétendue manipulation, c'est tout simplement supposer qu'il avait une ligne directe entre l'agent verbalisateur de la porteuse de niqab (tient, d'un seul coup, on retrouve les bons mots pour désigner les pièces vestimentaires ; là on peut faire la différence entre une burqa et un niqab, bizarre, non ? ; voir mon dernier billet) et son bureau. C'est idiot et ne mérite même pas l'attention que je lui porte.
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La vérité est plus nuancée. (a) Nous devons nous abstenir de toute généralisation ; il y a des fidèles musulmans pieux et sincères ; ils ne doivent pas être victimes d'une injuste suspicion, et ils méritent notre respect. (b) Il y a les extrémistes, qui ne rêvent que de prendre une revanche sur la bataille de Poitiers, sur les croisades et sur la reconquista espagnole. Il ne s'agit pas d'un fantasme sorti tout droit de ma tête. Il s'agit là de propos tenus par des intellectuels et par des fidèles fanatisés.
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On peut se demander, aux réactions des uns et des autres, si le contact des responsables politiques avec la réalité humaine et religieuse a encore un sens pour eux. La plus mauvaise réaction est celle de la gauche et elle paiera ce manque de courage qui consiste à ne pas voir en face les faits ; la moins inadaptée est celle de la droite, mais je la trouve trop idéologique. Il nous faut réfléchir à ce que la laïcité signifie, et revoir tout à fait nos concepts en cette matière, en acceptant qu'il existe des cultures qui ne distinguent pas le domaine religieux du domaine politique ; il nous faut tirer les conséquences de cette situation. Si nos lois ne permettent pas de condamner la polygamie religieuse (je ne parle pas de maîtresses, comme le suggèrent plaisamment tel ou tel média, France Info en tête ; peut-être pour nous, mais pas pour un musulman à qui sa foi interdit l'infidélité), alors il ne faut pas accepter sur notre sol des personnes pratiquant ouvertement une forme extrême de l'islam qui ne peut avoir de place chez nous.
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Et qu'on ne me dise pas qu'il s'agit-là d'un argument juridique irrecevable au motif qu'il n'est fait que de soupçons et de présomptions. Toute la législation fiscale est fondée sur l'idée a priori qu'un contribuable est un fraudeur en puissance, de sorte que la charge de la preuve lui appartient quand il est accusé de fraude. Le droit est ici totalement présomptif. Ce qui est possible dans un domaine somme toute grossier, celui de l'argent trompeur, doit l'être encore plus quand il s'agit de la survie de sa patrie.
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Allez, tenez-bon, monsieur le ministre. Allez jusqu'au bout de l'enquête. Et donnez suite, s'il y a lieu.
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samedi 24 avril 2010

Le florilège des éléphants

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Avez-vous réussi à connaître la position du PS sur la question de la burqa ? Moi, je n'ai pas eu ce bonheur. Voici quelques barrissements des éléphants, éléphanteaux et éléphanticules sur le sujet.
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Monsieur Harlem DESIR : Aucune burqa n'est assez grande pour cacher l'échec économique du gouvernement. Peut-être monsieur DESIR pourrait-il lui prêter celle qui sert à cacher sa bêtise ?
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Monsieur MOSCOVICI : Ça me paraît être une politique de gribouille. Une politique qui vise uniquement à servir certaines clientèles ou satisfaire certains instincts, ça n'est pas la bonne attitude. C'est une réflexion du genre "nous étions au bord du gouffre, nous avons fait un grand pas en avant". En quoi l'interdiction de la burqa serait-elle destinée à servir certaines clientèles, ou satisfaire certains instincts ? Que pensent les militants du PS du port de la burqa ? Approuvent-ils ou non cette mesure ? A entendre de-ci de-là les réflexions de nombreux Français, il m'apparaît que les clientèles viennent d'horizons très divers, et qu'elles sont toutes habitées des très bas instincts que dénonce monsieur MOSCOVICI. Il devrait être plus précis. Quels sont ces instincts ? Peut-il les nommer ? Quelles sont ces clientèles ? Hélas il lui est impossible de donner de vraies réponse à ces questions. Sa prose est belle comme l'antique ; c'est un avant-projet de proposition de brouillon d'un dictionnaire de figures de rhétoriques.
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Monsieur CAMBADELIS ironise. On imagine mal les policiers courir dans les rues pour retirer le voile aux femmes. Il faudrait que cet éminent membre du PS aille prendre des cours aux Trois Baudets s'il veut faire dans l'humour, ou, plus sérieusement, qu'il nous dise s'il estime que le port de la burqa dans l'espace public est souhaitable ou non, et qu'il explique les raisons de sa position. A défaut d'avoir de l'humour, monsieur CAMBADELIS a de la souplesse. Il sait faire la pirouette. Sa place, dans le cirque politique, est celle du contorsionniste.
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David ASSOULINE dénonce le port de la burqa dans ces termes : Il ne faut pas rester inerte et combattre la burqa qui est antinomique aux valeurs de la République. Fort bien. Si le français de monsieur ASSOULINE est approximatif, son opinion ne l'est pas. Voyons la solution. Il s'agit, pour monsieur le sénateur ASSOULINE, de renforcer les moyens existants (je me demande bien lesquels) pour intégrer ou protéger les femmes concernées. La position est nettement plus courageuse. Mais elle ressemble un peu à celle du général d'opérette qui harangue ses troupes en leur criant d'un ton martial : Armons-nous et... partez ! Personne au monde n'est en mesure d'obliger une femme musulmane que son mari oblige à porter la burqa, à se rendre dans ces associations (remarquables, utiles, et discrètes) qui accueillent des femmes d'origine maghrébine ou africaine de confession musulmane, et qui, dans le respect de leur personne et de leur conviction, les amènent à plus d'intégration dans la vie sociale. Monsieur ASSOULINE voudrait-il créer des structures étatiques chargées de cette fonction, ou aider celles qui existent ?
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Manuel VALLS, Aurélie FILIPETTI, appellent à voter la loi ; Gérard COLLOMB à voter contre ; il argumente : Il va falloir dire ce qu'est la burqa au juste, c'est le voile intégral ou bien c'est ["ce sont" m'eût paru une expression plus correcte] les voiles intermédiaires ? Déjà cela va être difficile à apprécier. Il est certain que si telle ou telle religion imposait la nudité dans l'espace public, nous aurions moins de difficultés à résoudre la question vestimentaire. La réponse aux doutes extrêmes de monsieur COLLOMB se trouve dans les dictionnaires arabe-français, qui expliquent très clairement ce qu'est une burqa, et toutes les variantes de ces pièces vestimentaires qui ont pour but de cacher le visage des femmes.
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En vérité, il me semble qu'il n'y a que deux (peut-être trois) positions rationnellement et politiquement acceptables. (a) Pas de loi. Il n'appartient pas au législateur de dire ce qui constitue la dignité vestimentaire de la femme. S'il le fait, il faut aussi qu'il légifère sur les publicités qui étalent des femmes en très simple appareil. En outre, il ne lui revient pas davantage d'interférer, au nom de la séparation des Églises et de l'Etat, dans l'expression d'une croyance ou d'une foi, si elle ne constitue pas un trouble manifeste à l'ordre public. Le port de la burqa ne trouble l'ordre public que s'il paraît insupportable à la majorité de nos concitoyens. (b) Une loi, au nom des valeurs de la République ; en vérité, je n'en vois qu'une, de valeur : la laïcité stricte des comportements dans l'espace public. Mais c'est accepter que l'espace public soit déserté par les questions de philosophie et de morale, d'anthropologie et de culture. Une variante restrictive consisterait à interdire la burqa dans les services publics. Mais alors il faudrait préciser si la mesure vise les agents des services publics, les usagers, ou tous ceux qui les fréquentent.
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Nous avons matière à réflexion dans cet incident qu'ont relaté les médias : un policier verbalise une femme qui conduit une voiture en portant une burqa ou un voile, au motif tout à fait légal que le port de cette pièce rend la conduite malaisée, en restreignant la vision du conducteur. Renseignement pris, elle ne serait qu'une des quatre femmes d'un algérien naturalisé français par le mariage. Père de douze enfants, cet homme vivrait de telle manière que chacune de ses épouses bénéficie de l'allocation de parent isolé. Monsieur HORTEFEU a raison. Il faut déchoir ce monsieur (au demeurant islamiste des plus durs) si le fait est avéré, le renvoyer dans cette Algérie, qu'il n'aurait jamais dû quitter, recenser tous les cas de femmes portant burqa, et voir si les pauvres ne rentrent pas dans ce système épouvantable de polygamie. Si nous continuons à fermer les yeux, à nous les voiler devrais-je dire, c'est qu'il y a des burqa invisibles qui nous empêchent de voir la réalité.
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C'était un exercice de réflexion sur un florilège de pachyderme.

vendredi 23 avril 2010

Parole de scientifique

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Une interview du Pr Jean-Claude CHERMANN vient de me tomber sous les yeux. Comme vous le savez peut-être, il est le codécouvreur, avec Luc MONTAGNIER et Françoise BARRE-SINOUSSI, du virus de l'immunodéficience humaine, le virus du SIDA. Il n'a pas été distingué par le Prix Nobel, contrairement aux deux chercheurs susnommés. Pour le virologiste que j'ai été, cet oubli est incompréhensible. Et je dois dire que m'en étonne.
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Un journaliste interroge donc Jean-Claude CHERMANN. La question est la suivante
"Q : Ce qui frappe, c'est qu'à chaque fois que vous vous aventurez sur une piste de recherche, elle est au mieux ignorée, au pire rejetée par la communauté scientifique, avant d'être validée quelques années plus tard.
R : C'est un peu toute l'histoire de ma vie, d'être en avance. C'est une affaire de regard et d'ouverture. Beaucoup de chercheurs ont tendance à ne pas sortir de leurs dogmes, à regarder dans un sens unique. Moi, ça ne m'intéresse pas de chercher là ou mille équipes travaillent déjà. Donc je pars un peu sur le côté. Je m'autorise des intuitions, des hypothèses et j'essaye de comprendre. Mais je ne suis pas entendu, parce que je ne suis pas à la mode."
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Pour avoir subi (dans un tout autre domaine scientifique) le même traitement que cet éminent collègue, auquel je n'aurais toutefois pas la prétention de me comparer, je puis dire que ce type de comportement de la part de la communauté scientifique à l'égard des esprits libres et indépendants est courant. Jean-Claude CHERMANN, il faut le dire aussi, est en train de suivre une piste très prometteuse en matière de vaccination contre le virus du SIDA. Je ne doute pas un seul instant que sa recherche sera couronnée de succès, tant sa démarche est rationnelle, progressive et originale. Mais les pontes de la science française ne semblent pas l'entendre de cette oreille. Il est donc nécessaire de le faire savoir.
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Je souhaite à ce collègue un plein succès. Je déplore qu'il ait été oublié par le Comité Nobel. Et je lui dis toute mon admiration et ma sympathie.

jeudi 22 avril 2010

A méditer

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Lu dans un petit livre dont je reparlerai cette définition de l'envie. Elle me paraît très juste. Elle nous invite à ne jamais regarder dans l'assiette du voisin non plus que de comparer ce que l'on a à ce que les autres possèdent.

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"C'est un sentiment horrible. L'envie est de tous les péchés le pire puisqu'il ne donne aucun plaisir intrinsèque, au contraire de la luxure, de la gourmandise, de la paresse, et même de l'orgueil. En cela, il est à peine humain. Les hommes pèchent en cherchant leur bien, et ils le trouvent en partie en péchant, mais l'envie vous installe dans le mal pur, désintéressé, sans plaisir, mal angélique qui vous surprend comme une subite possession. C'est pourquoi le devoir de l'éviter figure en dixième et dernière place sur la liste des commandements." (A. BESANCON. Une génération. Julliard, Paris, 1987)

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René Girard a magnifiquement commenté le dixième commandement, et il montre comment il vise à éviter la violence circulaire et le sacrifice de l'innocent. Je vous renvoie à cet immense penseur.

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Ceux qui excitent l'envie sont des fauteurs de violence. Quand monsieur MAUROY, dans les années 1980, a parlé "des gens du château", les opposant (implicitement) aux gens des cités ouvrières, il a commis une mauvaise action, pour cette raison-là. Et il n'a pas fait avancer d'un pouce la justice ; l'homme politique qui a parlé de la "France d'en-bas" n'a pas fait mieux. Etait-ce monsieur RAFFARIN ou monsieur SARKOZY ? Il ne m'en souvient pas. Mais c'était un homme "de droite". En aucun cas ces comparaisons et ces oppositions ne peuvent résoudre la question sociale, et la juste redistribution des richesses.

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Pour la même raison, utiliser le levier de l'envie pour critiquer le bouclier fiscal (il a permis la redistribution d'environ 350 millions d'euros d'euros à 834 foyers fiscaux, ce qui à l'échelle du pays est économiquement dépourvu d'effets lourdement négatifs), qui bénéficie "aux riches", opposés "aux pauvres", est une ineptie. Faire croire que sa suppression donnerait plus "aux plus démunis" est un mensonge grossier. Il faut supprimer le bouclier fiscal pour des raisons symboliques ; il est normal qu'en temps de crise, les mieux pourvus acceptent de faire un effort qui reste minime. Car ce qui est vrai dans un sens (remise d'impôts dépourvue de signification économique) l'est aussi dans l'autre (prélèvement fiscal lui-même dépourvu d'incidence sur la vie des contribuables aisés).

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Tout cela est une question de bon sens et d'équité ; non point d'envie et de rage impuissante.

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A méditer par les responsables du PS et par ceux de l'UMP.

Non, non et non !

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La FNAC a donc organisé un concours de photographies sur les thèmes du "politiquement incorrect", du "reflet dans tous ses états", et "de bas en haut et de haut en bas". Le jury avec un goût et une délicatesse qui ne laissent pas d'être admirables, a sélectionné et primé la photographie d'un homme, vu de dos, en train de s'essuyer le derrière avec le drapeau français. Monsieur CIOTTI, député des Alpes-maritimes, département dans lequel il semble que le concours ait été organisé (NICE), a protesté, avec un petit succès, puisque les responsables de la FNAC ont décidé d'ôter l'auteur de la photo de la liste des lauréats. Mais le journal Métro, lui, n'a pas hésité à publier cette oeuvre ordurière. J'ignore si elle ne l'a été que dans les éditions régionales de ce journal.
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J'invite mes lecteurs (a) à protester auprès du journal Métro, et à ne plus jamais lire ce torchon ; (b) à protester auprès de leur député pour manifester leur indignation ; (c) à faire de même auprès de la FNAC et à éviter autant qu'il est possible d'acheter dans ses magasins quoi que ce soit.
Il est possible de bénéficier d'une carte de fidélité (pour les livres), gratuitement, et d'obtenir ainsi, régulièrement et sur simple présentation de la carte, 5% de réduction, aux Librairies "La Procure". La FNAC, elle, fait payer sa carte. Il existe d'excellents magasins fournissant du matériel photographique, des télévisions, des ordinateurs, etc. (Surcouf, Pixmania, Darty). Allez de préférence vous fournir chez eux. Tant que nous ne manifesterons pas notre dégoût pour ces provocations en tapant là où ça fait mal à ces messieurs, à savoir : le chiffre d'affaire, nous avons peu de chances de modifier leurs pratiques.
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Il me semble nécessaire que l'on dévoile le nom de "l'artiste" qui a commis cette horreur, et qu'on lui fasse connaître notre indignation. Curieusement, il semble bien qu'on ait pudiquement tu le patronyme de ce monsieur. Il serait intéressant de savoir pourquoi.
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Quant à la Loi qui punit les outrages au drapeau et à l'hymne national, il semble bien qu'elle ne s'applique pas "aux oeuvres de l'esprit", et c'est la raison pour laquelle monsieur de MONTGOLFIER, homme intègre et courageux, n'a pu que classer sans suite la plainte déposée auprès de lui, pour condamner les auteurs de ce forfait et leurs complices. Où l'on voit que l'esprit est bizarrement placé chez nombre de "cultureux" qui se piquent de modernité en exaltant l'infamie, et qui ne sont finalement que les pâles adorateurs de la défécation.
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Voilà pourquoi le débat sur l'identité nationale est plus que jamais utile. Jusques à quand accepterons-nous de voir notre patrie et ce qui la représente symboliquement, offensés par des homoncules qui s'en servent, en profitent, et la violent avec délectation. Non, non et non !

dimanche 18 avril 2010

Que la haine est toujours la fille d'un préjugé

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Je vous ai dit hier soir que, dans le billet de ce jour, je reviendrais sur les réflexions de Cynthia FLEURY (dont une de mes lectrice et très fidèle amie prétend qu'elle me sert d'égérie !). Promesse tenue. Cynthia parle fort bien d'une pathologie propre à notre démocratie, celle du mal de dire le mal, pathologie qui, selon moi, frappe surtout les journalistes et les hommes politiques.
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Tout le monde ou presque connaît l'histoire du jeune Joseph, le dernier fils de Jacob, ce jeune Joseph livré par ses frères à des marchands de passage, en raison de la haine qu'ils lui portaient. Ils n'acceptaient pas que leur père semblât manifester une préférence pour ce petit dernier, que Rachel, sa mère, avait attendu si longtemps et qui était morte peu de temps après l'avoir mis au monde. Voici comment Cynthia FLEURY commente, avec l'aide de Marc-Alain OUAKNIN, cet épisode :
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"[...] La haine des fils contre Joseph est née de l'idée qu'ils se faisaient des sentiments de leur père à l'endroit de Joseph et du contenu de ses songes. [Joseph, en effet, avait rêvé qu'il aurait un avenir lumineux et puissant. Note du transcripteur]. Avant la haine, il y a donc l'interprétation que l'on se fait des choses - et finalement le préjugé. Or qu'est-ce que la médisance sinon (d'abord) un préjugé ? Qu'est-ce que médire, sinon juger le monde à partir de schémas déjà connus ? Avant même d'interroger la teneur des événements et des actes, on juge d'emblée, on statue et l'on médit."
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C'est très exactement ce que je reproche à l'opposition socialiste qui critique, médit, moque, et ridiculise le Président de la République, avant même de s'interroger sur le contenu ses réformes qu'il propose. Je fais le même reproche à ceux qui, "à droite" (mot idiot, et erreur topologique fondamentale) critiquent sans en examiner les tenants et les aboutissants, les rares idées émises par l'opposition. Mais je suis obligé de constater que la rancune et la haine sont de ce côté-là (à "droite") moins tenaces et moins rancies que de ce côté-ci (à gôôôôche). Le socialisme français et les médias qui le suivent sont les champions de la médisance, du ressentiment, de la haine et de la rage impuissante.
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Alors quelles solutions trouver à cette situation où des partis, agitateurs de passions collectives, et donc ouvriers du mal tel que le dit Simone WEIL (cf le billet d'hier), entretiennent une division stérile, et interdisent par conséquent un vrai débat public ?
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Je vous ai dit hier que je citerai aussi Rémi BRAGUE. Il me semble qu'il ouvre un début de réponse à la question. Voici ce que dit cet excellent philosophe sur le dialogue, forme intime du débat public : "Si l'on souhaite un véritable dialogue, il faut commencer par respecter l'autre. Ce qui implique : le comprendre comme il se comprend lui-même, prendre les mots sont il se sert dans le sens qu'il leur donne, accepter la situation initiale de désaccord pour tenter de la faire évoluer vers une meilleure compréhension."
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On aura reconnu là les règles formulées par Jürgen HABERMAS dans son ouvrage majeur : Pour une éthique de la communication. Peut-être la dignité du débat public exige-t-elle un peu plus de morale, un peu moins d'arrogance et de volonté de puissance ? Qui ne voit la profonde convergence d'analyse de ceux qui font l'effort de penser avant de trancher : hier Simone WEIL, Jürgen HABERMAS, aujourd'hui Cynthia FLEURY et Rémi BRAGUE ? Ces philosophes n'ont pas forcément les mêmes opinions politiques, mais ils sont les amis des hommes et l'honneur de l'humanité. Allons, messieurs et mesdames les journalistes, messieurs et mesdames les politiques, encore un petit effort.
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Je m'absente quelques jours et reprendrai à mon retour. J'aimerais que mon lecteur déçu se manifeste.

samedi 17 avril 2010

Il faut supprimer les partis politiques

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Je vous jure que je ne l'ai pas fait exprès. Figurez-vous que je suis tombé par hasard sur un petit opuscule dû à Simone WEIL, notre grande Simone WEIL, en cherchant un tout autre ouvrage dans les rayons d'une excellente librairie. Il a pour titre Note sur la suppression générale des partis politiques. Je l'ai dévoré en quelques dizaines de minutes, car le texte est court mais d'une inégalable densité. On ne sort pas de cette lecture comme on y est entré, et l'on se fait alors de la démocratie une tout autre idée de ce qu'elle prétend être dans la bouche de nos élites. Au fur et à mesure de ma lecture, je me disais : voilà ce qui est juste et que je n'ai jamais su bien dire dans mes billets. Voilà ce que mes lecteurs doivent lire, méditer, connaître et approfondir : il ne peut y avoir de parti politique légitime dans un régime authentiquement démocratique.
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D'abord, un peu d'histoire. Cette note a paru dans le numéro 26 de la revue La Table ronde, daté du mois de février 1950. André BRETON réagit à ce texte alors inédit dans une livraison d'avril du journal Combat et ALAIN, qui fut un des maître de Simone WEIL, le fait au même mois dans la même revue de La Table ronde. Simone WEIL est morte depuis sept ans quand paraissent ces réflexions.
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Voici quelques extraits de ce texte dont je recommande absolument la lecture, et de la plus urgente et expresse manière.
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"Le fait qu'ils [les partis] existent n'est nullement un motif de les conserver. Seul le bien est un motif de conservation. Le mal des partis politique saute aux yeux. Le problème à examiner, c'est s'il y a en eux un bien qui l'emporte sur le mal et rende ainsi leur existence désirable."
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"S'ils sont du mal, il est certain qu'en fait et dans la pratique ils ne peuvent produire que du mal. [...] Mais il faut d'abord reconnaître quel est le critère du bien.
Ce ne peut être que la vérité, la justice, et, en second lieu, l'utilité publique.
La démocratie, le pouvoir du plus grand nombre, ne sont pas des biens. Ce sont des moyens en vue du bien, estimés efficaces à tort ou à raison."
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"Seul ce qui est juste est légitime. Le crime et le mensonge ne le sont en aucun cas."
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"La vérité est une. La justice est une. Les erreurs, les injustices sont indéfiniment variables. Ainsi les hommes convergent vers le juste et le vrai, au lieu que le mensonge et le crime les font indéfiniment diverger. L'union étant une force matérielle, on peut espérer trouver là une ressource pour rendre ici-bas la vérité et la justice matériellement plus fortes que le crime et l'erreur."
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Il est très important au point où j'en suis de mes citations d'indiquer que Simone WEIL attribue aux passions le crime et les erreurs. Et à propos des théories de Jean-Jacques ROUSSEAU, exposées dans le Contrat social, elle dit ceci :
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"Un vouloir injuste commun à toute la nation n'était aucunement supérieur aux yeux de ROUSSEAU - et il était dans le vrai - au vouloir injuste d'un homme. [...] ROUSSEAU pensait seulement que, le plus souvent, un vouloir commun à tout un peuple est en fait conforme à la justice, par la neutralisation mutuelle et la compensation des passions particulières. C'était là pour lui l'unique motif de préférer le vouloir du peuple à un vouloir particulier."
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"Si une seule passion collective saisit tout un pays, le pays entier est unanime dans le crime. Si deux, ou quatre ou cinq ou dix passions collectives le partagent, il est divisé en plusieurs bandes de criminels. Les passions divergentes ne se neutralisent pas, comme c'est le cas pour une poussière de passions individuelles fondues dans une masse ; le nombre est bien trop petit, la force de chacune est bien trop grande pour qu'il puisse y avoir neutralisation. La lutte les exaspère."
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"Pour apprécier les partis politiques selon le critère de la vérité, de la justice, du bien public, il convient de commencer par en discerner les caractères essentiels. On peut en énumérer trois. (a) Un parti politique est une machine à fabriquer de la passion collective. (b) Un parti politique est une organisation construite de manière à exercer une pression collective sur la pensée de chacun des êtres humains qui en sont membres. (c) La première fin, et, en dernière analyse, l'unique fin de tout parti politique est sa propre croissance, et cela sans aucune limite.
Par ce triple caractère, tout parti est totalitaire en germe et en aspiration." [Les divisions en (a), (b) et (c) sont de votre serviteur.]
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Et ceci qui est admirable de justesse et de profondeur :
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"Mais comment désirer la vérité sans rien savoir d'elle ? C'est là le mystère des mystères. Les mots qui expriment une perfection inconcevable à l'homme - Dieu, vérité, justice - prononcés intérieurement avec désir, sans être joints à aucune conception, ont le pouvoir d'élever l'âme et de l'inonder de lumière.
C'est en désirant la vérité à vide et SANS TENTER D'EN DEVINER A L'AVANCE LE CONTENU QU'ON REÇOIT LA LUMIÈRE. C'est là tout le mécanisme de l'attention. [Majuscules de votre serviteur.]
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Comment passer sous silence la conclusion ? Impossible. Elle résume absolument ce que je pense.
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"Presque partout - et même souvent pour des problèmes purement techniques - l'opération de prendre parti, de prendre position pour ou contre, s'est substituée à l'opération de la pensée.
C'est là une lèpre qui a pris origine dans les milieux politiques, et s'est étendue à travers tout le pays, presque à la totalité de la pensée.
Il est douteux qu'on puisse remédier à cette lèpre, qui nous tue, sans commencer par la suppression des partis politiques."
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Demain matin, je reprendrai un passage de Cynthia FLEURY et un passage de Rémi BRAGUE, qui illustreront de manière concrète la signification essentielle de l'ouvrage de Simone WEIL que tout citoyen devrait avoir lu. J'ajoute que, piqué au vif par les remarques d'un lecteur que j'admire et qui trouve mes billets sans fadeur et sans pertinence, je me suis rendu compte qu'il avait raison, et qu'il n'y a aucune raison de ne pas dire crûment ce que je pense : non au PS (le premier créateur de ces coupables pulsions collectives), non à l'UMP (le second créateur), non au Modem, non au PC, aux écologistes et à toutes ces organisations créatrices de ces passions partisanes qui nous empêchent de vivre vraiment en démocratie.
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Civisme dans la Chine ancienne

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Voici comment MOZI (chap. XII) envisage la contribution de ses compatriotes à la vie de la cité :
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"Quiconque apprendra qu'un autre rend service à son pays devra rapporter le fait aux autorités, il en sera récompensé comme si c'était lui-même qui avait rendu service ; mais quiconque apprendra qu'un autre cause du tort à son pays devra le signaler, faute de quoi il sera puni comme s'il était lui-même l'auteur du crime."
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Évidemment, la maxime peut paraître un tantinet expéditive. Car si nous envisageons assez facilement de pouvoir louanger ou faire louanger un homme de mérite, nous répugnons à dénoncer les fauteurs de troubles quelle que soit la gravité des actes commis. C'est ainsi que règne en Italie ou en Corse la fameuse loi du silence, l'omerta, et que nombre de journalistes invoquent le secret sur l'origine de leurs informations et l'identité de leurs sources, même quand il s'agit de criminels ou de délinquants avérés.
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Tout est question de discernement. Seule une conscience éclairée peut décider de ce qu'il convient de faire quand elle a connaissance de ces faits. On peut laisser à la police le soin de punir des contrevenants ; cacher des délinquants est déjà une autre affaire. Quant aux criminels, il n'y a pas à balancer, et du reste la loi, en France nous en fait obligation : nous avons l'obligation morale de les faire connaître aux autorités judiciaires.
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Affaire suivre dans un prochain billet.

vendredi 16 avril 2010

Il est temps d'agir

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Je vous parlais récemment de ce jeune marocain persécuté dans pays parce qu'il s'est converti au christianisme. Vous pouvez signer une pétition pour le défendre, lancée par les chrétiens d'origine maghrébine vivant en France, à l'adresse que voici :
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Plus nous serons nombreux, et plus nous pourrons protéger ce frère en Jésus. Nous serions bien les seuls dans ce monde à faire preuve de timidité ? Non ! Non et non !
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Par ailleurs, je vous signale aussi une très intéressante initiative du groupe Liberté Politique qui organise, à la demande, des rencontres sur le thème "Pour votre ville un projet politique chrétien", à partir des propositions d'un membre du groupe, François BILLOT de LOCHNER. "12 mesures pour 2012". Vous pouvez contacter cette Fondation à l'adresse suivante :
ou obtenir des renseignements plus précis auprès d'Astrid COEURDEROY, chargée mission qui répondra directement à vos questions à l'adresse :
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Je vous invite à visiter le site de cette Fondation politique, et notamment un article consacré à la polémique qui secoue les médias et trouble l'Église : "Entre l'Église et le monde, un combat eschatologique". L'article fait un point remarquable sur les abus sexuels dont se sont rendus coupables des prêtres, et la manière ignoble (je pense à PLANTU et à la caricature publiée sciemment par le Journal le Monde, le Jeudi saint, jour anniversaire de l'institution du sacerdoce par Jésus) dont l'Église a été attaquée à l'occasion de ces scandales. Jamais aucun responsable d'aucun groupe humain n'a été aussi clair que le pape dans la condamnation de ces pratiques et dans les propositions pour les contrer, dans l'expression de la honte et dans les excuses qu'il a publiquement exprimées aux victimes de ces crimes. Il y a une trentaine d'année, il vous en souvient, messieurs SOLLERS, MATZNEFF, et consorts tendaient à demander que l'on dépénalise les relations sexuelles entre adultes et enfants, au motif que ces derniers avaient bien droit au plaisir (sic !). PLANTU devait encore être au berceau et mâcher sa tétine, il n'y a pas eu de caricature, et puis pensez-donc, SOLLERS ! On ne critique pas SOLLERS. Le Monde, fidèle à lui-même, n'a rien dit. On ne critique pas SOLLERS ! Il ne semble pas non plus qu'un étourdissant tintamarre ait couvert les aveux d'un ministre en exercice quant à son goût pour les jeunes thaïs, ni les déviances d'un général d'armée, amateur d'images pédo-pornographiques, dont les médias ont repris en coeur les arguments du médecin qui le soigne et qui met en avant un dérèglement neuronal ayant abouti à une désinhibition du centre nerveux chargé de contrôler les pulsions (sic).
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Si un pays de plus d'un milliard d'habitants parvient à contrôler Internet, je ne vois pas pourquoi nous ne parvenons pas à empêcher ces sites pornographiques de proliférer sur la toile. Ou plutôt, je vous trop bien pourquoi on ne fait rien : c'est que l'argent n'a pas d'odeur, et quelques milliards d'euros ou de dollars valent bien que l'on souille des enfants ou qu'on les abuse. Le pape a balayé devant notre porte. Et nous devons faire pénitence. Mais notre patrie ? Nos hommes politiques ? que font-ils ? Il y en a même qui propose de rouvrir les maisons closes. Je rêve.
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Aller ! Il est grand temps de réagir. La liberté n'est pas ce que l'on croit. Elle est plus noble, plus exigeante et plus nourrissante que les pâles brouets ou les infectes ragougnasses que nous servent certains médias qui se font les relais d'un courant de pensée soi-disant progressiste, en réalité totalitaire.
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Vite, signez la pétition, et contactez Astrid.

jeudi 15 avril 2010

L'oeuvre de Satan

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Satan est l'esprit de confusion, l'accusateur des frères, l'esprit de division. Il est homicide dès l'origine. Il est le père de mensonge. Il me paraît très important d'en repérer les actions dans notre monde contemporain. Il n'a jamais été aussi présent, aussi imaginatif, aussi entreprenant.
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Esprit de confusion ? Il y a tout un courant de pensée qui tend à réduire l'homme à l'animal, et ne voit qu'une différence de degré et non de nature entre les deux. Cela est bien commode. Car si l'homme est un animal, alors il est tout à fait normal qu'il se comporte comme tel. La victoire est au plus fort dans la lutte pour la vie, l'animal ne fait pas de distinction entre le bien et le moins bien, et donc l'inceste ou l'homosexualité - qui se pratiquent, quoique rarement dans le monde animal - sont tout à fait naturels. Mais simultanément, l'esprit de confusion susurre à nos oreilles que la nature n'a rien à nous apprendre, que tout est culture et que ce qui est bien un jour peut être mal demain ou inversement. L'esprit de confusion nous empêche de penser.
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L'accusateur des frères est à l'oeuvre. On ne cesse de le voir inspirer dans la presse des articles vilipendant les arrière-pensées de tel ou tel homme, souvent un homme politique, encore plus souvent un responsable religieux, comme si les journalistes en avaient sondé les pensées les plus intimes. Les attaques dont Benoît XVI est l'objet - et qui sont parfaitement concertées, coordonnées et voulues - n'ont d'autres buts que de diviser la communauté ecclésiale. Comme par hasard, un sondage (commandé par qui ? pour quoi ?) nous apprend que la confiance dans la personne du pontife aurait considérablement baissé en 2009. La mienne a augmenté. Les attaques contre le Président de la République, ou contre Martine AUBRY (elles viennent alors d'un vrai frère, Georges FRECHE) sont de la même eau. Diviser, accuser sans preuve, étaler son mépris ou son irrespect pour tout ce qui ne pense pas comme l'accusateur, voilà son oeuvre.
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L'esprit de division ? Regardez comment on s'efforce, avec succès, d'isoler les "ados" (mot affreux !) de leurs parents, par la mode, par la publicité, de désintégrer la famille par la légèreté avec laquelle on en traite, ou l'on traite du divorce, de l'avortement, de la contraception, d'opposer les générations par la montée en épingle d'une guerre imaginaire, par la manière dont on tourne en ridicule les familles nombreuses, surtout si elles sont chrétiennes. Voilà comment il agit, l'esprit de division, et il s'appuie sur l'un de ses fidèles les plus empressés qui a nom MAMON, le dieu de l'argent.
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Satan est le père du mensonge. Mensonge sur les prétendues armes de destruction massive en IRAK, mensonge sur les prétendues frasques de l'épouse du président, mensonge par omission dans la présentation de faits qui peuvent nuire à l'extension du règne des ténèbres (pots de vin, corruption, attentats, crimes de tous ordres), mensonge sur les intentions des candidats (ah ! les 1.500 euros de SMIC promis par madame ROYAL qui après son échec déclare qu'elle n'a jamais cru à cette promesse), mensonge dans la publicité, travestissement de la réalité, on n'en finirait pas de démontrer que l'image du monde renvoyé par les médias reflète l'image que le père du mensonge veut nous imposer.
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Homicide dès l'origine ! Oui, c'est bien l'esprit du mal qui a inspiré à tel ou tel monarque, tel ou tel responsable politique, ces massacres d'innocents, en raison de leur religion, de leur couleur de peu, de leur origine sociale ou raciale. Et le sang continue de couler. Il crie vers le ciel, ce sang innocent, et il lui sera rendu justice au jour du jugement.
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Il ne s'agit pas de dire ici qu'il n'y a qu'une manière d'envisager la vie, de construire une civilisation, d'organiser la cité, il ne s'agit pas d'éliminer de l'espace public les légitimes débats. Il s'agit simplement de se connaître soi-même et d'éviter autant qu'il est possible, de tomber dans le piège captieux de celui qui veut nous faire mourir à tout jamais.
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mercredi 14 avril 2010

Ne pas désespérer

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Vous avez lu, je l'espère, le cri de révolte de Romric qui commente mon billet intitulé "la tentation d'ailleurs". C'est puissant, c'est juste, c'est lucide. Et c'est un jeune homme d'une vingtaine d'année ou presque qui écrit son dégoût pour un monde qui étouffe en l'homme toute aspiration à la vie intérieure, au dépassement, à la tempérance, au respect de l'autre ; il me semble qu'ils sont nombreux ces jeunes qui répugnent au mode d'existence (c'est à dessein que j'utilise ce mot) que nous ont légué les soixante-huitards. Tout n'est pas perdu.
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Je note aussi, avant de poursuivre mon billet, qu'Olibrius, mon cher Olibrius, mon poil-à-gratter, a repris ses interventions. Il est toujours et plus que jamais le bienvenu. De sorte qu'il mettra le piment et l'impertinence qui, selon un de mes lecteurs, commençaient à manquer dans ce Blog.
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Que faire ? D'abord ne pas désespérer. Ensuite, ne jamais manquer une occasion de manifester son opposition, sa désapprobation, sa honte devant les initiatives, les avis, les jugements de ce monde : homme politique, médias, publicitaires. On pourra tourner autour du pot tant que l'on voudra. Jean, dans son Évangile le dit pourtant : "Quand la lumière est venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. En effet, tout homme qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses oeuvres ne lui soient reprochées."
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Voilà des années que je réfléchis à une question absolument centrale pour les occidentaux que nous sommes : la raison, à elle-seule, peut elle nous incliner au bien ? Ma réponse aujourd'hui est claire : non, elle est impuissante à nous y conduire. Il lui faut une lumière qui ne vient pas d'elle. Elle peut aider alors à être attirée par cette lumière-là.
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Regardons un peu comment va le monde, depuis que la raison, avec le bienveillant concours du siècle des Lumières - quel pastiche, quelle honteuse appropriation de la Lumière par le siècle le plus ténébreux qui fut jamais -, a été promue au rang de nouvelle déesse. Il y a eu les horreurs de la Révolution, l'imparable marée d'une société industrielle exploiteuse de l'homme, les horreurs des deux guerres mondiales, la bombe atomique, les camps de concentration, les millions de mort du stalinisme, du maoïsme, les guerres civiles en Afrique et ailleurs, l'exaltation du fanatisme musulman, les désastreuses décisions d'intervention en Irak prises en s'appuyant sur un mensonge assumé et reconnu (je parle ici de la deuxième intervention américaine). Jamais la folie humaine ne s'est déchaînée avec une telle violence, une telle furie. Et nous continuons à nous détourner de la Lumière, de peur que nos oeuvres ne nous soient reprochées. On a chassé Dieu de l'humanité ; le Fils de l'homme pourtant était venu pour sauver le monde, non pour le juger. Et toutes ces décisions, toutes ces actions sont justifiées par un discours rationnel. Si émanciper l'homme de toutes les servitudes exige de tels massacres, je préfère un peu moins d'émancipation, et un peu plus d'humilité.
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Notre patrie tient dans le monde, à cet égard, une place toute particulière. La France est capable du meilleur comme du pire. Je n'hésite pas à dire qu'elle ne cesse de balancer entre la ténèbre (j'y reviendrai) et l'héroïsme. Il faudra bien un jour que le politique se décide à choisir l'héroïsme contre l'inclination aux oeuvres ténébreuses, et il faudra bien qu'un jour aussi on donne un nom à cette puissance maléfique qui fait qu'on peut presque tuer dans la nuit son semblable pour une cigarette refusée sans que quiconque, et surtout pas les médias, s'interroge sur les raisons profondes qui ont poussé une bande de "jeunes" (?) à un tel acte. Notre espérance, notre indéracinable espérance, est que tout royaume divisé contre lui-même est voué à disparaître. Et que la Croix a déjà vaincu le Prince de ce monde.

mardi 13 avril 2010

Politiquement correct et tyrannie de la majorité

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Je reviendrai demain sur les remarquables commentaires de ROMRICK, louangés à juste titre dans mon billet d'hier par Fourmi. Pour aujourd'hui, je me bornerai à dénoncer la plus grave des maladies de la démocratie : le politiquement correct et la tyrannie des soi-disant et prétendues majorités.
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Encore une fois, je citerai TOCQUEVILLE : "Le Maître [entendez ici la majorité] n'y dit plus : vous penserez comme moi ou vous mourrez ; il dit : vous êtes libre de ne point penser comme moi ; votre vie, vos biens, tout vous reste ; mais de ce jour, vous êtes un étranger parmi nous, vous garderez tous vos privilèges à la cité, mais ils vous deviendront inutiles : [...] vous resterez parmi les hommes, mais vous perdrez vos droits à l'humanité. Quand vous vous approcherez de vos semblables, ils vous fuiront comme un être impur ; et ceux qui croient à votre innocence, ceux-là mêmes vous abandonneront, car on les fuirait à leur tour. Allez en paix, je vous laisse la vie, mais je vous laisse pire que la mort." (In De la démocratie en Amérique.)
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Et c'est au nom de cette tyrannie de la pensée unique qu'il est impossible de s'interroger sur ce qui fait l'identité nationale, sur la place des religions dans la cité, sur la légitimité de lois qui violent les principes les plus élémentaires du droit naturel. Il me paraît important d'essayer de savoir d'où vient cette soumission de toutes les forces politiques, sociales, médiatiques et artistiques à ce maître qui ne tue pas les corps mais s'efforce d'assassiner l'esprit et la pensée.
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On nous parlera des philosophes de la déconstruction, mais qui connaît BLONDEL, GILSON, LAVELLE, HUDE, et aujourd'hui Rémi BRAGUE ? Tous ces philosophes n'ont qu'un défaut : ils ne font pas mystère de leur attachement à Jésus, et de l'intérêt qu'ils portaient ou portent à la philosophie spéculative médiévale. On va pointer les nouvelles sensationnelles du Point, de Libération, de l'Express. Mais entendez-vous parler de Christus ou des Etudes ? On met à feu la planète médiatique quand un cimetière juif ou musulman est profané, et cette indignation est de fait légitime, mais y-a-t-il eu un journal quotidien qui ait repris à son compte la pétition des chrétiens arabes originaires d'Afrique du Nord qui entendait protester contre la persécution dont un de leur frère marocain, converti au christianisme, est aujourd'hui l'objet ? Savez-vous - et je remercie le lecteur et ami qui m'a envoyé les photos - que le cimetière de MERS-EL-KEBIR où reposaient les marins français (plus de 1200) tués lors de l'attaque de la base par les Anglais au début de la deuxième guerre mondiale, a été entièrement profané, que le gouvernement français a fait procéder à sa restauration, sans toutefois remettre au-dessus des tombes les croix que de pieuses mains y avaient mises initialement, pour ne pas blesser la sensibilité religieuse des Algériens ? Ah, c'est bien vrai : Vérité au-delà des Pyrénées, erreur en-deçà.
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Tout cela est insupportable. Tout cela est orchestré par une idéologie sectaire. Tout cela est infect. Mérite d'être dénoncé, et d'être combattu avec le plus d'énergie possible. Si vous partagez cette conviction, dites-le en commentaire. Plus nous serons nombreux, et plus nous pourrons influencer l'opinion publique. Et s'il faut boycotter les médias ou les partis politiques qui se font les complices de ces mensonges, et bien nous le ferons. Mais moi je n'ai pas envie d'être un exilé dans ma patrie. Nous sommes des milliers à partager ce que je dis bien mal ici. Il est temps de nous faire entendre.
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Demain, commentaire de la contribution de ROMRICK.

lundi 12 avril 2010

La tentation d'ailleurs

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Par moment, je suis saisi d'une étrange passion : vivre dans une ferme toute construite de granit, au toit couvert de lauzes, une ferme perdue dans une belle clairière, nichée au fond des sombres forêts de la Margeride ! Aucun bruit, hormis celui du vent dans la cime des pins et des épicéas, et celui d'une aile d'oiseau, un oiseau solitaire et triste peut-être. Le premier voisin à 10 km de là. Une grande pièce unique pour vivre, travailler et dormir. Une grande cheminée où brûleraient l'hiver d'énormes bûches. Loin de ces hommes fourmis qui ne voient rien, plongés qu'ils sont dans leur journal, ou qui n'entendent rien d'autre que le bruit furieux du rap ou du rock, drogués par cette affreuse musique qu'ils enregistrent fiévreusement dans leurs MP3. Loin de ces affiches agressives qui ne font qu'exalter la richesse, le luxe, le confort, la bouffe, le sexe. Loin de cette insupportable agitation qui mime le choc des atomes dans la matière surchauffée.
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Bien entendu, c'est une tentation. Et je ne sais si je survivrais à l'épreuve du réel. Tant il est vrai que notre véritable maison, c'est ailleurs.
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Alors, comment faire ? Résister ! Résister en établissant autant de liens directs qu'il est possible avec les passants de la rue, les passagers du métro, les chalands des boutiques, par le sourire, par des mots simples. Montrer que nous faisons partie de la société des hommes. Ne pas se décourager. Ni les médias, ni les politicards de droite comme de gauche, ni les publicitaires ne doivent pouvoir entamer notre liberté de juger et de penser, et de réduire à de justes proportions leur importance - car ils en ont bien sûr ; le nier serait irréaliste. Et ne pas considérer l'espace public comme la salle de bal des ego boursouflés.
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Je conviens que tout cela manque de saveur et de pertinence. Mais il me semble que nous devons faire un effort pour rétablir de la civilité dans ces lieux où nous sommes amenés à croiser des inconnus, des hommes et des femmes dont nous ignorons l'histoire, les joies et les souffrances. En somme, l'homme réel, plutôt que l'homme imaginé par les idéologues, les "créatifs", et les marchands du temple.
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vendredi 9 avril 2010

Impertinence

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J'ai répondu hier privément à ce lecteur qui trouvait que mes propos étaient dépourvus de saveur, de pertinence et d'impertinence, et qui désormais s'abstiendrait autant qu'il est possible de les commenter. Je ne voudrais pas lui faire de peine en remarquant que cela ne changera guère puisque, à ma connaissance du moins, c'est la première remarque qu'il publie ici, sous ce nom en tout cas. Mais tout de même ce constat mérite d'être relevé.
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Je ne fais pas de journalisme. Et par conséquent, j'évite le sensationnel, le provocateur, l'insolite ou le grossier. J'écris en utilisant la liberté qui est donnée à tout citoyen de faire connaître ses idées dans le domaine public, en respectant la loi.
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Certes, et Olibrius, dont mon lecteur regrette le retrait, ne me contredira pas qui ne manquait jamais de me reprendre sur ce point, il m'arrive d'être péremptoire ou catégorique, au moins en apparence. Il faut donc que j'explique ici pourquoi. Nous sommes tous dotés de la capacité de discerner ; le discernement est cette faculté qui permet de déterminer ce qu'il convient de dire ou de faire dans une situation donnée. Il implique notre faculté de jugement, c'est-à-dire de classification sur une échelle de valeurs, de ce qui est très bon, bon ou moins bon. Je dis, prétends et maintiens que la prétendue tolérance, qui consiste à ne jamais évaluer la valeur morale d'un acte ou d'un propos, n'est jamais qu'une affirmation catégorique et péremptoire de la valeur du non jugement, du refus d'attribuer une sorte de "coefficient de moralité" aux dits propos et actes. Classer, c'est précisément relativiser ces éléments les uns par rapport aux autres ; refuser de le faire, c'est se placer dans l'absolu de leur valeur respective.
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Je vais être impertinent, et je prie le lecteur auquel je réponds publiquement de ne pas prendre pour lui ce qui suit. Que dis-je, je le supplie de ne pas le faire. Par moment, je me demande si je ne partage pas le point de vue pessimiste de MAURIAC, et si, inconsciemment, je ne justifie pas l'existence de ce Blog par ce jugement-là : "La pire horreur, c'est le contact quotidien avec des gens sans imagination et sans idées générales, qui ont la haine de l'Esprit et qui vont par le monde à la remorque de leur organe génital."
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jeudi 8 avril 2010

Cohérence

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Ceux de mes lecteurs qui suivent le présent Blog depuis ses origines pourront témoigner, je l'espère, que je m'efforce de mettre de la cohérence dans mes propos. Je n'ai jamais caché que ma réflexion était guidée par les travaux de René GIRARD. Le billet intitulé "Choc" met en évidence la nécessité de la non violence, de la rupture des vengeances circulaires, un des éléments fondamentaux des conclusions du penseur. Celui que j'appelle maintenant "cohérence" porte sur les racines de la violence, le désir mimétique, si bien identifié dans ses causes et ses effets par GIRARD.
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J'ai toujours dit aussi que je portais à LANZA del VASTO une immense admiration. A plusieurs reprises, j'ai cité quelques passages de son oeuvre majeure, Les quatre fléaux. Voici encore un extrait de cette réflexion qui rentre en consonance parfaite avec ce que je viens de dire.
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"Dans la Cité, tous les postes sont offerts, toutes les carrières ouvertes à tous : chacun pense grandir en gagnant un poste plus élevé tandis qu'il risque à tout moment de perdre le sien que d'autres convoitent. L'inquiétude et le souci se trouvent sans cesse à son côté, son bonheur est toujours ailleurs et pour demain.
Comme l'appel d'air dans le fournaise, l'aspiration générale de bas en haut allume et fait ronfler la Cité. C'est grâce à ce feu d'enfer que tout marche et tourne, que la richesse et la vitesse croissent.
Les heureux qui réussissent, on ne sait si c'est un tourbillon qui les a emportés comme des escarbilles ou si c'est eux qui, par un travail acharné ou par un coup de génie, ont créé le tourbillon.
Ces heureux, d'ailleurs, ne le sont qu'aux yeux des autres et s'ils se sentent tels, c'est qu'ils se voient avec les yeux des autres. En eux-mêmes, ils sont restés tels quels, suie et cendre. La hauteur où ils ont été transportés n'a pas ajouté à leur taille un pouce, la poussée subie ne leur a imprimé ni liberté ni grandeur. Le bonheur social est illusoire et conventionnel. Mais c'est à peine s'ils s'aperçoivent de leur déception : ils s'en soulagent par des divertissements incessants qui les gardent de penser à leur sort.
Ces heureux ne le sont qu'au détriment d'autrui. Le feu qui monte est celui de la rivalité. Nul ne s'enrichit sans priver quelqu'un, nul ne domine sans soumettre plusieurs. L'ascension sociale consiste à tirer par les pieds celui qui se trouve au-dessus, et, l'ayant enfoncé, monter sur ses épaules et sur sa tête."
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Admirable description de cette rivalité mimétique qui nous fait crier que chez le voisin l'herbe est plus verte. Admirable perspective sur le panorama de nos sociétés contemporaines qui ne peuvent engendrer que de la violence dans ce désir exacerbé du désir de l'autre. Admirable appel à la tempérance.
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Je n'ai jamais cessé de crier ces évidences, que ce soit pour dénoncer l'égalitarisme, destructeur des libertés, l'insultante arrogance des banquiers et chevaliers d'industrie qui empilent des lingots sur les cadavres de leurs salariés ET de leurs clients, l'aveuglement des hommes politiques qui attisent le feu de l'envie ou de la prétendue liberté (celle de l'argent). Tout cela justifie le nom que j'ai donné à ce Blog : POLITIS. Car l'homme est fait pour rentrer en relation avec son semblable, pour s'enrichir de ses différences sans désir d'appropriation, pour reconnaître l'inaltérable dignité de sa personne. Il n'est pas possible de faire de la politique par goût de domination. L'homme politique a pour mission de conduire ses concitoyens à la fin qui leur est due : l'accomplissement en acte de ce qu'ils ont reçu en puissance de par la nature, l'éducation, et l'environnement.
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Je serais heureux d'avoir votre avis.

Choc...

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Voici le texte, retrouvé dans les archives d'un camp de concentration, et publié il y a quelques années par le SüddeutscheZeitung. Il s'agit sans doute de la prière d'un déporté qui venait d'expirer et qu'un bourreau a gardée par devers lui.


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"Paix à tous les hommes de mauvaise volonté ! Que toute vengeance cesse, tout appel au châtiment et à la rétribution... Les crimes ont dépassé toute mesure, tout entendement. Il y a trop de martyrs...

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Aussi ne mesure pas leurs souffrances aux poids de ta justice, Seigneur, et ne laisse pas ces souffrances à la charge des bourreaux pour leur extorquer une terrible facture. Qu'ils soient payés en retour d'une autre manière.

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Inscris en faveur des exécuteurs, des délateurs, des traîtres et de tous les hommes de mauvaise volonté le courage, la force spirituelle des autres, leur dignité, leur lutte intérieure constante et leur invincible espérance, le sourire qui étanchait les larmes, leur amour, leurs coeurs brisés qui demeurèrent fermes et confiants face à la mort même, oui, jusqu'aux moments de la plus extrême faiblesse.

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Que tout cela soit déposé devant toi, ô Seigneur, pour le pardon des péchés, rançon pour le triomphe de la justice : que le bien soit compté, et non le mal ! Et que nous restions dans le souvenir de nos ennemis non comme leurs victimes, non comme un cauchemar, non comme des spectres attachés à leurs pas, mais comme des soutiens dans leur combat pour détruire la furie de leurs passions criminelles. Nous ne leur demandons rien de plus.

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Et quand tout cela sera fini, donne-nous de vivre, hommes parmi les hommes, et que la paix revienne sur notre pauvre terre - paix pour les hommes de bonne volonté et pour tous les autres."

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Le choc que j'ai ressenti à la lecture de cette prière est indescriptible. Il m'est impossible de la commenter : elle se suffit à elle-même.

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Oui, paix aux hommes de bonne et de mauvaise volonté.

mardi 6 avril 2010

Désenchantement

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Pendant de longues années, j'ai consacré mon activité à la recherche scientifique. C'est pourquoi je m'étais intéressé aux travaux de Karl POPPER sur ce qu'il convient d'appeler "la science". J'ignorais qu'il eût aussi écrit sur le politique. Le petit livre de Cynthia FLEURY, dont j'ai déjà parlé, me donne l'occasion de prendre contact avec cette pensée originale. Voici donc ce que dit ce spécialiste de l'épistémologie, qui est l'expression d'un désenchantement motivé :
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"Je suis resté socialiste pendant plusieurs années encore, même après mon refus du marxisme. Et si la confrontation du socialisme et de la liberté individuelle était réalisable, je serais socialiste aujourd'hui encore. Car rien de mieux que de vivre une vie modeste, simple et libre dans une société égalitaire. Il me fallut du temps avant de réaliser que ce n'était qu'un beau rêve ; que la liberté importe davantage que l'égalité ; que la tentative d'instaurer l'égalité met la liberté en danger ; et que, à sacrifier la liberté, on ne fait même pas régner l'égalité parmi ceux qu'on a asservis." (La quête inachevée. In La leçon de ce siècle. Calmann-Lévy, Paris, 1981).
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Comment ne pas souscrire à cet amer constat ? Il vient illustrer la réponse que je donnais hier à l'un de mes lecteurs. Et si l'on ajoute qu'à la liberté politique doit s'adjoindre la justice, on conçoit que les solutions que je proposais hier ne sont pas forcément idiotes.
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Je souscris tout à fait à l'idée que l'homme reste maître de sa vie personnelle et qu'avec les autres il l'est aussi de sa patrie. Il lui faut donc sans cesse réinventer l'art de vivre ensemble.
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lundi 5 avril 2010

Réponse à un ami lecteur

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Un lecteur assidu me demande de commenter les propos de Pierre ARDITI, un remarquable comédien et acteur - je le précise - qui ne fait pas mystère de ses sympathies pour le socialisme et qui disait il y a quelques jours, dans l'émission "Vivement dimanche", le seule parole que j'ai trouvée sensée depuis des semaines en matière politique ; je la rapporte de mémoire : "Il y a trente ans, disait-il, on pouvait avec le fruit de son travail, se loger, se chauffer, se nourrir, élever ses enfants. Aujourd'hui, cela n'est plus possible." Pierre ARDITI a raison. Nous devons tous admettre que les revenus du travail doivent permettre à leurs bénéficiaires de vivre décemment. Cela me paraît être la justice élémentaire. Et il n'y a pas à tergiverser sur cette évidence.
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La première des tâches qui s'impose aux politiques et aux services économiques de notre pays, consiste à évaluer, avec l'aide de tous les partenaires sociaux, le montant des sommes nécessaires par adulte et par enfant, pour vivre décemment. Manifestement ce ne peut être le SMIC dont le niveau est insuffisant pour faire vivre une famille, dans le cas où seul l'un des deux parents travaille, ni même deux SMIC. Ce montant devrait être évalué annuellement par l'INSEE, l'un des services statistiques les plus compétents du monde, il faut le souligner.
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La seconde des tâches, consiste, me semble-t-il, à évaluer l'évolution des coûts dans les domaines essentiels de la vie : nourriture, vêtements, chauffage, logement, transport, santé et éducation des enfants ; il faut adjoindre à ces domaines celui des loisirs et de la culture, car l'homme ne vit pas que de pain.
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Il faut ensuite avoir une anthropologie saine : l'homme est un être qui tire sa dignité de sa responsabilité ; l'homme est un être qui aspire à la liberté ; l'homme est un être de relation qui ne peut vivre sans lien social. Responsabilité, liberté et sociabilité doivent être au coeur de toute politique. J'ajoute un point essentiel : il est indispensable en politique de ne jamais dissocier la vertu civique de l'intérêt. Il FAUT donc que le citoyen tire des bénéfices de son civisme.
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Il y a une mesure de salubrité publique qui doit être mise en forme législative de TOUTE URGENCE. Elle concerne la composition des conseils d'administration des grands groupes. Monsieur ZACCHARIAS, ancien PDG de Vinci, accusé d'abus de bien sociaux, a beau jeu de dire à la justice que son conseil a voté les dispositions particulières qui le couvraient d'or, d'argent et de billets. Pardi ! C'est du genre "passe-moi la rhubarbe, je te donnerai le séné". Ils se tiennent tous par la barbichette. Le PDG d'un groupe Y est conseiller d'un autre groupe Z dont le PDG Z est lui-même conseiller du groupe Y. Comment voulez-vous que cela fonctionne ? Ils ne cessent de se renvoyer l'ascenseur. Il ne doit pas être possible d'être membre de plus d'un conseil d'administration. Point. Tant pis pour les énarques, les polytechniciens, les centraliens, bref les prétendues et soi-disant élites qui se gavent sous les yeux ébahis et incrédules de leurs personnels.
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Deuxième mesure d'urgence, limiter par la loi les salaires des PDG des grands groupes, interdire les stocks options, et supprimer la part variable des revenus.
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Troisième mesure qui concerne tous les citoyens : supprimer avec détermination tous les revenus non monétaires : avantages des comités d'entreprise (pour EDF, 1 % du chiffre d'affaire ! Faites le calcul), cartes de réduction pour les transports, réductions de tous ordres pour les employés de l'électricité ou du gaz, ou de toute entreprise privée, gratuité des soins, et conversion de ces avantages en revenus monétaires. Car à force de ne pas savoir le coût d'un médicament, d'un acte chirurgical, d'un voyage en métro, du prix du kilowatt-heure ou du mètre cube de gaz, on finit par perdre tout contact avec la réalité économique. Quand on sait que plus de 30 % du PIB sont voués aux transferts sociaux, on mesure ce que la suppression des revenus non monétaires pourraient apporter de liberté aux citoyens, s'ils étaient transformés en revenus monétaires, en bon argent. Chacun serait libre de dépenser comme il lui convient. Mais il ne lui serait plus possible de faire reposer sur autrui les conséquences de ses choix. Voilà le principe de responsabilité, et de lien social.
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Quatrième mesure de nature à développer la responsabilité, notamment en matière de dépenses de santé. Maintenir, bien sûr, le système d'assurances sociales. Mais le gérer différemment. Il est tout-à-fait possible de créditer les cartes vitales d'une somme moyenne avec lesquelles les assurés sociaux paieraient les actes médicaux, chirurgicaux, les médicaments, etc. Il serait entendu que toute somme non dépensée à la fin de l'année serait reversée à l'assuré social qui aurait aussi le choix de maintenir ce crédit sur sa carte en vue des années à venir. Il est évident que ce système ne permettrait pas de couvrir les gros risques. Il faut donc qu'une partie des cotisations, environ 50 % (à préciser, mais il doit être possible de savoir quel pourcentage doit être attribué à ce secteur), soient donnée au secteur public qui assureraient la gratuité des soins. L'accès aux soins gratuits seraient possibles (a) pour les petits risques, aux cas où l'assuré social aurait épuisé le crédit de sa carte vitale ; (b) pour les gros risques (assez faciles à définir), sans conditions. Pour éviter que la santé publique se dégrade par ce système, l'assuré social devrait fournir à sa caisse un certificat annuel de bilan médical et biologique de santé, (on dirait un "chek-up"). Ainsi serait honoré le principe de responsabilité.
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Cinquième mesure. Il se peut que le reversement monétaire des anciens revenus non monétaires ne permettent pas d'assurer à une famille une vie décente. Il revient à la communauté nationale de compléter ce manque, par des versements soit annuels, soit (préférablement) mensuels complétant à dues proportions ce qu'il est nécessaire à la vie des familles. Une déclaration annuelle des charges avec justificatifs, accompagnant la feuille de déclaration des revenus, suffirait à établir le montant du différentiel à combler.
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De telles mesures empêcheraient un inacceptable contrôle social de la part de l'Etat, des Syndicats, ou des Services sociaux, et éviteraient toutes formes de domination de la part des plus riches sur les plus pauvres. Car c'est bien de cela qu'il s'agit. Il est normal que des différences de compétences et de responsabilités professionnelles soient accompagnées de différences de revenus. Il n'est pas normal que ces différences ne s'appuient que sur la cupidité et l'avidité des puissants, sans tenir compte des services qu'ils rendent réellement à la société et à la patrie. Ainsi serait respecté le principe du lien social. Il consiste tout simplement à ne pas oublier que l'autre existe.
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Qui ne voit que ces mesures de simplification entraîneraient une incroyable diminution des coûts de gestion ? En simplifiant les circuits de traitement des dossiers, en supprimant une foule de structures devenues inutiles, elles libéreraient de tâches improductives des milliers de citoyens qui pourraient alors employer leurs talents et leurs compétences à des travaux plus utiles pour leurs concitoyens. Ils ne risqueraient rien puisqu'ils seraient eux aussi les bénéficiaires des mesures de compensation décrites plus haut.
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Enfin il y a fort à faire dans un domaine sensible : celui du logement. Il est devenu de plus en plus difficile de se loger convenablement à des prix décents. Il y a là une situation inadmissible. Il faut bien voir pourquoi. Il me semble que les garanties exorbitantes demandées par les propriétaires et le coût demandé pour les loyers sont liés à la difficulté qu'il y a d'expulser facilement un mauvais payeur. Cette situation n'est pas saine. Il est donc nécessaire d'entreprendre une vigoureuse action de construction de logements sociaux, non pas concentrés dans des quartiers périphériques, mais dispersés dans la masse du tissu urbain d'une part. Ces logements sociaux seraient vendus en leasing ; en d'autres termes, chaque versement mensuel serait pour le locataire un pas de plus vers la propriété. On voit par là que l'intérêt ne serait pas dissocié de la vertu. D'une autre part, il conviendrait de créer un fonds de garantie des loyers, abondé par les propriétaires, les syndics de copropriété, les locataires, et les promoteurs immobiliers. Une sorte d'assurance-sociale des loyers. Je ne suis pas naïf au point d'imaginer que ce dispositif suffirait à se débarrasser des mauvais payeurs. Mais il permettrait au propriétaire dont le locataire est indélicat d'entreprendre sans difficulté les démarches juridiques nécessaires pour rentrer dans son droit. Peut-être, du reste, faudrait-il que les tribunaux disposent d'une chambre particulière consacrée au traitement des litiges immobiliers. Il est également indispensable que la puissance publique détermine une fourchette acceptable des prix de location au mètre carré, pour les appartements ou maisons dépendants de particuliers. Aucune contrainte, bien sûr. Mais ces fourchettes indicatives donneraient à penser aux propriétaires abusifs. Dans ce domaine, surtout ne pas s'appuyer sur les agences immobilières qui ont intérêt à voir les prix augmenter puisque leurs honoraires en dépendent...
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Bien entendu, je rêve. Mais qui sait...
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dimanche 4 avril 2010

Les Anges sauvages : honneur au Précieux Sang

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Patrice de la TOUR du PIN est un grand poète, trop méconnu. Il a produit, dès ses 19 ans, de superbes vers. C'est un chercheur de Dieu. Il invite justement les lecteurs de la Quête de joie à partir à sa conquête, comme "des chasseurs d'Anges sauvages".
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"Allez, vous sentirez en vous-même leurs traces,
Parmi les pentes d'ombres de l'autre versant,
Où seul le vent du Nord tumultueux les chasse
Par vols immenses, vers le Précieux Sang."
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Ah, disciples du Seigneur, vous ne connaissez pas votre bonheur de l'avoir rencontré, Lui, le Vivant. Lui seul est le rocher, la forteresse, le consolateur ! Sa Parole est nourriture autant que son corps livré. Au soir de ma vie, je redis avec Charles MORGAN (cet immense écrivain anglais qui aimait tant la France et fut d'elle honoré) :
"Au déclin, nous avons peine à croire que notre destinée ait pu être infléchi par un livre. Cela est pourtant d'une vérité quotidienne... Nous méritons toutes nos rencontres, elles sont accordées à notre destin et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer."
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Lecteur occasionnel ou assidu, je vous invite en ce jour lumineux de la Résurrection à rentrer en vous-même, à chercher sans cesse ces Anges sauvages qui nous conduisent au Précieux Sang, et à trouver dans la Parole votre raison de vivre, d'espérer, et d'aimer.
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Christos anesti !
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PS rédigé après la publication du billet : j'ai fait une erreur grossière. Le texte cité sur le destin et le livre n'est pas de MORGAN, mais de MAURIAC dans les Chemins de la mer. Cela n'enlève rien à l'immense talent de MORGAN dont la pièce de théâtre La confession a été, lorsque j'ai pu la voir à la télévision alors que j'étais adolescent, une révélation, un choc, dont je garde encore le souvenir.

samedi 3 avril 2010

Jours saints

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Pour un chrétien, les jours saints sont tissés de tristesse, de compassion, de contrition, d'espérance et de silence, surtout de silence. C'est donc volontairement que je me suis abstenu pendant ces jours de produire mon billet quasi quotidien. Un Père de l'Église primitive, un Père dont le nom s'est perdu, écrivait dans une homélie sur le "Grand et Saint Samedi" :
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"Que se passe-t-il ? Aujourd'hui, grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude parce que le Roi sommeille. La terre a tremblé et elle s'est apaisée, parce que Dieu s'est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines."
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En relisant les récits de la Passion de Jésus, une petite incise de la Passion selon saint Jean m'a plongé dans une lumière toute nouvelle, dont je désire vous faire part. VOLTAIRE disait, je cite approximativement : "Drôle de père que celui qui exige le sang de son fils afin d'apaiser sa colère". Et cela paraît bien juste si l'on présente la mort de Jésus comme un sacrifice rituel. Mais saint Jean nous dit ceci, qui est de la plus extrême importance : [Jésus] sachant que le Père avait tout remis entre ses mains etc. (Jn 13, 3). Jean veut signifier par là que Jésus, dans son humanité, a toute latitude pour agir comme il convient, en fonction des événements et des circonstances de l'ici et maintenant, pour accomplir la mission que son Père lui a donnée. Elle est simple : révéler aux hommes qu'ils sont des fils de Dieu. Du reste, Jésus dira en un autre endroit des Évangiles que nul ne lui prend la vie, mais qu'il la donne librement.
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Pourquoi est-il important de comprendre ce point ? Parce qu'il permet de comprendre que Jésus savait à quoi aboutirait l'annonce de la bonne nouvelle. On ne perturbe pas impunément le ronronnement de la grande machine, des grandes affaires du Temple ; il en avait chassé les marchands, renversé les tables des changeurs, dénoncé l'hypocrisie des pharisiens, annoncé aux pauvres la bonne nouvelle, mangé avec des publicains et des pécheurs, pardonné à la femme adultère. Tout cela était inacceptable pour l'establishment. Jésus n'a pas cherché la mort ; il n'était pas suicidaire, mais il ne pouvait trahir la mission que son Père lui avait donnée. Et aller au bout de cette mission, c'était la mort assurée et assumée avec une noblesse que mêmes les incroyants sont bien obligés de reconnaître.
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Il me semble que mon cher René GIRARD pourrait rebondir sur ce petit passage, tant il vient soutenir l'interprétation qu'il donne de la mort de Jésus.
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