jeudi 22 janvier 2009

Et si Gustave avait raison ?

Arrêtez-moi si je radote. Mais il ne me semble pas vous avoir jamais fait part de ce que dit Gustave THIBON dans son Diagnostics. Je ne résiste pas au désir compulsif de vous livrer ce que je crois être profondément juste, et propre à éclairer le malaise social actuel.
Le prolétaire moderne a la haine du travail. Même quand celui-ci est bien rétribué, son insatisfaction ne s'apaise pas. Il souffre moins d'être un ouvrier exploité que d'être un ouvrier tout court ; ses infinies revendications matérielles ne sont que des manifestations superficielles et trompeuses de ce malaise fondamental.
Le prolétaire souffre parce que son travail est inorganique, inhumain. Les socialistes proposent, comme remède à la crise ouvrière, une plus juste répartition des gains, des plus hauts salaires... Comme si le problème ouvrier s'arrêtait là. Il s'agit plutôt d'une refonte totale des conditions premières du travail industriel, il s'agit de supprimer le travail inhumain, le travail sans forme et sans âme : la "grande usine", le travail "à la chaîne", la spécialisation outrée, etc., toutes choses que l'étatisme socialiste ne peut porter qu'à leur suprême et mortelle expression.
Tout est dit, ou plus exactement beaucoup de choses sont dites qui mériteraient d'être prises en compte par les hommes politiques, les syndicats, les dirigeants d'entreprise, et par-dessus tout par l'opinion publique.
Commençons par constater la justesse de l'analyse présentée de manière si concise dans le premier paragraphe : haine du travail et revendications. La haine du travail a trouvé sa reconnaissance politique dans l'absurde mesure des 35 heures. Une usine à gaz, destinée - il ne faut pas le nier - à créer des emplois en contraignant les chefs d'entreprise à embaucher, mais qui n'a eu que des effets pervers : blocage durable des salaires en contrepartie d'un allègement des heures de travail, mise en place de mesures patronales visant à augmenter la productivité (instauration des 3 x 8 ; suppression des pauses café ou des aménagements d'horaires les veilles de fêtes, suppression de la souplesse dans les horaires, etc.). L'infinitude des revendications matérielles éclatent à chaque discours des représentant syndicaux. Le pouvoir d'achat est présenté comme le moteur de la vie bonne. Il demanderait à être augmenté, sans doute, mais à cela ne résoudrait pas tous les problèmes du salariat. Un salarié se sent dépossédé de la conduite de sa vie professionnelle, de cette partie si importante de l'activité humaine qui fait que l'homme se sent utile et reconnu par toute la société.
Peu de chercheurs, de dirigeants patronaux, de responsables syndicaux, se sont penchés sur l'origine psychologique et métaphysique de l'aliénation des salariés - elle découle des progrès de la technique, de la psychologie du commerce lequel exige pour son maintien et son développement de proposer aux consommateurs des produits toujours nouveaux (les fameux cycles de KONDRATITZ) mais peu utiles voire inutiles, de l'hyperspécialisation des tâches, de la frustration qui naît de ne pas voir le fruit de son travail. Trouver des remèdes à ces maux est difficile. Qui le nierait ? Mais est-il impensable d'imaginer une segmentation des tâches (et non une hyperspécialisation) qui ferait que dans le processus de production d'un bien ou d'un service, un salarié serait entièrement responsable d'une étape spécifique ? Un artisan qui fabriquait des chaussures ou des meubles à la main ne présentait pas un déficit de vitalité, une désespérante perte du sens, une envie perpétuelle, un ressentiment contre la terre entière. Il lui arrivait de travailler dix, douze heure par jour. Il pouvait se coucher éreinté, mais satisfait d'avoir accompli une tâche signifiante.
La crise économique, financière et morale est peut-être l'occasion de se demander si Gustave a raison.

A la manière de...

Xyloglosse commence ses discours par une formule qu'il croit brillante et quand il lui arrive de les achever, il laisse ses pairs accablés, ses domestiques irrités et le Premier Secrétaire abasourdi. Il ne parle pas, il plaide ; il ne plaide pas, il requiert ; il ne requiert pas, il tonne, il fustige, il condamne. Ne lui dites pas votre réprobation, et lui celez vos sentiments. Il risquerait de vous envoyer dans des gémonies qu'il peuple d'ennemis imaginaires. Xyloglosse va régulièrement chez son perruquier et ne manque point de lui demander qu'il lui ménage une mèche de façon qu'elle lui tombe sur le front et lui donne cet air de jeunesse empruntée et rebelle, qu'il croit triomphante. Il a belle tournure et dents carnassières. Xyloglosse n'est pas l'avocat qu'il prétend ; c'est un procureur, un procureur convenu. On connaît ses manies, et l'on s'en amuse quelquefois. Il répète les mêmes réquisitoires depuis qu'il est rentré dans la cabale qu'ourdit le Parti des Égaux avec constance et rare inconséquence. Il croit que le Peuple le suit ; mais le Peuple ne l'entend point. Xyloglosse embouche les trompettes de l'ironie, de la calomnie, de l'approximation. Il a de l'avenir chez les Égaux. Il est douteux qu'il en ait dans le Royaume. Les emplois subalternes lui conviennent, et il est assuré qu'il en sera satisfait tant que les gazettes parleront de ses exploits.
Xyloglosse a un beau nom : Arnaud.

mercredi 21 janvier 2009

Durs d'oreille ?

Les patrons des grandes banques seraient-ils durs d'oreille ? Il a fallu l'intervention musclée du Président SARKOZY pour que certains d'entre eux renoncent à leur fameux bonus, vous savez cette part de leur traitement pudiquement dite "variable".
Quelques uns avaient spontanément renoncé à ce modique supplément de revenus. Monsieur Baudouin PROT par exemple, le Directeur Général de BNP PARIBAS. Il avait à ce titre touché 2,27 millions d'euros en 2007, pour un traitement fixe de plus de 3 millions d'euros annuels. Le sacrifice de 2008 peut paraître énorme, mais enfin il reste à ce grand patron de quoi acheter du pain tous les jours.
Le comble de l'impudence a été atteint par monsieur BOUTON, le patron de la Société Générale, à qui il a fallu mettre le couteau sous la gorge pour qu'il renonce à un scandaleux bonus. C'est le moins qu'il ait pu faire. Voilà un monsieur qui a dirigé une banque alourdie d'un trou de 5 milliards d'euros par la faute prétendue isolée et indétectable du seul monsieur KERVIEL, qui, en dépit de ses insuffisances de contrôle, aurait accepté sans protester l'aide de l'Etat, et en aurait profité pour se servir encore davantage. Mais où va-t-on ? Par quelle aberration mentale, par quel déficit de morale et de raisonnement, un homme de cette responsabilité peut-il en arriver là, alors que des dizaines de milliers de ses employés attendent avec impatience de très hypothétiques augmentations ? Il ne faut pas s'étonner de voir la réaction des salariés du bas de l'échelle. Je la comprends. Monsieur BOUTON devait non seulement renoncer à son bonus, mais amputer de moitié son traitement, à défaut de démissionner de son poste après "l'affaire KERVIEL". J'ai déjà dit ici, et j'y reviendrai avec Gustave THIBON, mon horreur de l'idéologie égalitariste, mais mon amour pour la responsabilité, corollaire de la liberté. On ne peut pas vouloir le risque et l'inconnu pour les autres, et garder pour soi le confort d'un futur doré. Tant que les grands patrons ne comprendront pas cela, et certains hauts fonctionnaires avec, il y a peu de chance que les soi-disantes élites soient entendues et respectées.
Ils n'entendent pas la clameur des gens qui vivent chichement ; ils ne partagent pas avec eux les difficultés du moment ; ils sont durs d'oreille, et il me semble bien qu'ils pourraient être aussi durs de coeur. C'est bien là le pire.

Enfin des propositions

J'ai trop longtemps critiqué l'absence de propositions de la part de l'opposition pour ne pas me réjouir de celles que Martine AUBRY met sur la table au nom du PS.
Les remèdes proposés engagent une dépense de 40 milliards d'euros, selon Michel SAPIN, contre les 26 milliards du Gouvernement. Fidèle à ses méthodes, le PS propose une relance de l'économie par une relance de la consommation : augmentation du SMIC, augmentation de la prime pour l'emploi, augmentation de l'indemnisation du chômage partiel de 50 à 80 %, modulation de l'impôt sur les sociétés en fonctions des bénéfices réinvestis, annulation du paquet fiscal de 15 milliards d'euros (bouclier fiscal, déduction des intérêts d'emprunt, suppression quasi totale des droits de succession), modulation de la TVA (diminution sur certains produits de première nécessité).
Tout n'est pas inintéressant dans ces propositions. Il convient donc de les examiner avec un oeil critique mais bienveillant.
Les mesures qui me paraissent néfastes sont celles qui concernent la relance directe ou quasi directe de la consommation. En effet, de telles recettes ont été appliquées aussi bien par la droite (Jacques CHIRAC, Premier Ministre), que par la gauche. Les mesures prises sous le Gouvernement MAUROY avaient débouché sur le Plan de Rigueur en 1983 et son emprunt obligatoire à l'intérêt dérisoire. Et il n'avait eu aucun effet sur la croissance. Pas plus que celui de Jacques CHIRAC du reste, qui avait fondé son espoir sur l'augmentation des investissements publics et le maintien de l'emploi et des salaires. Mais supposons que les Pouvoirs Publics cèdent par démagogie au démon de la relance par la consommation : l'effet inéluctable - et tout le monde le sait - en serait d'augmenter les importations et d'aggraver le déséquilibre du commerce extérieur. On verrait exploser, notamment, les importations de produits chinois (textiles, chaussures, informatiques de bas de gamme, téléphones portables, petit électroménager). Le confort des individus et des familles s'en trouverait amélioré sur le court terme, mais les répercussions sur le long terme et le moyen terme seraient terribles. Il me semble donc qu'il faut renforcer l'appareil productif français par des investissements massifs dans des produits à haute valeur ajoutée, destinés à la consommation intérieure, certes, mais aussi à l'exportation. En d'autres termes, il nous faut augmenter la quantité de richesses produites avant de les redistribuer. Sinon, on ne fait que distribuer des dettes que devront payer nos enfants. En outre, l'augmentation du SMIC, souhaitable certainement sur le plan théorique, ne ferait qu'aggraver la perte de compétitivité de nos produits, déjà considérable, en raison des charges diverses qui grèvent le travail salarié, si elle était appliquée immédiatement et sans amélioration de la productivité et la diminution des coûts de production par le moyen de l'investissement.
Diminuer la TVA de manière modulée est une bonne idée, et une idée juste. Mais elle repose sur deux postulats le premier est que la Commission Européenne donnera certainement son accord sur cette modulation - on peut en douter quand on voit la difficulté à obtenir une TVA à 5,5 % dans le cas de la restauration ; le second est que les producteurs et commerçants n'augmenteront pas leurs prix en les alignant sur les prix anciens, de façon à augmenter par ce subterfuge leurs marges bénéficiaires.
Je doute aussi que la suppression du paquet fiscal plaise aux citoyens de la classe moyenne ou moyenne supérieure qui bénéficient de la déduction de leurs revenus, des intérêts dus au titre d'un emprunt immobilier, ou de la quasi suppression des droits de succession. On peut, bien entendu, ne s'attaquer qu'au bouclier fiscal : mais on peut prévoir que dans un contexte de libération des échanges et des capitaux, la fuite des grandes fortunes françaises dans les paradis fiscaux ne fera que s'amplifier. Faisons le pari que le civisme l'emportera sur la cupidité. Personnellement, je ne serais pas contre cette dernière mesure.
Mais enfin réjouissons-nous de voir enfin des propositions concrètes qu'il est possible d'argumenter, de critiquer au sens étymologique du terme (critiquer, c'est cribler, tamiser), et de prendre sérieusement en considération.
En revanche, les motifs invoqués dans la motion de censure que le PS s'apprête à déposer sont d'une désolante mauvaise foi. Feindre de croire que le chômage, la question du pouvoir d'achat, les effets de la crise économique sont imputables au seul Gouvernement est d'une rare malhonnêté intellectuelle. Pourquoi faut-il que les socialistes gâtent par ce manque de probité ce que leurs propositions peuvent avoir de juste ?
Elections, élections, mon beau souci ! Telle me semble être la réponse.

Quand le ridicule ne tue plus...

Savez-vous qui a copié Ségolène ROYAL ? Je vais vous le dire au cas où la chose ne vous sauterait pas aux yeux. Ou plus exactement, je vais reprendre les paroles mêmes de la Présidente de la Région de Poitou-Charentes qui met définitivement les points sur les i :
Oui, dit-elle, j'ai inspiré OBAMA et ses équipes nous ont copiés.
Je suppose que si l'on interroge le Président OBAMA, il dira : Ségolène who ?
Ségolène ne se mouche pas avec le manche d'une pioche. Elle présente une grave boursouflure de l'ego. Elle se ridiculise. Elle ridiculise son parti, et elle ridiculise, ce qui est beaucoup plus grave, notre pays.
Mais prenons-là aux mots, et voyons si, dans ses votes, elle approuvera les efforts que les pouvoirs publics pourraient être amenés à demander aux Français pour sortir de la crise économique, si elle approuve l'injection de 26 milliards d'euros publics dans les circuits économiques français (contre plus de 800 milliards de dollars prévus par le Président OBAMA pour le soutien à l'économie américaine). Si elle le fait, alors je serai prêt à examiner l'influence minuscule qu'elle aura pu avoir sur les analyses de la situation par l'équipe du Président américain. Dans le cas contraire, je m'interrogerai.
C'est tout pour ce billet. Le prochain datera du même jour.

lundi 19 janvier 2009

Une parole de Mencius

Je suis tombé tout à fait par hasard sur cette parole de MENCIUS, un philosophe chinois de l'école de CONFUCIUS.
Un état sans familles prêtes à respecter la Loi, ni gentilshommes dignes de confiance d'un côté, et d'un autre côté, la menace permanente d'une agression extérieure, est destiné à périr.
Voilà un aphorisme qui prête à réfléchir. Il me semble plein de bon sens et de vérité. En matière de respect de la Loi, nous pourrions tous nous interroger sur les (mauvais) exemples qu'à cet égard nous donnons à nos enfants : stationnement invraisemblable, excès de vitesse, resquillage de tickets de métro, fraude dans les déclarations d'impôts, nous, ou nos voisins, ne donnons pas l'image d'une imputrescible vertu. Le grand délabrement des familles, la démission de nombreux parents, l'assassinat symbolique du père, je dirais même du mâle, représentant de la loi, tout cela forme un curieux mélange toxique. Le pire - et c'est un de mes lecteurs, un très proche, qui me le signale en réaction à mon billet sur la grève de lycéens - c'est que nous ne savons plus donner à nos enfants des raisons de vivre. Nous vivons dans la mort du sens, et pour une fois, ce n'est pas l'idéologie socialiste qui en est responsable, c'est l'idéologie libérale et consumériste. J'assimile les gentilshommes aux élites. Il y aurait beaucoup à dire sur elles, qui accumulent beaucoup de privilèges, et ne s'acquittent pas forcément des dévoirs qui les justifient. La crise de confiance qu'elles suscitent n'est pas justifiée, mais il suffit de quelques exemples emblématiques de leurs abus ou de leurs faiblesses pour les disqualifier toutes.
Quant à la menace extérieure, nous la vivons tous les jours ; elle est souvent purement imaginaire, bien sûr, et prend la figure de l'immigration prétendue incontrôlée (je ne parle pas ici des clandestins, des profiteurs et des pique-assiettes, mais de l'étranger qui vit et travaille sur notre sol, dans le respect et de nos lois, et de ses propres origines), ou celle de la mondialisation (qui induit le repli sur soi, la mesquinerie des perspectives, la peur de l'émulation, le ratatinement mortifère).
Oui, nous avons beaucoup à apprendre des autres cultures ; et plutôt que de vouloir imposer la nôtre en la déclarant la meilleure qui se pût être (Ah ! l'arrogance des Lumières), nous ferions mieux de réfléchir et à ses limites et à ses beautés, confesser les premières et diffuser les secondes.
Tout un programme.
Bonne journée.

Méfiance française

Il est intéressant de lire, sous la plume de Magnus FALKEHED, correspondant en France du journal suédois Aftonbladet, les propos que voici (La Croix, vendredi 16 janvier) :
Qu'est-ce que vous, les Français, pouvez être exaspérants. Il y a des moments où un reporter étranger a vraiment envie de poser son stylo et vous secouer comme un prunier, tant une situation peut devenir agaçante et répétitive. Je pense à votre méfiance envers votre prochain. Cette méfiance est devenue comme un poison qui affecte tout le corps social, vous paralyse et vous rend parfois, permettez-moi de le dire, assez bêtes.
Le journaliste donne, avec humour, quelques exemples de situations courantes dans lesquelles il voit suinter la méfiance typique des Français. Adepte d'HABERMAS, lecteur attentif de son ouvrage Éthique de la communication, je m'intéresse de très près à cette question, non seulement quand elle concerne mes compatriotes, mais encore parce qu'elle me semble conditionner toutes les situations de guerre ou de paix du monde entier.
A la méfiance consubstantielle des Français, je vois plusieurs raisons, toutes issues de notre longue histoire.
La première est indubitablement liée à l'héritage napoléonien d'une administration conçue pour contrôler totalement le corps social : la caricature de la méfiance maladive de l'administration, c'est l'administration fiscale. Ses procédures sont accusatoires, et si, en face d'une affirmation, il est impossible à un contribuable de prouver sa bonne foi, il ne lui reste qu'une solution : payer. Mais cette méfiance consubstantielle à l'administration française ne se limite pas au fisc. En France, toutes les procédures de contrôle sont des procédures a priori. Il en résulte une irresponsabilité totale. "J'ai été contrôlé" dira ce citoyen. "Tout est en ordre. Je peux y aller." Et il aura tendance à frauder, d'où la méfiance accrue de l'administration. Il n'y a aucun contrôle a posteriori (ou presque). Pas vu pas pris. On pourrait étendre le constat à l'Inspection du Travail, ou aux services de la Sécurité Sociale, à la Police, aux Douanes, à la Justice (et à ses fameuses détentions préventives). Pour respirer dans le corps social, il est presque devenu nécessaire que le citoyen français fraude, tant l'administration est réellement oppressive, anonyme, et mécanique.
La deuxième raison vient du double héritage de la Révolution et de la Résistance. La première a instauré durablement la haine des "petits" contre les "gros", et le mépris des "gros" pour les "petits", ainsi que l'implantation permanente de l'utopie meurtrière de la lutte des classes dans l'esprit public, que dis-je, sa création, sa matérialisation dans le corps social. La Résistance, et les mythes nécessaires qui se sont créés autour - sans eux, nous serions morts de honte, et de Nation française, il n'y aurait plus - ont donné aux Français l'illusion qu'il n'y avait de grandeur que dans l'opposition à toute forme de contraintes, qu'elles soient légales, réglementaires ou morales. Or la résistance à l'oppression est légitime, mais la résistance à la loi ne l'est pas. Une telle attitude est illustrée par les oppositions systématiques des syndicats à toute forme de changements : changements d'horaires de travail, changements de programmes de cours, changements de statut juridique de telle ou telle entreprise d'État.
La troisième raison est, me semble-t-il, imputable à la propension de notre langue à l'abstraction, et par conséquent à l'idéologie. On oppose souvent le pragmatisme des anglo-saxons au rationalisme des français. Dans de nombreuses situations professionnelles, j'ai pu constater combien un allemand ou un suisse a du mal à nous comprendre, lui qui part d'abord des faits, avant de partir des idées. DESCARTES nous a fait beaucoup de mal, mais c'est une autre histoire. Ne parlons pas de HEGEL, mal compris la plupart du temps, pour qui la contradiction est un élement constitutif du progrès et de l'avénement du sens de l'histoire.
Ainsi, pour communiquer avec autrui, pour rentrer en relation avec lui, il faut d'abord LUI FAIRE LE CREDIT DE LA BONNE FOI. Il faut ensuite s'accorder avec lui sur le sens des mots (le tordre est un spécialité des hommes politiques, et - je suis désolé de le dire - souvent, mais non exclusivement, des hommes politiques de gauche : il n'y a qu'à voir comment on parle de "l'atteinte au droit de grève" quand il s'agit d'assurer un service minimum dans les transports ou dans l'éducation nationale). Il faut et laisser parler jusqu'au bout. Il faut dire le lieu d'où l'on parle. Il faut enfin faire un relevé rigoureux et honnête des points d'accords et de désaccords FACTUELS et non point IDEELS. Telles sont les règles du dialogue. Je vous fais remarquer, du reste, que dans le billet de vendredi dernier, j'ai commencé par dire que je ne mettais pas en doute la bonne foi d'Alix NICOLET, et j'ai ensuite posé des questions portant sur des faits, non sur des idées.

vendredi 16 janvier 2009

Malaise des lycéens, un symptôme du malaise dans la société

Je vous ai dit hier que je reviendrais sur les propos tenus par une responsable de la FIDL dans le Journal Métro, dans son numéro du 14 janvier.
En tout premier lieu, je dirai que je ne doute pas un seul instant de la bonne foi d'Alix NICOLET, appuyée sur des convictions idéologiques qui la situent à gauche. J'insiste sur ce point : je crois absolument à la bonne foi d'Alix NICOLET. Et je passe aussi sur les figures de rhétorique des premiers paragraphes, pour ne m'intéresser qu'aux reproches et critiques faites dans cet article à la réforme des lycées élaborée par monsieur DARCOS.
Alix NICOLET affirme que les lycéens sont des acteurs responsables de la société. Je conteste fortement la pertinence de cette affirmation. Les lycéens apprennent et reçoivent de la société ; hormi quelques cas rarissimes où par leurs talents ou leur intelligence, ils apportent des éléments essentiels à la progression des arts, de la culture, de la société (en effet, certains jeunes, par leurs engagements dans les associations caritatives, les mouvements de jeunes ou de jeunesse, par leur production musicale, ou littéraire, par leurs inventions, peuvent être qualifiés de socialement actifs), les lycéens sont en général socialement passifs. Si Alix n'est pas d'accord avec moi, il faut qu'elle m'explique en quoi elles pensent que les lycéens sont des ACTEURS SOCIAUX ICI ET MAINTENANT d'une manière générale.
Alix NICOLET trouve inadmissible la suppression de postes d'enseignants. Il faut cependant qu'elle s'interroge : sait-elle que plus de 30.000 enseignants n'ont pas d'élèves ? Soit parce qu'ils sont remplaçants (titulaires académiques) et qu'il n'y a personne à remplacer - on peut comprendre - soit parce qu'ils enseignent une discipline rare et qu'il n'y a pas d'élèves intéressés dans leur académie - et dans ce cas, il faut envisager la bivalence des enseignants de ces disciplines rares ; elle existe déjà en histoire et géographie, en latin et grec, en physique et chimie qui ne sont point des disciplines rares - soit, et de mon point de vue c'est un pur scandale - parce qu'ils sont bénéficiaires d'une décharge syndicale - ils sont donc payés par le contribuable pour organiser des actions revendicatives ; la justice voudrait que les syndicats payent leurs permanents avec les cotisations des adhérents, abondées le cas échéant par des subventions publiques, car en pays démocratique, il est bon qu'il y ait des syndicats, mais des syndicats responsables. Sait-elle, Alix, que la démographie scolaire n'est pas en hausse mais stable ? Sait-elle que la France est un des pays au monde qui dépense le plus pour l'enseignement, et que les résultats de ces efforts financiers ne sont pas à la hauteur des espérances de la nation ?
Alix NICOLET fait part de son inquiétude ; il faut entendre cette inquiétude, mais voir comment elle la présente. Elle commence par déplorer la dégradation des conditions de travail. Il faudrait préciser. Depuis que les Collèges et les Lycées sont sous la responsabilité des Conseils Généraux ou des Régions, respectivement, la réhabilitation des bâtiments a été massive, les Bureaux de documentation et les Médiathèques se sont multipliés comme se sont multipliées les activités périscolaires. La dégradation des conditions de travail est sans aucun doute exacte : elle est imputable en partie à l'absence totale de sanctions des comportements insolents, violents, absentéistes, de l'absence totale de civisme et de sociabilité des élèves, de la démission des parents, engendrés par l'idéologie libérale d'une part (le bonheur s'achète) et socialiste de l'autre (j'ai droit à), à l'absence quasi totale de préoccupations morales dans des secteurs fondamentaux de la vie sociale : la culture, les médias télévisés, internet. Alix, si vous lisez ces lignes, acceptez-vous la justesse, au moins partielle, de ces remarques ?
Alix continue, et là, je trouve le glissement politiquement inacceptable ; elle s'inquiète de l'absence de perspectives d'avenir pour les jeunes. Des jeunes qui n'ont pas confiance dans l'avenir ? Mais c'est terrifiant ? Qu'attendent-ils ? Je crois comprendre qu'ils attendent un salaire élevé, dans un emploi sans responsabilités, un emploi à vie, qui leur permette d'utiliser leurs loisirs au mieux de leurs désirs et de leurs fantaisies. Or l'avenir n'est pas encore là. Il est ce que nous en ferons. Et, hormis les cas de dictature d'autocratisme, de tyrannie, en démocratie, l'avenir s'invente, et il s'invente ensemble, dans le dialogue et le respect des lois et des élections. Je ne crois pas que le modèle de vie qui consiste à attendre tout de l'Etat pour mener sa vie personnelle, exclusivement personnelle, soit un modèle de vie idéal. Heureusement, tous les jeunes ne pensent pas comme Alix qui noircit, je le crains, la situation.
Je redis ici que j'ai enseigné pendant près de 40 ans, que j'ai eu des amphithéâtres bondés (400-450 étudiants), que j'ai passionnément aimé mon métier, mais que je n'ai jamais compté sur les syndicats pour en défendre ni l'honneur ni le statut, que je n'ai jamais compté mes heures de travail, que j'ai pris de nombreuses initiatives (par exemple tenir une permanence hebdomadaire ouverte à tous les étudiants où je pouvais donner des éclaircissements sur mon cours), que j'ai toujours pris soin de faire des polycopiés à jour dans leur contenu, élégants dans leur typographie. A vrai dire, je crains qu'avec le dessèchement des moeurs, ne vienne le dessèchement des coeurs, et que l'égoïsme ne prenne la place de la générosité. C'est cette vertu, qui de tout temps doit être la vertu cardinale d'un enseignant, que nos pouvoirs publics doivent montrer, honorer, prendre en compte, et le cas échéant récompenser.
Allons, Alix, une réponse.
PS : une première mouture de ce billet, non corrigée et bourrée de fautes, été publiée. Je prie mes lecteurs de m'excuser.

jeudi 15 janvier 2009

Symptômes

Trois faits dont la presse a fait mention ou manchette méritent qu'on y attache de l'attention tant ils révèlent le malaise dans lequel se débat notre société : la grève surprise de la Gare Saint-Lazare, les arguments avancés par les lycéens de la FIDL pour s'opposer à toutes réformes du deuxième cycle des études secondaires, le jugement de la cour correctionnelle dans l'affaire de l'hormone de croissance.
Dans tous les cas, le malaise s'origine, me semble-t-il, dans le conflit existant entre les désirs et attente des individus, et l'intérêt général. Peu importe que 400.000 banlieusards aient été bloqués et n'aient pu rentrer chez eux de manière satisfaisante, quand bien même, en se procurant une carte mensuelle, ils sont en droit d'attendre la prestation qui correspond à leur achat. On peut déplorer et l'on déplore l'agression dont a été victime un conducteur de RER à Maisons-Laffite ; de là à fermer la gare Saint-Lazare et à bloquer le trafic, il y a un pas inadmissible. La vérité est que les syndicats se livrent à une surenchère non seulement verbale mais revendicative, pour piper les voix des votants aux prochaines élections professionnelles qui approchent. Diable, il faut avoir beaucoup de voix pour obtenir des subventions, des postes au comité d'entreprise et dans d'autres instances, étendre son pouvoir et glaner les avantages qui s'attachent à celui-ci. Où est l'intérêt général là-dedans ? Il faut modifier sans tarder la loi sur le service minimum dans les transports et déclarer illégale les grèves surprises. Rien n'empêchait les conducteurs de manifester leur colère en déclenchant une grève selon les exigences de la loi. Peut-être convient-il de souligner que le trafic est perturbé depuis près d'un mois dans cette gare parce que les conducteurs sont priés de travailler 30 minutes de plus par jour en raison des horaires d'hiver. Bien entendu, leur temps total de travail reste inchangé. Pendant ce temps, des milliers de salariés craignent pour leur emploi, et ne chipotent pas sur le temps de travail supplémentaire que leur imposent les circonstances. Ce sont des revendications indécentes que les revendications des conducteurs.
Dans l'affaire de l'hormone de croissance, l'arrêt de la chambre correctionnelle, qui juridiquement ne peut pas faire l'objet d'un appel des parties civiles, ne peut qu'engendrer colère, amertume et révolte. La présidente de l'association des victimes a beau jeu de rappeler que d'autres laboratoires ont purifié cette hormone à partir de tissus prélevés sur des cadavres, sans provoquer de drame chez les patients à qui on l'a administrée. Il faut bien admettre qu'il y a eu un dysfonctionnement dans la chaîne de préparation : on croit bien le deviner dans la cupidité de certains fournisseurs de tissus, dans l'absence de rigueur de professionnels du médicament, et de prudence chez nombre de représentants du corps médical. Rien de cela n'est juridiquement répréhensible, paraît-il. Il a fallu 18 ans d'instruction pour arriver à ce résultat. Le Parquet a fait appel, au pénal, pour trois des personnes susceptibles d'être mises en cause.
Les raisons invoquées par les lycéens de la FIDL sont purement imaginaires, même si elles traduisent un réel malaise qu'il serait injuste de ne pas prendre en compte. J'y reviendrai demain.

mardi 13 janvier 2009

Mes lecteurs ont la parole

Voici le commentaire qu'a fait l'un de mes lecteurs, au billet intitulé "à l'intention d'Eugénie". Je trouve cette contribution fort intéressante.
Né en 1949, Alain Finkielkraut est le fils unique d'un maroquinier juif polonais déporté à Auschwitz. En 1987, La défaite de la pensée marque le début de sa critique de la « barbarie moderne », se déployant volontiers dans l'horizon de pensée d'Hannah Arendt. Pour reprendre le qualificatif que Péguy s'attribuait à lui-même, Finkielkraut est un « mécontemporain », ne pensant que contre l'air du temps. Dans cet ouvrage, le philosophe s'attache à montrer comment le mot « culture », entendu comme l'activité spirituelle et créatrice de l'Homme a cédé devant le relativisme culturel qui désormais nivelle tous les modes d'expression humaine en les valorisant pareillement. L'abandon du caractère universel de la Culture, que préconisait les philosophes des Lumières, telle est cette « défaite de la pensée » qui s'est effectuée en deux temps. Il s'agit pour le philosophe d'analyser le malaise dans la culture, qui va grandissant « car la culture, c'est la vie associée à la pensée. Mais aujourd'hui il est courant de nommer culturelles des activités d'où la pensée est absente ». L'auteur se demande comment on en est arrivé là. Il dénonce l'impasse du « tout culturel » qui confond selon lui toute activité avec un fait de culture et la politique du « tout culturel » du Ministre de la culture de l'époque (Jack Lang).
Bien évidemment, j'adhère en totalité à ces propos. La culture ne se consomme pas. La culture est une activité de pensée. La culture requiert un effort. Et, n'en déplaise aux relativistes de tous poils, la culture est universelle comme l'est la pensée qui la sert. Merci à ce lecteur qui répond au joli pseudonyme de Fourmi pour ces propos marqués au coin du bon sens philosophique.

dimanche 11 janvier 2009

Poèmes chinois

Voici deux poèmes de I MEN, poète chinois mort en 1967. Ils ont été magnifiquement traduits par François CHENG.
Comment, en lisant le premier, ne pas penser à ces familles de GAZA, prises entre la folie de leurs leaders et la violence aveugle de leurs adversaires ? C'est à elles que je dédie ce magnifique et triste poème et à toutes les familles dont les enfants sont morts sous le coup des bombes et des balles.
Je vois beaucoup d'hommes
Silencieusement pleurer
Dans la nuit
Beaucoup de femmes
Pleines de douceur soudain
Gagnée par la folie
Le matin près d'immondes
Ordures, je chasse
Le chien affamé et ramasse
Un nouveau-né
Ils entrent en moi
Et vivent dans ma pensée.
Et puis cet autre absolument étonnant dans la bouche d'un Chinois :
Au milieu des Douze, Judas
Était là, on le savait.
Trahison.
Mais la potence ne saurait éteindre la flamme,
Comme la mer ne saurait avaler l'unique perle.
[...]
Le Fils de l'Homme
N'est pas à vendre.
Seule a été vendue
L'âme vile de Judas lui-même.
Au milieu des Douze, se tient
Judas tapi
Dans l'ombre de la robe du Créateur
Dans le souffle du combat du Fils de l'Homme
Dans l'attente vile de son vil destin.
In
François CHENG.
La source et le nuage. La poésie chinoise réinventée.
Albin Michel, Paris, 1990.
Il me semble que ces poèmes se passent de commentaires. Le premier parce qu'il exprime l'universelle douleur des parents qui ont perdu un enfant, le second parce qu'il souligne la noirceur de toute trahison, le tout en une concision absolument inégalable. Et puis ils montrent que l'Europe et l'Occident n'a pas le monopole de la création artistique, et que d'autres cultures la rejoignent dans son aspiration à l'universel.

samedi 10 janvier 2009

Aurais-je fait des émules ?

Aurais-fait des émules ? Mon Blog est-il surveillé par des plumes prestigieuses ? Suis-je espionné ? Je ne sais. Toujours est-il que je lis, sous la plume de Claude IMBERT, dans Le Point du jeudi 8 janvier 2009, un éditorial intitulé Contre l'esprit de système. Avec le talent qu'on lui connaît, notre journaliste souligne tous les dangers de l'esprit de système. Il prend la défense du seul modèle [politique] garant de nos liberté et il ajoute : Ce qui assure, en fait, la survie d'un mode de vie qui se dit simplement préférable, c'est que son système est le moins systémique qui soit. Son immunité - Marx l'avait bien vu - c'est sa plasticité, sa capacité à se réformer. Sous nos yeux, son recours, dans l'urgence, à l'aide des États en administre la preuve. Seuls les antilibéraux à la française y moquent une conversion panique à l'étatisme.
C'est exactement le problème que l'opposition socialiste ne peut résoudre. Elle impute à ses adversaires politiques des réflexes et des modes de pensée analogues aux siens ; les décisions prises par le Gouvernement, se demande-t-elle, sont-elles conformes à l'IDEE que nous nous faisons du libéralisme. Il est clair que non. Mais la bonne question, en la matière, n'est pas de savoir si les décisions sont conformes à l'idéologie que l'on prête à la majorité, la bonne question est de savoir si les décisions prises sont les bonnes pour le pays et vont dans le sens de l'intérêt général. Ainsi il faut lutter ici contre le mensonge qui consiste à dire que l'Etat donne de l'argent aux banques, signe indubitable d'un retour à l'étatisme. L'Etat les leur prête à un taux supérieur à celui du marché, et au bout du compte, y gagnera plusieurs milliards d'euros. Fallait-il laisser les banques aller à la faillite ? Fallait-il conduire à la ruine les milliers de petits déposants en ne donnant pas la garantie de l'Etat (limité à 70.000 euros, pour autant qu'il m'en souvienne) à leurs dépôts, sous prétexte que ces mesures seraient étatiques ? Sans doute l'absence de cette solution aurait-elle eu pour effet d'amener des clients, ruinés par la spéculation des avides, à un PS qui ne sait que critiquer, sans jamais proposer de solutions alternatives crédibles, alors que nous vivons dans un environnement mondialisé et hypercompétitif auquel l'un des leaders historiques de la gauche, le Président MITTERRAND, a donné son plein accord, en acceptant les conclusions de l'Uruguay Round, monsieur BALLADUR étant premier ministre. Heureusement, il y a de tous côtés des hommes réalistes et pragmatiques qui sont plus intéressés par la vérité que par le pouvoir. Ce sont ces hommes-là qu'il nous faut pour le pays. Bien évidemment, aucune âme bien née ne peut se satisfaire de la pauvreté, de la précarité, du racisme, etc. Mais une fois que l'on a dénoncé ces maux avec des mots, que faire concrètement ? Je maintiens (contre l'un de mes fils adoptifs, agrégé de philosophie, qui ne voit que la Loi) qu'il ne peut y avoir de politique valable qui ne soit appuyée sur la morale. Et du reste, il est bien clair que les Lois sont fondées sur une appréciation de ce que l'Etat DOIT faire, ce qui est à son niveau exactement la question morale qui se pose à celui des personnes : QUE DOIS-JE FAIRE ?
C'est tout pour aujourd'hui.

vendredi 9 janvier 2009

Islam et miséricorde

Je vous disais dans mon billet d'hier que je n'avais pas suffisamment connaissance du Coran pour en extraire des données qui indiquent l'importance de la miséricorde dans l'Islam. La Providence fait bien les choses qui répond aux désirs cachés de ceux qui cherchent la vérité. Je sortais d'une leçon sur l'Avesta, donnée par le Pr KELLENS au Collège de France, et je passais devant une librairie de la rue des Écoles. Manie funeste pour mes proches, délices pour moi, en vérité compulsion, dès que je vois une librairie, j'y rentre. Et ce matin, j'ai trouvé un ouvrage de BERNARD-MARIE, intitulé Paroles du Coran, Islam et miséricorde, Éditions Autrement, Paris, 2002. Je vous livre ici quelques textes que j'y ai trouvés en feuilletant par hasard ce très remarquable opuscule :
[...] Que la haine d'un peuple qui vous a écarté [...]
Ne vous incite pas l'abus du droit !
Entraidez-vous plutôt dans la charité et la piété,
Non dans le péché et l'abus de droit. [...]
Sourate 5, 8
[...] Beaucoup de fils d'Israël ont oublié une partie
De ce qui leur a été envoyé comme édification [...].
Pardonne-leur donc, et passe !
Oui, Dieu aime les bienfaisants.
Sourate 5, 13
Que les gens de l'Evangile, les chrétiens, jugent donc
D'après ce que Dieu y a fait descendre.
Sourate 5, 47
Aux noms de Jésus, d'Adonaï et du Prophète, invoqués dans cette très remarquable sourate, les amoureux de la paix demandent à tous les responsables juifs, musulmans et chrétiens de tout mettre en oeuvre pour arrêter la guerre affreuse qui déchire la Terre Sainte. C'est blasphémer et se mentir à soi-même que d'agir contre des paroles qui sont censées faire vivre ceux qui prétendent s'en nourrir.
Au nom du Dieu tout puissant, juifs, chrétiens et musulmans réclament, la Paix, dans la vérité, la justice et la reconnaissance réciproque.

jeudi 8 janvier 2009

Deutéronome et droit des étrangers

Dans un de mes précédents billets, je faisais allusion au droit des étrangers tel que l'a énoncé Moïse et qui figure dans le Deutéronome au chapitre 24, verset 17 : Tu ne porteras pas atteinte au droit de l'étranger, et tu ne prendras pas en gage le vêtement de la veuve. Souviens-toi que tu as été en servitude au pays d'Egypte et que Yahvé ton Dieu t'en a racheté. Aussi je te prescris de mettre ce précepte en pratique.
Il serait vain de cacher que le Deutéronome fourmille de passages cruels et vengeurs, y compris contre les ennemis. Mais il s'agit des ennemis extérieurs. Dans ce passage, le texte fait allusion aux étrangers vivant sur le sol donné par Yahvé à Israël. L'honnêteté intellectuelle exige de reconnaître qu'Israël revendique comme son sol la CISJORDANIE, et, moins nettement sans doute, mais implicitement GAZA. Ainsi, il doit considérer que les gazaouites et les palestiniens de CISJORDANIE sont des étrangers vivant sur son sol et les traiter comme le prescrit la Loi, en leur faisant justice et en reconnaissant leur droit. Le plus élémentaire de ces droits, est le droit de vivre sur le sol natal, de posséder sa terre et sa maison, de se mouvoir. Il est impossible de tourner autour du pot.
Je ne connais pas les sourates du Coran qui parleraient des étrangers. Mais j'ai trouvé dans un très beau livre d'Henri CORBIN consacré au grand mystique soufi IBN'ARABI un petit paragraphe qui dit bien ce qu'il veut dire. Très pieux et très mystique, IBN'ARABI fit appelé par certains de ses adversaires "Celui qui tue la religion". Il est enterré près de DAMAS et sa tombe fait l'objet d'un pèlerinage très fréquenté. Voilà le texte de CORBIN : Ce que garantit le paradoxe de cette tombe, c'est la présence du témoignage irrécusable, perpétuant au-delà d'elle-même ce qui, au coeur même de la religion de la lettre et de la loi, SURMONTE ET TRANSGRESSE prophétiquement l'une et l'autre. A la mémoire du pèlerin pensif (CORBIN a visité cette tombe), revint une autre image paradoxale : le tombeau de SWEDENBORG en la cathédrale d'UPPSALA - dyptique mental attestant l'existence d'une Ecclesia spiritualis qui réunit tous les siens dans la force et le triomphe d'un même paradoxe.
INB'ARABI aimait Dieu de tout son coeur et il en a célébré magnifiquement le service et l'amour. Il ne voyait que cela.
Preuve que des hommes de bonne volonté peuvent par delà les siècles (IBN'ARABI est mort le 16 novembre 1240) attirer par leur oeuvre, leur vie et leur pensée de nombreux hommes de bonne volonté.
Saura-t-on entendre la voie de MOÏSE et celle plus récente d'IBN'ARABI ? Surmonter et transgresser les interdits légalistes pour faire jaillir la paix ? Cesser de faire couler le sang des innocents pour faire de la Palestine ce à quoi elle est vouée depuis des millénaires : un pays où coulent vraiment le lait et le miel

mercredi 7 janvier 2009

Aux hommes de bonne volonté

A tous les hommes de bonnes volontés, à ceux qui croient que la vengeance n'engendre que la violence, à tous les responsables politiques, quel que soit le parti auquel ils appartiennent, à ceux que la détresse des innocents bouleversent, les amoureux de la Paix lancent un appel désespéré.
Nous ne pouvons pas voir des enfants et des adolescents tués par des obus de mortier ou de char. Nous ne voulons plus voir ces petits corps sanglants portés dans les bras de leurs parents hagards.
Nous ne voulons pas voir des civils vivant dans la terreur permanente d'une roquette qui peut s'écraser sur leur maison.
Nous ne pouvons accepter que des fous conduisent leur peuple à la mort pour le triomphe d'idées qui n'ont rien voir avec ce que dit le Coran.
Nous ne pouvons pas accepter que des militaires de haut grade, impeccablement sanglés dans leur uniforme, bien à l'abri dans leurs bunkers, décident de ce qui doit être détruit, réduit en poudre, anéanti ou non, offensant la Torah et blasphémant contre le Tout-Puissant.
Nous aimons la Paix ET la Vérité. L'une ne va pas sans l'autre. Ne pas reconnaître le rôle du Hamas dans l'effroyable tragédie que vivent les Palestiniens va à l'encontre de la vérité ; ne pas voir que le blocus de Gaza a été un élément déclencheur de la reprise des tirs de roquettes va à l'encontre de la vérité ; ne pas voir qu'il y a des injustices flagrantes commises par les Israéliens à l'encontre des habitants de Cisjordanie va à l'encontre de la vérité ; ne pas considérer que les attentats suicides sont ignobles, lâches, inutiles, va à l'encontre de la Vérité.
Ne pas comprendre que ces comportements ont des explications qui puisent leur origine dans l'histoire sanglante de cette région est une imbécillité. Ne pas en tenir compte dans l'analyse politique est une idiotie. Et ne pas voir, en Europe, le rôle qu'a joué l'antisémitisme, pas seulement nazi, dans la création de l'Etat d'Israël, est une lâcheté et un aveuglement.
Nous supplions ceux qui peuvent encore prendre du recul, à Gaza, en Israël, en Cisjordanie, en dépit de leur douleur ou de leur crainte, de contribuer à l'avènement d'un dialogue entre toutes les parties prenantes au conflit. Il n'y a pas d'autres solutions que la Paix.
Si vous pensez que cette analyse est juste, commentez et diffusez ce billet.

A l'intention d'Eugénie

Eugénie est la petite fille d'une amie. Elle lit régulièrement mes billets. Et elle a la gentillesse de les trouver parfois intéressants. Mais, dit-elle à sa grand-mère, "il" (moi, donc) est trop pessimiste et trop critique.
Je me dois de répondre à ces remarques pertinentes.
Ceux qui me connaissent diront que je suis d'un optimisme de fer. J'adore l'humour et la vie, les blagues et le rire, et j'ai beaucoup de mal à me prendre au sérieux. Mais il s'agit, dans un Blog, de livrer ses réflexions et d'inciter ses lecteurs à travailler dessus. Très honnêtement, je ne vois rien en notre "machine ronde" qui incite à penser que le monde va dans la bonne direction. La guerre de Gaza est épouvantable ; l'abus de la force est évident mais l'entêtement de fous et de lâches (comment qualifier autrement des soi-disants résistants qui tirent à l'aveugle des roquettes depuis les immeubles, continuent de le faire malgré les réactions de l'adversaire, et tuent ceux de leurs compatriotes qui ont le malheur de dénoncer leur lâcheté ; renseignez-vous sur ce point) contribue à la rendre encore plus terrible ; aux Etats-Unis, des escrocs de haut vol, avides, cupides, dépourvus du moindre scrupule, ruinent des milliers de familles, mettent à mal l'économie de leur pays et du monde, et ne semblent pas être inquiétés pour autant (monsieur MADOFF est toujours en liberté) ; en Chine, on assassine les paysans qui protestent contre la spoliation de leurs terres, on emprisonne les opposants, on pollue, on trafique ; la situation des malades et des pauvres est dramatique dans les pays africains où un dictateur en délire peut proclamer que son pays lui appartient (c'est en effet ce que dit monsieur MUGABE ; je vous invite à trouver la vidéo qui montre comment est construit et meublé son palais ; son luxe, joint à son mauvais goût, donne la nausée) ; je ne parle pas de l'Iran, dans une situation politique et économique dramatique, ni de l'Amérique du sud dont certains pays sont livrés aux mains pleines de sang des grands propriétaires terriens. Je ne peux me taire ; je ne peux pas chausser des lunettes roses pour faire plaisir. Il faut regarder les choses en face, sans croire qu'on les connaît toutes, bien sûr, mais à partir des bribes d'information qui nous parviennent.
Trop critique dit Eugénie. Oui je le suis ! Je le suis tout particulièrement pour l'opposition de gauche dont les réactions infantiles, puériles, malhonnêtes parfois, infondées souvent, témoignent d'une conception de l'homme que je combats et contribuent à ruiner l'esprit démocratique. Il me paraît difficile de critiquer la montre du Président de la République, quand au sein de ses instances dirigeantes, on a un responsable qui les collectionne autant qu'un évêque peut en bénir, il me paraît ridicule de brandir dans l'hémicycle d'une Assemblée des pancartes au sigle de l'ORTF pour critiquer la loi sur l'audiovisuel au lieu d'argumenter rationnellement, il me paraît contradictoire de défendre la publicité après avoir âprement combattu son introduction il y a quelques années, il me paraît dérisoire de s'opposer à la nomination du Directeur de Radio-France par le Président, alors que la Constitution donne au Parlement un pouvoir de contrôle sur les nominations des hauts fonctionnaires ; il me paraît malhonnête d'appeler "reculade" le report de la réforme des lycées (cela revient à accuser les adversaires politiques de n'être pas assez idéologiques), afin de corriger par des concertations approfondies ce qui doit l'être. Mais par- dessus tout, je leur reproche de nier à l'homme toute forme de vie spirituelle. Laissez-moi vous livrer ici la réflexion que l'un des accueillis de Tibériade (cette association d'accueil de séropositifs) m'a faite il y a deux jours, sans doute l'une des plus profondes que j'ai jamais entendues en matière de philosophie : "la spiritualité est la seule manière d'accéder au REEL".
Ces gens sont dans le nuage de leurs idées. Ils appellent exercice d'autocratie toute décision qui ne correspond pas à leur système d'analyse. Ils veulent que les faits aient tort quand ils ne rentrent pas dans leur grille préétablie d'appréhension du monde. Ce sont des robots de l'idée, certainement pas des gens qui pensent (hormis quelques rares cas ; je pense à Michel ROCARD que l'on a torpillé, justement parce qu'il pense, et qu'il a des convictions argumentées, non point des certitudes, ou encore à Jacques DELORS pour lequel je professe une grande estime même si je n'en approuve pas toutes les orientations). Pour exister, il faut qu'ils étonnent, et pour étonner, il faut qu'ils innovent. Peu importe les conséquences des innovations. Il faut faire du neuf, et laisser au temps le soin de digérer les funestes conséquences de ces nouveautés, fût-ce au prix d'une atteinte au principe d'humanité (Combien d'entreprises, passées aux 35 heures, ont-elles introduit les 3 x 8 dans les horaires ou supprimé les pauses café ? Les salariés y ont-ils vraiment gagné ? Et que dire des décisions portant sur la transmission du nom, domaine des plus symboliques ? Et que dire de la précipitation avec laquelle le PACS a été lancé ? [Je vous ferai remarquer que je combats vigoureusement le travail du dimanche au nom de ce même principe d'humanité]).
Bref, je désire une opposition qui pense. Il lui arrive d'avoir des analyses justes. Il est assez rare qu'elle propose des solutions réalistes. Et ses décisions sont toujours prises dans l'optique marxiste de la lutte des classes et de façon telles qu'elles en perpétuent l'existence. Ce qui n'est pas la moindre de ses contradictions.
Voilà ce que je voulais dire à l'intention d'Eugénie.

lundi 5 janvier 2009

Les (petits, tout petits) hommes verts

Faut-il que la passion et la haine les aveuglent, les (petits, tout petits) hommes verts. Le cul bien calé dans leur fauteuil de mal élus, ils osent dire que la visite du Président SARKOZY au Proche-Orient est inutile. Ils jouent, comme toujours, contre leur Patrie. Je ne parle même pas des intérêts de leur Patrie, je parle de son honneur. Bien entendu, ils n'ont aucune proposition, aucune suggestion, aucune idée à mettre sur la table. Ils critiquent ; heureusement, leur voix ne rencontre pas d'écho. Ils crient dans le vide. A leur place je dirais, par exemple : "N'envoyez plus de roquettes, ne bombardez pas avec des missiles ; utilisez à la place des canons à courgettes, ou des melons, et choisissez ces cucurbitacées de préférence 'bio' ". Ils sont définitivement nuls, ces (petits, tout petits) hommes verts. Ils sont la honte de la gauche, à laquelle ils prétendent appartenir. Je préfère le silence assourdissant des socialistes à l'agitation de ces homuncules. Elle vaut approbation tacite. Bernard KOUCHNER a donné à monsieur GALZI une belle leçon hier soir au Journal Télévisé. Lui, ainsi que le Président SARKOZY essayent de faire quelque chose et tiennent équilibrée la balance de leur jugement : "Non aux roquettes de ces fous ; non aux chars de ces impitoyables vengeurs. Et il se peut, ajoute-t-il à l'adresse du sceptique monsieur GALZI, que nous n'obtenions pas de résultats, mais au moins nous aurons fait quelque chose."
Tous ces médiocres, ces pauvres types qui se disent "verts", suscitent en moi une colère incroyable. Il faudrait donc que notre pays renonce à jouer un rôle de pacificateur, alors que des civils tant israéliens que palestiniens (hélas, de loin les plus nombreux) meurent sous les coups de leur adversaire ? Il faudrait renoncer ? Ils ne valent pas mieux que les capitulards de Vichy, les (petits, tout petits) hommes verts.
Je considère qu'il faut du courage et de la détermination pour entreprendre ces démarches. Vous noterez que seul notre pays les entreprend. C'est à son honneur, à notre honneur à nous tous. Messieurs les (petit, tout petits) hommes verts, il vous paraît plus important de procéder, contre la Loi, à des mariages homosexuels que de promouvoir la paix ; cela indique bien le niveau de votre pensée politique : même pas au-dessous de la ceinture, mais à celui du sol et de la boue.

dimanche 4 janvier 2009

Objections aux remarques de deux sociologues des inégalités

Pour sa naissance officielle, la (grande) Université de STRASBOURG (qui a vu la fusion des Universités Louis Pasteur, Marc Bloch et Robert Schumann) a publié le numéro 1 d'une revue d'excellent niveau, Savoir(s), destinée à prendre le relais du magazine d'information scientifique précédemment édité par l'Université Louis Pasteur. A nouvelle structure, nouveaux contenus. On ne s'étonne donc pas de trouver, à la page 20 de cette revue, l'analyse d'un livre publié par Alain BIHR et Roland PFERFFERKORN, deux sociologues, le premier, strasbourgeois, le second, bisontin. Le titre en est révélateur : Le système des inégalités.
L'ouvrage est analysé par François ZINCK. J'ai lu cette analyse, mais je n'ai pas lu le livre. Mes remarques doivent donc être prises avec toutes les précautions qui s'imposent quant à mon appréciation sur le contenu réel du travail.
En tout premier lieu, on ne peut que partager l'opinion des auteurs, reprise par l'analyste : La société française apparaît [...] comme une société à la fois segmentée, hiérarchisée et conflictuelle. Je suis déjà un peu moins d'accord et vais m'en expliquer, avec la suite : Et dans ces conditions, les concepts de classes, de rapports de classes et de luttes des classes paraissent conserver toute leur pertinence pour la compréhension de la persistance de ces phénomènes.
On ne peut nier l'évidence : il existe des conditions économiques, culturelles, scolaires qui déterminent la structure segmentée, hiérarchisée et conflictuelle de la société française. Mais il y a dans cette analyse un vice originel ; il consiste à ne considérer les inégalités que dans la perspective synchronique, et non point diachronique. En d'autres termes, les conditions dénoncées par les auteurs expliquent tendanciellement, et seulement tendanciellement, l'évolution des destins individuels vers des situations inégalitaires. Il me paraîtrait intéressant - je crois l'avoir déjà dit dans un billet ancien - d'étudier les raisons qui font que dans une situation sociale déterminée, telle personne va effectivement recevoir le lot qui est inscrit dans cette situation, et telle autre personne, au contraire, échappe à cette détermination. Ce travail de recherche m'avait été suggéré par le Pr Michel TARDY, un ami très cher, après que j'avais donné une conférence sur PASTEUR et la dissymétrie, à l'occasion du centenaire de la mort de l'éponyme de notre Université d'alors. Ainsi, je connais les noms de quatre éminents collègues, d'origine qualifiable de "modeste", qui se sont orienté d'abord vers une carrière dans l'enseignement primaire, qui furent donc instituteurs, avant de passer brillamment de prestigieux concours (comme celui de l'École Normale Supérieure) et de devenir des universitaires réputés nationalement et internationalement. Loin de moi l'idée de ranger à des niveaux inférieurs le statut d'instituteurs. J'en connais beaucoup ; ils sont absolument extraordinaires de compétences et d'amour de leur métier. Nombre d'entre eux auraient pu continuer à faire des études ; l'idée ne leur en est pas venue, quoi qu'ils eussent les capacités pour les entreprendre ; et c'est cela qui me semble être un facteur déterminant d'inégalités : ne pas avoir l'idée de..., ne pas se croire capable de... Je suis désolé de devoir dire ici que j'ai eu souvent à lutter contre mes collègues pour permettre à des jeunes qui n'avaient pas les diplômes requis, de continuer leurs études, d'obtenir des équivalences, que j'ai eu à lutter, par conséquent, contre la stagnation sociale voulue par des commissions universitaires souvent composées majoritairement de collègues se réclamant de la Gauche.
Je compte parmi mes élèves un Directeur de Recherches à l'INSERM qui n'a pas son baccalauréat, et qui est tout simplement un surdoué, et encore un autre, aide-soignant, qui a pu faire une petite thèse d'Université, a fait ensuite une maîtrise spécialisée et est devenu responsable de toutes les équipes infirmières d'un très grand hôpital. Ce ne sont là que deux exemples parmi les cinq que j'ai en tête à l'heure actuelle. Allez j'en rajoute encore un : l'un de mes collaborateurs a commencé avec un CAP de mécanique automobile ; il est aujourd'hui maître de conférences en classe exceptionnelle.
Il y a un second vice, et non des moindres, dans le travail de BIHR et PFEFERKORN. Et le vice apparaît dans le titre : le vice, selon moi, c'est l'esprit de système. Et trouver, au terme de l'analyse sociologique, que les concepts de lutte des classes ou de rapport de classes sont pertinents, c'est retrouver dans les faits ce que l'on avait d'abord dans la tête. C'est très exactement cela l'idéologie. Il me semble que si les sociologues se penchaient sur le petit travail que j'ai suggéré plus haut, ils pourraient cerner les conditions qui permettent, à situation sociale de départ analogue, aux uns de reproduire la situation inégalitaire initiale, aux autres (minoritaires, il faut l'admettre) non. En somme, toutes les déterminations des inégalités ne sont pas sociales, il y a des déterminations individuelles et il y a des déterminations familiales.
Je termine ce long billet par des félicitations au Professeur BERETZ. J'ai eu l'honneur de le compter comme étudiant. Fort brillant, il est devenu chercheur à l'INSERM, puis professeur de Pharmacologie. Elu comme Président de l'Université Louis Pasteur, il a été reconduit à la charge de Président de la nouvelle Université de Strasbourg. Bravo Alain ! Bonne chance dans cette entreprise enthousiasmante.

vendredi 2 janvier 2009

Conflit israélo-palestinien : un recul nécessaire

Pendant que les bombes d'un côté, les roquettes (ou rockets) de l'autre, continuent de pleuvoir de part et d'autre de la frontière entre Isarël et Gaza, les journaux écrits ou parlés glosent commentent, supputent, hypothétisent ou conjecturent à chaud, sans que leurs apports ne fassent avancer d'un pouce le problème.

Ne serait-il pas possible de tomber d'accord sur quelques points consensuels ? Il apparaît que si. En tout premier lieu, il est évident que l'attitude du HAMAS est terroriste et totalement improductive pour la cause palestinienne. Il y a fort à parier que si la population de Gaza, harassée par des années de guerre, d'humilition, de pauvreté et de désespoir, pouvait s'exprimer librement, elle renverrait le HAMAS et ses chefs là d'où ils n'auraient jamais dû sortir, l'anonymat et la médiocrité.

Ceci étant dit, il faut dire haut et fort que l'attitude d'ISRAËL dans les territoires palestiniens est inacceptable. Spolier les agriculteurs de leurs terres pour y installer des colonies, couper des villages entiers par un mur destiné à "protéger" le pays, y compris les colonies, ne peut être accepté. Et je ne vois pas beaucoup de différence entre le mur de BERLIN et le mur de PALESTINE. Je comprends d'autant moins cette attitude, que les héritiers de la Parole se sont vu intimer par Dieu l'ordre de recevoir et de bien traiter l'étranger. Que dire, a fortiori et dans le présent cas, de leurs cousins de langue et de race ? Il y a des situations d'injustice et de violence qui ne peuvent pas être admises, par aucune consciente droite. N'ont-ils donc pas compris, les responsables israéliens, que Daniel BAREMBOIM fait plus pour la Paix avec son merveilleux orchestre de jeunes israéliens et palestiniens que toutes leurs initiatives agressives ?

Il faut (a) sans aucun doute déloger le HAMAS de GAZA, et par les moyens les moins violents possibles, en prenant à témoin l'opinion internationale et en réclamant son aide ; (b) renforcer sans tarder l'autorité de Mahmoud ABBAS en lui accordant (et non en lui octroyant, formule trop humiliante) ce qui relève de la justice la plus évidente : un état, des moyens de vivre, de se déplacer, d'avoir accès à l'eau, de donner aux jeunes palestiniens des emplois, du savoir, des écoles, des universités ; (c) imposer à ISRAËL et aux Palestiniens un statut international pour JERUSALEM ; (d) trouver un moyen de manifester symboliquement la réconciliation des deux états par la création d'une confédération palestinienne ; (e) indemniser justement ceux des palestiniens qui ont été spoliés ; (f) renoncer à toute violence, des deux côtés, et obtenir des traités de paix avec la SYRIE, le LIBAN et le cas échéant, tous les pays arabes qui sont en état de guerre officiel avec ISRAËL.
Il n'y a aucun autre moyen de sortir de ces souffrances qui affectent les peuples de la région. Ils aspirent à la paix, et c'est bien normal. Leurs responsables doivent entendre la voix "de Rachel qui pleure ses enfants en Rama". il est presque trop tard. Fassent les hommes de paix que notre terre ne voit jamais l'HARMAGUEDON, les derniers jours terribles de l'anéantissement de l'humanité.

jeudi 1 janvier 2009

Voeux

En ce premier matin de la nouvelle année, je présente à mes rares, mais fidèles lecteurs, mes voeux pour les temps à venir. Les détailler selon une grille préétablie par des usages souvent très marchands, me semble inutile. Simplement, je puis nous inciter tous au courage, à la patience, à la fraternité, à l'ouverture d'esprit, à la promotion de la paix et à la rectitude de nos comportements. De toutes vertus dépendent non seulement l'avenir de notre pays, mais aussi celui du monde. Plus que jamais, nous avons besoin de penser et non d'appliquer des systèmes, d'accueillir les faits sans les distordre, et de quitter ces gangues d'idées toutes faites qui nous empêchent de voir. Mais cela a déjà été dit : Ils ont des yeux et ils ne voient pas, des oreilles et ils n'entendent pas. Rien de nouveau ; seulement un rappel.