mardi 30 juin 2009

Qui est l'homme ?

Une femme tue trois de ses nouveau-nés, brûle le cadavre de l'un d'eux, et congèle celui des deux autres.
Un évêque intégriste ordonne illicitement quelques prêtres.
Un chef islamiste du Pakistan a sous sa domination plus de 1.000 enfants candidats au suicide.
On songe fortement à légaliser la pratique des mères porteuses dans notre pays.
Des miliciens iraniens tuent de sang-froid une jeune femme qui meurt sous les yeux horrifiés de millions de spectateurs internautes.
Le Magazine Elle fait l'éloge de la masturbation.
Trois femmes otages sont exécutées par leurs ravisseurs au Yémen.
La pratique religieuse a dramatiquement baissé en France, et seulement 110 prêtres ont été ordonnés cette année, alors qu'il en faudrait dix fois plus pour combler les vides laissés par les morts ou les départs.
Bien entendu, je n'entends pas établir un lien quelconque entre ces évènements choisis au hasard et parfaitement arbitrairement dans l'actualité religieuse et l'actualité politique internationale ou nationale. Je désire simplement susciter chez mes lecteurs une question : comment cela peut-il arriver ? Comment est-il possible de faire ou de penser ainsi ?
J'ai trouvé une belle citation de Marcel LEGAUT qui souligne avec une rare puissance que ces dérèglements ont une cause unique et qui tient à une conception erronée de l'homme qui prévaut dans les milieux politiques, culturels et médiatiques.
"La cause fondamentale de la crise actuelle que connaissent les nations et l'ensemble des confessions chrétiennes est plus facile à percevoir maintenant qu'à une date récente, bien qu'elle soit depuis longtemps latente. Aussi bien cette crise est-elle sans doute plus décisive que toutes les précédentes. Cette cause n'est-elle pas due à la disproportion croissance entre la connaissance du réel que l'homme atteint alliée à la puissance qu'il peut ainsi y exercer, et l'ignorance de sa grandeur intime qu'il blasphème en s'abandonnant aux déterminismes de toutes sortes qui régissent son corps et son cœur ?
Les Églises en sont responsables en grande partie par la manière dont leurs institutions ont conçu et orienté la vie religieuse de leurs membres. Elles ne les ont pas aidés à découvrir l'éminence de la condition humaine mais au contraire elles ont insisté auprès d'eux sur leurs déchéances trop évidentes. Elles ont cultivé chez eux la culpabilité au lieu de s'efforcer de leur faire prendre conscience de leurs responsabilités. Elles se sont attachées à leur faire observe une vie de simple moralité au lieu de les appeler, autant que cela se peut, à franchir, chacun d'eux à sa manière, le seuil de la vie spirituelle. Elle ont pensé à glorifier Dieu en insistant davantage sur le «néant» de l'homme qu'un magnifiant la grandeur potentielle qui sommeille en tout être conscient." (Méditation d'un chrétien du XXe siècle, pages 260-261.)
Il y a urgence. Nous ne pouvons pas continuer dans cette voie qui nous mène à l'abîme. L'homme est revêtu d'une éminente dignité. Et celle-ci n'est pas à géométrie variable, comme l'a déclaré monsieur DELEVOYE, Médiateur de la République. La vie morale n'est pas fondée sur un recueil d'obligations et d'interdits. Elle se nourrit d'une puissante méditation sur le sens de notre vie, sur nos origines, sur notre mission et sur nos fins ultimes. Je ne sais pas comment il faut faire. Je sais simplement que nous pouvons commencer à changer notre façon de penser, de regarder l'autre, de consommer, de nous cultiver, de nous distraire.
Si vous avez des idées, donnez-les. Cliquez sur la rubrique "Commentaires". Vous aurez accès à une boîte de commentaires.

lundi 29 juin 2009

Pour les vacances d'Olibrius et d'autres lecteurs

Voici quelques adresses de personnes qui louent des maisons ou des appartements pour les vacances dans ce chamramnt village qu'est saint Victor-et-Melvieu.

BALCON DES RASPES
La serre
Saint Victor
12400
SAINT VICTOR ET MELVIEU
05656581907
0565581908

VILLAGE VAC
01-mars
30-nov
CAMPING LA TIOULE
Saint Victor
12400
SAINT VICTOR ET MELVIEU
0565625193
0686214140
CAMPING

15-juin
15-sept
carriere.nic@wanadoo.fr
LA CHARMERAIE
MELVIEU
12400
SAINT VICTOR ET MELVIEU
0565581906

GÎTE
CLOS DES RASPES
MELVIEU
12400
SAINT VICTOR ET MELVIEU
0565581811
0681854016

CHAMBRE D'HOTES ET DORTOIRS
01-janv
31-déc
COMBETTES
AYRES
12400
SAINT VICTOR ET MELVIEU
GÎTE

LE MEE
BALMAYRIE
12400
SAINT VICTOR ET MELVIEU
0565625732
GÎTE

PALHIES
LA COMBE
12400
SAINT VICTOR ET MELVIEU
0565590044
GÎTE

AZAM Cathie
LA COMBE
12401
SAINT VICTOR ET MELVIEU
056559004
0565625879
0684646710
GÎTE
01-janv
31-déc

dimanche 28 juin 2009

Jusqu'où ira-t-il ?

Jusqu'où ira-t-il ce monsieur DELARUE qui porte si bien son nom. Dans quel caniveau ira-t-il chercher les immondices qui abondent son salaire ? Voici la dernière de ce soi-disant animateur de télévision. Il veut faire une émission sur les prêtres. Et il cherche des témoignages sur les points suivants. Tenez-vous bien.

"Vous êtes prêtre et vous entretenez une liaison secrète avec une femme.
Vous avez décidé de quitter les ordres après être tombé amoureux.
On dit de vous que vous êtes un prêtre hors du commun (style vestimentaire, mode de vie…)
Vous entretenez une relation amoureuse avec un prêtre, vous souffrez de ne pas pouvoir vivre votre amour au grand jour.
Vous êtes l’enfant caché d’un homme d’Église.
Au contraire vous ne comprenez pas qu’un homme d’église puisse rompre ses voeux."
J'ai maintenu cette dernière question par probité intellectuelle. Mais elle me semble être une question piège qui a pour but de ridiculiser et de ringardiser les hommes et les femmes qui pensent qu'un engagement doit être tenu.
L'émission "Toute une histoire" [http://toute-une-histoire.france2.fr/?page=appels_a_temoins&appel=3560] présentée par Jean-Luc DELARUE lance un appel pour recueillir des témoignages sur le sujet : "Les prêtres sont ils des hommes comme les autres ?" Et c'est pour nourrir cette émission que le "journaliste" lance cet appel.
Je suis scandalisé que l'on puisse traiter de tels sujets sous un angle aussi réducteur. Que dirait monsieur DELARUE si l'on faisait une émission de télévision sur les liaisons secrètes, les compromissions, les corruptions qui grouillent dans le petit monde du journalisme ? Je vous invite donc à manifester massivement votre indignation en écrivant à France 2, ou en téléphonant ou écrivant aux contacts ci-dessous :
Sandra au 01 53 84 33 27 ou par mail sgribe@reservoir-prod.fr ou Sabrina au 01 53 84 33 95 ou par mail sguedj@reservoir-prod.fr.
Et puis il s'agit de se poser les bonnes questions. Pourquoi monsieur DELARUE veut-il traiter ces sujets ? Pour faire de l'audience ? Pour faire du mal à une église qu'il déteste ? Pour se faire mousser ? Quel bénéfice entend-il tirer pour la chaîne qui l'emploie ? N'y-a-t-il pas des sujets plus intéressants sur les prêtres ? Sur ceux qui se dévouent pour les pauvres, vivent librement et joyeusement leur célibat (ce qui ne signifie pas sans combat), se battent pour la justice. Il y en a des dizaines qui travaillent dans l'ombre pour glorifier avec constance et amour le nom de leur Maître? Nous le savons, le bien ne fait pas de bruit ; le mal hurle, vocifère et vomit.
J'aurais encore compris que l'on traite des difficultés rencontrées par les prêtres contemporains pour vivre de manière équilibrée leur sexualité dans un monde hyperérotisé, un monde dans lequel cette fonction si belle a perdu toute signification humanisante.
Monsieur DELARUE, oui, le bien ne fait pas de bruit ; le bruit ne fait pas de bien. Vous devez être en délicatesse avec vous-même pour ne pas rougir de nourrir un tel projet. Et pourtant, vous avez été pensé et voulu par le Créateur qui veut autre chose pour vous. On vous le demande fermement : renoncez à ce sujet. Nous saurons, en tant que chrétiens engagés, faire savoir publiquement notre désapprobation si vous persistez. Et si vous êtes baptisés, je remplis envers vous le devoir qui m'impose l'Ecriture, celui de vous faire prendre conscience de votre péché, et de vous amener à la repentance, pour votre salut. C'est en vérité ce que je pense.

samedi 20 juin 2009

Relâche toujours

Je m'absente jusqu'au 28 juin et prie mes lecteurs habituels d'excuser cette interruption momentanée des billets.

Le poisson pourrit toujours par la tête

Le Point (du 11 juin) et L'Express (N°3024) offrent à leurs lecteurs deux exemples typiques du fonctionnement cérébral des prétendues (ou soi-disant) élites contemporaines. Peu importe qu'elles aient pour noms Jacques ATTALI ou Bernard-Henri LEVY. Chacun s'accorde à reconnaître aux deux essayistes une brillante intelligence et une plume de qualité. Qu'en ont-ils fait ? Ce que le siècle, le monde, la gloire et la vanité ont commandé. Terrible aveu du côté transitoire, hexagonal, parisien, germanopratin de nos célébrités.
Vous croyez que la fonction de l'art est de célébrer le Beau ? Il n'en est rien déclare BHL qui glose avec brio sur les oeuvres d'art contemporain exposées par François PINAULT en son Palais-Entrepôt-Musée de Venise.
Sont-elles belles, au moins ? se demande-t-il. La mission de l'art n'est-elle pas d'embellir le monde - et ces [...] dents de géants sculptées par Richard HUGUES et posées à même le sol, en vis-à-vis des TWOMBLY, contribuent-[elles] à cet embellissement ? Non, de nouveau. Pas non plus. [Et voilà le clou de la pensée de BHL sur l'art. Tenez-vous bien, car l'opinion du philosophe est pour le moins originale.] Car c'est une pauvre idée de l'art que de le réduire à une esthétique. C'est une idée tardive, basse époque, décadente. C'est une idée de ceux qui ne l'aiment pas, ou qui s'en méfient, ou qui en ont peur, ou qui rêvent de le bannir à la périphérie de la Cité (retenez-ceci ; c'est très utile pour la deuxième partie). Et c'est l'autre vertu de cet accrochage de nous rappeler que l'art, quand il est grand, n'est jamais seulement ni forcément beau - que sa vocation est, non décorative, mais métaphysique.
PRAXITELE et ses sculptures superbes, Simone MARTINI et son "Annonciation", Léonard et son "Adoration des Mages", REMBRANDT et "Les pélerins d'Emmaüs" ou son "Fils prodigue", CHARDIN et ses natures mortes, les antiques bronziers Chinois et leurs vases rituels, les mosaïstes de ZEUGMA ou de POMPEI, faisaient de la métaphysique. Ils ne cherchaient pas d'abord le Beau. C'est du moins l'idée de BHL. Voilà bien une idée stupide. Certes, et je l'admets volontiers, derrière l'aspect décoratif d'une oeuvre, il y a du sens, et du sens voulu par l'artiste qui cherche à émouvoir ou à transmettre. Mais prétendre qu'une oeuvre d'art n'a pas besoin d'être belle pour être de l'art, voilà qui dépasse l'entendement des gens simples et sains d'esprit. En réalité BHL ne regarde pas les oeuvres. Il regarde en son cerveau un système d'idées et il cherche si ce qu'il voit correspond à celui-ci. Nicolas de STAEL ou MANESSIER sont de grands peintres non parce qu'ils ont fait de la métaphysique, mais parce qu'en travaillant les couleurs, la composition, la matière de leurs peintures, en agençant savamment les surfaces colorées, et quand bien même leurs oeuvres sont abstraites, ils ont, par la beauté et par elle-seule, élevé nos âmes vers Dieu. Je ne vois rien dans les dernières oeuvres de PICASSO qui puissent s'y mesurer.
Monsieur Jacques ATTALI prend ses désirs pour la réalité, et désire sans aucun doute nous entraîner sur une voie éclairée non point par des lanternes mais par des vessies. Selon lui, les quartiers défavorisés abritent une grande part de la vitalité française. Il paraît en effet que toutes les études établissent qu'une part importante de la musique, de la littérature et de la peinture d'aujourd'hui (et pas seulement l'art des rues) trouve sa source dans les banlieues. Même l'essentiel des mots nouveaux, en France, en est issu. [...] L'énergie que mettent ces jeunes à réussir leurs études est sans égale. [...] Ils portent une créativité exceptionnelle en matière scientifique et technique.
J'admets volontiers, pour le vocabulaire, que rebeu, meuf, keufs ou rap viennent des banlieues. Je ne suis point certain que ces nouveautés linguistiques correspondent à l'idée que VAUGELAS se faisait de notre langue. Je ne sais de quelles études monsieur ATTALI veut parler qui attribuent aux banlieues la part majeure de la créativité artistique en France. Peut-être de BHL qui la déplorerait car cantonnée hors des murs de la Cité ? La vérité est qu'en focalisant son attention sur les banlieues et leurs habitants, monsieur ATTALI en fait une catégorie à part. Il en pointe, sans le dire, l'origine étrangère, africaine, maghrébine, asiatique, et il la monte en épingle. Mon expérience d'enseignant me montre qu'il n'y a pas de différence dans les aptitudes des étudiants, quelle que soit leur origine. Et c'est rabaisser bien bas les jeunes des banlieues que de les caresser dans le sens du poil en prêtant à leur "communauté" des qualités purement imaginaires ou supérieures à celles d'autres "communautés" auxquelles ils seraient incapables de s'identifier. Ils le peuvent. Et c'est tant mieux. J'ai pu le vérifier dans les dernières années de ma vie universitaire. J'ai donné bénévolement des cours de Biologie Générale à des jeunes gens et jeunes filles qui désiraient rentrer à l'Université sans avoir le Baccalauréat, grâce au Diplôme d'Accès aux Etudes Universitaires. Ils venaient en majorité de banlieues dites sensibles, et nombre d'entre eux appartenaient à ces pseudo-isolats glorifiés par monsieur ATTALI. Je les ai profondément aimés mais je ne les ai jamais considérés différemment de mes étudiants ordinaires. Ils ont eu droit aux mêmes exigences, et j'ai volontairement élevé le niveau de mon enseignement à celui d'un enseignement supérieur et non point secondaire. Mon expérience va exactement à l'encontre des opinions de monsieur ATTALI. Ces jeunes veulent être reconnus comme le sont leurs pairs de la ville ou de la campagne. Ils n'ont pas perdu le sens de l'universel.
BHL et monsieur ATTALI, en publiant ces articles, commettent une mauvaise action, le premier contre le génie artistique propre à sa patrie, le second en détruisant subtilement l'universalité du statut d'être humain. Le premier attaque l'ipséité, le second la mêmeté.
Le poisson pourrit toujours par la tête. Triste exemple que l'opinion de ces élites.

vendredi 19 juin 2009

Quadrature du cercle

J'ai écouté avec beaucoup d'intérêt l'émission d'Yves CALVI, "Mots croisés", consacrée aux conséquences des élections européennes. Les grands vaincus, à savoir les socialistes et les centristes d'opposition, avaient beau souligner que plus de 70 % des électeurs avaient voté pour un autre parti que l'UMP, les représentants de la gauche prétendre qu'ils étaient en réalité majoritaires, je ne pouvais m'empêcher de penser que quelque chose sonnait faux dans leur raisonnement.
Un politologue expliquait - ce qui me semble donner la clé de compréhension des résultats - que le PS avait épuisé les propositions de la sociale-démocratie, reprises à leur compte et depuis longtemps par les partis de gauche comme de droite (assurance maladie, assurance chômage, minima sociaux, congés payés, droit à la formation continue, bourses d'études, allocations familiales, RMI, RSA, CMU, etc.) ; selon moi, le PS n'a aucune proposition concrète à offrir aux français, sauf à choisir le marxisme, pas franchi par Jean-Luc MELANCHON.
Le PS peut le faire. Mais s'il est fidèle aux idées de MARX, il ne peut que se heurter aux écologistes qu'il annexe avec une certaine naïveté. Voici pourquoi.
Dans l'ouvrage que j'ai souvent cité dans mes billets, Simone WEIL explique "qu'entre une économie primitive et les formes économiques plus développées, il n'y a pas seulement une différence de degré, mais aussi de nature. Et en effet, si, du point de vue de la consommation, il n'y a que passage à un peu plus de bien-être, la production, qui est le facteur décisif, se transforme, elle, dans son essence. Cette transformation consiste à première vue en un affranchissement progressif à l'égard de la nature. Et d'expliquer qu'au lieu d'être harcelé par la nature, l'homme, dans les nouvelles conditions de production (machinisme, haut degré de technologie), est désormais harcelé par l'homme. En d'autres termes, augmenter le bien-être de l'homme en favorisant la consommation par l'amélioration de la production conduit à deux impasses : une séparation toujours plus grande entre ceux qui conçoivent et ceux qui exécutent - raison essentielle de l'aliénation sociale des salariés, et pas seulement des ouvriers, et d'autre part à un épuisement des ressources naturelles. Là où MARX promeut la production et la supposée libération de l'homme par une modification des conditions de la production, les écologistes, eux, appellent de leur voeux la décroissance, c'est-à-dire un genre de vie plus simple, plus ascétique, plus proche de la nature, plus respectueux de l'environnement. Il y a une antinomie foncière entre ces deux conceptions de la vie humaine, et si les responsables politiques du PS et de l'écologie politique sont intellectuellement intègres, ils ne peuvent que constater les aspects irréconciliables de leurs analyses.
D'où vient alors l'impression que les écologistes sont "à gauche", alors qu'en réalité, ils aspirent à un retour à des formes plus simples de production, des formes qualifiables "de droite" (artisanat, petites unités de production, agriculture biologique, refus de certaines innovations techniques) ? De mon point de vue, cette impression vient de leurs opinions positives sur les réformes sociétales que proposent certains responsables du PS : mariage homosexuel, mère porteuse, atomisation du droit de la famille, etc. En somme le PS, pour revenir au pouvoir en compagnie des écologistes, ne peut compter que sur les innovations sociétales dont il est si friand ; les socialistes n'imposeront pas aux écologistes leurs vues sur la production et la consommation. Il leur faudra donc choisir. Poursuivre dans la voie sociale-démocrate qui les conduit normalement à participer au gouvernement en compagnie de "la droite", ou s'allier aux écologistes, en acceptant l'idée de la décroissance. En aucun cas, rallier les vues marxistes (qui n'ont rien à voir avec le capitalisme vilipendé par le facteur et la timbrée) qui conduisent à la pollution, à la surexploitation des ressources de la planète, et finalement à la mort de l'humanité.

jeudi 18 juin 2009

Une vérité réalisée

Dans un récent billet, je parlais de ces résistants de l'intérieur qui sont la gloire de l'Église. En voici un dont j'ai connu la vie, grâce à un livre que m'a envoyé un ami de Strasbourg. Il était religieux, carme déchaux très exactement. Ses supérieurs l'envoient, avant la deuxième guerre mondiale, en 1934, à AVON ; on le charge d'y fonder un Collège. Il le fait. Le Collège est fermé en 1939 à cause de la guerre. Le Père Lucien BUNEL est fait prisonnier en juin 1940, et, en raison de son statut de religieux, libéré et démobilisé en novembre 1940. Révolté par l'occupation allemande et par les mesures antisémites, il entre dans un réseau de résistance, et il cache trois enfants juifs dans son établissement. Hélas, il est dénoncé et, le 15 janvier 1944, il est arrêté ainsi que ses trois protégés. Du 29 mars 1944 au 21 avril, il est interné au camp de représailles de NEUE BREME, puis envoyé au camp de concentration de MAUTHAUSEN jusqu'en mai 1944, et de mai 1944 au 28 avril 1945, au camp de concentration de GUSEN I. Il retourne à MAUTHAUSEN fin avril 1945. le camp est libéré par les américains le 5 mai 1945. Le Père BUNEL meurt des suites des mauvais traitements et tortures subis dans les camps de concentration à LINZ, en AUTRICHE, le 2 juin 1945.
Ses compagnons de misère communistes lui rendront un vibrant hommage posthume. Il aura en effet réconforté tous ceux qui se confiaient à lui, donné son pain à ses camarades affamés, enseigné, confessé, encouragé. Il aura pu célébrer trois fois la messe, pendant son affreuse captivité. Dans cette atmosphère de mort, dans ce camp où régnait ce qui nous apparaît comme le mal absolu, le Père Jacques de Jésus aura résisté.
Le 9 juin 1985, l'Etat d'Israël décerne la médaille des Justes au Père BUNEL. Et c'est sa vie que raconte Louis MALLE dans un film que je vous recommande "Au revoir les enfants !". Ce sont en effet les dernières paroles que le Père Jacques de Jésus a dites à ses élèves du Collège d'AVON.

Connaissez-vous l'annotation que l'on a retrouvée en marge de l'Evangile de Jean, dans le Novum Testamentum Latine que lisait le Père Jacques ? Je vais vous le dire ; c'est d'une rare puissance, et cela vaut pour tout homme de bonne volonté : Une bonne action n'est qu'une vérité réalisée.

Les raspes du Tarn

Vous le trouverez au bout d'un chemin vicinal. C'est un hameau où vivent en permanence quatre ménages ; un cinquième y vient régulièrement y passer les vacances. Le BOSC est allongé sur l'ensellement d'une crête qui joint deux puechs. Il donne d'un côté sur les "Raspes" du Tarn et de l'autre sur le pays de SAINT-AFFRIQUE. De ce côté là, la vue se perd au loin et rejoint une succession d'ondulations molles, qui se terminent sur l'Albigeois. Du côté des "Raspes", ce ne sont qu'à-pics vertigineux, falaises de granit ou de schistes, où s'accrochent des châtaigners ; il en existe plus de deux cents variétés dans le pays. MELVIEU, dont dépend Le BOSC est un village aveyronnais délicieux. La mairie de SAINT-VICTOR et MELVIEU, très intelligemment, y a racheté nombre de maisons presque abandonnées, les a restaurées, merveilleusement, et les loue à des prix modiques, soit aux habitants de la commune, soit à des amoureux de la nature. Il faut entendre les gens de MELVIEU parler, avec leur merveilleux accent aveyronnais (accent pour nous ; pour eux c'est nous qui parlons pointu), celui de la langue d'oc, légèrement rocailleux. A MELVIEU, on prend le temps de se saluer, d'échanger, de vanter ses tomates ou de repiquer son basilic tout en papotant avec le passant. Ces gens sont délicieux, et il me vient à l'idée que les citadins ne cessent de courir, tout excités, après un bonheur qui est à la portée de leur main, mais qui suppose une déprise.
Si seulement...
C'est de là que je reviens après cinq jours de partage avec des amis très chers. Nous avons refait le monde avec gentillesse, goûté à l'unisson la beauté du crépuscule, cueilli des girolles (qui abondent en certains coins que j'ai juré de tenir secrets ; nous en avons ramené près d'un kilo en une heure de cueillette), comparé les qualités respectives d'un vin de MARCILLAC et d'un côte de MILLAU, et par dessus tout éprouvé la solidité des moeurs paysannes, la fermeté de caractère des éleveurs de brebis, la conscience professionnelle des artisans ou des commerçants, la solidarité qui unit les hommes, tout homme, confrontés là-bas à une nature parcimonieuse qui ne donne largement qu'après avoir été largement sollicitée par un travail acharné.
Ne manquez pas d'aller voir les "Raspes" du Tarn.

jeudi 11 juin 2009

Relâche, encore

Je m'absente jusqu'au 17 juin inclus. Reprise des billets le 18

In memoriam

Je me reproche amèrement de n'avoir pas évoqué le massacre des étudiants de le place TIENANMEN, dont nous évoquions avec tristesse et indignation le vingtième anniversaire, au 4 juin 2009. Voici ce que dit l'Agence Chine nouvelle, en date du 29 juin 1989 sur l'atmosphère qui règne dans les Universités, après l'effroyable répression qui a vu périr sous les balles de l'Armée prétendue Populaire et de Libération :
Environ un étudiants sur trois garde un silence qui en dit long. Après le 4 juin, toutes les Universités ont exigé de leurs étudiants qu'ils mènent une réflexion critique sur leur rôle dans le mouvement des deux derniers mois. De nombreux étudiants restent complètement butés et n'acceptent de discuter que de certaines propositions concrètes. Lorsqu'on parle avec eux de la manière dont on pourrait les aider à réformer leur pensée, ils gardent le silence. "Je ne sais pas" devient la réponse à toute question, et le silence le bouclier contre toute flèche. Lorsque les cours d'éducation politique ont été rétablis, certains étudiants ont collé des affiches dans leurs dortoirs et leurs salles de cours sur lesquelles était écrit : "Le silence est d'or". Certes, le calme est revenu dans les Universités, mais il y règne désormais un silence de mort. Lorsque le silence se brise, les étudiants évitent de parler politique. Ils ne s'intéressent plus à la situation du pays et se réfugient dans des histoires d'amour, de mah-jong ou d'autres passe-temps.
L'intérêt de ce texte vient de son origine, l'Agence Chine Nouvelle, que l'on pourrait appeler la Voix de son Maître.
L'apathie, le désintérêt pour la chose publique, le vide spirituel et moral, le développement de la corruption ont suivi ces moments où la jeunesse chinoise a cru qu'elle pourrait changer quelque chose à la conduite des affaires du pays par une clique d'illuminés, de fous de pouvoir, d'individus dépourvus de toute pitié. Pensons à ces jeunes qui ont laissé leur vie dans cette lutte inégale ; ils étaient probablement près de 3.000, pensons à ceux qui ont survécu à la boucherie et ont laissé une part d'eux-même, la plus pure, la plus enthousiaste dans cette terrible aventure. N'oublions jamais que c'est DENG XIAOPING qui a ordonné la répression, l'instauration de la loi martiale, et la promotion des officiers généraux qui ont commandé les tirs des chars et des fusils d'assaut, (dont ZHANG GONG, GUI HUI, ZHU DUNFA et ZHOU YUSHU). N'oublions jamais les noms de ces bourreaux.

Remède de cheval ou pilule pour alouette

Les responsables du PS ont-ils pris la mesure du désaveu que le corps électoral a infligé à leur parti ? Il ne le semble pas à voir les décisions prises à l'issu du Conseil National tenu mardi à Paris. Voyez plutôt : pour se concilier madame ROYAL, on la propulsera à la Vice-présidence de l'Internationale socialiste, monsieur HAMON, en dépit de son échec, est maintenu porte-parole. On va ouvrir davantage les instances gouvernantes du PS aux amis de madame ROYAL. Il faut en effet que les strauss-kahniens, fabiusiens, jospinistes, hollandophiles, montebourgeois, delanoïstes, moscovicistes, et autres travaillent d'un seul coeur pour que les choses s'améliorent au PS.
Tout cela est pitoyable.
Le PS doit faire des propositions concrètes. Voici une liste (non exhaustive) des questions auxquelles il doit donner réponse
Est-il pour l'instauration d'une taxe carbone frappant les énergies polluantes ; si oui, à quel taux, et quelles énergies visées ?
Est-il pour le développement d'un machinisme industriel géant - modèle productiviste marxiste - ou au contraire pour la promotion d'un artisanat multiforme et foisonnant.
Est-il pour la rentrée de la Turquie dans l'Union Européenne, et si oui, à quelles conditions ?
Est-il pour la réintroduction des droits de succession, et la suppression des avantages fiscaux liés aux emprunts afférents à l'achat d'un logement principal ?
Est-il pour la suppression du service minimum dans les transports ?
Est-il pour le développement de mode de transport alternatif, comme le ferroutage (qui impliquerait sans doute la construction de nouvelles lignes de chemin de fer) ou le transport par voie d'eau (auquel les écologistes, alliés potentiels mais putatifs, ne sont pas toujours favorables : voir la suppression du projet "grand canal Rhin-Rhône", prise sous leur pression).
Est-il pour une régulation de l'immigration, et si oui à quelles conditions, et quels crédits compte-t-il mettre pour favoriser l'intégration des immigrés ?
Est-il favorable à une responsabilisation des citoyens en matière de dépenses de santé ? Si oui, quelles mesures compte-t-il prendre. Si non, pourquoi (pas de réponse sous forme de "la solidarité doit jouer" s'il vous plaît ; dites-comment vous allez combler le déficit de la sécurité sociale sans offenser l'avenir de nos enfants).
Comment compte-t-il, dans le contexte actuel de crise, assurer l'augmentation du pouvoir d'achat et la création d'emplois ?
Est-il pour que l'Europe édicte des règles de protection de son commerce contre les pratiques de dumping ou d'exploitation des enfants, largement exercées par des pays comme la Chine, voire l'Inde et d'autres pays émergents ?
Est-il pour l'aide au développement des pays pauvres, notamment africains, et si oui, quelle proportion du PIB compte-t-il mettre dans cette action ?
Est-il pour les mères porteuses, le clonage thérapeutique, la vente de gamètes (sperme et ovocytes) ?
Etc.
On n'en finirait pas d'énoncer les questions auxquelles le PS ne répond pas.
Tout ce qu'il sait faire, c'est se réjouir de voir une mesure de la Loi dite HADOPI sanctionnée par le Conseil Constitutionnel (à juste titre du reste). Mais sur ce point, qu'il prenne garde et le Conseil avec. Refuser à une administration de sanctionner une contravention ou un délit est tout à fait juste. Mais c'est bien un droit que l'on accorde à l'administration fiscale et aux douanes. Le jour où les citoyens refuseront d'être pigeonnés par les dites administrations, il y aura du rififi dans les chaumières ministérielles.
Bref, le Conseil National n'offre à ses militants, pour soigner sa langueur, que des pilules pour alouette, certainement pas un remède de cheval.

mercredi 10 juin 2009

Philosophe mais pas trop

Je viens d'achever la lecture du livre de Frédéric LENOIR, Le Christ philosophe. Autant j'ai aimé les premiers chapitres de cet ouvrage, ceux qui portent sur le contenu du message de Jésus, autant je reste très réservé sur ceux qui racontent l'histoire de l'Eglise.
J'aurais aimé que Frédéric LENOIR dise plus clairement d'où il parle ; si c'est au nom de l'opinion contemporaine, alors je comprends que son analyse soit conforme à ce que l'opinion commune dit de l'Eglise ; si c'est en tant que chrétien, alors il y a des choses à redire. Et non point par souci apologétique, mais au nom de l'intégrité intellectuelle. Attention, il n'est pas question ici de mettre en cause celle de l'auteur. Elle est totale, et j'aime le ton de liberté qui l'accompagne. Mais l'analyse qu'il fait de l'opinion commune contemporaine est insuffisamment critique.
Je passe sur quelques erreurs ou approximation. Il me semble que la question de fond n'est pas là.
Deux questions essentielles et même trois, se posent à moi.
La première porte sur la mutation de l'Église pré-constantinienne, objet de cruelles persécutions, à l'Église post-constantinienne. Il me semble que LENOIR confond deux plans ou en tout cas ne les distingue pas assez : le plan théologique et le plan socio-économique. Le premier concerne en effet une apparente mutation théologique, ou plutôt une évolution de la théologie chrétienne. Le cardinal NEWMAN dans son travail sur le Développement a rendu justice à l'Église. Il n'y a pas contradiction, mais développement d'un donné inclus dans le message évangélique. Il me semble que l'on peut tous être d'accord sur ce point. Le second porte sur la mutation du statut social de l'Église, sur son passage de société persécutée à société dominante, que LENOIR assimile trop vite à une société dominatrice. Certes, elle nous paraît ainsi aujourd'hui. Mais la question n'est pas de savoir ce qu'elle nous paraît avoir été. La question porte sur la conscience qu'avaient les responsables d'être ou non évangéliques.
D'où la deuxième question. Les responsables ecclésiaux antiques, médiévaux ou modernes, avaient-ils les outils intellectuels que nous ont façonnés les sciences sociales contemporaines (sociologie, psychologie, économie), pour porter un jugement éclairé sur les motivations de leurs décisions ? Ce que nous jugeons inadmissible pour une conscience contemporaine ne l'était sans doute pas pour une conscience antique ou médiévale. Et en particulier, la volonté de puissance, la soif de pouvoir pour le pouvoir - qui était peut-être le mobile profond des décisions cléricales - étaient sans doute occultées dans l'esprit des évêques ou des papes qui pensaient vouloir le bien de leurs ouailles. Mais LENOIR en expliquant comment le message de Jésus a été laïcisé rend partiellement compte de cette incapacité à comprendre la radicale nouveauté de message de Jésus.
Et enfin la troisième question qui me paraît essentielle. De tous temps, il y a eu au sein de l'Église même, des voix qui se sont élevées contre les abus ou les dérives. La grande voix de Paul de TARSE oblige Pierre à reconsidérer sa position sur l'accueil des incirconcis dans l'Église. Vous voyez que la contestation interne vient de loin. Un jugement objectif et l'exigence méthodologique de l'histoire, doit nous contraindre à étudier les réactions des chrétiens à ce qui leur semblait être anti-évangélique. Je ne parle pas ici des hérétiques, des illuminés de tous poils, des gnostiques. Je veux parler de l'innombrable cortège des saints - moines, évêques, laïcs, rois - qui ont mis en accord leurs actes et leur paroles. Chaque époque a suscité ces résistants de l'intérieur. Et il me semble intellectuellement honnête de conclure que sans leur existence humble et donnée, il n'y aurait plus d'Église du tout.
Ainsi, le Christ a peut-être inspiré des philosophies, on peut le considérer - quand on ne désire pas rentrer dans le mystère de sa personne - comme un philosophe, mais pas trop.

mardi 9 juin 2009

La loi, la morale et le surmoi

Un économiste renommé, Marc de SCITIVAUX, va publier dans la collection "A dire vrai", chez Larousse, un essai intitulé Le père de famille, le trader et l'expert. Je n'ai pas encore lu cet ouvrage, et pour cause, puisqu'il sera en vente le 17 juin, mais L'Express en donne sommairement l'argument (je cite) : Seul le comportement individuel, et non des règles collectives, peut protéger contre les emballements.
Le constat s'applique aux responsables des opérations boursières et financières, pour autant que je puisse en juger. C'est, de mon point de vue, exact mais limité. Il est clair qu'il s'applique à tous les domaines de la vie sociale, de la vie dans l'espace public, lieu spécifique du politique, et qu'il s'applique à chacun d'entre nous. Le nouveau, ici, est l'appel qu'un économiste fait à la personne.
Pour vivre en société, à l'abri de la violence et des désordres, l'homme a besoin de règles, c'est une évidence. D'où viennent ces règles ? Qui a posé les lois ? Comment ont-elles fait leur apparition dans la sociétés des hommes ? Nous n'avons pas attendu la Convention et ses crimes, en France, pour placer la loi au centre de la vie politique. Selon moi, les lois ont été progressivement et empiriquement élaborées par un examen des expériences de la vie sociale, et par la nécessité de contenir les violences qui font périodiquement irruption dans les communautés humaines. Il me semble clair que la loi est née d'abord d'une réflexion morale laquelle entendait projeter dans l'espace public ce que la conscience éclairée des responsables politiques avait conclu de l'examen des expériences collectives. Initialement, il me semble que la loi avait l'accord unanime des membres de la communauté à laquelle elle s'appliquait, et qu'elle n'avait pas le caractère contraignant qu'elle a acquis, notamment depuis les Lumières et la Révolution,
Déjà, en 1561, le Chancelier Michel de l'Hospital s'adressait au Parlement de Paris en ces termes : Les magistrats ne doivent point se laisser intimider par le courroux passager des souverains, ni par la crainte des disgrâces ; mais avoir toujours présent le serment d'obéir aux ordonnances, qui sont les vrais commandements des Rois.
Par "ordonnances", le Chancelier entendait "Les règles immémoriales fondant la vie sociale des Français".
De même, Louis XIV reconnaît au Parlement un droit de libre vérification, et ordonne à ses magistrats de lui désobéir, sous peine de désobéissance, s'il leur adressait des commandements contraires à la loi.
Il me semble évident que le fondement de la Loi fut d'abord la Morale, c'est à dire cet art de vivre qui permet de donner une réponse à la seule question qui vaille pour l'homme : Que dois-je faire ?
Les Lumières, puis la Révolution, ont entendu substituer à la conscience individuelle, la seule dont nous ayons vraiment l'expérience, l'abstraction d'une loi censée représentée la volonté du peuple, laquelle est non moins censée être représentée par l'opinion de la majorité des citoyens. De là, selon les aléas des majorités, les fluctuations des Lois qui reposent sur l'opportunisme du moment et des alliances politiques, et non sur une solide conception du bien et du moins bien.
Papa FREUD est venu encore brouiller davantage l'image que nous pouvions avoir de la vie morale, en attribuant au surmoi et au refoulement, toutes les comportements librement acceptés qu'elle impose au sujet.
Et voilà comment on est passé d'une adhésion à des règles vécues comme nécessaires au bien vivre ensemble, à un ensemble de contraintes légales qui nous ligotent de toute part et nous évite la réflexion de choisir dans nos comportements ceux qui sont adaptés au vivre ensemble et ceux qui ne le sont pas. J'attribue le succès des Écologistes aux Élections européennes à l'appel que les responsables de ce mouvement ont fait à la conscience individuelle des citoyens, et à l'affirmation qu'il est possible de changer le cours des choses par un changement des modes de vie de chacun d'entre nous.
Ainsi, les emballements de tous genres peuvent être évités non seulement dans le domaine de la finance, mais dans tous les domaines de la vie publique.

lundi 8 juin 2009

Qui es-tu homme ?

"Qui es-tu, homme jeté dans l'existence sans l'avoir su ou voulu ? Être connaissant et conscient de sa conscience. Être voué à la mort et capable de le savoir : aussi impuissant à concevoir son propre anéantissement qu'à penser son commencement, le commencement de sa conscience ; aussi incapable de concevoir son éternité que de penser, autrement que dans l'abstrait, qu'il aurait pu ne pas être ?
Qui es-tu, homme solitaire, pressé, bousculé de toutes parts et même du dedans par tant d'autres qui ne sont pas moins que toi des séparés, inaccessibles ; homme voué par toutes ses fibres à la communication, à la communion, et qui ne peut le faire que pour et par des vétilles, sans jamais atteindre le niveau propre de ton humanité ?
Qui es-tu, homme unique, impossible sans la multitude des foules humaines répandues dans l'espace et le temps, tellement unique qu'aucun autre que toi, même s'il savait le vouloir, ne pourrait être ce que tu es ; homme dont l'histoire est si singulière au milieu de la multitude des histoires humaines qu'elle se perpétuera, ou périra, avec toi à jamais ?"
Oui, qui es-tu, homme. Qui es-tu Jean, et toi Marc, et toi Julien de cette nuit profonde, noire qui était en train d'accoucher d'un monde inouï ? Qui es-tu XYLOGLOSSE envers qui je ne suis point très tendre, et toi Martine, et toi François ? Oui qui sommes-nous dans notre irréductible singularité pour mépriser ou négliger le moindre des humains qui croisent notre route. Je ne pensais pas, lisant ce matin Travail de la foi de cet homme extraordinaire qu'est Marcel LEGAUT, trouver dans ces questions, le récapitulatif de mes propres interrogations, de ma propre recherche, et une incitation impérieuse à mieux prendre en compte la parole de l'autre, en sachant toutefois que nous ne pouvons communiquer et communier les uns avec les autres, que "pour et par des vétilles" tant l'autre est un mystère.

Soirée électorale

J'ai écouté avec attention avec attention les débats organisés par France 2 à l'occasion des Élections Européennes et les déclarations des responsables politiques. Celle de François BAYROU était très digne ; il paye une opposition hystérique au Président de la république et les propos déplacés qu'il a tenu à l'encontre de monsieur COHN-BENDIT lors du débat qui l'a opposé à lui. Ce n'était ni le moment ni le lieu, quand bien même le meneur d'Europe Ecologie a exprimé dans un livre une opinion fort contestable. Martine AUBRY, j'ai le regret de le dire, a été pitoyable. Il a fallu attendre la fin de sa déclaration pour entendre une petite remise en cause des pratiques et de la gouvernance du PS ; les propos qu'elle a d'abord tenus m'ont paru surréalistes, décalés, imbibés d'idéologie. La palme, toutefois, revient à XYLOGLOSSE, je veux dire Arnaud MONTEBOURG. Un sondage à chaud, réalisé par France 2, indique qu'une majorité de sondés désire que le PS se rapproche du MoDem. Il n'en veut rien savoir. Et savez-vous l'argument qu'il utilise ? Je vais vous le dire : en Bourgogne, le meneur du MoDem est aussi responsable du MEDEF, alors XYLOGLOSSE a des doutes. Mais qu'est-ce que cela signifie ? XYLOGLOSSE ne conteste pas les idées, les propositions de ce responsable du MoDem. Non ! Il n'en parle pas. Il lui reproche d'être au MEDEF. Donc c'est un ennemi. Il ne peut être question de discuter avec lui. Un homme intelligent, dépourvu de la méfiance qui imprègne la conscience des médiocres, aurait profité de l'occasion pour dire : "Discutons avec ce monsieur, faisons-lui des propositions, voyons s'il est en mesure de faire avancer les choses dans la direction que nous croyons utile et bonne pour les Français, pour l'Europe, et pour le monde. Non point ! Il est au MEDEF ! Pouah !" Il s'agit là, très exactement, d'une position idéologique, tyrannique et dictatoriale qui augure de ce que serait la manière de gouverner de XYLOGLOSSE si par un extraordinaire et très improbable hasard il lui arrivait d'être au pouvoir. XYLOGLOSSE est un élément très important de la victoire de la majorité.
La France a besoin d'unité, de respect des diversités, de dialogue, de compromis réciproques. Car comme le disait LANZA del VASTO : "La beauté du compromis, c'est que quelque chose soit fait." Or XYLOGLOSSE ne veut pas faire. Il veut régner.

Rencontres nocturnes

Je rentre donc de Strasbourg, ville si chère à mon coeur. La Communauté de Saint-Nicolas (Renouveau charismatique luthérien) et celle du Puits de Jacob (Renouveau charismatique catholique) y organisaient pour la cinquième année consécutive les "24 heures de Vie". Pendant plus d'une journée, les membres de ces deux communautés soeurs prient, évangélisent, chantent, déjeunent ou dinent ensemble et tous les strasbourgeois sont invités aux manifestations organisées par elles à leur intention : concerts, forum de discussion animation pour les enfants, adoration, etc.
On m'avait chargé de conduire avec Merry, de la Communauté saint-Nicolas, la marche de nuit. Il s'agit de marcher silencieusement dans la ville, de s'arrêter devant tel bâtiment (Hôpital, Conseil Général, ENA, Hôtels, Banques, Opéra, Eglises, Gare, Ecoles et Lycées, etc.) et de prier pour ceux qui y travaillent. Nous portons des flambeaux. En général, une quarantaine de personnes participent à cette marche insolite, qui se déroule entre une heure et trois heures du matin.
Quelques voitures, remplies de jeunes, doublent le cortège en klaxonnant. Leurs occupants crient parfois "alleluia". Tous, par ces diverses démonstrations, semblent vouloir attirer sur eux l'attention. Comment ne pas les porter dans notre remerciement pour le don de la vie ? Nous croisons beaucoup de jeunes gens et jeunes filles qui se disent musulmans. Quel accueil, quelle écoute, quel respect de leur part : ces jeunes admirent les priants ; et qu'on puisse les inclure, en tant que chrétiens, dans notre prière est pour eux un choc ; l'un d'eux nous dit, en mettant la main sur son coeur : "ça fait chaud au coeur".
Nous croisons Jenny qui roule à bicyclette sur le trottoir, en face du Lycée Jean Sturm, établissement strasbourgeois célèbre pour la qualité de son enseignement. Jenny est stupéfié de voir tant de monde et ne cesse de répéter : "Vous êtes nombreux ! Mais vous êtes très nombreux". Il demande ce que nous faisons. Il est touché qu'on prie pour lui.
Que dire encore d'Alex et de Frédéric qui grille une cigarette au seuil d'un bar de nuit. Frédéric accepte de bon coeur l'Evangile de saint Jean que quelqu'un lui propose. Il le lira, dit-il. Nous arrivons Place Kléber. Là, trois hommes, un jeune et deux plus âgés, passent paisiblement, nous regardent, intrigués : des marcheurs silencieux qui portent des flambeaux attirent le regard et l'attention. Mêmes questions. Quand nous répondons que nous prions pour la ville, le plus âgé déclare avec un peu de virulence, qu'il est athée. "Etes-vous baptisé ?" - "Oui, mais contre mon gré ; on ne m'a pas demandé mon avis." - "Etes-vous heureux de vivre ?" - "Oui, bien sûr ; même s'il y a des hauts et des bas." - "Avez-vous demandé à vivre ?" Silence. Jean est cloué. Julien, le plus jeune déclare qu'il est athée, baptisé, mais qu'il respecte ceux qui, comme nous, ont des convictions. Marc sort un petit instrument, une sorte de flûte plate de quelques centimètres de long, en bois et nous demande de chanter avec lui "Happy day". "Cette rencontre n'est-elle pas inoubliable ?" - "Ah pour être inoubliable, dit Jean, elle l'est." Nous voilà partis dans un "Happy day" timide. Et Marc enfin demande "Allez, maintenant, à vous. Chantez quelque chose, je vous accompagne." - "Mais vous ne connaîtrez pas ce chant." - "Si, si. J'y arriverai."
Et c'est ainsi que nous avons invoqué l'Esprit Saint, l'Esprit de Feu, dans cette inoubliable nuit, à deux heure et demie du matin, Place Kléber, tous ensemble, avec Jean, Marc et Julien, dans un grand respect et la certitude que cette rencontre nous avait transformés, les uns et les autres.

mardi 2 juin 2009

Relâche

Je m'absente jusqu'au sept juin, date à laquelle je reprendrai mes billets. Je m'efforcerai de rattraper le retard.
A tous mes lecteurs, mes pensées amicales.

Crise de l'intelligence, crise de la pensée

Fourmi, dans ses commentaires à mon dernier billet, argumente de manière très serrée sur la crise de l'intelligence, et Olibrius, avec humour, me fait remarquer qu'il aime bien le foot.
Il faut absolument que je précise et ma pensée et celle de Marcel LEGAUT.
(a) En aucun cas, je n'ai voulu mépriser les amateurs de foot ou de rugby, et tous ces jeunes qui acclament leur champion quand il marque. Tout au plus, pourrais-je faire remarquer que le monde de l'argent infiltre insidieusement et indignement ce qui devrait rester une célébration de l'émulation sportive, et de la maîtrise du corps. J'habite non loin du Parc des Princes et j'ai des yeux pour voir et des oreilles pour entendre.
(b) Marcel LEGAUT n'entend pas reprendre à son compte la catégorisation entre doctes et ignorants. Toutes ses oeuvres et toute son action démontrent au contraire qu'il la déplore ; il constate que le monde idolâtre le savoir comme source de pouvoir et non comme source d'humanisation. Dans ses Lettres des Granges, il développe largement ce point de vue. Sa pensée n'est pas datée, mais prophétique et anticipatrice.
(c) Personnellement, je constate que l'enseignement supérieur, en France, est largement subdivisé entre enseignement pour les soi-disant "élites" - notez ici que je ne dis pas "prétendues", mais "soi-disant", c'est-à-dire se déclarant telles - (Grandes Ecoles, filières sélectives des Professions de Santé, Ecoles supérieures de Commerce, Ecoles d'Ingénieurs, BTS, DUT) et les autres, en gros les filières universitaires classiques.
(d) Fourmi analyse avec pertinence ce qu'elle appelle la crise de l'intelligence. Je partage tout à fait ce point de vue. Aujourd'hui, on ne pense pas, on réagit. On est incapable de prendre du recul, on vit dans l'émotion de l'instant. On croit tout savoir parce que l'on a accès à internet, mais il n'y a aucun travail personnel de synthèse ou d'assimilation des notions auxquelles on a un accès si facile, et l'on confond ce facile accès aux données, à leur compréhension profonde, notamment aux possibles relations de cause à effet, aussi bien des faits historiques, que politiques, artistiques ou techniques. Penser est une activité de l'esprit qui ne peut se déployer que dans le silence et la réflexion. Or le bruit envahit tout l'espace intérieur : téléphone portable, I-pod, Pod-cast, radio, télévision, I-phone, DVD, concerts de rock, etc. Encore une fois, il n'est pas dans mes intentions de mépriser toutes ces nouveautés, mais de souligner l'usage immodéré que l'on peut en faire, qui est suscité, créé de toutes pièces par les frénétiques de la croissance et du profit rapide, et qui est un obstacle absolu au travail de la pensée. Celle-ci se nourrit de faits, d'observations, de lectures, de confrontations aux opinions d'autrui, et non des idéologies et des programmes politiques. Penser est une activité qui prépare à l'action, et qui est très exactement le principe de notre liberté. Penser est une activité exigeante, fatigante, troublante même quand par son exercice, elle remet en cause, justement, les "idées".
Il nous faut donc, si nous croyons que penser est l'activité humanisante par excellence, ne point trop nous focaliser sur l'efficacité immédiate, la productivité, l'utilité, mais accepter une pauvreté momentanée de nos vies, pour leur permettre de porter de vrais fruits.

lundi 1 juin 2009

Histoire vécue

Elle s'appelait Caroline. Elle est morte alors qu'elle avait à peine trente ans. Elle attendait un bébé.
C'est ce que m'a raconté son mari, Issa, qui quémandait une pièce à l'entrée du métro.
Donc, j'allais chercher ma baguette quotidienne. Le boulanger que je fréquente fait un pain délicieux. On en perçoit déjà l'odeur à dix mètres de la boutique tant il est bien fait, à l'ancienne. Bienheureuse France qui héberge de tels artisans ! Personne au monde ne sait faire un pain aussi bon que chez nous, sans chauvinisme.
A la bouche du métro, un homme, sans doute d'origine nord-africaine, manifestement fait la manche. Il m'apostrophe. Apostropher, du reste, n'est pas vraiment le mot. Car il parle d'une voix plutôt basse et lasse. Il a l'air accablé.
J'avoue que je supporte de plus en plus mal ces dizaines de sollicitations qui sont faites au passant dans la rue, ou au voyageur dans le métro. Je lui réponds que je ne puis donner à tout le monde et que j'ai atteint pour le mois le quota de ce que j'ai décidé de donner. Il me dit qu'il comprend. Je ne sais pas pourquoi, mais je lui réponds tout à trac : "Attendez-moi là, je vais faire de la monnaie". Il attend.
Baguette en main, je reviens et fais ce que me dit ma conscience. Remerciement ! Et en plus un petit mot que je garde pour moi. Je lui réponds que je n'ai rien fait d'extraordinaire - car il n'y a rien d'extraordinaire - et que je m'efforce de suivre ce qu'a dit Jésus. Voici, presque mot pour mot, ce qu'il me répond :
Mais je m'appelle Jésus, Issa ! C'est le prénom que m'ont donné mes parents. Je viens de perdre ma femme, Caroline. Elle attendait un bébé. Elle est morte des suites d'un traitement inadapté à l'hôpital de X... Elle est morte en disant : "Je pense à toi mon bébé ; je vais au paradis ; je serai avec toi." (La douleur est sèche, sans larme, effroyable et poignante.)
Je suis kabyle. J'ai été baptisé par Monseigneur (il utilise en réalité le mot "Maître") LUSTIGER à la cathédrale Notre-Dame.
Issa est momentanément privé de logement, car son appartement est sous scellé. La police enquête sur la mort de sa femme.
Nous faisons un bout de chemin ensemble. Nous parlons. Il m'explique qu'il a créé une petite entreprise. Et il me dit : "Je vais pouvoir prendre un café avec ce que vous m'avez donné". Nous nous quittons sur le mot qu'il m'adresse : "Que Dieu vous garde".
Je n'ai pu m'empêcher de penser à la Parabole du jugement : "Ce que vous avez fait au plus petit d'entre les miens, c'est à moi que vous l'avez fait". J'avais rencontré Jésus.
Comprenez bien, je vous en supplie, que je ne désire pas me mettre en scène, mais simplement donner un exemple de ce qui peut advenir quand on reconnaît en l'autre son semblable, et qu'on prend la peine de l'écouter. Il y a sans doute des milliers d'Issa que nous croisons sans les voir. Peut-être pourrions-nous y faire un peu plus attention, et sans forcément donner de l'argent, leur faire le don d'une parole fraternelle.