jeudi 29 novembre 2007

France Info toujours

Voici comment on désinforme. Hier soir est de nouveau présenté à la télévision le témoin dont j'ai parlé hier. Cette fois-ci on donne sont nom, monsieur Robert WAHICKO. Il redit qu'il a vu des policiers faire des massages cardiaques aux adolescents victimes du terrible accident qui leur a coûté la vie.
Sur le site Web de France Info, figure en page de titre cette mention : "Le témoin qui réfute la thèse officielle". Et, dans l'article attaché, le témoignage de... monsieur Robert WAHICKO qui affirme que les policiers ne sont pas restés auprès des corps des adolescents et ont "même déplacé la moto". Voilà un article qui appelle deux sortes de remarques. Les une de forme, les autres de fond.
Sur la forme, il est tout de même curieux que des journalistes présentent le récit des policiers comme une "thèse", eux qui la veille présentaient comme des faits avérés leur propre récit. Il est également assez curieux de les voir accoler l'adjectif "officielle" au mot thèse. Ils laissent entendre qu'il y a des "versions" plus crédibles et que les autorités essayent de maquiller la vérité, et notamment celle du témoin que la station de radio invoque, monsieur WAHICKO. C'est ce que l'on appelle un discours connoté. Il est rempli de l'esprit du temps, de cet esprit qui empoisonne nos relations, et qui consiste à mettre systématiquement en doute la bonne foi des "autres", à rechercher dans leurs propos, par des interprétations qui fleurent une psychanalyse de pacotille, des intentions cachées. C'est le sensationnel à tout prix.
Sur le fond, je m'interroge aussi. S'agit-il du même Robert WAHICKO dans les deux cas ? S'il en est ainsi, quel est le VRAI témoignage ? Comment concilier deux versions aussi contradictoires ? Est-ce possible ? Il me semble que l'on peut donner à ces questions une réponse vraisemblable. France Info ne donne pas l'heure à laquelle monsieur WAHICKO dit avoir vu les policiers quitter les lieux. Or c'est capital. Contrairement à ce que j'avais cru, l'accident a eu lieu vers 16 h 50. Les pompiers, le SAMU, et tous les services appelés par les policiers impliqués dans l'accident - services qui notent minute par minute les appels - montrent qu'ils sont restés au moins jusqu'à 17 h 15 jusqu'à l'arrivée des pompiers. Pendant ce temps, la foule des jeunes a sans doute pu se masser, devenir menaçante ; la seule solution, les secours étant sur les lieux, était de partir pour éviter le lynchage (celui du commissaire de Villier-le-Bel a eu lieu ; or cet homme n'était pour rien dans l'accident). Enfin dernière certitude, les deux victimes ne portaient pas de casque, et ils venaient de gauche, ce qui laisse supposer qu'ils n'ont pas respecté la priorité.
Voilà un récit qui me paraît plausible, sans doute proche de la réalité et qui ne met pas en doute le double témoignage de monsieur WAHICKO non plus que sa bonne foi, mais qui soulève une question sérieuse : les journalistes de France Info sont-ils crédibles ?

mardi 27 novembre 2007

Compassion, justice et vérité

C'est une chose terrible que de perdre la vie quand on a 15 ans. Le premier sentiment qui devrait nous habiter à l'annonce de l'accident de Villiers-le-Bel est celui de la tristesse ; nous devrions aussi être remplis de compassion pour les parents des deux adolescents qui se sont tués en moto. Ils ont été d'une dignité exemplaire, en réclamant la retenue, en appelant à l'apaisement et en demandant justice et vérité.
Les média, une fois encore, ont rendu compte de ce drame avec une imprécision qui frise l'inconscience.
Certes, il est difficile d'avoir une idée claire de ce qui s'est passé. On sait au moins une chose, c'est que, contrairement à ce qui a été dit ici et là, les policiers n'ont pas pris la poudre d'escampette, bien au contraire. J'ai entendu à la télévision un témoin direct du choc, un homme d'une quarantaine d'année, d'origine étrangère, dire qu'il avait vu un policier du véhicule accidenté faire un massage cardiaque à l'une des victimes, hélas, sans succès. Il est également certain que ces pauvres jeunes circulaient sur une minimoto. J'ignore si le modèle qu'ils utilisaient était homologué ou pas, comme j'ignore si les jeunes portaient ou non un casque. Ces questions sont d'importance. Une autre chose semble sûre, et l'état du véhicule de police le prouve : le choc a été frontal, et d'une grande violence. Je ne pense pas qu'un homme de bonne foi puisse accuser les policiers d'avoir délibérément foncé sur la moto ; le comportement du policier qui a fait le massage cardiaque montre tout le contraire. Il n'est pas celui d'un raciste ou d'un enragé. En d'autres termes, avant de suggérer par une relation imprécise, tendancieuse et connotée des faits qu'il s'agit d'une bavure, les journalistes feraient mieux d'être plus prudents.
Tant que l'enquête n'aura pas établi scrupuleusement les circonstances exactes et la chronologie, des faits - il semble que l'accident ait eu lieu fort tard dans la nuit, ce qui soulève aussi des questions - nous ne pouvons que pleurer la mort de ces jeunes, nous interroger sur la dangerosité de véhicules disproportionnés, trop rapides, peu maniables, sur la nécessité de devoir faire des rondes de police régulières pour assurer le calme dans certains quartiers, et sur la folie qui saisit la civilisation occidentale quand il s'agit de la liberté "individuelle". Qu'est-ce qu'une liberté qui conduit à la mort ? Voilà une autre question de fond et qui ne concerne pas que l'usage des motos, mais aussi celui de la cigarette, de la drogue, du vagabondage sexuel, etc.
Tant pis pour les ronchons qui m'imaginent réactionnaire ou conservateur. Je revendique le droit de défendre des valeurs de conservation ce qui n'est pas le conservatisme, comme celui de défendre des valeurs de progrès, ce qui n'est pas le progressisme. Cette défense ne peut passer par la loi ; elle se fera par le retour à la pensée et à la réflexion sur le bien et le mal. Je n'ose utiliser l'expression "par le retour à la morale" de peur de n'être point compris, notamment par ceux que Bernanos appellent les imbéciles lesquels, dit-il, sont loin d'être inintelligents.

lundi 26 novembre 2007

Ressentiment

Une suroccupation très passagère a fait que je n'ai pas pu alimenter mon Blog comme je l'aurais souhaité. Je vais tâcher de rattraper le temps perdu. En commençant par une anecdote qui me paraît très significative de ce que j'appelle le ressentiment, et de l'air du temps, matérialiste, petit, envieux, dépourvu de tout sens moral.
Dans la rue où j'habite, il y a non loin de mon domicile un garage Jaguar. Tous les matins on peut voir des heureux (?) possesseurs de ces somptueuses voitures attendre l'ouverture des portes de cette clinique automobile de luxe. Comme les garages Jaguar n'abondent pas, il y a du monde. Une fois révisées, ces voitures sont garées sur la voie publique où elles occupent par-ci par-là des places de stationnement payantes, sans payer, ce qui vaut à leur propriétaire des prunes carabinées, alors que c'est le propriétaire du garage qui les gare de cette façon.
Quelle n'a pas été ma surprise de constater, hier après-midi, que toutes les Jaguars garées ainsi dans ma rue, et elles-seules, avaient été rayées sur toute la largeur de leurs deux portières avec un instrument métallique. Ni les Clio, ni les Smart, ni les voitures des autres marques n'avaient subi les outrages d'imbéciles inconnus et lâches. Ce qu'il m'importe de souligner ici est que ces voitures ont été vandalisées au motif qu'elles sont censées appartenir à des riches dont il faut sanctionner la richesse. C'est très exactement cela le ressentiment. Nous en crevons collectivement et pour certains, individuellement. Je ne connais pas l'âge et les opinions politiques des vandales impliqués, mais en revanche je lis suffisamment bien dans leur psychisme pour comprendre qu'ils meurent de jalousie. Je laisse les Jaguars (dont je ne voudrais pour rien au monde) à leurs propriétaires et les graveurs à leur conscience. J'entends l'opinion courante dire : "C'est bien fait pour eux, ils n'ont qu'à être plus discret" ou "Ils sont pleins aux as, ils ont une bonne assurance, ça ne leur coûtera pas cher de passer chez le carrossier pour réparer". C'est une autre forme de ressentiment, encore plus insidieuse et basse, car elle ne s'avoue pas à ceux qu'elle habite.
Quand cesserons-nous de regarder dans l'assiette des autres pour regarder seulement dans la nôtre ?
Allons ! Pour terminer, une petite citation de mon cher LANZA DEL VASTO, né Prince LANZA di TRABIA : "Je savais, dit-il, que tous les biens de la terre viennent à nous dès que nous nous tenons immobiles et cessons de courir après les reflets du désir. Je savais que les choses les plus saintes, les plus secrètes, les plus précieuses nous sont données pour rien. Que les hommes tournent vers nous un regard fraternel dès que nous n'attendons et n'espérons rien d'eux. Que la lumière et la grâce de Dieu fondent sur nous dès que nous cessons de nous donner le mal DE FERMER LE POING ET LES YEUX" (Histoire d'une amitié, Editions Denoël, Paris).

mercredi 21 novembre 2007

Totalitarisme et liberté

"L'objectivisme - cette conviction qu'il existe une vérité objective, indépendante de l'arbitraire des dogmes et de l'idéologie - est [...] véritablement la pierre angulaire de la liberté intellectuelle et de la dignité humaine, et donc aussi la principale pierre d'achoppement du totalitarisme". Ainsi s'exprime Simon LEYS (dans un ouvrage que j'ai déjà cité dans mes billets "La forêt en feu") quand il analyse le totalitarisme de MAO TSE TOUNG et étend sa réflexion au totalitarisme en général. Il me semble que les conflits sociaux que nous traversons en ce moment sont le très exact reflet de cette incapacité où nous sommes de croire à la vérité objective. Monsieur MELANCHON peut renvoyer aux vieilles lunes du conservatisme l'idée qu'il faut d'abord produire des richesses avant de les distribuer, et donc penser qu'il suffit de redistribuer pour que les richesses suivent, le bon sens - qui n'est que l'incarnation dans le peuple de l'objectivisme -crie tout le contraire. Nous avons besoin d'hommes et de femmes libérés des carcans des systèmes : voilà pourquoi l'ouverture prônée par le Président SARKOZY, et tant décriée - aussi bien à droite qu'à gauche -est une nécessité, une liberté, la reconnaissance de la dignité de toute pensée humaine pour autant qu'elle soit droite et sincère.

mardi 20 novembre 2007

Passions et politique

Dans un ouvrage remarquable, intitulé "Qu'est-ce que l'idéologie?", Jean BAECHLER définit la passion comme "un quantum d'énergie spécifiée". Il ne le précise pas, mais il est évident qu'il s'agit d'une énergie psychique. Ainsi une passion est une disposition du psychisme à appliquer une énergie déterminée (quand elle prend tout le psychisme, on dit qu'elle est dévorante) à un objet. Et comme il est impossible d'agir autrement qu'en vue de ce qui est considéré, à tort ou à raison, comme un bien, il faut que cet objet soit désirable. La passion et le désir sont donc étroitement reliés. L'objet en question revêt du sens, a une forte valeur symbolique, et il vaut plus par le symbole qu'il représente que par sa valeur intrinsèque ou son prix marchand.
Quelles sont donc les passions qui font se mouvoir les Français se réclamant de la droite ? C'est l'égoïsme et la cupidité. On les dissimule sous le voile pudique de la liberté, comme si la liberté n'était que la liberté INDIVIDUELLE. C'est oublier que l'homme est un SUJET (et non un INDIVIDU) inscrit dans une SOCIETE (et non dans une COLLECTIVITE), et que par conséquent, il est au coeur d'un noeud de relations qui le façonnent, orientent sa vie, et en colorent le sens tout entier.
Quelles sont donc les passions qui font se mouvoir les Français se réclamant de la gauche ? C'est l'envie, la jalousie et le ressentiment. On les dissimule sous le voile non moins pudique de la solidarité. C'est oublier que le SUJET a des droits imprescriptibles, ceux de sa conscience, et qu'une société qui brime les initiatives, et spolient les créateurs, n'est justement pas une SOCIETE mais une prison.
Comment s'en sortir ? En renversant le sens des passions. En donnant aux gens de la droite le sens du partage, et aux gens de la gauche, le sens des responsabilités personnelles et de la liberté du sujet. Cette conversion des coeurs nécessite des âmes pleines de générosité.
Dans le 'Traité des passions de l'Âme', DESCARTES donne une définition de la générosité qui n'a jamais été surpassée : "La vraie générosité, c'est la ferme et constante détermination de ne jamais manquer de volonté pour exécuter et entreprendre les tâches qui paraîtront les meilleures".
Puissent les grévistes d'une part et les mieux lotis par le sort de l'autre, faire leur cette volonté !

lundi 19 novembre 2007

Emballement mimétique

L'un des lecteurs de mon Blog, un lecteur qui m'est cher, me faisait savoir hier soir par courriel qu'il trouvait mon billet sur la manifestation anti-grève "démagos", "people" et finalement proche des positions de Le Pen. Je me suis pourtant borné à rapporter des faits dont j'ai été le témoin direct, des faits dont le rapprochement révèle le dysfonctionnement de notre démocratie en général et des media publics en particulier. J'aurais pu rajouter que la serveuse du bar du Temple qui nous a servi un café bien chaud avant la manifestation confirmait qu'elle avait le plus grand mal à venir travailler et qu'il lui fallait venir, faute de quoi elle ne serait pas payée.
Ayant accepté d'avoir un discours public, j'accepte aussi les conséquences de ce choix. Je tiendrai le plus grand compte des remarques qui m'ont été faites. Je vais essayer maintenant d'élever le débat.
Peut-être connaissez-vous l'épisode de la femme adultère. On présente à Jésus une femme prise en flagrant délit de fornication adultérine. Les "justes" ou ceux qui se prétendent tels, pressent Jésus de prendre position. La Loi juive condamne à mort par lapidation ces femmes. Mais, curieusement, lui, se TAIT, les yeux baissés, et accroupi, il écrit sur le sol. L'assistance insiste. Jésus a cette réponse fulgurante "Que celui qui n'a jamais péché lui jette le PREMIERE pierre".
René GIRARD, qui, de mon point de vue est un penseur de génie, analyse avec une extraordinaire finesse cette scène. Si Jésus se tait et évite soigneusement de croiser les regards de la foule, c'est pour ne pas déclencher un emballement mimétique. Et pour ne pas violer la Loi juive, connaissant le coeur de l'homme, il accepte la lapidation, à la condition que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre. Il est bien évidemment impossible de trouver un homme exempt de péché. Par cette réponse, Jésus empêche qu'il y ait un MODELE qui eût déclenché la violence mimétique. René GIRARD analyse avec une profondeur inégalée l'origine de la violence humaine. Il y voit l'effet du désir mimétique, lequel consiste à désirer ce que désir l'autre, et jusqu'à son désir même. En un mot, il n'y a pas de désir AUTONOME. TOCQUEVILLE l'avait dit un peu autrement "On se passe fort aisément de ce que les autres n'ont pas."
Je ne crois pas faire un rapprochement sacrilège en appliquant les analyses de René GIRARD au fonctionnement des Assemblées Générales de Grévistes. Il est, à mon avis, évident qu'il faut un courage spirituel exceptionnel pour exprimer un sentiment ou un choix intimes dans un vote à main levée, moyen choisi comme un modèle d'expression démocratique par les leaders syndicaux. En regardant à la télévision les sujets qui ont trait aux AG des cheminots, j'ai remarqué qu'il y a toujours AU PREMIER RANG des syndiqués cégétistes. Ils sont les premiers à lever la main à l'appel de leurs chefs. Leur fonction, qu'elle soit voulue ou inconsciente, est de fournir un MODELE à leurs collègues. Je ne mets pas en doute leur sincérité. Je mets en doute la crédibilité des votes ainsi obtenus. C'est bien pourquoi, en démocratie, le vote se fait à bulletin secret et après passage obligatoire par un isoloir.
Les manifestations tirent leur efficacité de l'emballement mimétique ("Tous ensemble ! Tous ensemble ! Tous !"), y compris celle d'hier. C'est pourquoi je n'ai pas été Place de la Nation. C'est pourquoi aussi, j'ai mis en garde, dans mon billet d'hier soir, contre la possibilité d'un clash entre les usagers et les grévistes.
Il faut négocier, discuter, rentrer dans le point de vue de l'autre pour le comprendre, essayer de convaincre, mais dans des conditions qui soient acceptables non seulement par les grévistes mais encore par l'ensemble des citoyens.
Vous avez le droit et le devoir de réagir à ce billet. Il vous suffit de cliquer sur "ajouter un commentaire". A demain.

dimanche 18 novembre 2007

Crédible, France Info ?

A 16 h 15, le journaliste qui, sur France Info, assurait les nouvelles, parlait de la manifestation contre la grève, et faisait état de 3.000 manifestants. A 16 h 30, le journaliste qui, sur France Info, assurait derechef les nouvelles, parlait de quelques milliers de manifestants. Vers 19 heures, le site Internet de France Info faisait état de quelques centaines de manifestants et insistait sur le fait que cette manifestation était inspirée par le mouvement étudiant UNI, des mouvements divers (le style connoté qui les décrivait exhalait une odeur soufrée ; pensez-donc, une manifestation "de droite", et l'on voyait bien que le rédacteur avait pris des gants et des pincettes pour parler de "la chose" ; en quoi UNI serait-il moins honorable que l'UNEF, je vous le demande ?), et soutenue par l'UMP. Sur TF1, Claire CHAZAL faisait état de quelques milliers de manifestants, et le commentaire du sujet filmé donnait le chiffre fourni par les services de police : 8.000.
J'ai sur les journalistes ci-dessus cités deux avantages : le premier est que je suis allé à cette manifestation et que je puis en parler en témoin direct ; le second est que je suis un scientifique et que j'aime la rigueur des chiffres et la probité des comptes-rendus. J'ai donc dénombré le nombre de manifestants par rangée il y en avait en moyenne 14. Puis je me suis mis de côté et j'ai évalué (et non point compté) le nombre de rangées. Il y en avait entre 600 et 700. Que multiplie 14, cela fait entre 8.400 et 9.800 manifestants, chiffre relativement proche de celui que donne la police.
Alors France Info, crédible ?
Pourquoi a-t-il fallu qu'en un quart d'heure les chiffres avancés par les présentateurs passent de 3.000 à quelques milliers ? Et pourquoi, quelques centaines sur le site Internet ? (Il est vrai que 8.000 manifestants font plusieurs centaines, et même plusieurs dizaines.) Comme si l'on avait voulu minimiser l'importance de la manifestation. France Info, crédible ?
Si vous voulez mon appréciation, la voici : l'exaspération des usagers, des citoyens est telle qu'il faut craindre, je pèse mes mots, de graves affrontements. Il est de la responsabilité des leaders syndicaux (et ils l'on, semble-t-il, compris) de faire cesser cette grève au plus vite. Sinon, nous irons au clash, et à une manifestation d'une ampleur imprévisible.
Quant aux slogans criés par les manifestants, ils ne se résumaient pas à "Fillon, tiens bon". Il y avait aussi "Les cheminots au boulot" et "Grévistes, égoïstes". J'ai, enfin, beaucoup aimé la banderole sur laquelle on pouvait lire (je cite de mémoire) "Retraite à 65, 60, 55, 50, 45, 40, 35, [les six premiers nombres étant barrés] si vous voulez, mais pas avec notre argent, avec le vôtre". On peut contester cette entorse au principe de la solidarité. Mais en matière de retraite, si l'on est tous égaux, il y en a qui sont plus égaux que d'autres. Devinez qui.

samedi 17 novembre 2007

Moteur à explosion

La grève c'est comme un moteur à explosion, sauf que le temps le plus long, le plus évident, le plus puissant, est celui de l'explosion, lequel est consécutif à un temps de compression... si vous voyez ce que je veux dire.

Il faut le voir, monsieur Didier LE RESTE, le responsable CGT des cheminots, bouffi d'orgueil et de joie à l'idée que la grève se prolonge. Quel sentiment de puissance sur son visage et de domination, quel assouvissement de cette volonté de pouvoir propre aux médiocres et qui suinte de toute sa personne ! Mais qu'il ne s'y trompe pas, cette grève, de mon point de vue, marque la fin d'une certaine forme de syndicalisme, celle qu'il incarne dans tout son archaïsme et que veut justement modifier Bernard THIBAULT. Les petits, les salariés du privé qui habitent loin de leur lieu de travail, et qui ne peuvent se permettre de perdre 30 ou 40 euros sur leur feuille de paye, qui n'ont pas davantage les moyens d'utiliser une voiture problématique et coûteuse n'en peuvent plus de cet égoïsme de 500.000 personnes qui en briment 25 millions. Ils sont fatigués, harassés, n'en peuvent plus de rogner sur leur sommeil pour aller travailler, eux qui devront partir après 40 ans annuités pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Nous nous souviendrons, le moment venu, de cette inadmissible grève. Quand on veut être respecté, il faut être respectable.

Maintenant, venons-en aux faits. Rarissimes sont à l'heure actuelle les roulants de la SNCF qui partent avec 35 ans de travail effectif. Par le jeu des bonifications, liées à des conditions de travail dont il faut reconnaître qu'elles sont quelquefois pénibles (horaires décalés, travail de nuit, week-ends travaillés), nombre d'entre eux partent après 30 ans, avec une retraite qui correspond à 35 annuités. Avec la réforme, les roulants devront cotiser plus, mais ils n'auront pas à travailler 40 ans. Ils conservent un statut particulier qui leur permettra de quitter l'entreprise à 55 ans au lieu de 50 ans. Leurs collègues de la SNCF attendront quant à eux 5 ans de plus.
A la RATP, 80 %, je dis bien quatre-vingt pourcent, des agents continueront de partir à 55 ans.
A EDF/GDF, c'est un salarié sur deux qui continuera, même après la réforme, de partir plus tôt à la retraite. Au total, dans ces deux entreprises, 100.000 salariés conservent un régime particulier (très particulier !). Seulement 20 % de leurs agents s'aligneront sur les règles de la fonction publique.
Malgré la réforme, un fonctionnaire sur cinq bénéficiera d'un départ précoce. La pénibilité du travail, en effet, est prise en compte pour les policiers, les douaniers, les infirmièr(e)s, les surveillants de prison, les gendarmes et les autres militaires (officiers généraux exclus qui restent mobilisables dans le cadre de la deuxième section, et sont tenus à certaines obligations annuelles).
Il serait intéressant de voir ce que font des retraités de 50 ans ou de 55 ans. J'ai là-dessus mon idée. Je ne peux pas imaginer qu'ils restent le derrière sur une chaise à regarder la télé...
Fonctionnaire moi aussi, j'ai cotisé 40 ans et j'ai quitté mes fonctions au soir même de mon 65e anniversaire. Il me semble que ça me donne quelques droits à contester la mauvaise foi de ces champions du privilège qui, pour les uns, voyagent gratuitement, pour d'autres ne payent que 10 % de leur facture de gaz ou d'électricité, qui tous bénéficient d'un système tout à fait spécial de sécurité sociale, et des avantages tout à fait appréciables de comités d'entreprise aux finances pas toujours très transparentes (cf. celui d'EDF).
Bref, nous devons réagir. Primo, nous pouvons coller sur une vitre de notre voiture, de notre appartement, de notre maison, une feuille blanche, en signe de notre réprobation. Cette initiative a été prise par un internaute dont j'ai, hélas, oublié le nom. Dès que mon billet sera achevé, j'irai d'un pas allègre coller ma feuille sur la vitre de mon bureau. Secundo, pour ceux qui habitent Paris, il est toujours possible de manifester, dimanche 18 novembre, en se rendant Place de la Nation à 15 heures.
Enfin, et j'insiste là-dessus. Jean-François KAHN, sur France Culture, a justement réclamé de l'équité pour tout le monde, y compris pour les responsables de grandes entreprises qui partent avec des retraites de 30 millions d'euros. Ce n'est pas tant sur le plan économique que la chose est inadmissible. Je doute que la répartition de cet argent indûment distribué à ces gens (qui vivent dans un autre monde), aux milliers de salariés qu'ils ont eu à diriger, augmenterait considérablement les revenu de ces derniers. C'est sur le plan symbolique. Aucun service, aucune fonction, ne justifient ces retraites-chapeaux. Il faut les interdire. Et si ces messieurs ne veulent pas rester chez nous, qu'ils aillent ailleurs assouvir leur soif d'argent et leur cupidité. Ils seront facilement remplacés par des responsables de même qualité professionnelle et plus soucieux de l'intérêt de leur patrie. Je vous renvoie à mon billet intitulé "Déjà Philon".

mardi 6 novembre 2007

Relâche

Je fais relâche jusqu'au 17 novembre. Ceci étant dit, vous pouvez, vous devez mettre des commentaires. Merci d'avance.

lundi 5 novembre 2007

Des funambules aveugles ?

J'ai trouvé tout à fait par hasard quelques réactions de l'opposition après la libération des journalistes français et des hôtesses de l'air espagnoles, emprisonnés au Tchad pour leur prétendue implication dans l'affaire de l'Arche de Zoé. Aucun de ces messieurs et dames de l'opposition n'a jugé utile de se réjouir de cette libération. Aucun, non plus, n'indique comment il fallait faire pour l'obtenir, alors qu'il y a huit jours tous faisaient chorus pour déplorer l'apparente inaction de nos dirigeants (Monsieur HOLLANDE sur RTL ; je l'ai entendu de mes oreilles). Monsieur HOLLANDE, faisant fi de la légitime susceptibilité des autorités politiques et judiciaires tchadiennes, s'interroge pour savoir si "le rôle du président de la République est de venir chercher lui-même" les personnes inculpées dans cette affaire. Monsieur HOLLANDE ne se fût point abaissé à faire un tel voyage. Il aurait réuni un Bureau National pour trouver une solution consensuelle ou majoritaire une solution socialiste, ou il aurait peut-être demandé à un diplomate du Quai d'Orsay de traiter l'affaire. Il y a fort à parier que nos compatriotes ainsi que leurs compagnons de galère espagnols continueraient de pourrir dans les geôles tchadiennes. Monsieur BIANCO, lui, reproche au président de (je cite) "se prendre pour Zorro". Monsieur BIANCO en serait alors le sergent GARCIA ! Moins bête, et plus au fait des sentiments du peuple français, qui lui est heureux de ce dénouement, madame BUFFET se contente (et cette réaction me paraît tout à fait digne et juste) de souhaiter "qu'il soit mis fin à toute cette affaire dans les plus brefs délais".
Mais ce n'est pas tout. Monsieur HOLLANDE "prépare l'avenir" titre un quotidien gratuit, à mon avis en regardant dans un rétroviseur. Que dit-il le premier secrétaire, qui n'en est pas à une incohérence près : "La gauche plurielle ou une union de la gauche à l'ancienne, c'est terminé" (ça c'est bien ; on attend alors des idées). Il estime que la recomposition de l'opposition devrait se faire "ensemble (qui se cache dans cet "ensemble" ?) et avec d'autres (mais qui ?), toute la gauche réunie". Voilà qui est admirable. On ne veut pas de la gauche plurielle. On veut toute la gauche réunie. J'ai du mal à voir la différence. Mais pour les idéologues, la réalité est dans les mots et les slogans, pas dans les faits.
En admirable politologue, le premier secrétaire exclut une alliance avec le Modem de François BAYROU, ou avec l'extrême-gauche de monsieur BESANCENOT. Voulez-vous me dire avec quels partenaires, il compte recomposer l'opposition ? Avec les radicaux de gauche qui tiendraient leur congrès dans une cabine téléphonique, avec le moribond Mouvement des Citoyens de monsieur CHEVENEMENT (homme honnête et au plus haut point estimable, quoique que monsieur JOSPIN puisse en dire), avec les débris du Parti Communiste ? C'est à mourir de rire, ou plutôt à pleurer. Il n'y a d'autre alternative crédible pour l'opposition socialiste que de tenir compte des profonds clivages idéologiques qui opposent en son sein les tenants du courant social-démocrate à ceux du marxisme relooké à la sauce EMMANUELLI et de faire ce que monsieur HOLLANDE exclut. Funambule avec les mots, aveugle dans ses projets, tel apparaît aux Français un homme qui porte cependant une grande responsablité politique sur ses épaules. Monsieur MOSCOVICI estime être une des personnalités susceptibles de succéder à monsieur HOLLANDE à la tête du PS. Au train où vont les choses, ses chances ne sont pas nulles.
PS : Peut-être serez-vous heureux d'apprendre que monsieur DOSIERES, député socialiste spécialiste des finances présidentielles, se réjouit d'apprendre l'augmentation du traitement du président de la République. Elle est une mesure de transparence, dit-il. Elle suppose, outre la suppression des fonds spéciaux déjà acquise sous monsieur JOSPIN (ce qui est une très bonne initiative), et une amputation équivalente des crédits alloués au fonctionnement de l'Elysée. Voilà ce qu'il serait honnête de faire savoir au Français ; ils pourraient apprécier la signification réelle de cette mesure. Mais on préfère, selon la bonne vieille méthode de l'agit-prop socialo-marxiste, ne voir qu'un des aspects du problème, l'apparente augmentation du traitement, pourtant parfaitement compensée par des restrictions de crédits dans d'autres domaines. Mais je n'ai pas entendu les députés (socialistes ou UMP confondus) protester contre les décisions prises en faveur de leur retraite, mesures qu'ils ont votées juste avant la fin de la précédente législature. En matière politique, il en est comme en matière morale : on a le droit d'être cohérent.

dimanche 4 novembre 2007

Cohérence

Il y a quelques jours, j'entendais monsieur HOLLANDE critiquer sévèrement l'inaction du gouvernement vis-à-vis des français anormalement détenus au Tchad pour avoir voulu faire un reportage sur l'Arche de Zoé, ou pour avoir voulu, de bonne foi, aider à convoyer des enfants, supposés orphelins, dans des familles d'accueil françaises.
Ce matin, je lisais - hélas, je ne sais plus si c'est sur France Info ou sur les nouvelles diffusées par MSN ; vous allez voir pourquoi c'est dommage - que monsieur HOLLANDE critiquait vertement le voyage du Président SARKOZY à N'jamena, voyage destiné justement, il faut le rappeler à cet excellent censeur, à obtenir du Président du Tchad la libération des français tout à fait étrangers à ces curieux mouvements d'enfants imaginés par l'Arche de Zoé. Je voulais revenir sur les propos exacts de monsieur HOLLANDE. Or, curieusement, ils ont disparu et des nouvelles de France Info diffusées sur le Net et de celles de MSN, au moment même où nous apprenons que les journalistes et les personnels accompagnants sont en route pour la France, après avoir été libérés sur intervention du Président de la République. Je voudrais savoir pourquoi les médias ont supprimé de leurs dépêches cette intervention hollandaise, si c'est à la demande de l'intéressé (ce dont je doute), ou, plus charitablement, pour lui éviter le ridicule.
Décidément, l'opposition intelligente n'est pas encore constituée. Le Président ne fait pas, on critique ; il fait, on critique encore. Nous attendons de savoir ce que monsieur HOLLANDE aurait fait à sa place. Sans doute aurait-il convoqué un Bureau, puis un Comité Politique, puis un Congrès, où chacun des courants auraient pu donner son avis et ses solutions. Voilà qui eût été beau, efficace, exemplaire, démonstratif, cohérent, et tout et tout.
Il faut avoir le courage de le dire. Cette affaire mystérieuse d'enfants clandestinement destinés à venir en France tombe à pic et sent furieusement l'affaire des infirmières bulgares. Le convoi n'a pu parvenir à l'aéroport. Il en a été empêché en route. A qui fera-t-on croire que les autorités tchadiennes ignoraient cette affaire quand le convoi s'est ébranlé pour l'aéroport d'Abéché où l'attendait un avion prépositionné ? Il semble bien que ces arrestations soient un prétexte pour négocier la libération de nos compatriotes inculpés contre de bons euros sonnants et trébuchants. Et accessoirement, pour empêcher la force européenne d'interposition de mettre son nez, à la limite du Soudan, dans des histoires qui sentent le pétrole et les guerres de religion. Les réfugiés du Darfour sont en majorité des chrétiens. Et ce sont des milices arabes qui les ont chassés, qui ont tué, violé, pillé une partie de la population de cette pauvre région. Ces milices ne sont pas chrétiennes, on s'en serait douté, mais musulmanes, ou plus exactement islamistes. Car je ne tomberai pas dans le panneau qui consiste à confondre les musulmans sincères et pieux - ils sont légions et heureusement majoritaires ; j'en connais beaucoup, et je les aime - avec les chefs de ces milices.
L'affaire de l'arche de Zoé est à suivre. En tout cas, ses initiatives ne doivent pas être encouragées. Ce n'est pas ainsi qu'on aidera l'Afrique à sortir de ses guerres, de sa pauvreté, et de ses divisions. Ses ennuis judiciaires illustrent à merveille l'erreur de méthode.