jeudi 30 juin 2011

Quelques précisions

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Je viens de regarder les journaux télévisés, et les reportages sur le retour de nos deux compatriotes enlevés par des taliban (pas de s à taliban).
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Il est important, pour respecter les faits, de souligner que les deux reporters nient avoir été informés du danger par l'armée (ou des personnes informées et qualifiées). L'un d'eux indique qu'ils ont été vendus par un taliban infiltré, lors de leur passage à un "check point". Le détail est important. Il signifie qu'au delà de ce point de contrôle, la zone n'était plus sûre, et qu'il était le dernier installé. Il s'agit donc de savoir si leur voyage au-delà de ce point de contrôle était motivé par un travail journalistique commandé par la chaîne, où s'ils l'ont accomplis de leur propre chef. La manière dont le général GEORGELIN parlent des deux journalistes semble suggérer qu'ils ne les tient pas en très haute estime et que c'est la deuxième hypothèse qui est sans doute la bonne.
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Autre élément. Les ex-otages ont eu, eux, une pensée forte et émue pour ceux de nos compatriotes que des fous retiennent encore prisonniers. Ils n'en connaissaient pas les noms, et pour cause, puisqu'on ne les a jamais nommés, à la différence de tous les ex-otages appartenant au monde journalistique (Jean-Paul KAUFFMANN, Florence AUBENAS, Jean-Louis NORMANDIN). Mais ils ont eu ce mouvement d'humanité qui semble bien avoir fait défaut à madame BEAUDOUX (de France Info).
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Dernier élément. Sur le site de France Info même, il est indiqué par un autre journaliste que si les nombreuses tentatives faites pour les faires libérer ont échoué, c'est en raison du double jeu d'un proche du Président KARZAI. Il faut croire qu'il y a des cloisons étanches entre les divers services de France Info. Si madame BEAUDOUX avait eu connaissance de ce détail, elle n'eût pas craché son fiel et distillé son venin. Je lui recommande vivement de lire un peu l'histoire de l'Afghanistan. Elle verra comment le Général anglais ELPHINSTONE parti de KABOUL à la tête de 16500 hommes (dans les années 1840) pour rejoindre les  Indes via DJELALLABAD a vu sa colonne presque totalement anéantie. Un seul survivant, un médecin militaire a pu raconter la genèse du désastre. Le Général lui même a été fait prisonnier avec quelques officiers de haut rang et il est mort en captivité. Le souverain afghan lui avait assuré qu'il pouvait partir tranquille, s'adressant à lui en une langue comprise du militaire, mais toujours devant lui, et dans une autre langue, il avait donné l'ordre à ses sbires d'anéantir la colonne. Il faut bien comprendre cette mentalité, très proche de celle qui a cours en Iran. Allez, un petit effort madame BEAUDOUX. Et vous arriverez presque à passer pour objective.
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Je m'absente demain. Reprise samedi soir.

France Info a encore frappé

Nos deux compatriotes, Hervé GHESQUIERE et Stéphane TAPONIER, ont dont retrouvé la liberté et sont de retour en France. Nous devrions, medias en tête, nous réjouir de ce retour. Au lieu de cela, madame Clara BEAUDOUX, sur le site de France Info, fait la fine bouche. C'est tout juste si elle n'impute pas à l'exécutif le long exil de ses confrères. Elle a un sacré culot. Je me permet de rappeler ici une petite remarque de Bernard LECOMTE dans le livre d'entretiens qu'il a eu avec Marc LEBOUCHER sur Benoît XVI : "Il est toujours plus facile de dire le bien et le mal que de distinguer le vrai du faux." Madame BEAUDOUX devrait méditer cette parole avant de dire n'importe quoi dans cet article où elle insinue que l'armée, les gouvernement et l'Elysée ont fait des erreurs, et qu'elle intitule : "Crise des otages : les maladresses de la communication élyséenne". C'est que madame BEAUDOUX ne veut pas que l'exécutif puisse tirer quelques bénéfices d'une libération à laquelle il n'est probablement pas étranger. Ca lui ferait mal au sein !
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Permettez-moi d'abord, pour le respect des faits, de vous renvoyer à mon billet du 28 avril 2011 : "Rétablir la vérité"'. Je n'ai pas à revenir, en ce moment de liesse, sur les faits. Ils mettent en évidence la présomption de ces deux journalistes, qui ayant terminé leur mission, ont pris sur eux, malgré l'avis défavorable des militaires d'entreprendre une excursion en territoire dangereux, alors que leur avion était sur le tarmac prêt à décoller dans les heures proches.
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Oui, madame BEAUDOUX, Claude GUEANT, alors sécrétaire général de l'Elysée, a eu raison de dénoncer" l'imprudence coupable" de vos confrères. Vous utilisez un conditionnel "dont aurait fait preuve les deux reporters" pour commenter cette opinion. Mais c'était une imprudence, et votre conditionnel n'est qu'un moyen de mensonge pour dédouaner vos confrères. Et monsieur SARKOZY a non moins eu raison d'ajouter quelques jours plus tard : "Il sera temps, une fois qu’on les aura fait revenir dans leurs familles, de voir ce qui s’est passé, et pourquoi ils se sont conduits comme cela".
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Ces déclarations suscitent l’indignation, dites-vous. On se demande bien pourquoi eu égard aux faits. Faut-il ajouter que les deux journalistes avaient affirmé leur solidarité avec les taliban (pas de s à taliban) ?
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Deux mois plus tard, nouvelle indignation face aux propos du général Jean-Louis Georgelin, le chef d’état-major des armées qui déclare que le gouvernement a "déjà dépensé plus de dix millions d’euros pour cette affaire". Chère madame BEAUDOUX, que savez-vous du coût des opérations aériennes et terrestres conduites par nos armées afin de localiser et de récupérer nos ôtages ? Ces opérations mettaient en jeu la vie de nos soldats ; mais ils sont payés pour ça pourriez-vous rétorquer avec cette froide indifférence qui caractérise les esprits de système. Et vous n'en avez cure, des dangers encourus par eux.
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Vous déplorez une succession de faux espoirs, faites allusion au coup de téléphone du Président SARKOZY du 14 février 2010, aux familles des ôtages (pas aux médias) pour leur annoncer une libération probable. Espoir déçu. "Il a parlé trop vite dites-vous". Car bien entendu, vous étiez au bout du fil, que dis-je vous étiez sur place dans les vallées pierreuses de l'Afghanistan, et vous connaissez par coeur les moeurs et les façons de faire de ses habitants. Vous devriez être professeur aux Langues O', pour dire avec tant d'aplomb des énormités de ce genre. Créditer les Afghans des modes de pensée d'un journaliste occidental est risible. Renseignez-vous. Toutefois, je vous accorderai volontiers que nos responsables ont fait preuve de naïveté en croyant à la parole de leurs interlocuteurs. On ne saurait leur en tenir rigueur.
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Et vous glosez, et vous commentez, vous supputez, vous hypothétisez, vous imaginez : "Une succession de faux espoirs, dites-vous, qui met à rude épreuve les familles. Le comité de soutien met alors carrément en doute publiquement la réalité des tractations. Des rumeurs à répétition, qui ont même fait douter les membres du comité de soutien à l’annonce de la libération. 'On avait reçu plein de fois des nouvelles positives', 'on nous disait à chaque fois qu’ils allaient être libérés', expliquent plusieurs membres du comité de soutien. 'Les rumeurs, depuis un an et demi, ça avait été quelque chose de très dur à vivre', ajoute Florence Aubenas." J'aurais tendance à accorder plus de crédit à cette remarque, qui vient d'une personne ayant fait l'expérience de la vie d'ôtages, qu'à vos malveillances infondées, madame, et purement intellectuelles.-
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Tiens, à propos, connaissez-vous le nom de nos trois compatriotes, membres d'une organisation humanitaire retenus en ôtage, probablement par des islamistes, au Yémen ? Ils n'ont pas le bonheur d'être des militants actifs de gauche. Ils ne sont pas journalistes. Leurs portraits ne sont pas affichés sur la façade de la mairie de Paris, non plus qu'aux Journaux Télévisés. Ils étaient seulement là au service des pauvres et des malades. Je vous plains, Claire BEAUDOUX, je vous plains extrêmement. Et j'espère que vous mettrez à défendre la cause de ces trois ôtages la même énergie que celle que vous avez déployée pour critiquer ceux qui, n'étant pas de votre bord idéologique, ont cependant tout fait pour la libération des deux reporters. Vous devriez au moins leur reconnaître ce succès, au lieu de gérer, bien mal, le ministère de la parole malveillante.

mercredi 29 juin 2011

Primaires au Parti Socialiste

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Madame AUBRY a donc présenté hier sa candidature aux élections primaires du PS. Elle l'a fait, disent les journaux, depuis et dans son "fief" de LILLE. Jolie manière de désigner le pré carré que le PS s'est taillé dans la région, à coup de subventions, de rattachement de communes périphériques socialistes à la ville de LILLE (pour garder la mairie), de politique clientéliste. La langue trahit et traduit toujours une réalité. Mais le PS n'est pas le seul à  avoir agi ainsi. Il fut un temps où, régnant en maître à PARIS, le RPR a pratiqué la même politique.
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Il vaut la peine de regarder en face ces élections primaires : sont candidats François HOLLANDE, Martine AUBRY, Ségolène ROYAL, Manuel VALLS, Arnaud MONTEBOURG. C'est d'abord de ce dernier que je voudrais parler. Stéphane LENEUF a fait paraître en 2010 un livre intitulé Le goût du pouvoir. Rencontres avec les jeunes loups de la politique. Je n'ai pas eu le temps encore d'en lire la totalité. Mais bien de ces jeunes loups sont mis gentiment sur le grill par l'auteur : François BAROIN, Manuel VALLS, Jean-Christophe LAGARDE, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, Benoît HAMON, Najat BELKACEM, etc. et bien entendu Arnaud MONTEBOURG.
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J'ai lu le chapitre consacré à l'entretien que LENEUF a eu avec Arnaud MONTEBOURG. Le jeune loup y apparaît sous un jour nettement plus sympathique et ouvert que dans les interventions qu'il destine aux médias. Il n'a pas sa langue dans sa poche. Voici quelques réponses  aux questions et réflexions que lui fait l'auteur.
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(a) "[...] Je pense qu'il y a un problème de renouvellement des dirigeants politiques, parce que le parti est un héritage ainsi qu'une sorte de système de protection d'intérêts acquis. Toute remise en question est donc vécue comme un danger, alors qu'elle serait d'une grande utilité. Dans la vie ce sont souvent les héritiers qui dilapident le patrimoine et le capital du fondateur [NdT : Il s'agit ici du capital mitterrandien]. Pour moi le Parti socialiste est aujourd'hui dans cette situation."
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(b) Arnaud MONTEBOURG explique ainsi les raisons de l'échec de 2007, et le report de nombreuses voix socialistes sur François BAYROU :
"Les électeurs se détournent parce que le Parti socialiste a dix ans de retard par rapport à la société. Il y a un problème d'immobilisme. L'ancienne génération a transformé le parti en parti conservateur. Préserver des positions acquises, défendre des fromages, cela ne représente pas mon parti socialiste ! Je ne suis pas d'accord avec cela, donc je cherche à le transformer. Je pense que c'est rattrapable, mais il y a un moment où l'on ne pourra plus passer notre temps à rattraper. Le jour où je serai convaincu que ce n'est pas possible, je le quitterai. On approche du moment de vérité. Ce sera sans doute avant 2012."
Arnaud, vous souviendrez-vous de ce que vous disiez si justement au début de l'année 2010 ?
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(c) Et à propos de l'audace de Nicolas SARKOZY qui a recruté de nombreux quadras comme ministres, Arnaud MONTEBOURG déclare :
"Ils [NdT : Les quadras du Président.] n'ont pas eu la malchance d'avoir Lionel JOSPIN qui n'a jamais eu l'idée de préparer sa succession puisqu'il était persuadé d'être élu. C'est par orgueil que ces choses-là se sont passées ! Je me souviens qu'au moment du départ de l'équipe gagnante de 1997 avec Martine AUBRY et Dominique STRAUSS-KAHN, il a été décidé de réinstaller Laurent FABIUS et Jack LANG alors qu'il aurait fallu nous aider et faire monter une nouvelle génération. Le PS donne des coups à ses enfants. Tout cela, c'est la faute de Lionel JOSPIN qui a ossifié le parti !"
Cher Arnaud, conviendrez-vous avec moi que la stratégie conservatrice du PS et de ses éléphants n'a guère varié. Vous citez deux noms de l'équipe gagnante de 1997, Marine AUBRY, Dominique STRAUSS-KAHN, des noms que précisément on retrouve ou aurait dû retrouver aux primaires. Aurez-vous le courage de quitter ce parti de fossiles ?
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Je dois dire que dans de nombreux billets précédents, je n'ai guère été tendre avec Arnaud MONTEBOURG. Je tempérerais volontiers mes critiques en lisant les déclarations qu'il fait dans ce livre. S'il persiste dans ses analyses et s'il a la force de proclamer ses convictions, il a certainement de l'avenir. On peut espérer qu'il n'attendra pas d'être centenaire.

mardi 28 juin 2011

Réponse à la question d'un lecteur

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Que pensez-vous de la peine de mort, me demande un(e) lecteur (trice) dans un commentaire fait hier ? Je note d'abord qu'il (elle) en est partisan(ne), qu'il (elle) donne des exemples effroyables de crimes horribles, et qu'à entendre leur description, on comprend l'envie qui nous prend de supprimer les monstres qui les ont commis. Mais CORATINE sait que je suis un farouche opposant à la peine de mort
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Je vais essayer d'expliquer le plus clairement possible pourquoi. La peine de mort peut satisfaire à deux fins : (a) la prévention des crimes ; (b) la réponse de la société, une fois le crime commis. Il faut donc examiner l'adéquation de la peine et des objectifs visés.
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Pour autant que j'ai pu lire sur le sujet, il ne semble pas que la peine de mort ait un effet dissuasif sur les sujets violents, souvent compulsifs, qui agissent sous le coup de la colère ou de la passion, et qui de toute façon espèrent bien échapper à la peine en se cachant, en fuyant, en faisant usage de toutes les astuces qu'un esprit faux peut avoir en tête. Il s'agit là du premier type de crime, que l'on peut ranger dans la catégorie des "crimes passionnels". Il y a aussi les crimes prémédités. Ils soulèvent bien des questions. Planifier, organiser un meurtre suppose un sang-froid et une cruauté glaciale. Ce sont en général des pervers qui en sont responsables. La mort ne leur fait pas plus peur que la mort qu'ils infligent à autrui, et là encore, je doute de la valeur dissuasive de la peine capitale. Je ne parle pas des crimes affreux commis par les esprits dérangés. Là encore, effet dissuasif nul. Il faut toutefois signaler que du temps où elle existait, la peine de mort empêchait les truands de tuer les policiers ou les membres des forces de l'ordre pour se protéger. C'était là un réel effet dissuasif.
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La réponse de la société aux crimes et criminiels consiste à retrancher de la société des hommes, des hommes qui ne sont plus jugés dignes d'en faire partie. Il s'agit là tout simplement de l'assouvissement de l'esprit de vengeance lequel ne résoud rien. Elle suppose qu'il n'y a pas de rédemption possible pour ces criminels. J'ai là à dire deux choses : la première, c'est qu'un homme convaincu de crime, et de crime affreux, doit être privé de liberté, effectivement, réellement, et pour le restant de ses jours, sans possibilité de libération anticipée. Il faut pour cela disposer de prisons adaptées qui ne transforment pas les prisonniers en bêtes fauves, prêtes à tout ; la seconde est qu'infliger la mort à un criminel revient à estimer qu'il lui est impossible de changer, qu'il n'y a pas de rédemption possible pour lui. Or l'histoire pénitentiaire montre qu'en prison, condamnés à mort ou non, souvent se convertissent et finissent comme des saints ou des mystiques. On connaît l'histoire de Jacques FESCH qui rentrent dans la catégorie des premiers. On connaît moins l'histoire de ce responsable khmer rouge qui a rencontré la foi, a demandé pardon à ses victimes et accepte par avance le jugement des hommes. En somme, il ne faut jamais désespérer de l'homme, jamais l'enfermer dans un acte ou dans une parole, fussent-ils criminels.
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Je ne sais pas si j'ai répondu à CORATINE de manière satisfaisante. Mais j'ai essayé de le faire le plus honnêtement possible.

lundi 27 juin 2011

Petites et grandes scènes qui révoltent

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Claire est baptisée depuis trois ans. Sa rencontre avec Jésus glorifié en Christ a été décisive. Sa vie est transformée. Elle a trois enfants, Diane, Ariane et Achille. A la suite de sa conversion, son mari est devenu littéralement fou furieux. Elle a décidé de divorcer. Il a plaidé, pour avoir la garde de ses enfants, que sa femme faisait partie d'une secte. Il a perdu. Mais, comme il est de règle, il a la garde périodique des trois petits et, quand il les a avec lui, il passe son temps à démolir par ses remarques ce qui est pour lui des bondieuseries, et la mère de ses enfants. Il semble qu'il soit écouté d'une oreille attentive par Achille, qui doit avoir une dizaine d'années, et qui ne prive plus pour ricaner quand sa maman parle de ce à quoi elle croit. Claire avait l'intention d'emmener ses enfants à Parys-le-Monial pendant les vacances. C'est un lieu de pélerinage et un centre de prières pris en charge par la communauté de l'Emmanuel. Référé du père auprès du juge des affaires familiales. Le juge donne raison au père. Claire ne pourra pas emmener ses enfants à Paray-le-Monial : "Vous comprenez, dit cet imbécile (au sens de BERNANOS), il y a du religieux à Paray-le-Monial. Vous risquez d'influencer les enfants". Ainsi, un père a parfaitement le droit de démolir dans l'esprit de ses enfants tout sentiment religieux, toute aspiration à la transcendance, mais une mère n'a pas le droit de leur faire une autre proposition que celle de la République laïque, antichrétienne, anticléricale. Nombre de Magistrats font partie de ces sociétés de pensée discrètes ou secrètes, aux mains desquelles notre patrie a été livrée dès l'avènement de la 3ème République. Ceci explique cela (voir la lutte de monsieur Eric de MONTGOLFIER à Nice). Permettez-moi de vous rappeler ici une parole de cet autre imbécile, je veux dire le petit père COMBES, un ancien séminariste : "J'entends aussi me prévaloir des lois de la Révolution et faire triompher en matière de politique religieuse l'esprit de la Révolution" (cité par Defendente GENOLINI dans le numéro du journal gratuit Direct Matin daté de ce jour). Ils n'ont pas lâché prise ; ils n'entendent pas lâcher prise, ces penseurs de l'ombre. Un jour viendra où les chrétiens devront payer pour louer des Églises qu'ils ont construites au fil des siècles, des Églises qui serviront aussi de salle de cinéma, de salle de bal, de salle des ventes voire de lupanar. Monsieur le juge, vous n'avez pas été juste avec Claire. Vous n'êtes pas un honnête homme. Vous êtes un sectaire. Votre fonction mérite certes le respect ; votre personne, c'est une autre affaire.
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C'est avec stupeur que je lie dans le journal Valeurs actuelles la lettre ouverte que le père Julien de POMMEROL, aumônier militaire du 2e Régiment étranger de parachutistes a été obligé d'envoyer au Ministre des Armées Gérard LONGUET. Je résume : le père de POMMEROL fait poser par monsieur BOUCHET, député, une question audit ministre (Question écrite 100.539 publiée au Journal Officiel du 22 février 2011). Celui-ci répond à cette question écrite dans le Journal Officiel du 17 mai 2011. On admirera au passage la promptitude avec laquelle le Ministre répond à un homme qui tout de même risque sa vie pour notre pays, puisque, sans prendre part aux combats, il accompagne nos soldats en opération. Monsieur le Ministre LONGUET met en cause l'exactitude des faits narrés par l'aumônier dans son rapport de mission, sans que celui-ci ait jamais été entendu. Voici trois paragraphes de la réponse pleine de dignité du père de POMMEROL.
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"J'aurais pourtant pu vous préciser le sens de ma démarche [si j'avais été entendu]. Je le fais donc ici, et publiquement, puisque mon honnêteté est maintenant mise en cause publiquement. Ce que je dénonce dans le rapport n'est en fait que le prolongement de ce qui se passait il y a vingt ans lors de la guerre du Golfe. Déjà, la soumission à l'islam est flagrante.
Cela commence à l'arrivée au port de YANBU (Arabie Saoudite), lorsque les soldats français débarquent des bâtiments de la Marine nationale. La police religieuse saoudienne les attend au bas de la passerelle, vérifiant en écartant les cols des treillis, que les militaires ne portent pas de croix autour du cou ; et si c'est le cas, la croix est retirée, mise dans une enveloppe et retournée en France.
Avant même d'arriver, des consignes incroyables ont été données : ne pas transporter de porc ou d'alcool dans ses bagages ; ne pas s'en faire envoyer dans les colis (la prévôté a même la mission sur place de le vérifier en ouvrant des colis au hasard, confisquant et détruisant les victuailles interdites par l'islam) ; ne pas arborer de croix rouges sur les véhicules sanitaires... Tout cela en dit long sur l'état d'esprit de la mission et ceci jusqu'au bout..."
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Cher monsieur le Ministre, feriez-vous partie, vous aussi de la cohorte des imbéciles (au sens de BERNANOS), et d'une sous-cohorte plus terrible encore, celle des imbéciles lâches ? Faudrait-il que nous acceptassions les mosquées dans nos villes et les prières publiques dans nos rues sans exiger la réciprocité de mesures de même nature vis-à-vis des chrétiens dans les pays musulmans ? Vous combattez, dites-vous, la xénophobie et le racisme du FN, mais vous encouragez celui des musulmans les plus fanatiques. Pour dire le vrai, si nous avons le sentiment que l'islam envahit notre patrie, c'est parce que nous avons renié la foi de nos pères et que nous ne sommes plus capables d'évangéliser, ni par la parole, ni par l'exemple, et ce avec la bienveillante complicité des plus sectaires de nos "élites".
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Le cas de Claire est celui d'une petite scène, d'une scène minuscule sans doute, qui révolte au plus profond d'elles-mêmes, les âmes droites. Le cas de nos soldats est celui d'une grande scène, d'une scène majuscule qui révolte silencieusement un nombre croissant de nos compatriotes ; ils pensent que le prix de la dignité vaut bien que l'on se prive de pétrole. Et si les musulmans veulent s'étriper entre eux, finalement, je suis en train de me demander s'il n'est pas plus productif de les laisser faire. Plus un soldat français ne doit mourir en Afghanistan après avoir transité par des pays aussi "tolérants" que l'Arabie saoudite. Nous n'avons rien de bon à retirer de ces combats. Le gaz du TURKMENISTAN et de l'OUZBEKISTAN, et les richesses du sous-sol centre-asiatique, qu'ils restent là où ils sont. Les multinationales attendront des jours meilleurs pour agrandir leur pré-carré.
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C'est tout pour ce soir.

dimanche 26 juin 2011

Billet compensateur N°2

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Jusqu'ici, je n'ai rien compensé du tout. Mais nous sommes dimanche et je puis encore produire aujourd'hui deux billets pour retrouver un niveau de publication quotidien.
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Dans le droit fil du billet d'hier, je vais encore vous parler de l'égalité en vous citant celui qui en le mieux dévoiler l'imposture qu'il associe au caractère politique des Français, je veux parler encore de TAINE (Livre troisième, Le Régime Moderne. Objet et mérites du système. In  Les Origines de la France contemporaine).
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"Dans les objets et les individus, le Français saisit aisément et vite un trait général, quelques caractères commun, ici ce caractère est la qualité d'homme ; il la détache avec dextérité, il l'isole nettement, puis d'un pas leste et sûr, en droite ligne, il se lance sur le grand chemin des conséquences. Il a oublié que sa notion sommaire ne correspond qu'à un extrait, à un très mince extrait de l'homme total ; son opération tranchante et précipitée dérobe à ses regards la plus grande partie de l'individu réel ; il a omis quantité de caractères, et les plus importants, les plus efficaces, ceux que la géographie, l'histoire, l'hérédité, l'habitude, la condition, le travail manuel ou l'éducation libérale imprime dans l'esprit, l'âme et le corps, et qui, par leurs différences, constituent les différents groupes, locaux ou sociaux. Tous ces caractères, non seulement il les néglige, mais il les écarte ; ils sont trop nombreux et trop compliqués ; ils le gêneraient pour penser. Autant il est propre aux pensées distinctes et suivies, autant il est impropre aux pensées complexes et compréhensives ; en conséquence, il y répugne, et, par un travail secret dont il n'a pas consciences, involontairement, il abrège, il simplifie, il écourte ; désormais son idée, même partielle et superficielle, lui semble adéquate et complète : à ses yeux , la qualité d'homme prime et absorbe toutes les autres ; non seulement elle a une valeur, mais cette valeur est l'unique. Partant tous les hommes se valent, et la loi doit les traiter en égaux. - Ici, l'amour-propre, si vif et si promptement susceptible en France, intervient pour interpréter et appliquer la formule : Puisque tous les hommes se valent, je vaux n'importe quel homme ; si la loi confère un droit aux gens de telle ou telle condition, fortune ou naissance, il faut qu'elle me le confère aussi. Toute porte qui leur est ouverte doit m'être ouverte ; toute porte qui m'est fermée doit leur être fermée : autrement on me traite en inférieur, je suis froissé dans ma fibre intime."
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Voilà la plus belle description de l'esprit de système qui est si particulier à l'esprit français et qui irrite tant nos voisins européens. Notre cher Hippolyte continue un peu plus loin :
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"Telle est la composition interne de l'instinct égalitaire, et tel est l'instinct naturel des Français : il est bienfaisant ou malfaisant, selon que l'un ou l'autre ingrédient y prédomine, tantôt le noble sentiment de l'équité, tantôt la basse envie de la vanité sotte, mais, sain ou malsain, sa force en France est énorme, et le régime nouveau [NDT : celui de Napoléon BONAPARTE] lui donne toutes les satisfactions, les bonnes comme les mauvaises."
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Il semble bien que dans l'esprit public contemporain, ce soit l'égalitarisme malfaisant, égoïste et utilitaire qui serve de dogme central aux doctrines politiques. Mais cette passion malfaisante vient de loin, et bien des observateurs politiques contemporains de TAINE l'avaient déjà noté. Je vous en parlerai demain.
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Billet compensateur N°1

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Voici le premier des billets compensateurs dont je vous avais fait briller, chers lecteurs, la très hypothétique parution, avant de m'absenter pour deux jours.
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Grande discussion avec un ami sur la notion d'égalité des droits réclamée par les personnes homosexuelles. Pour lui, c'est une évidence. Le mariage entre un homme et une femme est une institution culturelle et il n'y a aucune raison de l'interdire pour des sujets de même sexe.
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Bien entendu je ne suis pas du tout d'accord.

(1) Tout d'abord, je trouve très curieux qu'à une époque où le mariage lui-même est mis en question (le nombre des PACS explose, les naissances hors mariages sont aussi nombreuses que les naissances dans le mariage, les divorces augmentent de façon vertigineuse, et les médias, dans le droit fil des idées soixante-huitardes, vantent les aventures extra-conjugales, les amants, les maîtresses, les familles recomposées), des personnes homosexuelles exigent le droit au mariage et je me pose donc la question : que recouvre cette exigence d'une égalité des droits ? Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire, je suis bénévole dans une Association qui accueille des personnes séropositives dont nombre ne cachent pas leur homosexualité. C'est une expérience unique et d'une rare richesse. Pour me faire une idée de l'état de leur opinion, je les ai récemment interrogées. Hormis l'une d'elle (taille de l'échantillon sondé très faible et résultat non représentatif mais seulement indicatif), aucune n'exige que la loi autorise le mariage entre deux personnes de même sexe. J'ai simplement noté chez nos amis un certain regret de ne pas avoir d'enfants. J'ai trois réponses à donner à la question ci-dessus. (a) La revendication est portée par les partis politiques de gauche. Du reste les journaux télévisés que j'ai pu regarder hier soir et qui rendaient compte de la Gay Pride nouvelle formule (Journée des Fiertés) ont bien souligné que des hommes politiques participaient à la manifestation, et qu'ils appartenaient en majorité au PS ou aux partis situés plus à gauche. J'ai pu ainsi voir parader (au sens étymologique : participer à la parade) monsieur MELANCHON. Il s'agit pour ces partis de s'attacher les minorités pour remporter les élections présidentielles, lesquelles en effet se gagnent à la marge. Toutefois, il se peut aussi que cette adhésion soit une adhésion de conviction et non d'intérêt. (b) La revendication est destinée à "normaliser" un état de vie qui certes n'a pas à être jugé moralement par la société des hommes, mais qui est l'objet d'un jugement négatif des personnes homosexuelles sur elle-même. Là, je suis certain de ce que j'avance, car j'ai constaté combien celles-ci ont du mal à accepter cette orientation sexuelle que par ailleurs elles n'ont pas choisie mais le plus souvent subie. (c) La revendication cherche à gommer, dans le désespoir, et en dépit de ce qu'en disent les médias, une orientation sexuelle perçue très souvent comme différente de l'orientation normale. En somme, au lieu de faire travailler à une acceptation de soi-même, la revendication conduit à externaliser la culpabilité dévastatrice (et infondée), et  à la faire porter et annuler par la société et par la loi, comme si elles pouvaient tenir lieu de norme morale.
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(2) La revendication est aussi pour ses promoteurs un moyen d'ancrer dans l'esprit public que tout est culturel, et que la nature n'a rien à nous dire. Il y a là une erreur et une contradiction. Qu'on le veuille ou non, on naît sexué (hormis les très rares cas d'hermaphrodisme ou de mosaïque génétique). Et jusqu'à preuve du contraire l'appareil sexuel de l'être humain sert à deux fins : l'une est le plaisir, tout à fait légitime, l'autre la procréation. L'homme contemporain étant foncièrement auto-centré, il est heureux pour l'avenir de l'espèce que le sexe soit un moyen de plaisir, car il y a fort à parier que, dans le cas contraire, la population mondiale n'aurait pas cette dimension. En effet, beaucoup de conceptions ne sont que le sous-produit du plaisir, au lieu d'en être l'accompagnement. Et le développement massif des moyens de contraception est lié au besoin de dissocier les deux dimensions de la sexualité. Ce qui, je l'ai déjà dit, ne me paraît pas illégitime, à condition de ne pas se contenter sempiternellement que du plaisir. Les écologistes, par ailleurs, ne cessent de nous intimer que l'on doit un grand respect à la planète. Les uns le placent dans le cadre de l'avenir de l'humanité, les autres dans celui de la vénération que l'on doit à GAÏA, la déesse-terre. Mais si tout est culturel, il faut accepter l'idée que l'humanité a les moyens culturels et techniques de continuer sa course folle au progrès, et non pas considérer que la nature, même si elle ne pense pas, n'a rien à nous dire.
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Tout cela est d'une rare incohérence. Et le plus curieux, c'est que l'argumentation produite utilise les catégories de la logique, d'une logique dont elle ne cesse de dire qu'elle est dépassée.

vendredi 24 juin 2011

Absence momentanée

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Je m'absente jusqu'à dimanche. Vous aurez droit à deux billets compensateurs !
Bonne fin de semaine.
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jeudi 23 juin 2011

Sur l'étrange plaisir de la lecture

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Je viens d'achever la lecture d'un livre merveilleux dû  à Giorgio MANGANELLI : Chine et autres Orients. Voilà un carnet de voyages qui ne se laisse pas résumer, mais qui se savoure, tant la langue (admirablement traduite de l'italien) est savoureuse, foisonnante, riche, suggestive et mystérieuse à la fois. Permettez-moi simplement de vous donner ici la conclusion de ce petit chef d'oeuvre, laquelle est intitulée : Le Cabinet des lettrés.
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"Ceux qui aiment ardemment les livres constituent sans qu'ils le sachent une société secrète. Le plaisir de la lecture, la curiosité de tout et une médisance sans âge les rassemblent.
Leurs choix ne correspondent jamais à ceux des marchands, des professeurs ni des académies. Ils ne respectent pas le goût des autres et vont se loger plutôt dans les interstices et les replis, la solitude, les oublis, les confins du temps, les moeurs passionnées, les zones d'ombre.
Ils forment à eux seuls une bibliothèque de vies brèves. Ils s'entrelisent dans le silence, à la lueur des chandelles, dans le recoin de leur bibliothèque tandis que la classe des guerriers s'entre-tue avec fracas et que celle des marchands s'entre-dévore en criaillant dans la lumière tombant à plomb sur les places des bourgs".
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Ah ! quelles mélancolie dans ces propos ! Cacheraient-ils quelques secrets désespoir ? Comment le savoir puisque le propre des grandes plumes est de laisser le lecteur devant les multiples interprétations possibles de textes conçus et enfantés souvent dans la douleur ?
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Je dois dire que je me reconnais assez bien dans le lecteur bizarre et biscornu qui se repaît de livres dont aucun hall de gare ne voudrait, pas même dans ses réserves. Non, mes choix ne correspondent pas à ceux des marchands, et surtout pas à celui des pantins qui siègent pour le compte de leur éditeur dans les jurys de prix littéraires, prix proclamés prestigieux par tout ceux qui profitent de ce prestige. Non ! Je préfère la ténébreuse solitude du métro, où faute de trouver des hommes disposés à échanger, je finis par me plonger dans ces ouvrages étranges en attendant de retrouver l'air libre mais surchargé des vapeurs indéfinissables et corrompues, celles d'une mégalopole en train de rendre l'âme.
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Sehnsucht aurait dit je ne sais plus quel auteur allemand qui cheminait dans la Rue de Seine, il y a des décennies, cette rue jadis décorée de boutiques de marchands de gravures anciennes qui peu à peu ont disparu. Un jour, il n'y aura plus là que des marchands de fringues, de panini et de kebabs ! Allez, je retourne à mes lectures et à mes voyages intérieurs.
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Bonne journée.

mercredi 22 juin 2011

Nous crevons de notre aveuglement

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A lire et relire les Origines de la France contemporaine de TAINE, je comprends pourquoi les imbéciles, qui, du temps du grand historien, avaient pris d'assaut le gouvernement de notre patrie, ont préféré donner à cet idiot d'AULARD la chaire d'Histoire de la Révolution plutôt qu'à lui, un scientifique intègre. Ils ne pouvaient supporter le spectacle de leurs erreurs de perspective et de leurs errements politiques.
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A la fin du Livre cinquième, consacré à l'analyse du "Monde moderne" que nous a légué la Révolution, TAINE constate qu'il y a une antinomie fondamentale entre un régime qui se dit et se prétend démocratique et l'administration quasi totalitaire mise en place par Napoléon BONAPARTE. D'un côté, des "élus" qui cajolent les citoyens pour ménager leur réélection, de l'autre un système centralisé, carré, anonyme, inhumain, préfectoral. Et TAINE, constatant avec mélancolie le fait, dit ceci, qu'il vaut la peine de méditer et qui définit à la perfection les vices de notre République :
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"Sans doute le préfet, expédié de PARIS, demeure toujours le directeur en titre, le gérant actif et responsable de l'hôtel départemental et communal ; mais il est tenu de le gérer en vue des élections prochaines, et de façon à maintenir la majorité parlementaire dans la possession des sièges qu'elle occupe au Parlement. Partant, il doit se concilier les meneurs locaux du suffrage universel, administrer avec leur concours, subir l'ingérence de leurs convoitises et de leurs préventions, prendre chaque jour leur avis, y déférer souvent, même pour le détail, même pour l'application quotidienne d'un fonds déjà voté, pour la nomination d'un garçon de service, pour la nomination de l'apprenti non payé qui pourra un jour remplacer ce garçon" [NdT : un tel système existait à cette époque, en effet]. - "De là le spectacle que nous avons sous les yeux : un hôtel mal tenu où la profusion et l'incurie s'aggravent l'une par l'autre, où les sinécures se multiplient et où la corruption s'introduit ; un personnel de plus en plus nombreux et de moins en moins efficace, tiraillé entre deux autorités différentes, obligé d'avoir ou de simuler le zèle politique et de fausser par sa partialité la loi impartiale, appliqué, par delà son devoir professionnel à des besognes malpropres ; dans ce personnel, deux sortes d'employés, les nouveaux venus, avides, et qui, passe-droit, s'emparent des meilleures places, les anciens, qui n'y prétendent plus, patients, mais qui, à force de pâtir, se rebutent. Dans l'hôtel lui-même, de grandes démolitions et reconstructions, des façades architecturales, en style de monument, pour la montre et la réclame, des bâtisses toutes neuves, décoratives et horriblement onéreuses, des dépenses extravagantes ; par suite des emprunts et des dettes, une note plus grosse à la fin de chaque année pour chacun des occupants ; des prix de faveur et cependant très hauts pour les petites chambres ; des prix démesurés pour les grands et moyens appartements ; au total, des recettes forcées et qui ne suffisent pas aux dépenses, un passif qui déborde l'actif, un budget dont l'équilibre n'est stable que sur le papier, bref une maison qui mécontente son public et s'achemine vers la faillite."
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Quelle lucidité prophétique ! Et quelle puissance d'analyse ! Encore faut-il ajouter un  détail que TAINE ne pouvait connaître et qui vient compliquer le tableau. Il ignorait qu'il allait exister une fonction publique territoriale, mise en place par les collectivités de la même qualité, et dont la taille a quadruplé depuis la création des Régions, lesquelles échappent en partie au pouvoir des Préfets ; elles sont aujourd'hui aux mains de l'opposition ; elles sont un troisième pouvoir auquel il faut prêter grande attention. Il ne s'agit plus pour elles de préserver le pré carré de leurs amis au Parlement. Il s'agit d'occuper le terrain sur place afin de préparer la prise du pouvoir dans une optique parfaitement totalitaire. A ce petit jeu, les éléphants, éléphanteaux et éléphanticules qui dévastent en seigneurs la jungle régionale, sont passés maîtres. Ils nous préparent un bel avenir. Je crains fort que la pluie et le vent ne viennent achever le délabrement de notre hôtel, un hôtel qui fut si beau, un hôtel qui le paraît toujours mais dont les tenanciers ont mis à l'encan le peu de beau mobilier qui le peuplait encore et remplissent de pauvres bougres venus d'outre-horizon des chambres ouvertes à tous les vents.
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Lisez, relisez, méditez TAINE. Il a vu juste presque en tout. Il n'a pas droit à un Boulevard, une place, ou un Lycée, lui. C'est que les imbéciles rechignent à la lumière.
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mardi 21 juin 2011

Lu sur le Blog du député PCF André GERIN

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Un ami me transmet ce billet publié sur son Blog par André GERIN, député PCF du Rhône. Je m'abstiendrai de le commenter en détail. Je signalerai simplement que le député fait allusion à l'exaspération croissante des milieux qualifiés de populaires, mot que je n'aime guère, et qui désigne la population peu fortunée et fort travailleuse de notre pays. Il me semble que ce texte, important, devrait attirer l'attention des responsables politiques de tous bords.
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"C’est donc l’abandon de notre culture, de notre identité, de nos racines, de nos valeurs fondamentales.

[...] La gauche a épousé les thèses du grand patronat avec ce discours irresponsable où il faudrait régulariser tous les sans-papiers, elle prône l’immigration comme le demandent Laurence Parisot et Christine Lagarde pour une main d’œuvre à bon marché.

Non, l’immigration n’est pas une chance pour la France. C’est un mensonge entretenu depuis 30 ans. Oui c’est une chance pour le capitalisme financier, pour diviser, pour exploiter, pour généraliser l’insécurité sociale, exclure, ghettoïser des millions de familles et de jeunes français de la vie sociale et politique.

Nous serions contraints d’accepter tous ceux qui viendraient dans notre maison France. Il faut refuser cette réalité et faire en sorte que l’on combatte les dérives communautaristes. Nicolas Sarkozy et l’UMP surfent sur ces réalités. Ils préfèrent favoriser la lutte ethnico-religieuse que la lutte des classes d’un même combat français et immigrés.

Aujourd’hui limiter y compris l’immigration régulière devient vital face une situation intenable et explosive dans des centaines de villes populaires

C’est le sens de mon engagement contre le voile intégral afin que la jeunesse des quartiers populaires soit au centre des priorités du pays pour la décennie à venir : une politique de l’enfance, d’éducation, d’insertion, d’intégration à la Nation. Faire reculer la paupérisation économique, sociale et culturelle de millions de familles devient une priorité nationale.

Ces questions sont centrales pour le renouveau de la gauche et du PCF afin de prioriser ces français enfants de l’immigration. Nous tendons la main à l’immense majorité des français de confession musulmane pour une reconnaissance d’un Islam spirituel respectueux des principes de la République et de la laïcité.

Aujourd’hui limiter y compris l’immigration régulière devient vital face une situation intenable et explosive dans des centaines de villes populaires. C’est la seule manière d’endiguer le Front national en démontrant que la situation n’a rien d’inéluctable et surtout qu’il n’y a aucune raison d’accepter une fatalité du déclin démographique en France et en Europe. [...]

La sortie de l’Euro sera inéluctable car, on le voit, c’est un contresens économique au regard de la situation en Grèce, en Espagne et au Portugal. Ca va nous péter dans la gueule. [...]"
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En tout cas, voilà un homme qui ne mâche pas ses mots.



lundi 20 juin 2011

Questions

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La Grèce est au bord de l'émeute générale ; l'Espagne vit suspendue aux manifestations des "Indignés", et le Portugal a refilé le bébé de l'austérité à la nouvelle majorité de Centre Droit après la déculottée du Parti Socialiste portugais aux élections législatives.
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Il est tout de même intéressant de constater que dans tous les cas, ces pays ont été dirigés par des hommes politiques se réclamant du socialisme et que tous ont vu se creuser un déficit public abyssal qui les a conduits au bord du gouffre (et de la possible cessation de paiement pour le Grèce). Quand on analyse de près les raisons de ce déficit, on constate (surtout pour la Grèce) qu'il est imputable aux largesses incroyables dispensées aux fonctionnaires, et à leur recrutement massif. Clientèle captive, les fonctionnaires ! En augmenter le nombre, c'était en effet un bon moyen de se constituer un vivier électoral puissant. De plus, jouant avec machiavélisme de la solidarité européenne, ces pays attendent maintenant une aide de ceux qui sont bien gérés et qui curieusement ne sont pas dirigés par des hommes politiques socialistes. Allemagne et la France ont déjà mis la main à la poche. Mais leurs dirigeants se font réticents à puiser plus avant dans leur bas de laine (un peu plus bas que la poche, en effet).
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Le socialisme se fait une curieuse idée de la solidarité. Dans ce système, la solidarité est toujours à sens unique : on distribue l'argent des "riches" (qui n'est tout de même pas l'argent du brigandage, ou de la corruption, ou des fausses factures) aux "plus démunis", sans demander quoi que ce soit à ces derniers en contrepartie de l'aide que leur apportent leurs concitoyens. L'aide, je le dis tout de suite, me paraît normale. C'est une obligation morale. Mais ce n'est pas un dû. Où a-t-on vu que l'on pouvait gagner sa vie sans travailler ? sans participer un tant soit peu à la vie sociale en apportant quelque chose de soit à la société ? Ce sont là de vraies questions, et les cris abominés des politiciens de gôôôôôche (là, je ne peux pas m'empêcher d'utiliser cette graphie, condamnée par quelques uns de mes rares lecteurs), ne changent rien à la question de fond. Si l'homme est un sujet social, et un animal politique, il trouve alors sa dignité dans la participation active à la vie de la nation, pas seulement par son bulletin de vote - admirablement détournés par ceux qui les flattent en les méprisant - , mais en y apportant de son savoir, de ses talents, de son savoir-faire. Et c'est parce qu'ils ne croient pas que les plus démunis en ont, que ces messieurs les hommes de gauche ne leur demandent rien. Voilà le vrai scandale. Les "plus démunis" (autrement dit "les pauvres") ont quelque chose à nous apprendre, quelque chose à nous apporter. A nous de savoir le recevoir autrement qu'à coup de dénonciations hypocrites portées contre les "riches" qui, pour les vrais riches, sont en fait rarement mis à contribution. Quand les autorités romaines demandèrent au diacre LAURENT de dire où il cachait les trésors de l'Eglise, il vint avec les pauvres de la Cité et il les leur désigna ! C'est tout de même une autre perspective, non ?
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C'est tout pour aujourd'hui.
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PS ajouté ce soir : un ami me fait remarquer fort justement que les socialistes n'ont repris le pouvoir en Grèce que depuis 2009. C'est exact, bien entendu, et le déficit public a été largement creusé par les conservateurs qui les ont précédés. Il n'empêche qu'ils ont été au pouvoir fort longtemps avant d'en être délogés puis de le reprendre et que le recrutement massifs des fonctionnaires semblent bien avoir été de leur fait.

dimanche 19 juin 2011

Ni névrose, ni perversité, mais la liberté intérieure

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Comme je l'avais dit hier, et pour répondre à l'un de mes lecteurs, voici un petit mot sur la liberté et les libertaires.
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Est totalement libre un être qui échappe à toute autre détermination que lui-même, et qui, par conséquent est à lui-même sa propre cause. Un tel être est nécessaire. Ce ne peut être que Dieu. La question n'est pas ici de savoir si Dieu existe ou non, mais de donner - à supposer que cela soit possible - une sorte de définition de la liberté ontologique qui est celle de l'être appelé Dieu.
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L'homme n'a pas cette liberté ontologique. Il est à l'évidence "causé" puisqu'il a été engendré et mis au monde par des parents. Il naît dans un certain milieu, une certaine culture ; il pratique une certaine langue. Tous ces éléments et bien d'autres encore vont orienter sa vie et son devenir.  Il est donc déterminé. Et c'est parce qu'il l'est, qu'il cherche (ou que l'on cherche pour lui) les moyens d'échapper à cette condition susceptible d'entraver son développement personnel. Comme l'homme est un sujet social, il se pose la question du "Que dois-je faire pour avoir la vie bonne ?" (voir le billet "Réponse à un ami"), c'est-à-dire la question de la morale et de l'autre. L'histoire de l'humanité nous indique que les peuples reconnaissent tous, à de menus détails près, un ensemble de devoirs que les philosophes appellent la "morale naturelle". L'homme est aussi un animal politique et à ce titre il est soumis à un ensemble de lois, écrites ou non, qui viennent limiter les possibles excès de ses comportements sociaux. Dans cette situation, la liberté de l'homme est une liberté de choix. C'est la liberté morale.
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Résumons : Il y a  au moins quatre catégories de déterminations : la détermination biologique, la détermination culturelle, la détermination anthropologique et la détermination politique. Le libertaire nie l'existence des déterminations anthropologiques, puisque pour lui le concept de nature est un faux concept, un produit de la culture, et plus précisément de la culture occidentale judéo-chrétienne (ce qui est intellectuellement faux, car l'idée de nature est une idée quasi universelle). Il en résulte qu'il ne met pas d'autres bornes à ses comportements que celles de son propres désirs, et s'il admet les déterminations politiques, il a l'idée farouchement enracinée dans son système de valeurs de les faire évoluer au gré de ce qu'il appelle le progrès. Il observe, avec FREUD, que le refoulement des désirs, notamment sexuels, conduit à la névrose. Mais ce qu'il ne voit pas, ou pas encore, c'est que l'absence de lois, notamment en matière de comportement sexuel, fait le lit de la perversité. Un pervers ne connaît aucune borne à ses désirs. Il méprise l'autre, en fait un objet, n'a intériorisé aucune loi morale.
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On voit bien que l'évolution actuelle de la société est propice au développement de la perversité. On le voit dans la multiplication des crimes sexuels. (Ils ont toujours existé, certes, mais avec cette fréquence et cet excès dans l'horreur, ça je ne crois pas que ça se soit vu depuis longtemps. Il faut remonter à TIBÈRE ou à CALIGULA ou à NÉRON ou à d'autres tyrans antiques pour voir la perversité installée au coeur de la culture, de la vie politique, de la vie sociale. On peut du reste inférer que cette perversité antique a été odieuse à nombre de coeurs droits et qu'ils ont, pour cette raison, embrassé le christianisme.) On le voit dans l'explosion de la violence comme moyen de régler les conflits individuels ou sociaux. (Règlements de compte entre trafiquants de drogue, bagarres de bandes, dégradations de biens publics en cas de débordements des manifestations, etc.)
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Avons-nous d'autres choix que la névrose ou la perversité ? Oui. Mille fois oui. Et ce choix, c'est la liberté intérieure sur laquelle je reviendrai. J'ai été trop long !
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Bonne journée. 

samedi 18 juin 2011

Une analyse pertinente

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La presse, tout entière absorbée par les "affaires", a fort peu parlé des débats qui ont agité les assemblées à propos des révisions de la loi sur la bioéthique. Je me permets de vous donner ici l'analyse d'un parlementaire qui me paraît fort juste, car dépourvu (ou presque) de jugements de valeur :
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Xavier Breton, député UMP de l’Ain, a résumé ainsi l’état des forces en présence dans les débats parlementaires sur la bioéthique :
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« Il y a, dit-il, trois grands courants à l’Assemblée. L’un, plutôt libéral et libertaire, pense que la famille “traditionnelle” est une construction culturelle, que l’homme est maître de son destin et qu’il faut soumettre à sa volonté toute institution sociale. Dès lors que la nature et le corps sont niés, tout devient possible. C’est à peu près ce que pense le PS depuis que les chrétiens de gauche ne sont plus représentés au Parlement. En face, il y a un courant de pensée que je dirais “personnaliste”, c’est-à-dire attentif à la personne humaine, à sa dignité, à son respect : l’homme s’inscrit dans un environnement naturel et l’on ne doit agir sur lui qu’avec modestie. Cette conception se retrouve plutôt à droite. Et puis il y a des élus surtout attentifs à l’évolution de la société, ou plutôt à ce qu’ils pensent en percevoir, et qui n’ont pas vraiment sur ces sujets d’ancrage anthropologique. Cela dessine des majorités mouvantes sur un sujet aussi sensible que la bioéthique. »

(Extrait d’un article paru dans Valeurs Actuelles, 2 juin 2011).
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On aura remarqué sans doute que tout récemment, monsieur de VILLEPIN, candidat résolu aux Présidentielles de 2012 dans le but inavoué de faire échec à un homme qu'il exècre, a déclaré être en faveur de la dépénalisation de l'usage du cannabis (merci par avance pour les blessés et les morts que pourraient entraîner les conducteurs sous l'emprise de cette drogue) et pour le mariage homosexuel (qui n'est revendiqué que par un petit nombre d'entre eux, les plus en vue, pour autant que je puisse en juger). Monsieur de VILLEPIN espère ainsi gober les suffrages de quelques gogos et parvenir à ses fins, qui ne sont pas belles. Il me semble qu'il doit être classé dans la catégorie des élus attentifs à l'évolution de la société. Or cette évolution, elle est voulue, guidée, inspirée par des courants de pensée sinon secrets, du moins discrets, qui ne pouvant avancer à visage découvert, et imbus de faux prophétisme, entendent nous imposer et parviennent à nous imposer des manières de penser, de réagir et de faire qui vont à l'encontre de ce que chaque personne héberge profondément au fond de son coeur.
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Autant vous le dire. Je ne donnerai jamais mon suffrage à monsieur de VILLEPIN dont la très proverbiale habileté de dissoluteur d'Assemblée Nationale nous a conduit à quelques années de jospinisme et d'aubrysme. Je maintiens ma position : aucun des partis en présence, aucun des candidats déclarés ou potentiels ne me semblent en face voir la réalité et la vérité (qui, figurez-vous, ont beaucoup de points communs) et je mettrai un bulletin blanc dans l'urne solennelle des Présidentielles.
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(Je reviendrai sur les caractéristiques du courant libertaire dans un autre billet.)

vendredi 17 juin 2011

De l'exemplarité

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Le Livre des Odes, un des grands livres canoniques chinois, dit ceci :

"Le Prince, dont la conduite est toujours pleine d'équité et de sagesse, verra les hommes des quatre parties du monde imiter sa droiture. Il remplit ses devoirs de père, de fils, de frère aîné et de frère cadet [il s'agit là des relations entre les êtres, telles que les a définies CONFUCIUS, il y manque seulement la relation entre amis, la seule qui selon le sage est absolument symétrique] et ensuite le peuple l'imite." Le mot "devoir" est intéressant car il rejoint là la question "Que dois-je faire pour avoir la vie bonne ?". C'est-à-dire la morale.
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Il y a là une très profonde vérité. Il est intéressant de la confronter avec ce que Gustave THIBON disait plus de deux millénaires plus tard :
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"Rares sont les êtres qui coïncident avec eux-mêmes. La plupart des hommes vivent en dehors de leur propre nature, esclaves d'un personnage et d'un rôle dans la comédie sociale. Ils sont comme absents de leur propre existence. ET LE MÊME MENSONGE IMPRÈGNE LEURS RELATIONS, même les plus intimes, avec le prochain. Ce ne sont pas des visages, mais des masques de théâtre qui échangent des baisers et des serments." (In Notre regard qui manque à la Lumière.)
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Et c'est ainsi que madame ROYAL a prétendu qu'elle porterait le SMIC à 1500 euros par mois et qu'après son échec électoral elle a déclaré qu'elle n'avait jamais cru à cette promesse que son parti lui avait imposée de mettre dans son programme.
Et c'est ainsi que le PS s'apprêtait à désigner comme candidat aux présidentielles un homme capable de payer une caution de 6 millions de dollars, de s'offrir un luxueux appartement de 600 m² dans le quartier chic de New York, sans compter le paiement de la société de surveillance, tout en déclarant (et en redéclarant, du reste) la guerre aux riches !. C'est ainsi que monsieur Pierre BERGE, richissime homme d'affaire, peut se payer le luxe d'avoir soutenu  de son argent madame ROYAL tout en vendant des dizaines de millions d'euros une merveilleuse collection d'objets d'art, accumulés pendant sa vie commune avec Yves SAINT-LAURENT.
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Faites ce que je dis, non pas ce que je fais. Tous ces gens qui vous agitent des plumes sous le nez sont des menteurs, qui n'habitent pas leur vie et sont assez loin de pratiquer la vertu.
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Mêmes remarques pour des hommes politiques de la majorité. Comment peut-on se dire démocrate et proposer l'aide de la France à un dictateur comme l'a fait madame ALLIOT-MARIE ? Comment parler d'économie et de restrictions quand on se fait payer ses cigares par les contribuables ? Comment lutter les agressions sexuelles quand soi-même on pourrait avoir quelques reproches à se faire en cette matière ?
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Nous exigeons de nos hommes politiques qu'ils mettent en pratique dans leur vie les vertus qu'ils prétendre défendre. C'est bien le moins qu'on puisse leur demander, à défaut de succès dans la lutte contre la précarité, le chômage, la perte de sens, les violences urbaines. Qu'ils les pratiquent, nom d'une pipe, ces vertus-là. Et alors, le peuple les imitera.
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C'est tout pour aujourd'hui.
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jeudi 16 juin 2011

Quelques précisions

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Comme l'a fort bien souligné Pierre-Henri THOREUX dans son commentaire de mon dernier billet, nombre de chantres de la liberté, dont l'inénarrable ONFRAY, se réclament d'Etienne de la BOETIE pour rejeter toute espèce de hiérarchie et de pouvoir susceptible de limiter le désir des individus. Il me faut donc faire ici quelques remarques pour préciser ma pensée.
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Etienne de La BOETIE parle de servitude "volontaire". Il veut dire par là que des êtres humains acceptent volontairement d'obéir à des maîtres tyranniques, moyennant un minimum de bien-être et de jouissance, quitte à perdre leur âme et leur liberté.
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L'homme étant un animal politique, il est évident qu'il lui faut des chefs pour organiser la vie de la Cité. Tout le problème consiste à savoir ce qui légitime le pouvoir du ou des chefs. Est-ce le suffrage universel ? La chose serait évidente si les candidats qui se présentent à notre choix sont dotés de la vertu des chefs. Du temps des Empereurs de Chine, c'est la vertu du fils du Ciel qui le légitimait. Et s'il venait à manquer de vertu, alors il perdait le Mandat du Ciel, et une autre dynastie venait remplacer celle dont le dernier héritier avait failli. Imaginons que DSK ait pu se présenter à l'élection présidentielle. Tout indique qu'il aurait été élu. Est-ce donc ce genre de chef que nous désirons ? Je ne le pense décidément pas, quand bien même l'homme posséderait une grande habileté qualifiée de "politique", alors qu'elle n'eût été que "politicienne". Que cela plaise ou non, un "chef" doit vivre dans un milieu existentiel moral.
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La notion de Mandat du Ciel conféré à l'Empereur de Chine est tout à fait centrale. On peut juger qu'elle relève d'une pensée antique et quelque peu magique. Je ne crois pas que ce jugement soit fondé. Du reste, dans l'Occident chrétien, nous pouvons méditer la réponse de Jésus à PILATE : "Tu n'aurais sur moi aucun pouvoir s'il ne t'avait été donné d'en haut". Mais alors que veut dire exercer le pouvoir ? Il n'y a aucun pouvoir légitime qui s'exprime en utilisant la contrainte (les lois ou la force). Un pouvoir légitime est d'abord un pouvoir de service. C'est la leçon que Jésus a donné à ses disciples au soir du Jeudi saint après le Lavement des pieds : "Que le plus grand soit comme celui qui sert". Il n'est d'autorité qu'au service de ceux sur lesquels on l'exerce. Tout le reste, toute la pompe, tout le cérémonial, toute les trompettes de la Garde Républicaine, toutes les sirènes des motards, tous les huissiers à chaîne réunis en Congrès ne pourraient rien changer à cette évidence. Il me semble qu'on est loin du compte.
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Mais le chef qui aime ceux qu'il dirige n'est pas aimé, car l'exemple de sa vertu est insupportable à regarder. Et c'est pourquoi les peuples préfèrent les démagogues qui leur passe la plume devant la bouche.
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A demain.
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mercredi 15 juin 2011

Toujours actuel

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Ce livre d'Etienne de La BOETIE est toujours actuel. Jugez-en plutôt. Dans son Discours de la Servitude Volontaire, il dit en effet ceci, qui me semble adapté parfaitement à la situation des sociétés dites développées en général, et de la France en particulier.
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"A la vérité, c'est le naturel du menu peuple, duquel le nombre est toujours plus grand dans les villes, d'être soupçonneux à l'endroit de celui qui l'aime, et naïf envers celui qui le trompe. Ne pensez pas qu'il y ait nul oiseau qui se prenne mieux à la pipée, ni poisson aucun qui, pour la friandise du ver, s'accroche plus tôt à l'hameçon, que tous les peuples s'allèchent vitement à la servitude par la moindre plume qu'on leur passe, comme l'on dit, devant la bouche, et c'est chose merveilleuse qu'ils se laissent aller ainsi tôt, mais à condition qu'on les chatouille.
Les théâtres, les jeux, les farces, les spectacles, les gladiateurs, les bêtes étranges, les médailles, les tableaux et autres choses de peu, c'étaient aux peuples anciens, les appâts de la servitude, le prix de la liberté, les outils de la tyrannie..."
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Paris Plage, les Nuits blanches, la Gay Pride, les grands spectacles qui  se montent ici et là en province (le Puy du Fou par exemple), ne serait-ce pas les appâts que les puissants nous tendent, "la plume devant la bouche" qui leur permettent de faire ce qui leur chante ? Il y a là matière à réflexion. A cet égard, je vous recommande vivement la lecture du dernier billet publié par Pïerre-Henri THOREUX sur son site http://www.libertylovers.blogspot.com/. Il y analyse très finement le dernier "ouvrage" de Michel ONFRAY et critique en argumentant son prône en faveur de l'hédonisme, de l'athéisme, du relativisme, de l'individualisme et de l'idéologie de gauche. (Comme quoi, tout semble se tenir.)
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Loin de moi de rejeter les joies de ce monde et ses plaisirs ! Loin de moi aussi l'idée d'absolutiser une parole humaine (ce qui entraîne qu'il ne faut jamais enfermer un homme dans une parole ou un acte, sinon, pas de rédemption envisageable) ! Loin de moi l'idée que le "je" est haïssable (c'est le "moi" qui l'est), car "je" est une personne (et non un individu) reliée à d'autres personnes. Simplement rien de tout cela ne mérite d'être idolâtrer. Notre liberté intérieure et politique est à ce prix.
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Bonne journée.

mardi 14 juin 2011

Paroles d'un homme de terrain

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Je vous l'avais promis. Je tiens ma promesse. Voici un petit extrait du livre du père Camille BRISCHOUX. Le père a été en paroisse pendant quarante ans et dans sa Lettre d'un curé de base à un évêque ordinaire dont la lecture me fut réconfortante et roborative, il n'esquive aucune des difficultés pastorales auxquelles il a été confronté pendant son ministère. Après avoir crié la douleur et la détresse qui est la sienne de devoir dispenser les sacrements institués par le Christ à des baptisés qui n'ont pas la foi, il aborde sans détour dans le chapitre CONFESSION la question de la contraception. Je trouve ces paroles justes et il est important qu'elles sortent de la bouche d'un prêtre expérimenté. Je commencerai par rappeler que j'ai souvent dit ici même ceci :  l'obsession des clercs en matière de comportement sexuel a éloigné de l'Eglise quantité d'hommes et de femmes de bonne foi. J'espère ne pas choquer les rigoristes ou les puritains en rapportant ici l'avis du père BRISCHOUX.
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"Humanae vitae n'était pas infaillible et le document évoqué plus haut sur la sexualité ne l'était pas non plus. On peut donc discuter. Avec mon gros bon sens hérité de mon ascendance ouvrière, je dis simplement que la contraception est de tous les temps et de tous les pays et, en particulier, de notre Occident chrétien. Quelquefois elle est de nécessité absolue.
[...]
Le recours obligé à des méthodes [de contraception] dites "naturelles" (Ogino, température) est dépassé. Bien malin qui pourrait faire une différence de valeur "naturelle" entre un caoutchouc, une pommade, un thermomètre ou n'importe quoi.
[...]
Mais direz-vous, vous allez contre la loi portée par Rome ! Oh que non. Je constate simplement que la loi sur la contraception est universellement inappliquée parce qu'elle est inapplicable. Qui donc pourrait m'en vouloir de constater un état de choses universel ?"
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Pour ce qui me concenre, il m'apparaît que la maîtrise de soi est effectivement demandée par Jésus à ceux qui écoutent sa parole. C'est l'évidence. Mais Jésus dénonce à de très nombreuses reprises l'hypocrisie des Pharisiens qui "retiennent la mouche mais laissent passer le chameau" dans les mailles de leurs tamis, et il n'a jamais cessé de révéler la miséricorde de son Père à ceux qui ont cru en Lui. Du reste Paul de TARSE a recommandé le remariage aux veufs et aux veuves désireux de vivre une belle sexualité (il ne le dit pas comme ça bien sûr, mais d'une manière plus abrupte : "Je dis toutefois aux célibataires et aux veuves que [...] s'ils ne peuvent se contenir, qu'ils se marient : mieux vaut se marier que brûler [1Co 7, 8]) et il ne lie pas cette recommandation à la procréation. Il y a donc un idéal vers quoi il est bon de tendre ;  il y a des hommes et des femmes qui y parviennent dans l'amour et la paix intérieure. Et puis il y a des hommes et des femmes pour qui la chose est tout simplement impossible "pour l'instant" et qui n'en sont pas moins charitables, humbles, priants. La foi ne se résume pas à l'observation de préceptes comportementaux. Elle est d'abord un chemin, une expérience de rencontre amoureuse et de la rencontre découle tout le reste. J'ose le dire : je fais cette expérience de rencontre et elle me comble.
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Ceci pour dire que l'Église n'est pas si bornée que ces messieurs les imbéciles veulent bien le dire. Et que les propos de BENOÎT XVI dont je vous parlais hier, doivent être analysés dans un contexte beaucoup plus général. Je vous renvoie aussi à un billet (daté du 27 février 2008) consacré aux très sages recommandations que saint THOMAS MORE, dans Utopie, donnait à des jeunes gens désireux de se marier. Cherchez-le, vous serez étonnés.
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Allez ! Bonne journée.

lundi 13 juin 2011

Je vous prie de m'excuser, chers lecteurs

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Je vous prie de m'excuser, chers lecteurs, si je reviens sur un sujet dont j'ai assez longuement parlé quand il a défrayé les chroniques vengeresses et mensongères de la presse, française en particulier. Je dois ces détails à Bernard LECOMTE et au livre qu'il a consacré à BENOÎT XVI et à la réputation exécrable dont ce pape jouit dans les milieux anticléricaux. Si je les rapporte ici, c'est pour montrer comment fonctionnent les médias.
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Voici, très facilement et très exactement traduits, les propos du pape, tenus dans l'avion qui le conduisait en Afrique.
"S'il n'y a pas d'âme, si les Africains ne s'aident pas, on ne pourra pas résoudre ce fléau [entendez ici : "le SIDA"] par la distribution de préservatifs : au contraire, cela risque d'augmenter le problème."
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Voilà donc quelque chose de clair : le pape parle de distribution et non d'usage. Qu'importe. Trop heureux de faire du chiffre, trop heureux de servir ceux qui leur servent de mentors ou de financeurs, les médias comprennent que le pape confirme l'interdiction du préservatif dont l'utilisation augmente les risque du SIDA. Mensonge volontaire ? Occasion bénie d'enfoncer la gueuse ? Souci de plaire au plus grand nombre ? Difficile de trancher. En revanche, il est intéressant de voir comment, VOLONTAIREMENT, les choses ont été progressivement présentées.
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Dans Le Monde, Stéphanie LE BARS rapporte très fidèlement ces propos. Mais son journal décide de titrer : "Préservatif : BENOÎT XVI plus intégriste que JEAN-PAUL II." Le Figaro reçoit de son envoyé spécial, Jean-Marie GUENOIS des propos scrupuleusement retranscrits. Mais, à PARIS, son journal titre sur le fait que le pape "a dénoncé l'usage du préservatif". La première dépêche d'agence de l'AFP, transmise par Martine NOUAILLE de l'avion même à 10 h 50, arrive dans les rédactions. Cette dépêche est tout à fait claire et honnête. La journaliste indique bien que, selon le pape, le "problème du SIDA ne peut être réglé  par la distribution de préservatifs". A 11 heures, une dépêche de la même agence est formulée de manière ambiguë : "Benoît XVI : le SIDA ne peut pas être réglé avec le préservatif." A 19 h 11, juste avant le JT de 20 heures, une dépêche de synthèse de la même agence titre : "Le pape conteste l'usage du préservatif", et stigmatise la position de l'Église "contre l'usage du préservatif".
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Et bien messieurs les compilateurs de dépêches, vous êtes tout simplement des menteurs, et des menteurs volontaires, à moins que vous ne soyez des incultes incapables de faire la différence entre la distribution et l'usage, en tant que MOYEN de limiter la diffusion de la maladie. C'est un déchaînement de haine, la palme revenant peut-être à notre Isabelle ADJANI qui accuse le pape de "crime contre l'humanité". Ils s'y mettent tous : les Philippe GELÜK, les Christophe DECHAVANNE, les Line RENAUD (qui n'a jamais répondu à l'invitation que je lui avais envoyée de venir rendre visite à nos amis de l'association Tibériade), les Alain DUHAMEL, et même le très sympathique Jean-Pierre COFFE qui, dans l'émission "Vivement Dimanche", critique le pape avec virulence, donne des conseils d'usage du dispositif et indique que le préservatif n'empêche nullement de jouir, comme j'ai pu l'entendre de mes propres oreilles.
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J'ai longuement analysé ici-même l'un des deux rapports de l'OMS sur l'intérêt et les limites de l'usage du préservatif, ainsi que les propos du responsable du programme SIDA à l'Université de HARVARD qui apporte son soutien de scientifique à BENOÎT XVI et explique pourquoi : le sentiment de protection absolue lié à l'usage du préservatif augmente le nombre absolu de conduite à risque et donc le nombre de cas de contamination. En fait, j'avais moi-même fait une erreur. J'avais compris "usage" et non "distribution", et j'avais concentré mes remarques sur cette question, en vous rappelant, chers lecteurs, que j'ai enseigné la virologie pendant près de 40 ans, et que, sans être un spécialiste du virus de l'immunodéficience humaine, j'en sais tout de même plus que ces bateleurs d'estrade.
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Et pour terminer, j'ajoute que condamner des propos qui n'ont jamais été tenus, et des propos censés être sortis de la bouche d'un homme qui n'a aucun moyen de coercition, d'un homme que chacun est libre d'écouter ou non, et qui de toute façon ne cherche pas à persuader, ni même à convaincre, est intellectuellement insoutenable. BENOÎT XVI parle en croyant, à des croyants, et pour des croyants. Et les prêtres, comme c'est leur mission et leur devoir, reçoivent avec miséricorde les confidences de leurs ouailles, comme j'aurais demain l'occasion de vous le dire en rapportant les propos du père Camille BRISCHOUX.

samedi 11 juin 2011

A propos de l'appel à témoin

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Je mentirais  si je disais que j'approuve le commentaire qu'un lecteur a fait du billet intitulé "appel à témoin" ; il ne dessert ni la vérité ni le nécessaire rapprochement entre les hommes. Je vais tenter d'expliquer ici pourquoi.
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Si je considère l'histoire de l'Église en Europe, j'en arrive à conclure que la foi des Européens est passée par trois étapes, dont il est difficile de tracer les limites chronologiques et intellectuelles avec précisions, mais qui me semblent bien réelles. On peut toujours essayer.
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Lorsque pendant les invasions barbares et peu après, l'Église alors indivise, a été la seule puissance avec laquelle les envahisseurs aient dû composer, lorsque le savoir et la culture se sont développés pour l'essentiel dans les monastères alors en pleine floraison, la foi est devenue comme co-naturelle au statut d'occidental. Elle faisait corps avec les moeurs, la culture, les arts, l'organisation de la société médiévale. La foi était SOCIOLOGIQUE.
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Les choses changent avec la Renaissance, les humanistes, la Réforme. Des querelles théologiques, philosophiques et finalement politiques ont opposé des systèmes d'idées les uns aux autres. D'abord insensiblement, puis de plus en plus âprement au fur et à mesure que les contestations intellectuelles prenaient consistance, les croyants se réclamaient d'une foi très conceptuelle. Cette phase a culminé avec les Lumières. Elle a duré, en France en tout cas, jusqu'au début du XXe S. On a vu des philosophes athées, agnostiques, chrétiens plutôt conservateurs ou plutôt novateurs élaborer des systèmes aux résonances souvent politiques. La foi était alors plutôt IDEOLOGIQUE.
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Nous voici entré dans la troisième et dernière phase, celle de la foi CHARISMATIQUE ou foi des disciples. Le fait de croire en Jésus aujourd'hui et dans le monde entier ou presque ne confère plus aucun avantage social ou financier. Les chrétiens sont les croyants les plus persécutés au monde et qui comptent le plus de martyrs. On n'en finirait pas d'égrener la litanie sanglante de leurs noms : qu'ils soient évangéliques, catholiques, orthodoxes, protestants, ils fournissent tous les jours le plus gros contingent de ceux pour qui les droits de la conscience primant ceux de l'Etat, meurent pour Jésus. Les croyants charismatiques, il leur faut témoigner de l'amour de leur Dieu pour les pauvres, de la Vérité que l'Esprit Saint révèle à ceux qui l'accueillent, du dessin d'amour du Père pour chacun des hommes, dessein qu'a révélé le Fils.
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Je considère que mon commentateur a un point de vue idéologique et/ou sociologique. Et je vais résumer ici ma propre position :
(a) Les fidèles musulmans qui ne prêchent pas tous la guerre saint ou la haine des Roumi, mais expriment une foi sincère, ont droit à notre respect, et par certains côtés à notre admiration.
(b) Nous avons le devoir de nous informer sur leur religion, et d'en montrer les possibles incohérences philosophiques, les erreurs historiques, l'incompatibilité avec l'usage d'une véritable raison.
(c) Nous avons le devoir de dialoguer avec eux et des amener par la discussion à envisager leur foi et la nôtre d'un oeil neuf, et par conséquent, nous avons la mission, en tant que disciples, de les EVANGELISER. Ce n'est pas en les ridiculisant, en pratiquant des amalgames injustes, en jouant de l'ironie, que ce dialogue nécessaire à la paix pourra naître, et surtout pas leur conversion au seul Nom qui sauve.
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vendredi 10 juin 2011

La samba des enragés

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C'est donc dans le livre d'entretiens de Bernard LECOMTE avec Marc LEBOUCHER que j'ai trouvé quelques perles dignes de figurer dans le colliers des imbécillités qui, comme chacun sait, est porté à tour de rôle par les  imbéciles du monde de la politique, du monde des médias et de celui de la culture.
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Nous en sommes en 1996. Jean-Paul II fait un voyage en France. Dans L'Evénement du Jeudi, un imbécile très connu se déchaîne : voyage touristico-propagandiste à tonalité ouvertement monarchiste, c'est une clownesque entreprise, une ridicule arnaque obscurantiste et un véritable complot contre-révolutionnaire dit-il de ce voyage.
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Les Polonais auraient été sans doute heureux d'apprendre que Jean-Paul II représentait tout ça. L'imbécile de service est-il un nostalgique du soviétisme ? Quand on connaît le rôle de Jean-Paul II dans la chute du communisme, on est tout de même étonné de lire ces opinions lapidaires. Mais il est vrai que pour ce monsieur, le viol présumé de la femme du chambre du Sofitel n'est qu'un "troussage de domestique". On m'a dit que Jean-François KAHN abandonnait la carrière de journaliste. Il aurait mieux fait de ne l'avoir jamais l'embrassée.
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Toujours dans ce livre, on lit les noms de deux autres figures de proue de l'anticléricalisme : Michel CHARASSE (mais enfin on le savait), et Pierre BERGE. Ainsi se trouvent réunis dans la même haine, des personnalités  des trois mondes que je vous ai cités en tête de ce billet. Il n'est pas étonnant du reste de constater que ces trois personnalités ne font pas mystère de leurs opinions. Ils sont bien les dignes héritiers de ce Maurice ALLARD qui, lors du débat sur la Loi de Séparation disait à la Tribune de l'Assemblée :

"Il faut le dire très haut : il y a incompatibilité entre l'Église, le catholicisme ou même le christianisme et tout régime républicain. Le christianisme est un outrage à la raison, un outrage à la nature. Aussi je déclare très nettement que je veux poursuivre l'idée de la Convention et achever l'oeuvre de déchristianisation de la France."
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Il faut dire que le succès dépasse toutes les espérances de monsieur ALLARD qui exprimait tout haut ce qu'une grande partie de ses collègues favorables à cette séparation pensaient tout bas, et que TAINE a si bien analysé. La France n'est plus chrétienne. C'est ainsi. Voilà pourquoi, au nom de la solidarité, on voit des files d'ayant droit faire le pied de grue devant les divers bureaux d'aide sociale, écoutés plus ou moins par des fonctionnaires qui gagnent leur pitance sans trop de risque en faisant remplir des papiers qui finiront dans les corbeilles, tandis que des dizaines de disciples de Jésus, silencieux et efficaces, réconfortent, écoutent, appellent par leur nom les pauvres qu'ils croisent sur leur chemin. Qu'on leur interdise l'exercice de la miséricorde et l'on verra. Il serait injuste d'oublier de citer tous nos compatriotes qui, bien que non croyants, reconnaissent un frère en celui qui souffre (membres du Resto du Coeur ou Secours Populaire, par exemple).
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Les puissants dansent frénétiquement la samba des enragés dans les palais de la République. Les modestes, les humbles, se faufilent comme ils peuvent dans les couloirs de la misère et ne cherchent point le tintamarre ni la reconnaissance. Ils font ce qu'ils ont à faire, et c'est là leur récompense.
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jeudi 9 juin 2011

Appel à témoin

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L'un des responsables des 24 heures de Vie, journée d'évangélisation dont j'ai déjà parlé dans le billet "Vous avez dit bizarre" vient d'envoyer à tous ceux qui avaient eu des responsabilités à cette occasion, une petite invitation pleine d'humour dont voici la teneur :

Suite à un événement qui a marqué beaucoup d'esprits à Strasbourg, nous sommes à la recherche d'un homme dont tout le monde sait qu'il est mort mais qui aurait été vu vivant en différents endroits de la ville entre jeudi 26 mai et samedi 28 mai derniers.
Quelqu'un autait-il vu ou entendu quelque chose en rapport avec cette affaire ? Son nom est Jésus, dit "le Christ".
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On attend vos témoignages avant la fin de la semaine.
Quelques lignes suffiront.



Votre dévoué,
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Voici ma réponse :

Monsieur le Commissaire,


En réponse à votre appel à témoins, concernant un certain "Christ" qui, aux dires des DNA, aurait mystérieusement disparu et apparu entre le 26 et 28 mai de l'année courante, et compte tenu du portrait-robot diffusé par l'honorable quotidien, j'ai l'honneur de porter à votre connaissance les faits suivants.

Le 28 mai, vers les 14 heures, je m'apprêtais à prendre le tram Place de l'Homme de Fer, lorsque j'ai vu, accroupi à l'angle de la place sus-dite et de la Place Kléber, un mendiant qui pourrait bien être celui que vous recherchez. Il avait placé un écriteau entre ses jambes où il avait écrit, d'une belle écriture, ma foi !, "Donne-moi à boire". J'ai trouvé, je ne vous le cacherai pas, ce tutoiement assez cavalier. L'homme portait une barbe, (exactement comme dans le portrait-robot), dans laquelle j'ai discerné de vagues taches brunes, couleur de sang séché. Il avait des croutes bizarres sur le front qui lui faisait comme une couronne, si vous voyez ce que je dire. Et ses yeux, ah ! ses yeux, ils étaient d'un bleu insoutenable de profondeur et de douceur. Il m'a regardé avec insistance, mais j'étais pressé, vous comprenez, et j'ai passé outre. Tout de même, au moment où le tram arrivait (en direction de la Gare centrale), je me suis retourné pour voir le mendiant; J'avais la berlue. De mendiant, plus de traces. A la place un homme très grand, très beau, mais qui ressemblait au mendiant, ça j'en suis sûr et je le confirmerai si vous exigez une déposition écrite officielle. Il portait une sorte de poncho blanc, non, plutôt comme une tunique blanche, et sur la tunique (je ne trouve pas d'autre mot pour désigner ce curieux vêtement) il y avait à hauteur du cœur une très grande tache rouge, ovale. De ses mains semblaient sortir comme des rayons lumineux. Je n'ai pas bien vu ses mains. Mais elles étaient quand même bizarre, en tout cas du côté des poignets. On aurait dit que l'homme flottait légèrement, gracieusement au-dessus du sol. Le tram était là. Je suis monté. Mais je me suis retourné de nouveau. Je n'ai pas l'habitude de voir tous les jours des choses pareilles. Mais je fus dépité. Le mendiant avait disparu tout comme l'homme à la tunique blanche. Quelque chose me dit que celui-ci pourrait bien être l'homme que vous recherchez.
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Restant à votre disposition pour tous renseignements complémentaires qu'il vous plairait de me demander, je vous prie d'agréer, monsieur le commissaire, l'expression de mes sentiments dévoués.

Philippe P.
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PS : il était important que je délivre ce billet, avant celui que j'appelle "La samba des enragés".



mercredi 8 juin 2011

Le tango des menteurs

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Après la polka des faux-culs et avant la samba des enragés, voici le tango des menteurs. Combien de fois ai-je pesté ici-même  contre le mensonge d'état, entretenu et nourri par les médias, à propos de notre histoire nationale et de l'Histoire tout court ? La lecture, que dis-je la dévoration toute récente d'un petit livre d'entretiens de Bernard LECOMTE avec Marc LEBOUCHER, intitulé Pourquoi le pape a mauvaise presse (Desclée de Brower, Paris, 2009) ranime en moi la flamme de la protestation indignée. Bernard LECOMTE fut journaliste à La Croix et à L'Express. Il répond aux questions d'un autre confrère de plume. Il le fait, muni d'une documentation précise, avec nuance, avec bienveillance, et tout en soulignant les dysfonctionnements de la Curie romaine, il démontre, sources à l'appui, que les médias français ignorent et déforment les propos de Benoît XVI, et qu'il leur arrive de mentir souvent, sciemment ou non. LECOMTE indique que les lois de la communication moderne sont par eux respectées qui consiste à simplifier pour faire passer un message quitte à le tronquer, mais qu'en fin de compte ces procédés offrensent grossièrement la vérité. Il le démontre exemple à l'appui, et je vous jure que ce n'est édifiant. On y reviendra demain.
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A la fin de son ouvrage, il consacre un petit chapitre à l'affaire PIE XII. Je me bornerai à rappeler des faits. "PIE XII, dit-il, a sauvé des milliers de juifs en les hébergeant dans des églises, des couvents, des monastères, jusqu'à l'intérieur de la bibliothèque vaticane ou dans sa propre résidence de CASTEL GANDOLFO". En juillet 1943, PIE XII descend dans les rues de ROME pour réconforter les habitants terrorisés par les bombardements alliés. Max BERGERRE, journaliste à l'agence Havas (elle n'était pas encore l'AFP) décrit du reste cette visite en indiquant que le pape a la soutane maculée de sang. En mai 1944, PIE XII parvient à faire déclarer ROME "ville ouverte" pour éviter que la Cité ne soit détruite par les inévitables combats qui n'auraient pas manqué de s'y dérouler si la ville avait été défendue. Le Grand Rabbin de ROME, Isarël ZOLLI, doit la vie au fait d'avoir été hébergé, lui et sa famille, dans l'enceinte du VATICAN. Il se convertira au catholicisme et baptisera son Fils Eugenio, comme le pape qui l'a sauvé. Le jour de la mort de PIE XII, Elio TOFF, nouveau Grand RABBIN de ROME dit : "Les Juifs se souviendront toujours de ce que l'Église catholique a fait pour eux sur l'ordre du pape au moment des persécutions raciales". Madame Golda MEIR envoie le jour même au Vatican  ce télégramme : "A une époque troublée par les guerres et les discordes, PIE XII a maintenu les idéaux les plus élevés de paix et de compassion. Lorsque le martyr le plus effrayant a frappé notre peuple, durant les dix ans de la terreur nazie, LA VOIX DU PAPE S'ELEVA EN FAVEUR DES VICTIMES. La vie de notre époque fut enrichie  PAR UNE VOIX QUI PROCLAMAIT, au-dessus du tumulte du conflit quotidien, les vérités morales fondamentales. Nous pleurons un grand serviteur de la paix".
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Il a fallu la malignité de Rolf HOCHHUT dans sa pièce Le Vicaire pour introduire le poison de la suspicion, du doute et du mensonge sur PIE XII. LECOMTE rappelle que l'auteur était protestant, qu'il fut poussé dans le monde du théâtre par le découvreur de Bertold BRECHT (une figure de l'objectivité, en effet ! Un homme qui pesait le pour et le contre, mais tranchait toujours en faveur du contre), Erwin PISCATOR qui ne devait pas faire mystère de ses sympathies politiques pour avoir propulsé le dit BRECHT sur le devant de la scène. Je vous laisse conclure.
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A demain pour "La samba des enragés".
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mardi 7 juin 2011

Morale, réponse à un ami

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"Je ne sais pas ce que c'est que d'avoir la vie bonne" me disait hier cet ami qui se sent et se dit citoyen du monde. J'ai bredouillé une réponse parfaitement insatisfaisante, et j'ai pris conscience que j'utilisais l'expression sans m'être enquis plus avant de son sens réel, comme s'il allait de soi. (Je rappellerai ici que j'ai utilisé à plusieurs reprises, avec Henri HUDE, cette expression comme répondant à la définition de la morale comme "art de vivre pour avoir la vie bonne".) En somme je manipulais en voulant persuader, alors qu'il s'agissait de convaincre en argumentant.
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Un acte moral, disais-je, laisse l'acteur serein, et dans la paix intérieure. C'est un critère, sans aucun doute. Mais il est insuffisant. Il y a des criminels qui ont la conscience parfaitement tranquille, et des pervers avérés qui dorment du sommeil du juste. Il faut aller plus loin. On peut conjecturer cependant qu'une action qui laisse l'agent malheureux, plein de remords, de culpabilité, amer, n'est probablement pas moral.
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Un acte moral est accompli par un être humain qui a pleine conscience de soi, délibère avant d'agir, et comprend ce qu'il fait. Ce sont là les définitions d'un acte libre. Simone WEIL a admirablement défini la chose. J'en ai déjà parlé ici. Mais le critère est insuffisant. Car les auteurs d'actes gratuits criminels  - il y a eu des philosophes de la liberté qui les ont sinon exaltés, du moins analysés - veulent poser des actes libres, et qui, d'après eux, le sont en raison même de leur gratuité. Posons cependant qu'un acte moral est un acte libre. Et c'est pourquoi les hommes dépendants de la drogue, du tabac, du sexe, de l'alcool n'étant pas entièrement libres, ne peuvent être moralement jugés, quand bien même une part de leur liberté est, ou a été, engagée dans leur acte. Mais Simone WEIL ajoute un autre critère. C'est qu'un acte libre ne se soucie pas de réussir. Il peut échouer mais n'en reste pas moins libre, et donc moral.
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Un acte moral tient compte d'autrui, et du principe de réciprocité qui consiste à ne pas lui infliger ce que nous ne voudrions pas qu'il nous inflige. Cette règle d'or se retrouve dans le bouddhisme, le confucianisme, sans parler des Grecs. Voilà un point de convergence qui nous conduit à la morale naturelle.
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J'ai promis d'être sobre. J'en reste là avec cette citation d'Hannah ARENDT :
«La passion «to make the world a better place to live in» a modifié le monde, mais a également eu pour conséquence qu'au cours de ce processus d'amélioration tout le monde a oublié ce que «to live» veut dire. Ainsi les Américains vivent-ils effectivement dans «le meilleur des mondes possibles» tout en ayant perdu la vie elle-même. C'est un enfer.»
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Eh puis non, j'en rajoute une autre de Bertrand RUSSELL :
La vie bonne est celle qui est inspirée par l'amour et guidée par la connaissance.
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PS : il est intéressant de noter que Luc FERRY a beaucoup écrit sur la Vie bonne, comme j'ai pu l'apprendre en consultant Internet.
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lundi 6 juin 2011

La polka des faux-culs (bis)

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La polka des faux-culs continue, animée par l'orchestre des hypocrites. Jamais je n'aurais songé à écrire ce billet rageur si je n'avais entendu brièvement un responsable de la "Gauche solidaire" (je crois), dont je n'ai pas saisi le nom, conclure une charge contre Luc FERRY et ses allégations de pédophilie contre un ancien ministre par un sonore "quand on sait pas, on ferme sa gueule".
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Les danseurs sont les responsables politiques et l'orchestre qui conduit le bal, les médias de presque tous les bords. D'abord, je vais essayer de dresser un tableau objectif des trois affaires de crimes ou délits sexuels supposés ou réels qui défraient la chronique.

Affaire DSK    Une plaignante     Une accusation        Une défense offusquée des médias français de gauche.
Affaire TRON Deux plaignantes  Une enquête            Une charge amusée ou féroce des mêmes médias.
Affaire X         Deux plaintes       Une enquête            Une accusation contre l'allégateur Luc FERRY par
                       au MAROC                                                les mêmes médias.
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Monsieur FERRY a été Ministre de l'Education Nationale, de la Jeunesse et des Sports (il me semble). Est-il impensable qu'il ait eu accès à des documents ou des confidences qui, pour des raisons diverses, ne peuvent être exploitées en justice ou ont été détruits ? (Par exemple les fameuses "notes blanches" des Renseignements Généraux ?) Est-il pensable qu'un homme de cette qualité intellectuelle ait lâché une telle accusation à la légère ? Pourquoi les médias (surtout de gauche, mais pas exclusivement) attaquent-ils cet homme a priori intègre (il n'a pas fait carrière, lui, et il n'est pas richissime) ? De quoi ont-ils peur ? N'aurait-il pas été préférable de se poser d'autres questions ?
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Il se trouve que lors de la préparation d'un cours que je devrais donner cette année sur "les maladies virales émergentes dans un univers globalisés", j'ai été amené à étudier le rôle du tourisme sexuel dans la diffusion de certaines d'entre elles (immunodéficience, hépatites B et C, notamment). Je me suis donc documenté, et j'ai trouvé de nombreuses indications dans un livre dont la lecture m'a bouleversé : il s'agit de l'ouvrage de Franck MICHEL, Planète sexe. Tourismes sexuels, marchandisation et déshumanisation des corps. Éditions Homnisphères, Paris, 2006. On y apprend qu'il existe au MAROC une plage où de riches européens viennent faire leur marché de chair fraîche et se payent les services tarifés de jeunes marocains prostitués. Il semble que ce soit des adolescents à la limite de la majorité. Voilà donc, de notoriété publique, un lieu où des rencontres, peut-être ou vraisemblablement condamnables par la Loi, peuvent se faire au su et au vu de tous. Je vous passe les détails sordides que Franck MICHEL nous délivre en prenant du reste des pincettes. Frédéric MITTERRAND a utilisé pour sa pitoyable défense les arguments de l'âge pour se défendre d'avoir abusé de mineurs. Ses jeunes thaïlandais étaient bien des adultes, dit-il. Il a dû leur demander leur acte de naissance pour en être si certain.
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La vérité c'est que tout le monde connaît, ou croit, ou pense connaître de qui il s'agit, que nul n'ose le dire, pour des raisons à la fois idéologiques, juridiques et peut-être morales, car pour accuser, il faut des preuves, et il faut craindre qu'on ne les trouve jamais, à moins qu'il n'y ait des témoins disposés à agir en justice. Il faut aussi faire la part de la rumeur infondée. Monsieur X porte bien son nom !
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Pour qu'un pouvoir soit respecté, il lui faut être respectable. L'amalgame glutineux des médias, des journalistes et des cultureux nous plonge dans un abîme d'insanités et nous ne parvenons pas à nous en extraire alors que le feu dévore notre pays.
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