mercredi 30 avril 2008

Un mythe qui a la vie dure

Journal Télévisé d'hier soir. Harry ROSELMACK évoque la réforme de l'enseignement primaire décidée par Xavier DARCOS, et fait projeter quelques éléments de cette réforme, des grilles horaires hebdomadaires, où il paraît que le français et les mathématiques occupent une place prépondérante. Sans avoir donné le moins du monde la parole au ministre, il enchaîne :"Tout de suite les réactions". Celles-ci sont au nombre de deux, parfaitement contradictoires quoique résolument hostiles à la réforme. Monsieur ROSELMACK eût donc été bien inspiré de dire : "Tout de suite deux réactions" ou "tout de suite des réactions". Passons sur le mensonge par le viol de la langue : par chance, nous avons en français des articles définis, et des articles indéfinis. C'est l'article indéfini qui devait être employé.
Parmi les deux réactions, celle de mademoiselle ou madame DUCAMP, répondant au beau prénom (si je me souviens bien) d'Aurore. Il est évident que ce professeur des écoles aime son métier et qu'elle a le désir de faire le mieux possible. Mais que dit-elle exactement ? Que l'on va exactement à l'encontre de la réforme inaugurée il y a quelques années, et aujourd'hui enterrée, qui voulait "que l'enfant construise lui-même son savoir".
Nous crevons de cette chimère. En trois arguments, je vais essayer de le montrer.
(a) Il n'y a pas d'autoconstruction du savoir. C'est tout simplement, au mieux, un mythe, au pire un mensonge avéré. Est-il possible qu'un enfant autoconstruise son savoir sur la langue si on ne lui propose pas des mots, des textes, un vocabulaire, une grammaire ; et sur les mathématiques si on ne lui fait pas apprendre par coeur les tables de multiplication, les opérations arithmétiques élémentaires, des éléments de géométrie ?
(b) Le propre de la culture c'est la transmission. Et pour qu'il y ait transmission, il faut qu'il y ait modèle. Faute de modèle, faute de repères culturels, il n'y a aucune inculturation possible. La culture peut être définie comme l'ensemble des pratiques artistiques, littéraires, sociales, esthétiques, politiques, etc. accumulées par l'expérience des générations passées et augmentée de celle de la génération aux affaires, transmis aux nouvelles générations pour leur éviter d'avoir à refaire tout le chemin de l'humanité dans son effort incessant d'humanisation. Je suppose donc qu'Aurore DUCAMP utilise le mot autoconstruction du savoir dans un sens dévié. Que les enfants aient des dons, des envies, des désirs très différents les uns des autres est une évidence. Il est donc important que ces désirs rencontrent des modèles. C'est du reste en fonction des modèles qui leur sont présentés que les uns désirent devenir pompier, les autres astronautes, d'autres enfin, médecins, etc. En somme, l'autoconstruction se résume au choix d'un modèle de savoir parmi de nombreux possibles, et ce choix est dicté par de très nombreux facteurs, qui vont des aptitudes de l'enfant, au désir des parents, en passant par l'environnement social ou économique, la famille et ses traditions. Je ne pense pas qu'un esprit droit puisse contester ces données. En d'autres termes, il n'y a pas d'autoconstruction du savoir. Son acquisition est déterminée, voire surdéterminée et elle se fait à partir de modèle.
(c) La grande et ultime duperie de l'idéologie des Lumières est de faire croire à l'autonomie du désir. Mais il n'y a pas de désir autonome, et nous ne désirons que ce qui nous est désigné comme désirable. Bien plus, nous désirons jusqu'au désir de l'autre. Les analyses de René GIRARD sont là-dessus lumineuses, plus que celles de FREUD. Il appartient aux enseignants de susciter le désir d'apprendre et non de feindre qu'il naît spontanément dans le psychisme des enseignés. Certes, il convient de tenir compte de la personnalité de l'enfant, de son histoire personnelle, de ses aptitudes. Mais les enseignants, dont je fis partie, doivent offrir le meilleur, le plus exigeant aux jeunes qui leur sont confiés.
Pour terminer, une anecdote personnelle. Pendant les trois dernière années de ma vie d'enseignant, j'ai donné, bénévolement je précise, des cours de Biologie Générale aux jeunes gens et jeunes filles qui préparaient le Diplôme d'Accès aux Études Universitaires. D'origine modeste, voire très modeste, issus des quartiers sensibles ou difficiles, ils suscitaient mon émerveillement par leur désir d'apprendre. Je ne cessais de leur dire qu'il est nécessaire de bien posséder la langue, d'enrichir son vocabulaire, car la langue est la clé de voûte de l'échange, de la paix civile, et de la réussite de sa vie. Un jour, l'un d'eux m'interrompt et me dit, les yeux remplis de joie et de malice : "m'ssieur, j'ai épaté mes copains. J'ai utilisé le mot "fallacieux". Ils ne savaient pas ce que ça voulait dire, et JE LEUR AI EXPLIQUE". (J'avais utilisé ce mot dans un de mes précédents cours.)
Oui, maîtriser la langue est plus important que de bidouiller sur internet, que gratter de la guitare électrique, ou que de gagner aux jeux vidéo, et que de proclamer l'autoconstruction du savoir.

mardi 29 avril 2008

Compassion et colère

Vous l'aurez sans doute remarqué si vous lisez fidèlement mes billets. Je suis muet depuis quelques jours tant l'actualité est accablante dans son horreur monotone : le père incestueux qui séquestre sa fille pendant 24 ans et lui inflige la naissance de sept enfants, le collégien qui poignarde trois de ses condisciples dont l'un est dans un état grave, ou encore ce multirécidiviste, maniaque sexuel, suspecté d'avoir tué une jeune étudiante suédoise.
Et justement, venons-en à ce suspect. On interrogeait hier à la radio monsieur Serge PORTELLI, membre du syndicat de la magistrature, et on essayait de savoir de lui si l'application de la loi sur la rétention de sûreté aurait pu empêcher le meurtre de Susanna, au cas très probable où il s'avèrerait que le suspect (que tout accable) fût jugé coupable.
A la première question, une réponse embrouillée, et si peu claire que j'ai oublié jusqu'à la formulation exacte de l'interrogation. A la seconde, très précisément axée sur le possible évitement de ce drame affreux par la rétention de sûreté, savez-vous ce qu'il répond, monsieur PORTELLI ? Il ne répond pas sur l'évitement, mais sur le fait que les maniaques sexuels ne sont pas suivis suffisamment par des psychologues et des psychiatres pendant leur détention, qu'ils ne sont pas soignés, en quelque sorte, et (sous-entendu) qu'on ne peut donc les accuser d'avoir récidivé puisqu'on n'a rien fait pour empêcher la récidive. En somme, il nous dit que c'est la faute de la société, si le suspect a possiblement rechuté. Certes, il ne l'eût point fait si le contribuable, l'administration pénitentiaire et le pays dans son entier avait consenti aux efforts susceptibles d'éviter le retour de tels crimes. Et monsieur PORTELLI enfonce encore le clou en déclarant aux journaux qu'il est "choqué" par le communiqué du Ministère de la Justice qui indique que "ce type de crime est souvent le fait de récidivistes et de criminels dangereux". Il est choqué monsieur PORTELLI, très choqué "que le ministère de la Justice profite d'un crime odieux pour faire de la publicité sur des lois extrêmement discutables au niveau (personnellement je n'aurais pas dit "au niveau", mot fourre-tout et qui dissimule une navrante pauvreté de vocabulaire ; j'aurais tourné autrement la phrase) des droits de l'homme".
Monsieur PORTELLI est le prototype le plus pur de l'idéologue. Héritier du rousseauisme le plus primaire, qui veut que la société soit responsable de toute la bassesse humaine, il ôte à l'homme son éminente dignité, celle de la responsabilité de ses actes à ses propres yeux comme à celui d'autrui. Gilles de RAIS qui assassina dans d'horribles conditions des centaines de garçonnets est mort saintement, en reconnaissant l'horreur de ses crimes jusqu'au lieu de son exécution. C'est dans la reconnaissance de son péché qu'il a trouvé le salut. Notre suspect, lui, n'aurait pu le trouver que dans les mains des psychologues, des psychiatres et des pharmacologues. Différence de vision, différence de sens.
Je suggère à monsieur PORTELLI d'aller expliquer aux parents de Susanna ZETTERBERG que leur fille n'aurait pas été assassinée si l'on avait traité convenablement le suspect. A moins, et plus vraisemblablement, qu'il leur explique que, compte tenu de son appartenance à un syndicat de gôôôche, il est obligé d'épouser les thèses les plus insupportables du parti auquel il adhère. Cet homme regarde dans son cerveau, au lieu de regarder les faits. Si le suspect, et très possiblement coupable, avait été soumis à la rétention de sûreté ET traité pendant celle-ci, Susanna serait encore en vie. Son chemin n'eût point croisé celui d'un homme convaincu d'avoir violé une fillette de 12 ans et une jeune femme de 21 ans. Voilà, monsieur PORTELLI, ce qu'un homme de coeur et de courage aurait dit.
Toutefois, sur un point je suis d'accord avec vous : la rétroactivité d'une loi (de sinistre mémoire avec les sections spéciales de Vichy) est inadmissible. Vous n'avez donc pas tout faux. Mais la loi, vous le savez, n'est pas rétroactive, cette mesure ayant été censurée par le Conseil Constitutionnel. Allez, encore un effort, et vous conviendrez que la société a le droit de se défendre contre les individus dangereux, et qu'elle délègue ce droit à la puissance publique.
Ma compassion va aux parents de Susanna et à ses proches, et ma colère contre des fauteurs de trouble comme monsieur PORTELLI.

vendredi 25 avril 2008

Platon pas mort

Des milliers de lycéens s'agitent dans les rues de nos grandes villes, au motif qu'ils ne veulent point que l'on supprime des postes d'enseignants dans leur établissement. Il y a certes de l'inquiétude dans ces comportements. Il y a aussi et surtout de la manipulation par les différents mouvements syndicaux de gôôôche qui pensent obtenir par ces manifestations "spontanément organisées" ce qu'ils désirent, comme ils l'ont déjà fait jadis, de monsieur DEVAQUET aux plus récents ministres de l'éducation nationale : et ce désir, c'est un affaiblissement de leur autorité de tutelle, surtout quand elle n'est pas de leur couleur politique, pour faire triompher leurs idées par la violence juvénile sollicitée, puisqu'ils n'ont pu l'obtenir des urnes.
Il faut donc rappeler un certain nombre de faits.
Il y a en France 30.000 (trente mille) enseignants, payés par l'éducation nationale, qui n'ont aucun élève, soit parce qu'ils ont une décharge syndicale, soit parce que leur discipline (notamment dans les langues dites rares) n'attire aucun lycéen, soit pour toute sorte d'autres raisons qui toute ne sont pas très claires. La polyvalence d'un enseignant permettrait d'affecter, par exemple, un professeur de portugais à l'enseignement de l'anglais, à condition que lors de sa formation, ledit enseignant acquiert cette double compétence. Impossible ? Certes non. J'en suis du reste le vivant exemple. Agrégé de microbiologie, et plus exactement de virologie, j'ai été mandé par mon Doyen, au tout début de ma carrière, pour enseigner pendant deux ans la mycologie, et à la fin de celle-ci, pour enseigner aux 450 étudiants de première année la biologie cellulaire. Dans les deux cas, il m'a fallu créer de toutes pièces un cours qui se tienne. Et ce ne fut point une mince affaire.
Deuxième fait. La démographie des lycéens est en baisse. Il est donc assez paradoxal d'augmenter le nombre de postes d'enseignants quand le nombre d'enseignés diminue. Nous ne sommes pas assez riches pour nous autoriser ce luxe. Du reste, le problème n'est pas quantitatif, mais qualitatif. Et je doute fort qu'un enseignant incapable de maîtriser une classe de 35 élèves y réussisse mieux avec une classe de 25.
Troisième fait. Nos jeunes ont des comportements tout à fait nouveaux, auxquels les enseignants ne savent pas faire face. Jean-Marie PETITCLERC, du reste, écrit dans un livre remarquable (Enfermer ou éduquer. Les jeunes et la violence. Dunod, Paris, 2004) ceci : Il m'arrive souvent d'être invité par des enseignants ou des éducateurs me demandant de les aider à réfléchir sur les évolutions des comportements des jeunes. J'aime leur dire : 'Et si nous commencions par réfléchir à l'évolution des comportements des adultes, qui leur a fait perdre toute crédibilité auprès des jeunes'. Il identifie avec clairvoyance la triple crise de la société : une crise de l'autorité qui rend difficile la transmission des repères ; une crise de projection dans l'avenir, qui rend difficile la mise en projet ; une crise de l'apprentissage de la socialisation qui se manifeste par des difficultés croissantes dans le rapport à la loi.
On voit bien, selon moi, que cette triple crise est le fruit amer (a) de l'individualisme induit par le règne sans partage de l'idéalisme des Lumières, (b) de l'attaque incessante conduite contre la religion en vertu du principe sacralisé de la laïcité qui a produit une crise du sens, et (c) de la relativisation de la morale et du relativisme philosophique qui en est le support, voulu par les médias et les marchands du temple qui font argent de tout, et notamment du sexe, de la violence et de la pornographie.
Plus que jamais PLATON est d'actualité. Permettez que je vous rappelle ce qu'il disait dans La République :
Lorsque les parents s'habituent à laisser faire leurs enfants ; lorsque les enfants ne tiennent plus compte de leurs paroles ; lorsque les maîtres tremblent devant leurs élèves ; lorsque finalement les jeunes méprisent les lois parce qu'ils ne reconnaissent plus rien au-dessus d'eux, l'autorité de rien ni de personne, alors c'est en toute justesse le début de la tyrannie.
Oui ! La jeunesse n'a que du mépris pour ceux de ses maîtres qui s'abaissent à les suivre au lieu de les guider.
Oui ! PLATON par mort !

jeudi 24 avril 2008

Plaidoyer pour une démocratie apaisée

J'ai l'habitude de prendre de très nombreuses notes quand je lis un livre, quel qu'il soit. Je remplis de gros cahiers, en y notant soigneusement tout ce qui a retenu mon attention. De temps à autres, j'ouvre au hasard et je lis telle ou telle analyse. C'est ce qui vient de m'arriver à l'instant. Voici deux citations tirées d'un livre de Marcel LEGAUT que tout homme politique, tout journaliste, tout enseignant, tout vivant devrait avoir lu :
En vérité, de même que l'homme se trahit en ne voulant pas se connaître comme sujet, il renonce à la connaissance d'autrui en ne faisant de celui-ci qu'un objet.
et encore
La découverte de l'autre est à la mesure de la maturité de celui qui s'y emploie.
Si les hommes politiques de l'opposition voulait bien considérer que le Président SARKOZY n'est pas un objet que l'on dissèque sous la loupe grossissante de l'anatomiste pervers, et si le Président SARKOZY voulait bien considérer que ces opposants grossiers, souvent injustes, toujours malveillants, méritent qu'on les prennent en considération (ce qu'il fait plus qu'on veut bien lui en faire le crédit, en pratiquant l'ouverture), nous pourrions avoir un dialogue démocratique apaisée. Mais l'appétit du pouvoir est tel que nos politiques sont aveugles et sourds. Au jeu de la grandeur, c'est nettement le Président SARKOZY qui l'emporte ; il a fait appel très souvent (à madame TAUBIRA encore récemment) à des personnalités qui ne partagent pas ses opinions, et qu'il estime pour leurs qualités personnelles. Ce me semble être la preuve d'une ouverture d'esprit qui doit être saluée.
Allez, encore un extrait du livre : Le charisme qui s'épanouit pour l'ordinaire dans un homme quand celui-ci se réalise harmonieusement dans sa totalité, est remplacé par les grâces d'état de la fonction qui en général [...] sont d'ordre sociologique.

mercredi 23 avril 2008

Mensonge

Non contents d'avoir ruiné les petits commerces des villages et des bourgs, d'avoir fait fermer plus de 3000 pompes à essence en France, les Chevaliers des grandes surfaces s'en prennent maintenant aux pharmaciens et aux médicaments dits "de conseils", vendus aux patients sans ordonnance et à un prix libre.
J'ai vu hier dans Métro un encart publiés par par différents syndicats de pharmaciens. Intitulé "Mensonge", il renvoie monsieur LECLERC dans ses cordes ; souffrez que je vous reproduise ici cet encart.
"MENSONGE (n.m. XIIe siècle). Dérivé de mentir. Le mensonge est l'énoncé délibéré d'un fait contraire à la vérité ou encore la dissimulation de la vérité. Se dit aussi d'un propos qui induit en erreur pour ARRIVER A SES FINS.
NON Mr L., 110 points de vente (Nombre des Magasins Leclerc en France, note du transcripteur) ne peuvent assurer un service de proximité.
OUI, 23.000 pharmacies assurent déjà ce service auprès de chaque Français.
NON Mr L., le prix du médicament n'a pas augmenté.
OUI, en quatre mois, les produits de grande consommation ont augmenté de 7,1 % (source : DGCCRF, [Direction Générale de la Concurrence et de la Répression des Fraudes]). En quatre ans, les 100 premiers médicaments conseil ont augmenté de moins de 1%.
NON Mr L., la libéralisation de la vente des médicaments en Europe n'a pas fait baisser leur prix.
OUI, les patients des pays frontaliers (Italie, Allemagne, Angleterre, Belgique...) viennent s'approvisionner dans les pharmacies françaises. Pourquoi ? Probablement parce que leurs prix sont parmi les moins chers d'Europe. [Ayant vécu plus de 30 ans à Strasbourg, je confirme tout à fait la chose pour ce qui est de nos voisins allemands.]
NON Mr L., détourner l'attention du consommateur sur le prix du médicament ne lui fera pas oublier l'augmentation continue des produits alimentaires.
OUI, les Français attendent la redistribution effective des 30 milliards d'euros de marge arrière annuelle de la grande distribution (Source FDSEA).

OUI, vous êtes riche de votre expérience dans la grande distribution. Mais avant de prétendre pouvoir baisser les prix des médicaments que vous n'avez pas, baissez déjà les prix des produits dont vous avez le quasi-monopole."
Il n'y a rien à rajouter.
Je développe une allergie croissante à cette grande distribution dont les responsables ne cessent de s'enrichir en feignant de nous servir, et réduisent à la plus grande extrémité nombre de fournisseurs, en menaçant de les rayer de leurs références s'ils ne consentent pas à leur vendre leurs produits à des conditions absolument léonines, en les payant à 90 jours fin de mois, alors qu'ils écoulent, eux, leurs commandes en une semaine. Ils sont répugnants, dégoûtants, et dégouttant des euros qu'ils arrachent par violence et à leurs fournisseurs et à leurs clients. Quand il n'y aura plus qu'eux en France, notre pays sera transformé en désert.
N'y allez pas ! Achetez dans les petits commerces de proximité. Vous économiserez l'essence de votre déplacement. Faites vivre ceux qui à force de travail et de sacrifices personnels, vivent libres et débout. A bas les hypermarchés ! A bas le travail du dimanche ! A bas les conditions honteuses qu'ils font à leur personnel ! Vive la liberté ! Non à l'esclavage du fric et de la consommation !

Pour une mystique de la chair

La revue Familles chrétiennes vient de publier dans un numéro spécial l'interview d'un philosophe du nom de Fabrice HADJADJ. Il n'est pas dit qu'il est chrétien, et ce point doit être souligné. (Fabrice HADJADJ a publié un livre intitulé "La profondeur des sexes. Pour une mystique de la chair", aux éditions du Seuil, en 2008.) Il parle magnifiquement de l'union charnelle de l'homme et de la femme. Voici, entre autre ce qu'il dit dans l'interview que j'évoquais plus haut :
"[...] Si nous avons une chair, c'est que nous sommes nés d'une union sexuelle. Les anges n'en ont pas. Ils n'ont d'autres parents que Dieu. Ensuite, il y a dans le désir de l'autre sexe comme l'intuition que son corps est capable de rayonner de béatitude, de porter je ne sais quelle gloire. Les formes d'une femme contiennent la promesse d'une joie lumineuse que l'étreinte charnelle ne parvient pas à tenir. Alors on se dit soit que c'est un appât pour pousser l'homme raisonnable à faire la bête à deux dos, soit que c'est l'avant-goût de quelque chose de bien réel, mais de très mystérieux, un autre état du corps, splendide, spirituel, à l'abri de la bassesse et de la mort, ressuscité quoi !"
Texte admirable, selon moi, et qui élève au-dessus des bassesses pornographiques et des vénérations érotiques offertes à nos regards dans les kiosques à journaux. Oh, certes, ce n'est pas très vendeur de prétendre que l'exercice de la sexualité vécue comme une promesse d'éternité est une porte ouverte sur la vie intérieure, et sur la résurrection. Mais il me semble que c'est d'une rare justesse, et que c'est le chemin à la fois de la maîtrise consentie de son corps et de l'exultation bénie qui descend sur l'union charnelle de deux êtres qui s'aiment.

dimanche 20 avril 2008

Etait-il vraiment maudit ?

Avec quelle lippe gourmande, quels sous-entendus obliques ne nous parlaient-ils pas de lui, nos professeurs de français ? Pensez-donc, un homme qui fricote avec le vice, révolvérise son ami, touchote un peu à la drogue, passe quelques temps en prison, mais écrit des vers sublimes, voilà de quoi émoustiller les adolescents que nous étions, en quête de liberté et d'expériences nouvelles. C'était un des poètes maudits que l'on présentait à notre vénération.
Eh puis, il y a quatre jours, le choc pour moi. Un journal publie de lui le poème que voici. Il est intitulé "Angélus de midi".
"Il me faut à tout prix un secours prompt et fort.
Ce fort secours, c'est vous, Maîtresse de la mort
Et Reine de la vie, ô Vierge immaculée
Qui tendez vers Jésus la face constellée
Pour lui montrer le sein de toutes les douleurs
Et tendez vers nos pas, vers nos vies, vers nos pleurs
Et vers nos vanités douloureuses les paumes
Lumineuses, les Mains répandeuses de baumes.
Marie, ayez pitié de moi qui ne vaut rien
Dans le chaste combat du sage et du chrétien.
Priez pour mon courage et pour qu'il persévère
Pour de la patience en cette longue guerre.
Ah ! vous aimer, n'aimer Dieu que par vous, ne tendre
A lui qu'en vous sans plus aucun détour subtil
Et mourir avec vous tout près. Ainsi soit-il."
Ce poème bouleversant, Paul VERLAINE l'écrivit en 1873. Je dis, je prétends et je maintiens que si nos professeurs nous avaient présenté VERLAINE dans tous ses états, y compris celui qui l'habita quand il écrivit ce texte sublime, ils auraient pu SAUVER bien des jeunes gens et des jeunes filles en grande détresse morale. Hélas, ils ne l'on pas fait. C'était contraire à la laïcité, n'est-ce pas. Lâcheté, aveuglement, haine ou mépris de la vérité, ou plus vraisemblablement ignorance, ils ne l'ont pas fait. Sinon ils ne l'auraient pas qualifié de "maudit". Peut-il être "maudit" celui qui se confie ainsi dans sa misère ? Certes non !
Nous crevons aujourd'hui de désespoir, de culpabilité, et de reniement. Mais il nous est toujours possible de "nous lever et d'aller vers notre père". Cela suppose du courage, celui de chercher la vérité. Elle est dans ce qui est, pas dans nos idéologies.

vendredi 18 avril 2008

Quelle importance ? Ils sont chrétiens

Pendant la première quinzaine de janvier, les islamistes ont attaqué sept églises et trois monastères en Irak. Le 4 janvier, la cathédrale de Mossoul a été sérieusement endommagée. Quelle importance ? Ce sont des biens qui appartiennent aux chrétiens.
Chandran PARANJOJ et un autre chrétien répondant au prénom de Sunil ont passé 18 jours en prison. Ils ont été accusé par des extrémistes hindous d'avoir voulu convertir de force des croyants d'autres confessions au christianisme. Accusation sans fondement. La justice a été contrainte de les libérer. Quelle importance ? Ils sont chrétiens.
Le pasteur turc Orhan PICAKLAR a été menacé de mort fin décembre. On a arrêté le jeune musulman Semih SEYMEN auteur des menaces, 17 ans, le 4 janvier 2008. Le 5, il était libéré. Quelle importance ? Orhan est chrétien.
Deux cents millions de chrétiens de par le monde (sur les 2,2 milliards de chrétiens recensés) sont persécutés. Les trois quarts des persécutés dans le monde sont des chrétiens. Quelle importance ? Ils ont chrétiens.
Le 7 janvier 2008, Rahima BEOA a été victime au BENGLADESH d'un incendie criminel. Elles est morte de ses brûlures le 1er février. Son crime ? Elle avait l'intention de se faire baptiser. Quelle importance ? Elle voulait être chrétienne.
Depuis novembre 2003, on est sans nouvelle de Monseigneur SU ZHIMIN, 75 ans. Cet évêque fidèle à ROME a refusé d'adhérer a l'association patriotique catholique. Il avait déjà passé trente ans (30 ans !) de sa vie en prison. Qu'avons-nous à en faire ? C'est un chrétien.
Au NIGERIA, dans l'état de BAUCHI, dirigé par un gouvernement islamiste, trois églises ont été incendiées par des étudiants islamistes. Des dizaines de maisons habitées par des chrétiens ont été détruites par le feu. Dix personnes sont mortes. Les incendiaires courent toujours. Mais ce n'est pas important. Ces gens et leurs églises n'étaient-ils pas du Christ ?
Début janvier 2008, le père NGUYEN VAN LY, le chrétien évangélique NGUYEN VAN DAI ont été emprisonnés dans le camp BAO SAO, et LI THI CONG NHAN, chrétienne évangélique, est enfermée au camp N°5. Mais ce n'est pas bien grave. Ils sont chrétiens.
L'archevêque de MOSSOUL a été enlevé et exécuté par des islamistes, et, à MOSSOUL toujours, le père Ragheed GANNI de même ; le prêtre orthodoxe syriaque Paulos ISKANDAR a été retrouvé décapité. Mais tout cela n'est que bagatelle, ils étaient chrétiens.
Jésus leur maître avait prévenu. Ils seraient persécutés, les disciples. Et Paul de TARSE (2 Co, 4, 9) le redit "Nous sommes persécutés, mais non abandonnés, abattus, mais non perdus".
Et pendant ce temps, la commission européenne déclare que le fait d'être chrétien en Irak n'est pas déterminant pour l'octroi du droit d'asile en Europe.
Mais qu'un ministre français prenne une décision d'expulsion d'un imam algérien (père de 16 enfants de diverses épouses, dûment aidé pour cette prouesse par la Caisse d'Allocation Familiale) qui à VENISSIEUX prêche la guerre sainte, et un concert de protestation s'élève. Une banlieue s'enflamme parce que deux adolescents, de familles non chrétiennes, perdent dramatiquement la vie en raison de l'imprudence qui caractérise cet âge. Et l'on trouve le moyen de suspecter la police d'une quelconque manipulation.
Les médias sont étrangement diserts quand des immigrés clandestins, des sans papiers, des français d'origine étrangère sont victimes, réelles ou supposées, de discrimination, ou se voient appliquer tout simplement la loi. Mais quand il s'agit de persécution contre des chrétiens, autrement atroces, ils sont étrangement silencieux. Il est vrai que monsieur CHIRAC a refusé que l'on fasse allusion aux origines chrétiennes de l'Europe dans le traité que le peuple français n'a pas voulu ratifier. Nous paieront chers cette apostasie, cette lâcheté, ces compromissions avec la vérité. Et c'est la Parole qui nous jugera. Personnellement, je ne supporte plus.

vendredi 11 avril 2008

Le Tibet, la Chine, l'histoire

La Dalaï Lama vient d'affirmer avec force que les Jeux Olympiques sont dus à la Chine. Nous ne pouvons être plus royalistes que le Roi. J'admire cet homme de paix qui ne désire rien d'autre pour son peuple que le respect de ses traditions, de sa langue, de sa culture, de sa religion. Les dirigeants chinois auront-ils la sagesse d'entendre cette voix ? Jupiter aveugle ceux qu'ils veut perdre ! Rien n'est moins sûr par conséquent.
En revanche, il me paraît absolument indispensable de faire savoir par tous les moyens possibles au peuple chinois les exactions dont leurs dirigeants se sont rendus coupables à l'égard des Tibétains : lettres, mails, discussions, et par-dessous tout, dignité dans la révolte, et respect de ce grand peuple qu'est le peuple chinois.
Et puis il me souvient que l'Occident, Angleterre en tête, n'est pas en mesure de donner trop de leçons. N'est-ce pas le Général anglais YOUNGHUSBAND qui rentra au Tibet, avec ses troupes, à la fin du XIXe S., arriva à LHASSA et réduisit à quia les Tibétains, après quoi ils interdirent l'entrée du pays à tout étranger ? Il me souvient avoir vu la photo tremblée d'un général tibétain, habillé de la robe traditionnelle laissant une épaule dégagée. Un genou en terre, frappé à mort, la jambe fracassée par une balle anglaise, il était l'image même du courage impuissant, de la noblesse d'âme et de la résistance à l'oppression. Malheureusement je n'ai pas pu retrouver dans mes 4500 et quelques livres, celui qui montre cette photo. Je vous promets de vous présenter la dès que je la trouve.
Je suis absent pour quelques jours et reprendrai les billets le 18 avril.

jeudi 10 avril 2008

Braves, mais pas téméraires !

Les enseignants ont fait grève le 24 janvier dernier. Ce fut aux dires des syndicats un immense succès, au dire du ministre un mouvement assez suivi, aux dires des grévistes eux-mêmes, un mouvement anémique. Expliquons-nous
Tout d'abord quelques faits.
Le 24 janvier est un jour de grève dans la fonction publique. Nombre d'enseignants semblent concernés. Le soir, Xavier DARCOS, invité du Journal télévisé de 20h sur France 2, est confronté au traditionnel écart dans les évaluations : le gouvernement annonce 34% de grévistes dans l’éducation, dont 38.5% dans le primaire, et 35% dans le secondaire. Les responsables syndicaux, jubilants, annoncent eux un pourcentage de 53% dans le primaire et de 55% dans le secondaire.
Monsieur DARCOS prend alors l'engagement de donner "à l’unité près" le nombre de professeurs grévistes. La chose est simple à faire : il s'agit de dénombrer ceux des enseignants à qui l'on retirera un jour de salaire en raison de leur déclaration (obligatoire) de statut de gréviste. Après deux mois de calculs et cogitations diverses, le chiffre tombe.
Dans le primaire, les syndicats annonçaient 53% de grévistes, le ministère donnait un pourcentage de 38.5 %. Le chiffre réel est de 28% (deux fois moins que le pourcentage annoncé par les syndicats).
Dans les collèges et les lycées, le pourcentage syndical est de 55%, le pourcentage ministériel est de 35 %, le pourcentage réel est de 21% (plus de deux fois moins que le chiffre des syndicats).

Ces chiffres « réels » ont été obtenus de façon simplissime. Sont dénombrés comme grévistes les enseignants, qui, en tant que grévistes effectifs, doivent le déclarer à leur employeur. Celui-ci retire ensuite un jour de salaire. Le chiffre réel correspond donc à celui des enseignants auxquels un jour de traitement a été supprimé pour cause de grève. Cette économie salariale se monte à 13.487.080 euros qui serviront à financer le service minimum d’accueil que l’Éducation nationale s’est engagée à reverser aux communes qui le souhaitaient.
On suppose que les professeurs sont honnêtes et qu’ils effectuent leurs déclarations en bonne et due forme quand ils veulent être comptés comme grévistes (ne pas le faire est une contravention au droit du travail). On suppose aussi que les chefs d’établissements et l’administration ont fait leur travail avec rigueur et ont transmis les chiffres réels, tous les chiffres réels, à leur hiérarchie. La seule explication d'un pourcentage de grévistes effectifs supérieur, c’est un comportement malhonnête, tel l'absence de déclaration de son statut de grévistes, ou une sous-évaluation de ses jours de grèves déclarés.
A mon avis, les grévistes effectifs étaient plus nombreux que les grévistes réels, et moins nombreux que les grévistes "syndicaux". Que voulez-vous, en ces temps ou l'on crie pour avoir plus de pouvoir d'achat, on est brave mais pas téméraire.
Je dois à un article d'Emmanuel DAVIDENKOFF (site de France Info) ces précisions. Il ne m'en voudra pas je l'espère de m'être servi de ses données et, en partie, de son argumentation.
PS : je reviendrai demain sur le TIBET. Si je parle aujourd'hui de grève des enseignants, c'est qu'il y a un mouvement de ce type qui en traverse le corps en ce moment.

mercredi 9 avril 2008

Manque, impair et rouge

J'ai attribué par erreur à monsieur ROGGE un jugement qu'il faut attribuer à un diplomate chinois en poste à Paris, lequel qualifiait les manifestations organisées sur le passage de la flamme olympique d'expression d'une haine pour la Chine. Manque d'informations vérifiées aboutit à un impair ; je prie mes lecteurs et monsieur ROGGE (si par un hasard des plus extrêmes, il a lu mon billet d'hier) d'accepter mes excuses.
Encore une fois, disons et redisons notre admiration pour une culture multiséculaire, pour un peuple industrieux, travailleur, souvent en butte soit aux éléments déchaînés ou encore, écrasés par des tyranneaux, qu'ils s'appellent mandarins ou cadre du parti communiste. Aujourd'hui c'est à eux que les citoyens chinois doivent rendre des comptes sur tous les domaines de leur vie, y compris les plus intimes ou les plus personnels, comme celui du nombre d'enfants. Ne confondons surtout pas les intellectuels chinois rebelles au système avec ces cadres rouges, souvent corrompus, cyniques mais rarement cultivés.
Honneur à la Chine éternelle ! Honte à ses dirigeants actuels.
Ceci étant dit, le Comité Olympique International est dans une situation intenable ; elle était prévisible. On ne donne pas un brevet d'honorabilité à une tyrannie. C'est ce qu'il a fait. Il persiste à maintenir les jeux à PEKIN, à refuser toute forme de manifestation politique, à faire la moindre allusion au TIBET. A vrai dire, il n'a plus guère le choix. Comme la charte olympique bannit toutes références politiques, comme la télévision chinoise est muselée, comme les opposants sont jetés en prison, comme il n'y a pas de presse libre, les citoyens chinois resteront dans l'ignorance des méfaits de leur pays au TIBET, et - c'est un travers du peuple chinois - comme ils ont une tendance à la xénophobie, que celle-ci sera attisée par les médias officiels, le ressentiment chinois ne fera qu'aggraver la situation. Il n'y a pourtant qu'une seule issue la négociation avec le Dalaï Lama, avant qu'il ne soit trop tard.
Et oui, manque, impair et rouge !

mardi 8 avril 2008

Comité Olympique International, un aveugle qui claudique

En acceptant la candidature de PÉKIN à l'accueil des Jeux Olympiques de 2008, le CIO a pris une décision politique, fondée sur des considérations qui n'ont rien à voir avec le sport et l'idéal sportif, mais sont plutôt axées sur des espérances mercantiles et financières. Une fois encore, l'argent a été le Roi de la décision. Elle a été prise par un organisme aveugle et qui claudique de la jambe gauche, si vous voyez ce que je dire.
Quand monsieur ROGGE dit que les manifestations qui se développent lors du passage de la flamme olympique sont des manifestations de haine contre la Chine, il démontre qu'il n'a rien compris, et il donne aux dirigeants chinois du grain à moudre ; ils vont expliquer à leur peuple que c'est en aversion des Chinois que l'on conspue ce symbole de paix et de concorde quand il passe dans les grandes capitales. Ces propos sont tout simplement scandaleux et indignes d'un haut responsable sportif. Non ce n'est pas en haine de la Chine que des milliers de gens manifestent, sans doute maladroitement, mais de manière incisive. (Personnellement j'aurais demandé que lors du passage de la flamme, les spectateurs, que j'aurais invités à porter des vêtements blancs, couleur du deuil en Chine, lui tournent ostensiblement le dos, sans pousser le moindre cri, dans le silence le plus absolu.) Ce n'est pas en haine de la Chine, pays multimillénaire, riche d'une extraordinaire culture, de trésors artistiques dont nous n'avons qu'une petite idée, pays à qui nous avons bien des pardons à demander pour les humiliations que nous lui avons infligées au XIXe siècle (de la Guerre de l'opium au saccage du Palais d'été, en passant par des traités inégaux qui laissaient ce grand, cet immense pays à la merci du commerce occidental et de ses chevaliers d'industrie), non ce n'est pas en haine de la Chine que nous protestons, c'est parce que nous croyons que le peuple chinois a le droit de connaître la vérité sur les exactions que leurs dirigeants organisent au Tibet, parce que ce serait mépriser les citoyens chinois que de les croire incapables d'un jugement de justice et de vérité.
Le CIO a commis une lourde faute. Il faut qu'il en supporte les conséquences et qu'il prenne la décision qui s'impose. Nés en Grèce, les jeux olympiques, parvenus à l'âge adulte, doivent revenir définitivement dans leur patrie. Nul ne contestera cette décision qui mettra les membres du CIO à l'abri des tentations de toutes sortes, et il semblerait qu'elles soient nombreuses.
Pour terminer je voudrais faire une petite citation. Elle en dit long. "Pour que tout le monde s'enrichisse, il faut qu'il y en ait qui s'enrichissent avant les autres". Savez-vous qui a dit cela ? Allez, cherchez un peu ! Non ? Vous ne voyez pas ? C'est DENG XIAO PING. A la vérité, son idée a eu du succès. Il faut savoir qu'en chinois, le son "xiao ping" signifie "petite bouteille" et est parfaitement homophone du prénom XIAO PING qui signifie petite paix. Voilà pourquoi, explique Cyrille J.-D. JAVARY (100 mots pour comprendre le chinois), dans les années 1989-1990, les manifestants cassaient de petites bouteilles sur les bordures de trottoir pour condamner la corruption généralisée régnant en Chine, déplorable phénomène dont il rendait DENG (le Petit Timonier) entièrement responsable.

lundi 7 avril 2008

Et pourtant ce sont des hommes

"Et pourtant ce sont des hommes", est-on tenté de dire, quand la rage nous étouffe de voir ces guérilleros marxistes tenir en otages des femmes et des hommes qui ne leur ont rien fait mais ont eu le malheur de se trouver sur le chemin de leurs méfaits.
La France a manifesté hier pour la libération d'Ingrid BETANCOURT et des autres otages retenus par les FARC. La télévision nous a montré, à Paris, la tête du cortège. On y voyait la Présidente de l'Argentine, monsieur Bernard KOUCHNER, madame Carla SARKOZY-BRUNI. Mais on ne nous a pas montré monsieur HOLLANDE, non plus que messieurs BESANCENOT, HUE, BOQUET, ou mesdames ROYAL, LAGUILLIER ou BUFFET. Ce qui ne veut pas dire, monsieur BESANCENOT "le facteur", et madame LAGUILLIER ("la timbrée" disent désobligeamment ses adversaires, et je les désapprouve) exceptés, qu'ils n'étaient pas présents. En tout cas, je l'espère, simplement pour leur honneur. Nous n'avons rien à attendre des marxistes révolutionnaires du type de monsieur BESANCENOT pour qui "on ne fait pas d'omelettes sans casser des oeufs" et qui trouve normal que des innocents meurent pour une cause qu'il décrète juste.
De même, il faut réagir avec la plus grande vigueur contre la dérive de l'opinion qui accuserait monsieur URIBE de l'éventuelle mort d'Ingrid BETANCOURT. Savez-vous que la plupart des ministres de son gouvernement ont eu des proches enlevés ou assassinés par les FARC ? Que plus de cent juges, dont sept de la Cour Suprême, ont été exécutés par des membres de cette organisation ? Et qu'il n'y a aucune raison de céder à cet affreux chantage, autrement qu'en suspendant effectivement les opérations dirigés contre la guérilla, le temps de libérer les otages qu'elle détient indûment. Six, huit, quatre ans de vie perdue, attachés par une chaîne passée autour du cou à un arbre, avec, suspendue au-dessus de leur tête, la menace d'une exécution en cas d'attaque de l'armée colombienne : voilà bien le comble de l'honneur, un sommet d'inhumanité qui rejoint par certains aspects les abominations des nazis.
Les FARC sont en pleine déroute. Les membres de ce mouvement désertent par millier, et le territoire qu'il "occupe" se restreint comme peau de chagrin. Il y a fort peu de chance, dans ces conditions, que MARANDULA cède à la demande déclarée "ingénue" par une agence de presse qui est proche de ce monsieur et de ses idées. Je préfère cette ingénuité là aux affreux calculs d'un maffieux (car outre un marxiste, c'est un aussi maffieux, trafiquant de drogue) en sursis. Et pourtant, il est un homme.

dimanche 6 avril 2008

La vie morale, première vertu politique

Benedetto CROCE (1866-1952) fut un remarquable philosophe. Il a des vues profondes qui me paraissent de nature à faire réfléchir tout homme d'action. Je n'ai pas lu la totalité de son oeuvre, seulement des bribes, glanées ici ou là au hasard de mes lectures. En voici une que je vous livre ; tout responsable politique, syndical, économique, tout enseignant devrait réfléchir à ce qu'elle signifie :
Pour CROCE, la principale révolution introduite par le christianisme c'est "d'avoir agi au centre de l'âme, dans la conscience morale [...], en mettant l'accent sur l'intimité et la particularité de la conscience, [cette révolution] semble presque avoir donné à celle-ci une nouvelle vertu, une nouvelle qualité spirituelle qui jusque là avait fait défaut à l'humanité". (Traduction tirée de la revue Commentaire, N°1001, pp 145-146, 2003).
J'ai suffisamment critiqué l'idéologie, quelle qu'elle soit, laquelle consiste à regarder dans son cerveau, plutôt que d'interroger les faits, pour expliquer ici en quoi la conscience morale, intimement liée à la pensée (et non aux idées) ne doit pas être confondue avec cette navrante activité de l'esprit qui consiste à évaluer des faits à l'aune d'un système préétabli. La conscience morale, au contraire, ne cesse de confronter les faits à une impérieuse nécessité intérieure qui ne vient pas de soi-même, mais s'est établie peu à peu par le moyen de l'éducation, de la transmission, de l'expérience de la vie (de ses joies et de ses souffrances), et - mais oui - par celui de l'enseignement non seulement profane mais religieux. La conscience morale est l'instance du jugement, de cette capacité que nous avons à placer les faits, gestes et pensées, les nôtres comme ceux d'autrui, sur une échelle graduée des valeurs. La conscience morale n'est pas autoconstruite ; elle est formée, informée, affinée au long des jours, des mois et des années, et elle tient toujours compte d'autrui dans ses appréciations.
Voilà le grand apport de Jésus à l'histoire des hommes. Il est à la fois le Maître, le Modèle, l'Enseignant, et celui qui vient éclairer toute action humaine à la Lumière de l'Amour. Hélas, notre patrie, s'est détournée du chemin qu'elle a suivi pendant des siècles. Elle a servi d'exemple à nombre de peuples dans le monde. Eh bien ! on ne peut pas dire que les choses se soient améliorées depuis la promotion de l'apostasie à la dignité de vertu politique. On comprend alors pourquoi les uns empochent sans scrupules les millions de leur parachute doré, pourquoi les autres ourdissent dans l'ombre des combines propices à l'élimination de l'adversaire ou du concurrent, pourquoi certains encore diffusent en les déformant des nouvelles inintéressantes, fausses, controuvées, pourquoi d'ignobles officines fabriquent et disséminent des ouvrages, films, chansons pornographiques, pourquoi tout un chacun ruse avec la courtoisie, le respect, et la loi quand l'exercice de ces vertus ou l'application de la règle paraît douloureuse. Et l'on comprend enfin pourquoi nos hommes politiques nous inondent de textes pour juguler nos égoïsmes, là où le simple exercice de la conscience suffirait à pacifier la société. Une seule Loi devrait suffire : "Tout citoyen est tenu de réparer le tort qu'il a fait à autrui". La morale est bien la première des vertus politiques.
Je vous redis ici ce que René GIRARD a déjà dit et qui est VRAI : "C'est ce qui reste de chrétien en elles qui empêche les sociétés modernes d'exploser."

samedi 5 avril 2008

La loi est faite pour l'homme

Comme les plumitifs ne savent plus quoi inventer pour attaquer le Président de la République, un obscur journaliste a découvert un affreux scandale, et tente de susciter une polémique : monsieur SARKOZY s'est inscrit sur les listes électorales du 8e arrondissement AVEC TROIS JOURS DE RETARD ! Non, vous vous rendez compte, AVEC TROIS JOURS DE RETARD. Mais il omet de préciser que cette inscription a été validée par la Commission Électorale du dit arrondissement.
Franchement, y-a-t-il de quoi fouetter un chat ? Est-il acceptable de faire un tel procès à un homme qui a d'autres soucis en tête que celui de s'inscrire sur une liste électorale ? Essayons d'y voir un peu plus clair. Supposons que l'inscription n'ait pas été validée. Monsieur SARKOZY, régulièrement inscrit sur les listes électorales de NEUILLY où il ne réside plus, avait pourtant le droit d'y voter. Que n'aurait-on pas dit alors ? Il avait, autre solution, peu civique celle-là, la possibilité de ne pas voter du tout. Que n'aurait-on pas dit alors ? Il a choisi la solution la moins mauvaise, celle d'une inscription retardée de quelques heures (le premier janvier, étant un mardi cette année, le retard est en fait de moins de deux jours). Il faut donc rappeler à ce journaliste en quête de notoriété que la Commission Électorale est souveraine dans ses décisions et qu'elle a, de par la loi, un pouvoir d'appréciation pour inscrire les retardataires. Et puis je lui rappelle qu'en son temps, le Président MITTERAND a parlé, à mon avis scandaleusement, de "la force injuste de la Loi" et que le journal qui l'emploie n'a pas protesté contre les propos d'un Magistrat chargé de la faire respecter. Je lui rappelle aussi que nous devons à Jésus cette parole libératrice : "La loi est faite pour l'homme et non l'homme pour la loi". A vrai dire, je serais le patron du Canard enchaîné à qui nous devons la diffusion de cette bouleversifiante nouvelle, je chercherais les scandales là où ils sont vraiment : ils sont du côté de tous les privilèges indus (car il y a des privilèges qui ne le sont pas), qui sont indus quand ils blessent l'intérêt général.

jeudi 3 avril 2008

La cheville de Julien et la moustache de Noël

Monsieur Julien DRAY a la cheville fine et robuste. Candidat déclaré à la succession de François HOLLANDE, ne lui fait-on pas dire dans une interview donné au journal gratuit Direct Matin, "Avec moi, le PS va vivre" (titre de couverture) ? Diable (si je puis m'exprimer ainsi), monsieur DRAY est-il un thaumaturge capable de réveiller un mort ? A vrai dire, le journal déforme le propos de monsieur DRAY ; celui-ci affirme en réalité : "Les gens se disent qu'avec moi, on est sûr que le parti socialiste va vivre et qu'il ne sera pas au service de telle ou telle ambition personnelle". Ce qui n'est pas du tout la même chose. Du coup, j'ai lu avec plus d'attention les propos du député. Je me demande s'il n'a pas étudié (un peu) mon Blog. Il a le courage de proclamer fermement : "Je mets en garde le parti contre l'antisarkozysme stérile. A l'avenir nous serons jugés sur notre capacité à proposer. C'est ce travail qui doit former la colonne vertébrale du projet socialiste." J'ai suffisamment critiqué certains propos passés de monsieur DRAY pour approuver ses présents propos. Par conséquent, la cheville de Julien n'est pas si enflée que ça, même si le projet de rassemblement de toute la gauche, prôné par le candidat DRAY, et son clin d'oeil au MoDem, me semblent relever du grand écart. Attendons ses propositions et examinons-les sans faire de procès d'intention à celui qui les élaborera. En tout cas, monsieur DRAY a compris bien des choses (sauf l'importance du religieux pour l'Homme).
La moustache triomphante de monsieur MAMMERE, et "l'autocérébroscopie ", voire "l'auto-ombiloscopie" (petits néologismes qui désignent la propension à regarder dans son cerveau ou vers son nombril), auxquelles il se livre, méritent un commentaire ; je veux parler bien sûr de l'Afghanistan, et de l'influence française en ce pays que notre Noël ignore complètement (voir mon billet d'hier).
En 1921, le Roi Amanullah, qui a arraché chèrement aux anglais l'indépendance totale de son pays en 1919, donne à la France la quasi exclusivité des fouilles archéologiques en Afghanistan. En 1922, il est créé une Délégation Archéologique Française en Afghanistan (DAFA), qui restera, au moins jusqu'en 1950, la seule mission archéologique active dans cette région. Le premier Directeur de la DAFA est Alfred FOUCHER. Il se fera aider dans ses travaux par le géologue Jules BERTHOUX. Joseph HACKIN fait des découvertes fabuleuses, notamment celle du trésor de BEGRAM (disons plutôt que c'est sa femme RIA qui fait les premières découvertes, dont celles d'ivoires splendides). D'autres archéologues français prestigieux, Daniel SCHLUMBERGER (Directeur de la DAFA jusqu'en 1963), Jean-Marie CASAL, Paul BERNARD (le dernier Directeur de la DAFA, et qui cesse d'exercer ses fonctions en 1978, début des bouleversements politiques afghans) font des découvertes absolument fabuleuses. Peu nombreux, ces savants font honneur à notre pays ; ils sont connus, aimés et respectés des élites intellectuelles afghanes. Ils ont rendu leur passé aux Afghans. Rien que pour cela, il vaut la peine de défendre ceux-ci contre l'obscurantisme des Talibans. Si la moustache de Noël MAMMERE doit se lever à l'horizontale, c'est en mémoire de ces hommes désintéressés. Et souvenons-nous de ce que DALADIER, accueilli par les acclamations d'une foule mue par un lâche enthousiasme, à dit à son retour de MÜNICH : "Ah, les c..., s'ils savaient". Eh bien, nous savons. Il n'y a pas lieu d'être lâche.

Esprit faux, et comment ils fonctionnent

L'inénarrable Noël MAMMERE est le prototype de l'homme qui parle bien et pense faux. Je l'ai entendu au journal télévisé critiquer l'envoi de troupes supplémentaires en Afghanistan au motif, tenez-vous bien les côtes, que c'est un alignement sur les Etats-Unis et une entorse à la doctrine définie par le Général de GAULLE il y a... 50 ans, qui refusait le commandement intégré de l'armée française à l'OTAN. Plusieurs remarques. Monsieur MAMMERE, s'il avait été un homme politique responsable se serait posé quelques questions factuelles. Les Talibans représentent-ils un danger pour notre pays ? L'audition des vidéos de monsieur BEN LADEN devrait à cet égard lui ouvrir les yeux. Les Talibans représentent-ils un danger pour le peuple afghan ? Le visionnement de certaines scènes filmés par ces fanatiques devrait améliorer sans aucun doute la perception que monsieur MAMMERE a de la situation ; il pourrait en autre réfléchir à ceci que j'ai vu de mes yeux au journal télévisé il y a quelques années : dans ce qui ressemble à un terrain de sport, une foule muette et pétrifiée regarde cette femme à genoux, ensevelie dans une grande burka bleue, et entourée de quelques barbus, dont l'un braque une arme de point sur la nuque de la condamnée. On ne voit pas ses yeux, ils sont cachés derrière cette sorte de grille qui permet aux femmes de voir (!) sans être vue. Dans quelques instants, le barbu appuiera sur la détente et sa victime s'affaissera sur le sol qu'elle ensanglantera. Une parmi des milliers.
Monsieur MAMMERE, s'il avait eu le début du commencement de l'ombre d'un soupçon de culture se serait demandé si notre pays a des intérêts à défendre en Afghanistan, et il se serait rappelé que la France exerce une influence considérable sur les intellectuels afghans, depuis qu'un des monarques afghans lui avait concédé l'exclusivité des recherches archéologiques dans son pays. (Joseph HACKIN a été un merveilleux découvreur de vestiges archéologiques, par exemple.) Il aurait compris que nous ne cherchons pas quelques avantages matériels, mais le rayonnement de notre culture, bien mise à mal par le rouleau compresseur linguistique, financier, technologique et politique des Etats-Unis.
Mais monsieur MAMMERE regarde dans son cerveau LA DOCTRINE, LES IDEES et le SYSTEME ; le réel n'a qu'à s'y plier, et s'il ne fait pas, le cerveau de monsieur MAMMERE est là pour lui murmurer, il a tort, ce réel, c'est pas bien.
Je n'aime pas la violence ; je hais la guerre ; mais dans la situation actuelle, la moins mauvaise des solutions est bien de combattre ces fous, et si l'on peut prévoir que la lutte sera longue, on doit reconnaître aujourd'hui que la présence de troupes étrangères en Afghanistan a permis des résultats remarquables : 80 % des petits afghans sont scolarisés ; la population a accès aux soins, notamment les femmes, et l'on peut se déplacer sans trop de dangers dans de nombreuses régions. On ne meurt plus de faim. Certes, il n'est pas certain que nous ayons à imposer notre modèle de démocratie élective à ce peuple, très bigarré ethniquement et linguistiquement, et qui fonctionne sur un autre mode que le nôtre, depuis des siècles. Du moins peut-on l'aider à trouver la paix et la concorde civile. Je suggère que monsieur MAMMERE soit envoyé comme délégué ministériel d'ouverture au Musée GUIMET ; il pourra y voir combien la France a été utile à la connaissance de l'Afghanistan par les Afghans eux-mêmes, et portera ainsi un jugement sain et factuellement fondé sur la question en débat.

mercredi 2 avril 2008

Cyberaction

Un proche me signale que Télérama publie l'adresse électronique de l'ambassade de Chine en France. Nous pouvons toujours écrire et donner notre point de vue à l'adresse que voici.
Merci à Yves qui m'a communiqué cette adresse.

Les jeux de la honte

"Tout est perdu, madame, fors l'honneur" écrivait à la reine son épouse, François premier après qu'il eut été battu à Pavie, en 1525, par Charles Quint et qu'il y eut été fait prisonnier par ce monarque. C'était une époque où l'on se souciait encore de l'honneur. Il avait plus de prix qu'une défaite militaire, ou qu'une rançon à payer.
Aujourd'hui, l'honneur est une valeur démonétisée. On lui préfère l'argent. C'est pourquoi les nations occidentales développées enverront leurs athlètes aux Jeux Olympiques de Pékin, afin de s'assurer de supposés débouchés commerciaux juteux. Sauf..., sauf si certains de ces sportifs de haut niveau ont regardé le film de SEGARRA sur le TIBET, hier soir. La chaîne ARTE a été bien inspirée de nous le passer. Anihilation d'une culture, massacres (crucifixions, exécutions après tortures, fusillades, bastonnades à mort), destruction des monastères, autodafé des livres sacrés tibétains, invasion massive du pays par des colons chinois, destruction des sites naturels par la construction de routes (2500 km !) déclarées stratégiques et, tenez-vous bien, d'une ligne de chemin de fer jusqu'à Lhassa.
Il y a plusieurs erreurs à ne pas commettre en cette matière.
La première, dramatique, serait de confondre le peuple chinois avec ses dirigeants. L'histoire de la Chine montre que le peuple chinois préfère la négociation à la guerre, et l'odeur de la terre retournée par l'araire à l'odeur du sang.
La seconde consiste à croire que le peuple chinois est au courant de ce qui se passe au Tibet. Il ne l'est pas (ou d'une manière biaisée, qui exalte le nationalisme d'une minorité de citoyens "responsables") et ne le sera pas si les jeux olympiques se déroulent presque normalement. La retransmission télévisée prétendue "directe" des épreuves sportives se fait en léger différé, ce qui permet aux journalistes et techniciens stipendiés de couper toutes images qui ne seraient pas "correctes".
La troisième consiste à croire que le tempérament chinois a fondamentalement changé. S'il y a une chose que ce peuple déteste, c'est de perdre la face. Les dirigeants chinois ne font pas exception à cette règle nationale. Et si les jeux étaient désertés par les athlètes, il leur faudrait bien expliquer pourquoi à leur peuple qu'ils ont chauffé en vue des jeux, censés couronnés leur politique de modernisation et de développement.
Enfin, contrairement à ce que nous disent les journaux, l'avenir de la Chine n'est ni rouge ni rose : elle doit faire face à des défis dont nous n'avons pas même l'idée : une désertification galopante dans le nord-ouest, désertification que l'on s'efforce d'endiguer par des essais de fixation des sols qui n'ont pas fait leurs preuves ; un déséquilibre lourd de menaces entre le nombre de naissances masculines et féminines ; on peut imaginer que dans quelques années, les hommes se battront pour trouver une femme, car la politique de l'enfant unique vient heurter la tradition antique qui veut qu'un fils honore les tablettes de ses parents et de ses ancêtres, ce qu'une fille ne peut faire en aucun cas (avortement, abandon des petites filles, voire leur "exposition" font que le rapport des naissances est aujourd'hui de 115-120 garçons pour 100 filles) ; incapacité à nourrir la population par la seule production intérieure (le riz thaïlandais qui valait 200 dollars la tonne en 2003, en vaut aujourd'hui 760, tant la demande, chinoise notamment, est immense et l'Office National Interprofessionnel des Grandes Cultures, déclare dans son bulletin de mars que "le maintien de la production mondiale de riz par habitant est un défi quasi insurmontable d'ici à 2010") ; enfin et surtout, l'accroissement fabuleux des inégalités sociales entre la Chine orientale (industrialisée) côtière et ses 300 millions d'habitants, et la Chine centrale et occidentale (agricole ou pastorale) et ses 900 millions d'habitants qui vivent dans une extrême pauvreté et se révoltent périodiquement (ce qui a conduit les dirigeants chinois à proclamer qu'il fallait s'occuper davantage des paysans chinois).
Non, il ne faut pas aller aux jeux. Et le boycott de la cérémonie d'ouverture par les chefs d'état ou de gouvernement est une fumisterie. Les caméras montreront la foule en liesse, et se soucieront comme d'une guigne des tribunes officielles désertées par les grands de ce monde.
Si l'honneur a encore un sens, si nous préférons l'honneur à des bénéfices à court terme pris sur le sang des innocents, si nous voulons vraiment faire réfléchir le peuple chinois, conformément à son génie qui est multiséculaire et profond, nous devons boycotter ces jeux, et organiser en parallèle dans les capitales des pays qui auront pris cette initiative des épreuves spécifiques, intitulées les "Jeux de la Liberté du Tibet".
Si vous êtes d'accord, dites-le ici et faites-le savoir.

mardi 1 avril 2008

La fin et les moyens : morale et politique

Nous nous sommes rencontrés au Collège de France où cet étudiant iranien suivait, comme moi, les cours du Pr KELLENS consacrés à certains aspects du Panthéon avestique et de l'Avesta, le livre sacré des zoroastriens dans la Perse antique. Touché de l'intérêt que je portais à son pays, cet auditeur (qui prépare une thèse sur l'Avesta) m'a fait récemment cadeau d'un recueil de contes, colligés et mis en forme par le très célèbre poète persan Mawlana Djalâl al-dîn Rûmî, mort en 1273 de notre ère. Rûmî appartient à l'école de pensée soufie, c'est un sage, un homme pieux, un mystique. Voici donc, de cet auteur, un petit apologue que les électeurs et citoyens français devraient méditer avant de porter un jugement sur les hommes politiques et d'aller voter :
"Un jour, dit ce petit conte, un sultan se rendit à la mosquée. Ses gardes lui ouvraient le chemin en frappant la foule à coups de bâton. Ils tapaient les gens sur la tête et lacéraient leur chemise. Un homme ne put s'échapper à temps et reçut ainsi une dizaine de coups de bâton. Il s'adressa alors au sultan :
Ne t'occupe donc pas des tortures cachées ! Vois plutôt les tortures apparentes. Vois ce que tu fais pour aller à la mosquée, c'est-à-dire pour faire une bonne action. Qui peut dire de quoi tu seras capable le jour où tu décideras de commettre une mauvaise action ?"
In
Djalâl al-dîn Rûmî,
Le Mesnevi, 150 contes soufis, choisis par Ahmed Kudsî ERGUNER et Pierre MANIEZ. ("Spiritualités vivantes". Collections dirigées par Jean-Marc MOUTTAPA et Marc de SMEDT.)
Albin Michel, Paris, 1988.
Quand je vois tous les croche-pieds que se font les uns aux autres les hommes politiques, les embûches qu'ils se tendent, soit pour prendre de vitesse un concurrent, soit pour terrasser un adversaire, dans le louable but de prendre le pouvoir et d'appliquer enfin leur recette du bonheur pour tous, je ne puis m'empêcher de penser aux terribles moyens qu'ils pourraient utiliser s'il leur venait à l'esprit de vouloir réduire au silence toute opposition, une fois parvenus à leur but.
Je vous invite à observer soigneusement la scène politique : on peut s'attendre à quelques épisodes piquants dans la lutte qui oppose madame ROYAL à monsieur DELANOE. Il en ira de même à droite où monsieur DEVEDJIAN a quelques craintes à avoir quant à son maintien dans les importantes fonctions qu'il occupe à l'UMP.
Il est impossible de dissocier morale et politique. Je vois bien qu'en disciples de MACCHIAVEL, les politiciens de tout bord font leur miel de la maxime "Ad augusta per angusta". J'ai pour eux une méfiance instinctive. Mes préférences iraient plutôt aux hommes vertueux. Il y en a eu (par exemple un Edmond MICHELET). Ils sont rares. Si nous n'étions point obsédés par les résultats, nous prendrions les bons moyens pour y arriver, et non les mauvais. Car la quête de la justice de Dieu est un préalable absolu à toute forme de bonheur.