mardi 30 décembre 2008

Conflit israélo-palestinien et rivalité mimétique

Le conflit israélo-palestinien est l'illustration dramatique de la justesse des vues de René GIRARD. Cet auteur, on le sait, voit dans la rivalité mimétique, celle qui surgit entre deux personnes ou deux peuples ou deux tribus très ressemblants, la naissance des religions sacrificielles et de leurs rites, l'origine des mythes, de l'état, de la loi, et la résolution de la violence par l'immolation consentie de tous d'une victime arbitraire et totalement innocente. Il appelle ce phénomène "mécanisme victimaire". Jésus est venu dénoncer ce mécanisme et les évangiles racontent sa passion du point de vue de l'innocent et non de celui de la foule consentante, unanime et aveugle. (On en a un exemple remarquable dans l'unanimité des juifs, qui pousse Pilate à relâcher Barrabbas, un criminel, et non point l'innocent ; après tout, le récit aurait pu être rédigé de leur point de vue à eux ; c'est l'ultime témoignage de ce lynchage que jusqu'ici les mythes cachaient ; mais il est raconté d'un point de vue historique et non mythique, et c'est ce qui en fait le prix. Depuis l'avènement de Jésus, il n'est plus possible d'obtenir le consensus de la foule pour le sacrifice d'un bouc émissaire, et la rupture du consensus est amorcé par les protestations de Nicodème au sanhédrin et le courage de Joseph d'Arimathie qui donne un tombeau neuf à Jésus.) Il en résulte que la violence circulaire se nourrit elle-même, sauf à ce que les parties acceptent de la faire taire et de pardonner.
Israël et Ismaël sont des frères ennemis ; leur race, leur langue respective, leur habitat antique sont très voisins. Ils convoitent la même terre, veulent la même capitale, pour les mêmes raisons qui est le triomphe de leurs idées. En somme ils désirent très exactement ce que l'autre désire. On pourra proposer à l'un ou l'autre peuple un pays de taille identique, avec des ressources identiques, un climat identique, aucun d'eux n'en voudra. Ce qu'il veut, c'est ce que l'autre veut aussi. Étrange désir que ce désir du désir de l'autre.
On s'étonne à tort, (et l'on fait des analyses erronées sur ce phénomène), de l'esprit d'entreprise des Israéliens et de la transformation spectaculaire de leur pays en les comparant à la paresse des peuples arabes. C'est absolument ne rien comprendre au ressort religieux de ces comportements. Marcel GAUCHET a très bien expliqué cela. La religion musulmane est une religion holistique qui n'a pas pu séparer le visible et l'invisible. En somme elle n'a pas reçu comme parole de vie ce que Dieu dit dans la Genèse et qui porte sur la mission donnée à l'homme de soumettre la création, de l'habiter, de la transformer. Pour un musulman, il est important que rien ne change afin de préserver ce que Dieu tout puissant a donné ; pour un juif (et un chrétien), la création est donnée à l'homme pour qu'il en utilise (raisonnablement) toutes les ressources et en perce totalement les mystères. Ces deux conceptions sont absolument opposées. Et c'est là une différence radicale qui exaspère encore plus, paradoxalement, les rages de la rivalité mimétique.
Il n'y a pas d'autre issue que la discussion et la paix. Tout le monde est perdant à ce jeu de bombes, de missiles, de rockets et d'attentats suicides. La vue des enfants blessés ou tués me bouleverse, mais aussi celle des habitants des villes du Sud d'Israël qui depuis sept ans ont reçu 12.000 rockets, et n'ont pu vivre dans la sécurité. Vite, la paix ! Et pour tous les fils d'Abraham, la prière pour la paix.

lundi 29 décembre 2008

A propos d'un drame

J'ai entendu à la télévision l'interview que Catherine LABORDE a faite du Pr Philippe JUVIN, chef du service des Urgences à l'hôpital BEAUJON. Je fais, bien entendu, la part de ce qui vient du professionnel de l'urgence et celle qui vient du militant politique, puisque je crois savoir que le Pr JUVIN est membre des instances de l'UMP. Cependant, il apparaît (et c'était bien mon avis) que le patient n'avait pas besoin de coronarographie et que ce n'est pas l'absence de cet examen en temps utile qui a provoqué son décès. Un peu de bon sens de la part des journalistes les aurait convaincus qu'un examen d'imagerie médicale n'est en rien un geste thérapeutique mais pré- diagnostique. Il apparaît ensuite que le patient a bien été admis à l'hôpital de LONGJUMEAU, et qu'il a fait l'objet des soins les plus attentifs de la part des équipes de cet hôpital. Dire le contraire est un mensonge. Le Pr JUVIN soulignait, encore une fois fort justement, que le patient avait été pris en charge par le SAMU qui est déjà un service d'urgence. Les médecins du SAMU ont eux aussi prodigué les soins les plus adaptés à ce patient qui, aux dires du Pr JUVIN, souffrait d'une très grave pathologie cardiaque. Secret professionnel oblige, nous n'en savons pas plus, et nul ne peut dire avec certitude si, pris en charge plus tôt par le service d'urgence d'un Hôpital Parisien, le patient aurait pu être sauvé. Enfin le Pr JUVIN a souligné que le désordre le plus absolu règne au sein des hôpitaux et a fortiori entre les hôpitaux, pour ce qui est de la fermeture de lits (à la discrétion du chef de service), et que la moindre des choses serait de mettre en place un coordinateur qui pourrait en temps réel connaître le nombre de lits disponibles dans les hôpitaux d'une région et les spécialités des services où ces lits sont disponibles. Il est trop facile de dire qu'il n'y a pas assez de moyens quand rien n'a été fait pour rationaliser l'usage des lits hospitaliers. Une fois ce travail accompli, il sera possible de voir à quel niveau exact il convient de porter la rallonge de postes de soignants, infirmières, médecins, chirurgiens, manifestement indispensables dans le contexte actuel. Ne pourrions-nous pas mettre tous les acteurs du système de santé autour d'une table pour les faire réfléchir à la nécessaire rationalisation de la gestion des hôpitaux, aux limites du système du budget global, à la responsabilité économique de tous les personnels hospitaliers.
Un homme de 56 ans est mort, et cette mort interpelle. En faire porter la responsabilité aux hommes politiques de la majorité est tout simplement honteux, improductif, et injuste. Tout comme il était injuste d'impliquer monsieur FABIUS ou madame DUFOIX dans l'affaire du sang contaminé. Dès que ces ministres ont été informés en détail du problème, ils ont pris les bonnes décisions. Monsieur GALLO porte peut-être la responsabilité de quelques morts pour avoir fait retarder (en raison de très gros enjeux économiques) la mise sur le marché du kit français de détection des anticorps anti-virus du SIDA, mais il n'a pas eu le prix Nobel, bien qu'il se soit targué d'avoir découvert un virus qu'il avait en réalité volé au Pr MONTAGNIER.

samedi 27 décembre 2008

Grandeur et servitude d'un métier

La grandeur du métier d'infirmière est à la mesure des responsabilités dont celle-ci est chargée. Un enfant est mort après avoir reçu une perfusion inadéquate. L'infirmière qui a pratiqué la pose reconnaît avoir fait une erreur : elle a injecté du chlorure de magnésium à la place de sérum glucosé. Plusieurs remarques factuelles : (a) en premier lieu, il semble que le flacon de chlorure de magnésium n'ait pas été rangé à sa place normale ; (b) le soluté perfusé ne présente normalement aucun danger, et il n'est pas certain mais seulement possible que la mort de l'enfant soit la conséquence de cette erreur ; (c) j'ai appris pendant mes études, et les infirmières l'apprennent tout comme je l'ai fait, qu'il faut lire deux fois l'étiquette d'un médicament avant de le délivrer ou de l'administrer, et il ne semble pas que cela ait été fait.
Deuxième série de remarques. (a) L'infirmière fait preuve d'une grande dignité ; elle accepte la responsabilité de son erreur ; (b) elle en est tellement choquée qu'elle a besoin d'un soutien psychologique.
Troisième série de remarques. Les urgentistes, les syndicats, les revendicateurs de tous poils accusent le manque de moyens alloués à l'hôpital, en cette terrible épreuve. L'un d'eux ne demande rien moins que la démission du ministre de la santé. Faut-il donc conclure qu'il trouve normale une erreur d'inattention ? Si au lieu d'administrer de l'oxygène à un patient, un urgentiste lui donnait du protoxyde d'azote, faudrait-il faire rejeter la responsabilité de l'erreur à madame BACHELOT ? On voit l'instrumentalisation du drame ; l'opposition va faire chorus. Il serait bon de lui rappeler qu'en promouvant la loi sur les 35 heures quand elle était au pouvoir, elle a contribué puissamment à désorganiser l'hôpital. Et qu'on ne vienne pas me dire le contraire. J'ai en la matière une expérience qui fait défaut au maire de Lille. Il est vraisemblable que le manque de personnel a rendu plus difficile la réanimation de ce petit garçon à Saint-Vincent de Paul. Il est sans doute nécessaire de recruter du personnel supplémentaire. Mais il serait bon aussi de mesurer le coût de ces recrutements et les répercussions qu'ils auraient sur les comptes de la sécurité sociale, sur les cotisations sociales, et sur les impôts. Comme toujours, les adeptes du "YAKA FAUTQUE" vont encenser les dépenses mais se garderont bien de contribuer aux recettes. Ce sont les autres qui doivent payer.
Alors petite question : pourquoi la gauche, quand elle était aux affaires, s'est-elle gardée de s'attaquer aux aspects les plus immoraux du capitalisme financier ? Elle a augmenté la CSG, et, tout bien réfléchi, on ne peut pas être contre cette mesure. Mais qu'a-t-elle fait pour encadrer les "produits dérivés" et les "produits structurés" ? A-t-elle imposé un délai minimum de détention des titres pour empêcher la spéculation du matin au soir ? A-t-elle modifié les règles absurdes des achats à terme qui permettent de se faire de l'argent personnel avec de l'argent emprunté, c'est-à-dire l'argent des autres ? Rien de tout cela. Elle s'est contentée d'augmenter les impôts qui frappent les classes moyennes et les cadres supérieurs, sans toucher le moins du monde aux plus criants dysfonctionnement des marchés en folie. Avec l'argent gagné sur la moralisation de la bourse, elle aurait pu changer les choses. Elle ne l'a pas fait. Alors, de grâce ! qu'elle ait la pudeur de se taire !

Un chef d'oeuvre de la musique baroque

Autant le confesser ici. J'ai une grande allergie - à quelques exceptions près - à toute musique née après 1750 (grosso modo) ; je déteste les épanchements lacrymeux des romantiques ; j'avoue toutefois une plus grande amitié pour la musique moderne, et parfois même contemporaine. Mais rien ne vaut les motets sublimes de CHARPENTIER, de DESMARETS ou de CAMPRA ; de VIVALDI ou de MARCELLO ; les concertos d'ALBINONI ; les mélodies de PURCELL ; les oratorios de HAENDEL. Je ne peux pas les citer tous. Mais je les aime tous, sans hiérarchie, sans comparaison. Ma dilection pour eux est universelle ; chacun, avec son génie particulier, célèbre la beauté.
Hier, j'ai ré-écouté un disque que j'avais délaissé depuis plusieurs années : Vespro per lo Stellario della Beata Vergine joués pour la première fois à PALERME en 1644. C'est une oeuvre gigantesque qui utilise 12 choeurs vocaux et instrumentaux disposés en divers points de la cathédrale ou de la basilique qui servent d'écrin à ces célestes chants.
A l'époque de Bonaventura RUBINO, le génial compositeur de ces Vêpres, PALERME organisait tous les ans le Stellario en l'honneur des 12 privilège accordés à Marie dans sa conception immaculée. Les masses instrumentales et vocales disposés dans le choeur, à la tribune, sur les bas côté, voire au beau milieu de la nef, se répondaient, et se répondent dans ces vêpres, avec une vivacité, une ferveur indicibles. La partie la plus touchante, que dis-je, la plus transperçante est le Lauda Ierusalem à 5 voix (deux sopranos, un alto, une basse, un ténor). Comment rendre l'impression d'exultation. Tour à tour, les voix reprennent en sostenuto ou en vocalise le verset Lauda Ierusalem tandis que les voix inoccupées à cette louange chantent les versets du psaume. L'effet est prodigieux. On imagine la foule des élus, des martyrs, des confesseurs qui, les palmes à la main, gravissent la montagne sainte. Et tout le peuple en fête qui acclame le Tout-Puissant. Que l'on soit ou non croyant, on ne peut être que saisi par cette insistance à la louange. Je ne pouvais pas ne pas vous livrer cette impression extraordinaire faite en moi par cette musique.
Le disque est édité par K617 (K617050 M7 876). On ne le trouvera plus que d'occasion. Mais on n'hésitera pas, surtout pas à se le procurer si d'aventure on le trouve dans le bac d'un disquaire.

vendredi 26 décembre 2008

Méditation versifiée sur la nuit de la nativité

Un correspondant m'invite à versifier la méditation sur la nuit de la nativité. Je m'y suis essayé, et livre à mes lecteurs ce pauvre essai.
Plus jamais les nuées aux bords de l'horizon,
N'essuieront leurs larmes. A l'Orient s'est levé
Une grande Lumière. Ce n'est plus la saison
Des prophètes. Un petit, un grain de sénevé
Le Fils, l'Enfant-Dieu, efface les étoiles
Qui cloutaient d'or le ciel, le ciel profond et noir.
La Terre dormait en paix. Puis brusquement le voile
Se déchire à leurs yeux et les bergers vont voir.
Habitués dès l'enfance à quémander l'aurore,
Ils sont saisis de crainte. Qu'est donc cette lumière
Au milieu de la nuit ? Le temps n'est pas encore
Où du haut de l'Hermon doit surgir l'aube altière.
Et que veulent dire ces bruits ? Ces éclats de trompette ?
Et cet hymne suave et ces chants de louange ?
"Honneur et gloire à Dieu ! Que vos coeurs soient en fête !"
Laissons là nos manteaux. C'est bien le choeur des anges
Qui descendu des cieux nous invite à courir
Adorer l'enfançon. Qu'importe la morsure
Du froid sur nos épaules. Il nous faut obéir
A l'Esprit qui nous pousse. Et cette laine dure
Dont sont faits les manteaux fait une vieille peau,
Un obstacle, une entrave. Dieu veut une tunique,
L'habit de noce enfin et non des oripeaux,
Un tissu de lin fin. Au sang du Fils unique
Il sera purifié, ô mes humbles bergers,
Depuis longtemps choisis ! Mes justes ! Mes enfants !
Accourez à la grotte ! Vos pas seront légers.
Ils y sont. Se prosternent. Jésus dort tout souriant
Marie les yeux clos rend grâce à son Seigneur,
Joseph les mains calées sur un bâton noueux
Veille sur le petit. Il sait qu'est venue l'heure
Où pour l'homme de paix sont entrouverts les cieux.
Pour que la métrique soit sauve, il faut respecter les diérèses suivantes : essu/i/ront ; le Fils, l'enfant Di/eu ; Marie, les y/eux.
Pardonnez, je vous en prie, ces vers de mirlitons. J'y ai mis tout mon coeur.

jeudi 25 décembre 2008

Méditation sur la nuit de la nativité

Les nuages n'essuieront plus jamais leurs larmes aux bords de l'horizon morne. Une lumière, à l'Orient s'est levée. Elle efface peu à peu les étoiles qui jusqu'alors cloutaient d'or le ciel profond et noir.
Il est accompli le temps des prophètes. Voici venu le règne du Fils. Un vent léger ! On n'entend plus que le silence et la terre qui dort en respirant paisiblement. Les bergers guettent le retour le l'aurore.
Tout d'un coup, l'éclat de puissantes trompettes qu'accompagnent des chants venus d'en-haut. Les anges ne peuvent tromper les humbles. Désormais, à quoi servent ces manteaux de laine rude qui protègent les bergers de la morsure du froid ? Pour aller plus vite vers Bethléem qui dort encore, l'ignorante, vite il faut se débarrasse de ces vieilles peaux. Aller là où l'Esprit entend guider ceux qui veulent l'écouter. Tout de même : Qui gardera les troupeaux ? Ne craignez rien ! Tout se fera selon la Parole. Et toi Bethléem de Juda, tu n'es pas le moindre des bourgs de Judée ! Il est venu le Prince de la Paix. Gloire à Dieu au plus haut des cieux ! Toujours le chant des anges.
Les brebis se sont rassemblées autour de maigres feux où meurent quelques tisons ; elles escomptent le retour des pasteurs. Les choisis se sont mis en route. Résolument. Ils sont allés là où l'Esprit les a guidés. Auraient-ils déjà trempé leur tunique dans le sang de l'Agneau ? Ils l'ont trouvée, la grotte où repose l'Enfant-Dieu. Rien n'étonne ces cœurs justifiés. Ils se prosternent devant l'innocence et la sainteté. Marie a les yeux mis clos, et Joseph veille. L'enfant dort en souriant. Les temps sont accomplis. Aussi simplement que cela.
Qui saura ouvrir les yeux ? Qui ?

mercredi 24 décembre 2008

La meilleure défense, c'est l'attaque...

Si vous voulez bien lire derrière les lignes vous ne pouvez qu'être étonné. Vous attendiez, comme moi, que monsieur DRAY oppose un démenti catégorique aux allégations répandues par la presse, et qui prétendent lui attribuer des manoeuvres financières curieuses au détriment, notamment du syndicat FIDL. Pas du tout : monsieur DRAY fait savoir par son avocat qu'il dépose une plainte contre X pour "violation du secret de l'instruction". Quand de telles violations arrangeaient les affaires du PS, monsieur DRAY était moins pointilleux. Mais là, c'est une autre affaire.
Les questions sont simples : (a) monsieur DRAY a-t-il retiré oui ou non des sommes importantes des comptes de la FIDL et des Parrains de SOS Racisme, soit en argent liquide soit par virement à son compte personnel ? (b) monsieur DRAY peut-il expliquer, si c'est bien le cas, les raisons de ces mouvements de fonds ? Tout le reste est de la littérature.
Quant à la FIDL, elle proteste : "c'est une tentative de déstabilisation" prétendent ses responsables. De qui ? Pourquoi ? Ils ne le disent pas. Mais je ne les entends point contester la réalité des soustractions considérables opérées sur leur trésorerie, ni évoquer le nom du soustracteur. Peuvent-ils l'expliquer, preuves à l'appui ?
Si j'étais méchant, faisant état de l'amour immodéré de monsieur DRAY pour les montres, qui toutes ne sont pas en plastique, je dirais volontiers que dans cette affaire il est temps de mettre les pendules à l'heure. Si machination il y a, et ce n'est pas impossible, il faut en démasquer les auteurs et les punir. Si les retraits sont douteux ou frauduleux, ce que la justice dira, il sera bon que monsieur DRAY renonce à une carrière politique. Mais rien n'est moins sûr. Monsieur NUCCI a pu continuer une (discrète) carrière politique, se faire réélire député, après l'affaire du Carrefour du Développement. Le corps électoral ne s'est pas ému de ces façons de faire. Et les grilles du Jardin de l'Observatoire, si elles pouvaient parler, diraient tout ce qu'elles savent sur les fermes jarrets du défunt Président MITTERAND. On a conspué, vilipendé, traîné dans la boue monsieur JUPPE pour une affaire autrement plus bénigne d'appartement qui lui aurait été sous-loué, et qu'il n'a occupé que quelques mois, et a abandonné après avoir très largement compensé un moins perçu qui n'était rien moins que questionnable. Monsieur JUPPE est un homme d'état. Monsieur DRAY est loin d'en avoir l'envergure. Ne parlons pas de Ségolène ou de Martine. Ces gens aiment le pouvoir, non pas la vérité.

Le temps comme il va

La télévision est un excellent révélateur de l'esprit du temps. Hier soir, nous avons entendu au journal télévisé que monsieur Daniel GUICHARD, un chanteur, a protesté contre l'intervention de la gendarmerie aux portes de l'établissement fréquenté par sa fille ; un établissement du midi de la France : il s'agissait de contrôler que les collégiens ne transportaient pas de drogue dans leur cartable ou sur eux. Ils ont donc été alignés contre le mur ; on leur a demandé de déposer leurs affaires par terre, et des chiens spécialement dressés pour détecter la drogue ont été chargé de vérifier qu'elles n'en contenaient pas. Le proviseur était prévenu de l'opération ; celle-ci s'est déroulée selon les procédures en vigueur. Il n'y a pas eu de violences, d'injures ou de menaces (ce serait mal connaître la gendarmerie qui, en France, reste un bastion de la courtoisie militaire). Non ! Rien de tout cela ! Mais monsieur GUICHARD s'indigne. Comment, faire ça à ma fille ? En vérité, il n'utilise pas ces mots. Mais si sa fille n'avait pas été impliquée dans la vérification, il n'aurait sans doute pas réagi. Je n'ai pas gardé en tête les statistiques, mais je crois me souvenir qu'un lycéen sur deux, en classe de première, confesse avoir déjà goûté au moins une fois au cannabis. Pour des raisons que je n'ai pas à dévoiler ici, tenu que je suis par le secret professionnel, je puis vous confirmer que l'usage de la drogue, douce ou dure, est très répandu dans la jeunesse et qu'elle y fait des ravages. Monsieur GUICHARD le sait-il ? Peut-il comprendre que l'on cherche à protéger la jeunesse, quitte à faire peur à sa fille ? Il aurait dû, ce soir là, regarder, toujours au journal télévisé, le court reportage consacré aux îles Maldives. Dans ce pays à 100 % musulman, un enfant de moins de 15 ans sur 5 est déjà dépendant de l'héroïne. Il fallait voir ce jeune au visage émacié, mains tremblantes, yeux mangés par la fièvre, se préparer une dose devant la caméra (à mon avis indiscrète et inutilement voyeuse). La drogue vient d'Afghanistan, produites et exportées clandestinement par des filières dépendantes des taliban (pas de s à taliban qui est déjà un pluriel de taleb). Il fallait à monsieur GUICHARD du recul et de l'information pour adapter sa réaction à la réalité du monde. Il lui fallait dépasser l'horizon nombrilique de sa famille et considérer que le rôle du politique est de protéger la société de ce qui risque de la détruire. Le procédé de la gendarmerie est expéditif ? Comment faire autrement ? S'il a des idées, monsieur GUICHARD, qu'il les dise. Pour l'instant, c'est un contrôle qui révèle une certaine efficacité.

mardi 23 décembre 2008

De tout et de rien

Rien, dans l'actualité, n'incite à de longs développements. Je vais donc butiner ça et là des impressions, et des remarques.
L'un de mes lecteurs, fort courtoisement, me dit qu'il n'approuve pas ma position de refus du travail du dimanche. Je n'ai pas d'autres arguments à lui opposer que celui de la transmission immémoriale de la tradition : le dimanche est fait pour le repos. Je voudrais simplement rappeler ici les terribles paroles du prophète AMOS (8, vv 4-6) : "Ecoutez ceci, vous qui écrasez le pauvre et voudriez faire disparaître les humbles du pays, vous qui dites : "Quand donc sera-t-elle passée, la nouvelle lune, que nous vendions notre blé, et le sabbat, que nous écoulions notre froment ? Nous diminuerons la mesure, nous augmenterons le sicle, nous fausserons les balances pour tromper ; nous achèterons le pauvre pour de l'argent et l'indigent pour une paire de sandales..."
Ah, je les devine, les agioteurs qui dans l'ombre ourdissent et trament leurs petites affaires, impatients de voir le sabbat s'achever ! S'ils pouvaient le supprimer même ! Mais ils le peuvent ! Et ils ne se privent pas de le crier, et d'insister pour pouvoir vendre leur froment et acheter le pauvre contre une paire de sandales. Je suis contre le travail du dimanche, parce que le dimanche n'est pas fait pour le négoce ou la consommation. J'admets volontiers que mon point de vue est "judéo-chrétien", comme me l'a dit il y a peu de temps, avec une certaine violence, l'un de mes contradicteurs. Ce dernier ne voit pas que c'est justement le judéo-christianisme qui lui permet d'avoir une parole libre et autonome. Je le renvoie au superbe livre de Marcel GAUCHET, Le désenchantement du monde dont je reparlerai un jour.
Autre chose. Vu aujourd'hui, Place Saint-Michel, une centaine de pauvres bougres, en majorité des africains, encadrés par quelques rares meneurs qui ne l'étaient pas : ils agitaient des drapeaux et réclamaient la régularisation des travailleurs sans-papiers. La loi prévoit que dans les métiers qui ont du mal à recruter, la chose est possible. Admettons. Mais, selon moi, une situation de non-droit ne peut créer de droit. Et les employeurs qui s'aventurent à embaucher des sans-papiers, des clandestins par conséquent, devraient être sévèrement punis. Comme devraient être reconduits dans leur pays les personnes dépourvus de titres de séjour. Ce n'est pas ainsi qu'il faut traiter le problème de la pauvreté dans le monde. Il faut réclamer de nos hommes politiques qu'ils cessent de soutenir des régimes corrompus, qui confisquent l'aide destinée à leur peuple, il faut accepter de payer les matières premières à un juste prix, et ne pas laisser leurs prix fluctuer au gré de la spéculation. (Ne pourrait-on imaginer de fixer des cours internationaux planchers et plafonds ?) Et puis nous devrions avoir la décence de ne pas étaler notre impudente richesse dans des pays où les enfants meurent de faim ou de maladie. Non à ces safaris, à ces clubs, à ces voyages organisés qui n'enrichissent que les agences et quelques intermédiaires locaux peu regardants sur les moyens. Il nous faut rentrer dans une certaine ascèse du regard et de la pratique, et ne pas faire le généreux sur le dos de la collectivité qui doit, par ses impôts, contribuer - ce qui est normal et humain - à soigner et à héberger ces miséreux en attendant de traiter leur cas.
Julien DRAY, c'est un fait avéré, a fait transiter sur son compte personnel des sommes considérables, puisées dans les réserves de l'UNL et de la FIDL, des syndicats lycéens qu'il a contribué à créer, et qui comptent dans leur soutien des personnalités que la pauvreté ne submerge pas. Nul n'est en mesure de dire si ces transferts de fonds sont délictueux. Attendons l'enquête. (Bornons-nous à constater que 320.000 euros font quand même beaucoup, et qu'on peut se demander comment des syndicats de lycéens peuvent traiter de telles sommes.) Les "amis" de monsieur DRAY, au PS, soutiennent assez mollement leur collègue. L'affaire tombe à pic aussi bien pour madame AUBRY que pour monsieur DARCOS. Is fecit cui prodest dit un adage latin. L'a fait celui à qui la chose profite. Je me demande si les deux personnalités sus-nommées n'ont pas une ligne téléphonique qui les relie directement. Car manifestement, ils sont les premiers bénéficiaires de ces révélations.

dimanche 21 décembre 2008

Aux lycéens de l'Institut saint Martin d'Angers

Vous étiez quelques uns faire le pied de grue devant la grille de votre lycée, l'Institution saint Martin d'Angers. Vous aviez amoncelé, devant l'entrée, des poubelles pour être bien sûr que personne n'aurait l'audace de transgresser l'interdiction par vous faite à tous ceux de vos vos condisciples que ne tentaient pas la grève.
Je me suis arrêté et j'ai discuté avec vous pour essayer de comprendre les motifs de votre irritation. "C'est à cause de la Réforme des secondes", disiez-vous. "Mais elle ne sera pas appliquée cette année" répondais-je. "Oui, mais on ne pourra pas proposer toutes les options dans tous les Lycées. C'est injuste. Et puis 'ils' suppriment des postes". J'ai eu beau expliquer que la démographie lycéenne était en baisse, que les pouvoirs publics avaient très largement augmenté les budgets de l'Education Nationale depuis 8 ans, que 32.000 enseignants étaient payés par le contribuable bien qu'ils n'aient aucun élève. Non. Ils répétaient avec entêtement, doucement : 'ils' suppriment des postes ; on ne peut pas bien enseigner dans une classe de 35 élèves, 'ils' ont supprimé les RASED, etc. Bref ces jeunes, au demeurant fort sympathiques, répétaient comme des perroquets, les arguments souvent mensongers, faux, ou tordus, que les syndicats faisaient diffuser par leurs membres les plus actifs et leurs affidés les plus revendicatifs, mais pas forcément les plus généreux.
Finalement, j'ai réussi à vous montrer, chers lycéens, que le malaise n'était pas d'ordre quantitatif ; aucun crédit, aucun moyen matériel, ne modifieront la lourdeur de la machine éducation nationale, héritée directement des vues napoléoniennes. C'est à une révolution du sens qu'il faut procéder. Je vois tout l'intérêt qu'il y aurait à promouvoir la pédagogie du projet personnel à partir de la seconde. Mais cela heurte le sens parfaitement abstrait et vide de contenu de "l'égalité". C'est sans doute ce que les autorités n'ont pas su expliquer mais qu'elles visaient à instaurer. Plus de choix dans l'établissement où vous désirez apprendre, ce qui, joint à la mutualisation des enseignants en disciplines rares, permettrait à chaque lycéen de choisir son Lycée en fonction de ses goûts et aptitudes, suppression des délégations syndicales qui exonèrent d'enseignement des professionnels de la contestation, ce qui pallierait les problèmes, parfois réels, engendrés par de trop hâtives ou trop arbitraires suppression de postes, évaluation périodique, au moyen de critères objectifs et prédéfinis d'un commun accord entre tous les partenaires du système éducatif, de la pertinence des mesures prises par les autorités, large autonomie accordée aux chefs d'établissement pour organiser les enseignements, droit d'initiative pédagogique laissé au corps enseignant de chaque établissement ou groupe d'établissements. Bref, il est terrible de voir tant de talents et de bonne volonté gâchés par les systèmes de pouvoir. Je vais même plus loin. On sait comment monsieur DRAY a infiltré, créé, inspiré le syndicat lycéen FIDL, avec pour seul motif de faire triompher ses idées, son système, son ego. Il continue à le faire et avec lui le parti socialiste, la gauche extrême, et tous ces courants de pensée contestataire qui n'ont aucune idée, aucune proposition et ne se trouvent à l'aise que dans la minutieuse organisation de la pagaille, comme l'a justement dénoncé le Président de la République. Qu'ils y prennent garde, ces apprentis sorciers : s'ils reviennent au pouvoir, il n'est pas sûr que les troupes qu'ils sont su mobiliser pour arriver à leur fin veuillent mettre un terme à la joyeuse activité d'emmerdeurs patentés. C'est pour l'instant un jeu ; ce pourrait bien devenir une vocation.

Euthanasie au Luxembourg : Vous n'avez pas le droit d'ignorer...

Je donne ici le texte d'un article de Nathalie LACUBE, publié récemment dans La Croix. Cette excellente journaliste analyse objectivement le texte que le Parlement du Grand-Duché devrait de nouveau examiner. Je donnerai quelques commentaires après.
La Chambre des députés vote aujourd’hui en deuxième lecture un texte de loi sur l’euthanasie très controversé et que le Grand-Duc refuse d’approuver, ce qui provoque un début de crise ins­titutionnelle.

Où en est la loi sur la fin de vie au Luxembourg ?
La Chambre des députés luxem­bourgeoise doit se prononcer aujourd’hui sur deux textes visant à légaliser l’euthanasie. Un projet de loi « relatif aux soins palliatifs, à la directive anticipée et à l’accom­pagnement en fin de vie » déposé en 2004 et une proposition de loi « sur l’euthanasie et l’assistance au suicide » déposée en 2001 par les dé­putés Lydie Err (socialiste) et Jean Huss (écologiste). Ces deux textes ont été conjointement adoptés en première lecture le 19 février 2008, à une courte majorité, de 30 voix pour et 26 contre. Un second vote des 60 députés luxembourgeois devait intervenir le 11 décembre pour que la loi soit définitivement adoptée. Le Grand-Duc Henri de Luxem­bourg a cependant fait savoir le 2 décembre qu’il refuserait de signer la loi pour des raisons de « conscience » . Le premier minis­tre Jean-Claude Juncker a alors annoncé un projet de révision de la Constitution restreignant les pou­voirs du monarque. « Je suis d’avis que si la Chambre des députés vote une loi, elle doit pouvoir entrer en vigueur », a-t-il lancé. Mais l’oppo­sition du souverain a relancé un vif débat dans une société toujours très attachée aux valeurs chrétiennes, mais également proche de pays qui ont légalisé l’euthanasie (Pays-Bas, Belgique) ou la tolèrent (Suisse).
Quels points posent problème ? Les opposants au projet luxem­bourgeois émettent de vives criti­ques sur le fait qu’il va très loin. Il exonère de faute et de responsa­bilité le médecin qui a pratiqué une euthanasie sur les personnes suivantes: les patients majeurs ou mineurs émancipés, capables et conscients au moment de leur demande ; les patients mineurs de 16 à 18 ans ayant demandé l’inter­ruption de leur vie et pouvant se prévaloir de l’autorisation des pa­rents ou de la personne jouissant de l’autorité parentale. Selon le rapport Leo­netti remis le 2 décem­bre au gouvernement français pour évaluer la loi sur la fin de vie, « on constate, comme le relève le Conseil d’État dans son avis du 7 octobre 2008, que le dispositif luxembourgeois, s’il était adopté définitivement en l’état, irait plus loin que la loi belge. Le champ d’application de la pro­position luxembourgeoise inclut en effet les personnes mineures et les personnes démentes. Alors que la loi belge limite la dépénalisation aux situations médicales sans issue, la loi luxembourgeoise l’élargit aux affections graves et incurables. Par ailleurs, si l’article 4 de la loi belge permet l’euthanasie d’un patient inconscient placé dans une situa­tion d’irréversibilité, la proposition luxembourgeoise autorise l’eutha­nasie de déments ne disposant que d’un certain déficit cognitif. Elle s’aligne en revanche sur la lé­gislation néerlandaise pour ne pas exiger que la demande d’euthanasie revête une forme écrite. » De nombreuses voix se sont élevées au Luxem­bourg contre ces dispo­sitions qui pourraient ouvrir la voie à des dé­rives. Le président de l’Académie pontificale pour la vie, Mgr Rino Fisichella, a adressé une lettre aux députés du Grand-Duché leur rappelant que le législateur catholique a « l’obli­gation précise de s’opposer à toute loi qui soit un attentat à la vie hu­maine » . Et le cardinal Renato Raf­faele Martino, président du Conseil pontifical Justice et Paix, a déclaré qu’Henri de Luxembourg bénéficiait du« soutien » et de la « proximité » de « tous les chrétiens » .
« Le dispositif luxembourgeois, s’il était adopté en l’état,
irait plus loin que la loi belge. »
Que va-t-il se passer ? Le prochain test pour la loi se fera aujourd’hui devant la Cham­bre des députés : la courte majorité qui l’avait votée en première lecture confirmera-t-elle sa décision? Si la loi est adoptée en l’état aujourd’hui par les députés, ses opposants en­visagent une autre solution pour bloquer son application. Il s’agirait d’empêcher la révision constitution­nelle affaiblissant les pouvoirs du grand-duc. Une loi du 4 février 2005 prévoit que si cinq citoyens inscrits sur les listes électorales adressent au premier ministre une lettre de­mandant que la Constitution ne soit pas modifiée, il est dans l’obligation de faire ouvrir des registres de si­gnatures sur cette question dans les communes. Si la demande des cinq recueille 25 000 signatures de soutien, le projet de révision de la Constitution serait bloqué. Et la loi sur l’euthanasie ne pourrait être promulguée. Cette situation ouvrirait au Luxembourg une crise institutionnelle.
Commentaire personnel
Souvenez-vous qu'HITLER a fait euthanasier des milliers (on parle de 25.000 à 30.000 personnes) d'handicapés et parmi eux des déments. Y-a-t-il une véritable différence de nature entre le texte luxembourgeois et l'initiative du dictateur ? Peut-on accepter l'idée qu'un dément puisse librement décider de sa fin de vie ? "Mon chéri, tu vas bientôt voir le bon Dieu" pourra dire cette mère, les yeux noyés de larmes, et incapable de supporter la lourde charge qu'impose l'état de son enfant. Ou bien encore : "Mes pauvres enfants, je me rends bien compte que je suis pour vous un fardeau insupportable" à quoi les enfants pourront répondre : "Mais non papy ! On peut arranger ça." Et de se précipiter chez le pharmacien pour acheter le kit de fin de vie (j'ai entendu, et vu de mes yeux vu, un pharmacien belge commenter très savamment et complaisamment la nature des produits nécessaires pour endormir définitivement un patient qui dérange : un puissant tranquillisant, un curare paralysant, un chlorure de potassium injectable). Et l'on verra papy, de guerre lasse, signer le document (qui ne serait plus nécessaire au Luxembourg) permettant aux héritiers de rentrer et dans leurs fonds et dans leur héritage. Et les chercheurs se lasseront de passer des heures dans leurs laboratoires à chercher des solutions thérapeutiques à des maladies apparemment incurables. Ont-ils donc oublié le serment d'Hippocrate, les médecins ? Et les pharmaciens, le serment de Gallien ? La loi n'a pas le droit de faire d'eux des parjures.

jeudi 18 décembre 2008

Le cynisme de monsieur Madoff

Nous n'en finissons plus de découvrir ce à quoi peut conduire la cupidité humaine. Monsieur MADOFF, qui a occupé de très hautes fonctions au NASDAQ, a pu monter une fraude de 50 milliards d'euros sans que personne ne s'émeuve, ne s'aperçoive de quoi que ce soit ! Voilà un monsieur qui prétendait offrir à ses clients des intérêts mensuels de 1 %, qui attirait les prêteurs désireux d'arrondir leur magot, et qui payait ces intérêts-là avec l'argent déposé dans ses coffres par ses nouveaux clients dont le nombre allait en croissant, attirés qu'ils étaient par ces miraculeux intérêts. Des banques, des petits épargnants, des grandes institutions financières vont perdre des millions et des milliards avec cette carambouille. Nous espérons que monsieur MADOFF passera en prison une partie des jours qui lui restent à vivre, et qu'il répondra sur ses biens - qui ne doivent pas être négligeables - d'une partie des sommes perdues par sa fraude. On est effaré, on est stupéfié, on reste interdit devant le cynisme de cet homme. Il ne semble pas que le scandale l'ait affecté outre mesure. A ma connaissance, il n'est pas encore poursuivi par la justice des Etats-Unis. Nous espérons qu'il le sera. Il est impossible de demander des sacrifices au menu peuple que nous sommes quand de tels hommes peuvent se comporter ainsi. Il faut de toute urgence réguler les marchés financiers, et limiter les gains insensés réalisés par la spéculation financière. Nous avons besoin d'investissements pour produire mieux et moins chers des biens et des services utiles au plus grand nombre : rien de moins et rien de plus. Nous n'avons pas besoin de ces chevaliers de la finance qui n'ont qu'une idée en tête : nous plumer à leur seul profit.

mardi 16 décembre 2008

Non au travail du dimanche !

Nous devons tous réagir vigoureusement à une initiative absolument incompréhensible de notre Président. J'ai défendu, souvent, nombre de ses initiatives quand elles me paraissaient bonnes mais je garde le droit de critiquer celles qui sont néfastes. Le travail du dimanche est une fausse bonne idée. On voit bien que celle-ci est supposée permettre, moyennant un meilleur salaire, d'augmenter les revenus. Mais rabaisser l'homme à une machine à consommer est réducteur. Admettons que seuls les employés volontaires aillent travailler ce premier jour de la semaine (et non le dernier comme on le dit à tort). Ils y perdaient de la dignité, de la liberté, et des possibilités de grandir en se consacrant à leur famille, à leurs amis, à la culture, au sport, à des responsabilités associatives. Il est absolument indispensable que nous comprenions l'importance de la gratuité, de la relation, de la vie intérieure, de la vie de l'esprit.
Bien entendu, s'opposer au travail du dimanche ne résout pas la question dite "du pouvoir d'achat". Qui ne voit que cette question relève du même ordre de conception de l'homme que celle qui motive le travail dominical ? Une machine à consommer, à acheter, à s'amuser. Mais l'homme est aussi fait pour réfléchir et penser. Les changements économiques profonds qui s'annoncent, la concurrence et l'émergence des grands pays d'Asie ou d'Amérique latine, vont nous mettre au pied du mur. Depuis des années, et notamment depuis la sinistre farce des 35 heures qui a désorganisé la vie des entreprises, des hôpitaux, des administrations, le travail est perçu au mieux comme un moyen de gagner sa vie, au pire comme une malédiction. Alors qu'il est profondément inscrit dans le désir que tout être humain a de participer à la vie de la société, d'être reconnu dans ses compétences, de trouver du sens dans l'action quotidienne. Tout est faux dans ce que nous proposent les hommes politiques : ceux de gauche qui croient qu'il suffit de redistribuer pour assurer l'équité sociale sans voir qu'il est impossible de partager des richesses qui n'ont pas été produites, et ceux de la droite néo-libérale qui ne croient qu'au marché, aux échanges commerciaux, et renvoient à la seul sphère privée les aspirations les plus hautes de tout être humain. L'homme ne vit pas seulement que de pain.
Non au travail du dimanche, non au matérialisme simpliste, oui à une haute conception de ce qu'est l'être humain.

jeudi 11 décembre 2008

Relâche

Je m'absente quelques jours. Reprise des messages, mardi prochain.

mercredi 10 décembre 2008

Soutien au Grand-Duc Henri de Luxembourg

J'ai déjà eu l'occasion de dire combien le refus du Grand-Duc Henri de Luxembourg de signer la Loi sur l'euthanasie était courageuse. Avec un infini respect pour cet acte prophétique, j'ose écrire cette lettre ouverte, en espérant que mes (rares) lecteurs soutiendront cette initiative par leurs commentaires.
"Altesse Sérénissime,
En refusant de signer une Loi de mort qui autoriserait dans votre pays l'euthanasie, vous avez donné à l'Europe un signe fort, un signe prophétique. Nous voulons ici vous dire notre soutien total et notre admiration. Vous illustrez en actes ce que disaient les Apôtres : "il vaut mieux obéir à Dieu qu'aux hommes". Nous vous supplions de tenir bon, mais nous savons que vous le ferez. L'initiateur de cette lettre a travaillé pendant plus de trente ans à trouver des traitements pour des maladies réputées incurables. Il a eu le bonheur de trouver, il y a plus de dix ans, la cause d'une terrible maladie génétique. Et ses travaux ont été depuis confirmés par des équipes de recherche américaines. Ces résultats ouvrent la voie à des traitements originaux et simples. Si l'on n'avait laissé aux parents de ces pauvres nouveau-nés que la solution de laisser mourir leur petit, sans espoir aucun, nous n'aurions pas accompli notre devoir de chercheurs. En manifestant votre refus de signer, Altesse, vous donnez espoir à ces milliers de malades atteints de maladies gravissimes et qui se sentiraient abandonnés s'ils n'étaient défendus par ceux qui ont vocation à éclairer les peuples.
Que votre Altesse Sérénissime soit assurée de notre très profond respect pour sa personne et ses initiatives.
Philippe POINDRON.
Professeur honoraire à l'Université Louis Pasteur de Strasbourg."

Sanctionner ou punir

Un de mes lecteurs avoue sa perplexité : il ne voit pas la différence entre sanctionner et punir. La différence ne saute pas aux yeux en effet. Mais tous les dictionnaires de synonymes le disent ; des mots différents aux sens très proches ne recouvrent jamais exactement la même réalité. Je vais donc essayer de répondre à cet attentif et amical lecteur, en pointant ce qui me semble faire la différence entre les notions de sanction et de punition. J'ai consulté l'ouvrage de l'abbé GIRARD, Synonymes françois (Chez Pierre Beaume, Imprimeur-libraire, Bordeaux, 1902 - an XI). Il y a bien le verbe punir et à côté celui de châtier. Les définitions qu'il donne correspondent sensiblement pour le mot châtier au sens que nous donnons aujourd'hui au mot sanctionner et pour le mot punir à celui que nous lui donnons de nos jours. Je vais m'inspirer des remarques de cet auteur en y rajoutant des remarques de mon cru. Pour faire bref, je dirai que la punition relève de l'ordre légal, et la sanction de l'ordre moral. Une sanction doit être mise en relation avec la responsabilité de celui qui a commis une faute, elle doit conduire à réparer le tort qu'il aurait fait à autrui ou à lui-même, et elle n'a de portée que dans ce contexte là. Elle ne vise pas à humilier, mais à restaurer, à prévenir la rechute et à rendre meilleur. Une punition est une peine qui n'a pour fins aucun des objectifs que je viens d'énoncer. Elle ne fait pas appel à la conscience, mais à la loi, elle est automatique (ou presque), n'a aucun portée éducative. Comme le dit l'abbé GIRARD, c'est la conservation de la société qui est le motif essentiel de la punition des crimes, délits ou contraventions. Elle relève de la justice humaine et elle ne doit s'appliquer qu'à ceux qui tendent à la destruction de la société. Il est tout à fait évident que la punition, dont la visée est d'abord exemplaire, a sa place dans la régulation sociale. La question était de savoir s'il est possible de sanctionner des adolescents ou des pré-adolescents pour des crimes, plutôt que de les punir. Désespérer du petit d'homme en train de devenir ne me semble pas très juste ; ignorer par complaisance les malfaisances dont il s'est rendu coupable ne l'est pas non plus : il faut qu'il y ait réparation, jamais je ne le dirai assez. Et il faut que cette réparation ait un coût.
Dans le contexte de la "révolte" des belles consciences sur la possibilité d'emprisonner des enfants de 12 ans (contre 13 ans à l'heure actuelle), je rappellerai qu'il y a quelques jours, on a mis la main sur un adolescent de 15 ans qui venait de commettre un braquage ; un autre adolescent de 13 a également été arrêté, la même semaine, mais hélas, je n'ai pas retenu les motifs de cette arrestation. Il faut supposer que le ministère de la justice a en sa possession des statistiques qui pointent un phénomène inquiétant : la jeunesse sans cesse croissante des délinquants. La société a non seulement le droit mais le devoir de se protéger. Et la gauche caviar qui hante Saint-Germain des Près ou l'île Saint-Louis a belle posture de protester qui ne risque aucunement d'être importunée par les petits malfrats dans les beaux quartiers qu'elle habite.

mardi 9 décembre 2008

Des faits qui dérangent

Demain encore, grèves diverses dans diverses branches de l'éducation nationale : on est contre ceci, contre cela ; on réclame des postes, de l'argent, des moyens. Dans son numéro du 4 décembre 2008, Le Point vient opportunément rappeler quelques chiffres que les professionnels de la contestation semblent avoir oubliés. Par exemple, en francs constants, le coût d'un élève du primaire est passé de 2700 euros en 1980, à 4990 euros en 2007, celui d'un élève du secondaire, de 5400 euros à 8810 euros, et le reste à l'avenant. Des moyens, l'éducation nationale en a eu. Qu'en a-t-elle fait ? On réclame des postes ? Mais la France dispose d'un enseignant pour 12,2 élèves, taux meilleur que la moyenne de l'OCDE (1 enseigant pour 13 élèves), moins bon certes que l'Espagne ou l'Italie (10,6 élèves pour 1 enseignant), mais bien meilleur que le Royaume-Uni (14,1 élèves), que l'Allemagne (15,1) ou que les Pays-Bas (16,1). Bien entendu, il s'agit d'une moyenne et l'on peut faire dire beaucoup de choses à des statistiques. Cependant, ces moyennes sont calculées de la même manière dans tous les pays de référence. On pourrait donc attendre de ce taux d'encadrement, des résultats scolaires sinon époustouflants, du moins convenables. il n'en est rien. Les performances des élèves français (enquête internationale PISA) indique que le score moyen des petits Français est nettement inférieur à 500 (indices obtenus par les petits Allemands et les petits Anglais) et très nettement inférieur à celui des petits Finlandais (560). Ainsi, tout en dépensant beaucoup plus que la Finlande, la France obtient des résultats très inférieurs. Le même article nous apprend que le nombre de professeurs du primaire est resté quasiment constant entre 2001 et 2007 (environ 340.000) alors que le nombre d'élèves diminuait sensiblement, passant pendant cette période de 4.500.000 à 4.200.000. Il est exact que le nombre de professeurs dans les collèges et lycées à sensiblement diminué après avoir marqué un pic en 2002-2003. Il est passé de 380.000 à 370.000 alors que nombre d'élèves restait constant (5.750.000). Seuls 29 % des enseignants sont syndiqués, et 51 % des personnels enseignants de Collège désirent se reconvertir ou changer de métier. Tout cela m'incite à penser que le malaise (véritable) de l'éducation nationale n'est pas un malaise quantitatif, mais un malaise beaucoup plus profond : contestation de l'autorité des enseignants que ne protège plus le Ministère de Tutelle, salaires notoirement insuffisants, valse incessante des réformes, pondues par des fonctionnaires qui n'ont pas la moindre idée de ce qu'est la pédagogie, et surtout, dérive incroyable de l'esprit public, ridiculisation perpétuelle des repères qui structurent la société et les personnes, apologie médiatique de la déviation, négation absolue de la norme, notamment de la norme des comportements, idolâtrie de l'argent, du plaisir, de la facilité, mépris abyssal des vertus humanisantes du savoir et de l'effort. Une réflexion approfondie de syndicats vraiment responsables sur ces problèmes brûlants permettraient peut-être d'améliorer un peu le système. Hélas, ils font de la politique ; ils sont préoccupés uniquement de contrer toutes les initiatives d'un Gouvernement qu'ils exècrent (mais sont-ils capables d'en aimer vraiment un ?), et oublient complètement leur responsabilité historique. Pour mémoire, il convient de rappeler qu'il y a eu 33 grèves depuis l'an 2000 !

lundi 8 décembre 2008

L'esprit du temps

La chose prêterait à rire si elle ne traduisait une profonde corruption des esprits. Il s'agit de l'élection de miss France ; l'affaire est apparemment de mince importance. Et pourtant, lorsque madame de FONTENAY a remis à la nouvelle miss France son diadème et son titre, elle a été huée par le public. Est-ce son chapeau qui lui vaut cet outrage ? Vous n'y êtes pas. Madame de FONTENAY, qui avait déjà dû en rabattre avec Mademoiselle Valérie BEGUE, la miss France de l'année qui s'écoule, n'a pas voulu que celle-ci transmette ses pouvoirs à la nouvelle reine de beauté. Elle ne pardonne pas à mademoiselle BEGUE d'avoir enfreint le règlement du concours qui exige clairement et intelligiblement des candidates qu'elles doivent avoir eu une conduite irréprochable, entendez par là, ne pas avoir posée en petit appareil dans les magazines masculins, en un mot ne pas avoir marchandiser son corps. Or mademoiselle BEGUE ne satisfaisait pas à ces conditions, et la logique aurait voulu qu'elle ne fût point candidate. Elle l'a été, elle a gagné, elle a menti par omission. Cela devait être sanctionné et ne l'a été qu'à moitié. Chacun est libre de s'exhiber si cela lui convient et n'offense point sa pudeur. Mais nul n'a le droit de mentir sur un point essentiel de sa vie quand les conditions de l'action l'exigent.
Le public était acquis à mademoiselle BEGUE. Il ne comprend pas qu'une règle est structurante, quand bien même elle peut paraître rigide. C'est là un grand signe de décadence de la pensée, et de l'esprit public. Madame de FONTENAY a raison de tenir bon. Nous n'avons nulle envie de voir un jour la France faire représenter ses jolies femmes par une star du porno, pas plus que par une beauté que les voiles encombrent et qui les ôtent à la première occasion, sans doute peu gratuitement.

vendredi 5 décembre 2008

La valse est une danse légère

La valse, on le sait, est une danse qui se pratique avec légèreté. C'est sans doute pourquoi madame Ségolène ROYAL valse avec les milliards d'une manière apparemment étourdissante. Elle qualifie de "mesurettes" les 26 milliards que l'Etat va consacrer à l'économie pour éviter la récession ; mais elle trouve énorme le paquet fiscal qui prive les finances publiques de 16 milliards d'euros. Et elle prétend qu'en en faisant l'économie, on aurait pu donner à 20 millions de Français l'équivalent de 1.000 euros. C'est un raisonnement d'une rare stupidité et d'une démagogie insupportable. Pourquoi ? Parce que, et tout d'abord, 20 millions de bénéficiaires que multiplient 1.000 euros font 20 milliards d'euros. Et que madame ROYAL fait bon marché des 4 milliards qu'elle aurait soustraits à l'avidité des riches. Elle préconise donc la suppression du paquet fiscal. Ceci revient à dire que les classes moyennes devraient réintégrer les intérêts d'emprunts immobiliers dans leurs revenus - alors que le paquet les déclare déductibles pour les premières années de remboursement - et payer des droits de succession sur l'héritage familial. Le paquet fiscal en fait est consacré pour 70-80 % à ces opérations. Madame ROYAL ment effrontément et elle le sait.
Supposons toutefois que l'on distribue ces 1.000 euros à 20 millions de Français. Que vont-ils en faire en cette période de l'année ? Acheter des jouets (80 % d'entre eux sont produits en Chine), des vêtements (idem), des chaussures (idem), peut-être se payer un voyage à l'étranger. En somme ces 1.000 euros de pouvoir d'achat, distribué pour l'immédiat, auraient inéluctablement aggravé le déficit déjà très lourd de notre commerce extérieur. En réalité, le problème de notre pays est un problème d'offre : nous ne produisons pas assez de richesses pour satisfaire la demande potentielle du marché intérieur. Il convient de remédier à cela en favorisant les investissements dans les PME (et non pas dans les grandes entreprises du CAC40 qui ne créeront pas un seul emploi en raison de leur éparpillement planétaire). La vérité est que les socialistes n'ont jamais pu se défaire de la vieille idée que les "patrons", tous les "patrons" étaient des salauds et des exploiteurs, qu'ils étaient de mauvaise foi, et que de toute façon, ils étaient parfaitement immoraux. Je pense en réalité que les actuels responsables socialistes font à nos entrepreneurs un procès d'intention, et qu'ils projettent dans leurs analyses les attitudes mentales qui sont les leurs dans leur vie politique et publique. Je n'ose ajouter, "et peut-être personnelle". Ceci ne dispense pas les pouvoirs publics de remédier à certaines situations de pauvreté qui frappe aujourd'hui des salariés pourtant dotés d'un salaire dans le cadre d'un CDI. La valse, décidément, est une danse trop subtile pour madame ROYALE. Elle devrait s'essayer à la danse des canards.

jeudi 4 décembre 2008

L'idéologie, encore

A propos des peines de prison pour les enfants.
Il paraîtrait donc que madame DATI a fait une bourde en qualifiant de mesure de bon sens, la décision d'infliger de la prison à des enfants de 12 ans coupables de crime. Toute la gauche, toute la vertueuse magistrature, tous les "éducateurs", se lèvent et contre la mesure, et contre le propos. Eh bien, je dois dire ici que je partage pas leur indignation. Voici pourquoi. (a) Les dispositions datant de 1945 prévoient qu'il est possible d'emprisonner des adolescents à partir de 13 ans. Treize ans, c'est bien jeune, il n'y a guère de différence d'avec 12 et s'il y en a, il faudrait que les indignés les précisassent, ou alors qu'il s'insurgeassent - ce qu'ils n'ont jamais fait - contre la mesure applicable à ces jeunes âgés de 13 ans. (b) Cette mesure ne s'appliquera - j'emploie à dessein un futur, car j'espère que le Garde des Sceaux campera avec courage sur sa position - qu'à des préadolescents coupables de crimes, tels que les définit le code pénal. Si l'on admet que l'âge de raison est atteint à 7 ans, on peut conclure que - sauf aliénation mentale - le crime commis par un adolescent de 12 ans, l'est d'une manière qui interroge nécessairement sa conscience et sa responsabilité. Qu'il y ait des degrés dans la responsabilité, il faut bien l'admettre, et le juge est là justement pour les apprécier. Il faut accepter l'idée que des adolescents de 12 ans peuvent être des criminels endurcis et responsables. La mesure peut frapper entre 5 et 12 jeunes chaque année. Faut-il mobiliser la télévision, les médias, les syndicats, les belles consciences pour cela ? On voit bien pourquoi il en va ainsi : toujours le fameux rousseauisme et la croyance que la société est responsable des comportements humains déviants, puisqu'à l'état de nature, toujours selon Jean-Jacques, l'homme est bon. Mythe du bon sauvage pas mort. Voilà un fonctionnement mental parfaitement idéologique. (c) La protestation des éducateurs est cocasse, c'est le moins que l'on puisse dire. J'ai personnellement entendu des responsables de collège se plaindre de nombre d'entre eux qui refusent de collaborer avec l'institution scolaire comme avec la famille. Il me semble qu'il serait bon d'évaluer l'impact réelle de l'action de ces éducateurs. Je modulerais toutefois l'opinion des enseignants ; j'ai rencontré des éducateurs tout à fait compétents et collaboratifs. (d) Dans un billet ancien, j'avais indiqué que l'opposition concentrerait ses tirs sur madame DATI. C'était prophétique. Femme de caractère et de courage, elle ne peut qu'attirer les foudres de ces médiocres opposants qui ont dépensé ou fait dépenser des sommes considérables pour la prévention de la délinquance (ce qui est louable) mais n'ont jamais envisagé qu'il était nécessaire de sanctionner les coupables (j'ai bien dit sanctionner, et non punir).
Un souverain exemplaire.
Le Grand-Duc de LUXEMBOURG refuse de signer la Loi relative au droit à l'euthanasie. Or sa signature est nécessaire pour que la Loi, régulièrement votée, s'applique. C'est une prérogative constitutionnelle de ce souverain. Imitant le Roi des BELGES, BEAUDOUIN, qui préféra démissionner pour 24 heures pour ne pas avoir à signer la Loi autorisant l'avortement, le Grand-Duc donne l'exemple d'une conscience éclairée. Il place les droits de cette conscience au-dessus de la Loi de la démocratie. Il préfère la défense de la vie à la promotion des actions de mort. Qu'à cela ne tienne. Monsieur JUNCKER a déclaré qu'il allait faire procéder à une modification de la Constitution qui réduira les déjà minces pouvoirs du Grand-Duc. J'ai toujours dit dans mes billets précédents que l'application de la Loi, tant qu'elle ne blesse pas les consciences, s'impose à tous, citoyens, juges, hommes politiques. Or cette Loi blesse les consciences de ceux qui croient en la vie. Comment aurait-évolué la médecine, si les médecins ne s'étaient pas acharné contre les puissances destructrices de la maladie ? Il y a fort à parier que plein d'hommes de gauche vont condamner la position du Grand-Duc, un peu comme l'a fait monsieur JUNCKER. Ça leur va bien, eux qui déclarent ne pas pouvoir appliquer la Loi sur le Service Minimum. Celle-là, elle ne blesse aucune conscience ; elle dérange les plans des grévistes qui veulent enquiquiner un maximum de monde ; elle est l'occasion pour l'opposition d'exister un peu. Qu'ils se méfient, tous ces apprentis sorciers. S'ils reviennent au pouvoir, il ne faudra pas qu'ils s'étonnent de voir se lever un mouvement de désobéissance aux mesures qu'ils sont en train de concocter dans leurs petits cénacles.