vendredi 17 août 2007

Ariane a perdu le fil

Madame Ariane MNOUCHKINE, dont nul ne conteste le talent de metteur en scène au théatre, aurait-elle perdu la tête et, avec elle, le fil qui l'a guidé jusqu'à la cartoucherie de Vincennes ? Dans un geste de résistance beau comme l'antique - on croit entendre Caton l'Ancien - madame MNOUCHKINE a refusé d'être nommée Professeur de Création Artistique au Collège de France, au prétexte qu'elle l'aurait été par Nicolas SARKOZY, ce que sa conscience de gauche ne saurait accepter. Que c'est beau la résistance aux actes d'un Président élu démocratiquement par la majorité des Français !
Il y a un hic, que voici. (a) C'est le Collège des Professeurs du Collège de France qui décide du nom de la chaire à pourvoir et en désigne le bénéficiaire. Ce dernier est tenu au courant de la procédure et il est averti avant transmission de la décision à la Présidence de la République. Madame MNOUCHKINE ne pouvait pas ignorer qu'elle avait été choisie. Elle avait certainement donné son accord, condition préalable à la poursuite du processus. (b) Seul le Président de la République a le pouvoir de signer les decrets de nomination des Hauts Fonctionnaires, y compris les Professeurs des Universités et assimilés.
La belle réaction de madame MNOUCHKINE est liée à la publication d'un article par Libération, lequel, dans un saisissant raccourci, annonce qu'elle a été nommée par Nicolas SARKOZY. C'est donc pour ne pas décevoir son public d'admirateurs inconditionnels, pour ne pas donner l'impression qu'elle aurait cédé aux sirènes sarkozystes, qu'elle a été amené à refuser cette nomination. Toutefois, le refus est accomodé de considérations notablement modulatrices qui donnent à la résistante la possibilité de revenir sur sa décision. Je verrai bien sur les emplois du temps du Collège de France, Institution que je fréquente avec assiduité, si madame MNOUCHKINE donne son cours. Il y a fort à parier que oui.
Tout cela est pitoyable et me semble relever d'un sectarisme invraisemblable, d'une hypocrisie insupportable, et surtout d'un incroyable mépris de la démocratie.
"Ariane, ma soeur, de quelle amour blessée, vous mourûtes aux bords où vous fûtes laissée ?" se déclinerait plus justement en
"Ariane, ma soeur, de quelle rage emportée, vous mourûtes en scène où l'on vous a piquée ?"

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