vendredi 15 février 2008

Ca bouillonne dans ma tête

L'actualité n'est pas avare de petites phrases, de croches-pieds, de petits faits qui révèlent le climat dans lequel nous sommes plongés depuis quelques semaines. Devant ce flot de ragots boueux et puants, je suis comme saisi de vertige et de crainte ; alors je reviens aux auteurs que j'aime, qui bercent mes rêves éveillés et, je l'espère, inspirent quelque peu mon action. Je vais pour cette raison vous faire partager une page de mon cher LANZA del VASTO. Car ça bouillonne trop dans ma tête.
"Devant ces colonnades, j'ai demandé
Quel est ce Temple ?
On me répond : c'est la Bourse des Valeurs.
Que nous sommes loin du lien entre Travail et Richesse, Vertu et Fortune, Bénédiction Divine et Prospérité. Nous regardons de haut ces naïves justifications, quand nous regardons [les] sommets de la Connaissance-du-Bien-et-du-Mal.
Mais comme nous serrons de près la vraie nature de la Possession ! "Malheur aux riches" est-il écrit sans distinctions ni ménagements et sans explications.
[...]
L'Homo oeconomicus (orthographe et typographie sic) est une nouvelle race d'envahisseurs barbares. Doù vient-elle ? Ni de l'Est ni de l'Ouest, elle sort de sous terre, espèce de nains astucieux et tordus.
Dès qu'ils s'abattent sur un riche pays, c'est comme les sauterelles sur la moisson, c'est comme l'incendie de la guerre qui ne laisse que noir et cendres. Mais tandis que, la guerre passée, les blés aussitôt regagnent et les ruines se relèvent, là où l'Homme économique a étendu sa conquête, l'herbe ne repousse plus. Le grignotement du lucre est une désolation définitive. Et dans l'invisible comme dans le visible."
J'avais déjà parlé de l'Homo economicus dans nombre de mes billets, et je ne pensais pas trouver dans LANZA une confirmation aussi éclatante de ce que je vous avais dit. Ce que LANZA condamne sans appel, ce n'est pas la prospérité, - il le dit très clairement du reste, et la voit comme une bénédiction divine -, c'est l'esprit de lucre qui fait argent de tout, depuis les sacs de plastique qu'on nous vend maintenant dans les supermarchés (pour des motifs prétendument écologiques ! mais on en vend tout de même), jusqu'aux stock-options, en passant par les faux soldes, les six minutes quotidiennes d'habillement, la revente au noir de tickets pour tel ou tel événement sportif, la publicité "sponsorisante", la location des espaces d'un Blog pour de la publicité, la retransmission des matchs de foot-ball par les chaînes payantes, j'en passe et des meilleures. Vous pouvez, vous devez ajouter à la liste. Je vous en supplie, pour que nous puissions contempler ensemble l'ampleur de notre déchéance.
Jusques à quand allons-nous supporter cette foire d'empoigne, ce tout économique, ce tout argent ? Quand les hommes politiques affirmeront-ils, en accord avec toute saine anthropologie, qu'il faut à l'homme suffisamment de pain pour subsister, mais qu'il ne vit pas que de lui. On nous parle de pouvoir d'achat, de salaires, de retraites, d'allocations, de prestations, de subventions. Qui nous parle d'amour ? De fraternité ? Il n'y a pas foule dans ce registre de sentiments. Tout de même, j'ai eu l'immense satisfaction de voir gravée sur le fronton d'un beau bâtiment, rue Toudic à Paris, cette raison sociale : Association Fraternelle des Employés et Ouvriers des Chemin de Fer Français. Elle n'est pas toute jeune cette association ; elle reste le témoignage d'une époque où l'on regardait son voisin avec un peu plus de compassioon et un peu moins de convoitise. Elle date d'avant la guerre.

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