vendredi 3 avril 2015

03 avril 2015. Vendredi saint

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En ce jour où les chrétiens célèbrent la passion de Jésus, il est loisible à mes lecteurs habituels de comprendre qu'il est impossible de produire un billet ordinaire. Je me bornerai à stimuler la réflexion de ceux d'entre eux qui auront la patience de lire ce poème.
Au mont des Oliviers, le témoin.
Des nuages épais enténèbrent l’aurore
Qui peine à se lever par-delà les grands monts.
Assis au coin du feu, le faux témoin pérore,
Pour les gens de la nuit qu’habite le démon.

Au jardin des douleurs pleuraient les oliviers.
À l’agonie, Jésus a enlacé leurs troncs,
Tandis que dans la nuit, écrasant le gravier,
Sonnaient les pas impurs des sanglants vignerons.

Un ange se tenait auprès du Fils en larmes,
Essuyait son visage et le réconfortait,
Tandis que dans la nuit s’amplifiaient le vacarme,
Et les cris de soldats que le vent emportait.

Il n’avait qu’un drap blanc en guise de tunique.
Il s’était réfugié dans un creux du chemin,
Quand il les a vu fuir, abandonner l’Unique.
Ils délaissaient l’Agneau, même le benjamin.

Coupe de compassion, ô témoin sans égal,
Dont le nom à jamais demeurera scellé !
Tu as suivi la horde en cet instant fatal,
Pauvre en ton tissu blanc, par l’amour appelé.

Plus léger que le vent, alors qu’ils le poignaient,
De leurs griffes aiguës, il a pu s’échapper.
En cette aurore blême, tremblant, il racontait
Comment les gens de nuit faillirent l’écharper.

Mais il avait tout vu au jardin du pressoir.
Et les gouttes vermeilles coulant de son Visage,
Les larmes de diamant brillantes dans le noir,
Nimbées par les rayons d’une lune très sage.

Il avait entendu des soupirs ineffables,
Et les cris de douleurs devant le sacrifice,
Que le péché des hommes rendait inévitable,
Et le don de sa Vie, pour accomplir justice.

Des nuages épais enténèbrent l’aurore
Qui vient de se lever au-dessus des grands monts.
Assis au coin du feu, le faux témoin pérore,
Mais ne sait toujours pas qu’est vaincu le démon.

2 commentaires:

Pierre-Henri Thoreux a dit…

Belle inspiration cher Philippe ! Si la religion n'engendrait que des poèmes, tels celui-ci, que le monde serait beau...

Philippe POINDRON a dit…

Cher Pierre-Henri, merci pour ce commentaire. Mais - et je suis sincère en vous disant cela - je n'ai pas votre talent ! J'ai déjà eu l'occasion de vous le dire.