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Contrairement
à ce que dit MONTESQUIEU, il n’y a pas aujourd’hui trois pouvoirs, l’exécutif,
le législatif et le judiciaire, mais cinq, car il faut ajouter à ces trois classiques,
le pouvoir médiatique, et le pouvoir financier qui chapeaute les quatre précédents. (Il faut noter que MONTESQUIEU n'a jamais discuté la question de la légitimité du pouvoir, c'est-à-dire la question de l'autorité qui pour lui allait de soi, en la personne du roi.)
C’est
à ces cinq pouvoirs qu’il nous faut résister. En vérité c’est le pouvoir financier
qui dirige tout, corrompt tout et biaise toutes les décisions qui s’imposent
aux concitoyens. C’est donc par lui que nous commencerons, en y adjoignant demain le
pouvoir médiatique qui lui est consubstantiellement lié.
Il
fait ici reprendre une distinction qu’avait lumineusement expliquée
Jean-Frédéric POISSON lors d’une soirée des Veilleurs de Paris, tenue place de
la Sorbonne : celle de l’autorité, et celle du pouvoir. L’autorité est l’instance
qui possède la légitimité nécessaire pour établir et dicter des normes que doit
avaliser et mettre en lois le pouvoir législatif. Une norme peut être définie comme
une action obligatoire ou interdite par cette autorité. Une norme, par définition,
délimite ce qui est normal ou légal, et ce qui est anormal ou illégal. Le
pouvoir exécutif, représenté en France par le Président de la République et le
Premier Ministre, devrait tirer sa légitimité (en régime véritablement démocratique)
du vote majoritaire des citoyens, sous la réserve que ceux-ci aillent voter. C’est
de moins en moins le cas, et un Président élu avec au plus 25 % des voix
du corps électoral n’a pas la légitimité requise, ce qui suscite des réactions,
souvent violentes, de la part des citoyens, quand il entend imposer ses
réformes. Mais, par le jeu de la constitution, il a le pouvoir, c’est-à-dire le
droit d’utiliser la force (quelle qu’en soit la modalité) pour imposer l’adoption
ou l’exécution des normes qu’il définit. En réalité, cette distinction entre
autorité et pouvoir se retrouve dans les cinq cas que j’ai énoncés d’entrée de
jeu. Madame Agnès THILL, député LREM, déclare-t-elle qu’elle est contre la loi
de Bioéthique, la force « législative » s’exerce contre ce
comportement a-normé, et elle est exclue de son
parti.
Comment
résister au pouvoir financier et au pouvoir médiatique ? Le pouvoir
financier se niche dans les grands groupes industriels, ceux que l’on retrouve dans
le CAC 40 ou à Wall-Street, ou encore dans des institutions opaques, comme la
Réserve Fédérale américaine qui n’est pas un organisme public, mais un
organisme privé. Chez nous, le pouvoir financier est détenu par des groupes
comme LVMH (c’est un exemple parmi d’autre) ou SFR ou Auchan ou l’Oréal, et j’en
passe. Dans tous les cas, il s’agit de groupes à la tête desquels il y a un
homme ou une femme qui élabore sa stratégie et la fait appliquer dans toute sa
rigueur, celle qu’impose la recherche du profit maximum. Rien ne nous oblige à
acheter des produits de l’Oréal, ou du cognac Hennessy, ou champagne Moet ;
rien ne nous oblige à faire des queues interminables devant les caisses d’Auchan,
d’Intermarché, ou de Super-U ou même de Liddl. Nous pouvons acheter dans le
petit magasin de proximité les fruits, les légumes, les produits français,
préférer le shampoing Garnier à celui de l’Oréal, et le vrai savon de Marseille
aux horreurs glissantes et parfumées qui offusquent nos narines dans les
boutiques de Marionnaud. Non que ces
produits soient mauvais, mais le profit qu’ils engendrent par leur vente ne
sert pas le bien commun, ni les familles ; ni les petits commerçants qui triment
du matin au soir ; il nous faut préférer la librairie de quartier aux
livraisons sauvages d’Amazon qui ruinent des pans entiers de la libre et
autonome entreprise. Bref, à moins de ne pas pouvoir faire autrement, fut-ce en
dépensant quelques euros de plus, préférer les petits qui ont un nom et un
visage, aux gros dont nous n’entendons que les cliquetis de la caisse
enregistreuse.
Bref, consommer moins, consommer mieux,
faire vivre le tissu social de proximité et bannir le plus possible le recours
à ces enseignes qui entendent uniformiser nos goûts et nos modes de vie, pour
leur seul intérêt, prétextant qu’ils créent des emplois (en fait des emplois
salariés, qui mettent le salarié sous la coupe de leur employeur, et les aliènent). A cet égard, je crois qu'il est nécessaire de créer des petits groupes locaux de citoyens qui signalent où trouver des produits équitables, répondant à ces exigences, aux membre de leur réseau.
Dans le billet de demain, nous verrons
comment les grandes fortunes françaises ont fait main basse sur les médias et
entendent user de leur pouvoir (lequel est toujours coercitif) pour sans arrêt
augmenter leur profit et se délecter de la croissance de leur emprise sur la
vie politique et sociale de notre patrie. L’exemple de monsieur Patrick DRAHI
et de l’élection de monsieur MACRON est assez significatif…
1 commentaire:
j’aime votre texte ,c’est tellement clair ! les idées si justes !
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