lundi 21 janvier 2008

Morale et communication

Monsieur Laurent GEOFFRIN (orthographe non garantie) est un journaliste talentueux. Il écrit bien. Mais hélas, c'est un esprit faux, comme il en est tant d'autres aujourd'hui, en ces moments où la pensée semble être rentrée en agonie.
Je l'écoutais vendredi dernier débattre sur France Info avec un confrère. Il critiquait les récentes déclarations du Président de la République sur la religion, ce qui est son droit le plus absolu. Comment le faisait-il ? Exclusivement par procès d'intention : monsieur SARKOZY voulait récupérer les voix des chrétiens comme il l'avait fait de celles des musulmans, il agissait comme BONAPARTE, etc. Or rien dans les déclarations du Chef de l'état n'autorise cette interprétation. Monsieur GEOFFRIN pouvait critiquer leur opportunité, les déclarer peu conformes aux principes constitutionnels de laïcité. Non ! Il s'attaquait à la bonne foi, il projetait sa propre analyse dans les pensées et les actes d'un autre, sans tenir le moindre compte de la personne du dit. Ce qui lui paraît juste, c'est ce que lui trouve juste.
Il se peut qu'il y ait du calcul dans les déclarations présidentielles. Mais nous n'en savons rien. Par ailleurs, jusqu'à preuve du contraire, nous avons l'obligation de considérer que ces déclarations sont de bonne foi. Sinon, nous pouvons faire à monsieur GEOFFRIN le procès de vouloir caresser le lectorat de son journal dans le sens du poil.
Je voudrais ici donner mon point de vue. Ces déclarations sont effectivement inopportunes, non pas parce qu'elles sont fausses, mais parce qu'elles peuvent paraître porter atteinte à la laïcité de l'état. Je ne suis pas un fanatique de la laïcité, certes non, mais la Constitution a été adoptée par une majorité de Français, et Paul de Tarse fait obligation aux chrétiens dont je suis d'obéir aux autorités légitimes, tant qu'elles ne heurtent pas les droits fondamentaux de la conscience.
Je suis pourtant bien obligé de constater qu'imposer la laïcité, n'est jamais qu'imposer une forme de croyance. Imposer la laïcité, c'est faire la même violence aux personnes qu'imposer une religion. Du reste, et fort justement, monsieur GEOFFRIN l'avoue, les laïcs et les athées ne sont point sans repères. Eux aussi, ils croient à quelque chose. Ils sont eux aussi dans la croyance. Considérant que leur point de vue a valeur universelle, ils estiment qu'ils doivent l'imposer dans l'espace public, alors que celui-ci devrait permettre une harmonieuse cohabitation de toutes ces croyances, pour autant qu'elles respectent les lois. Une partie des combats politiques vient du refoulement illégitime et tyrannique des expressions religieuses dans l'espace privé.
Dernier point fondamental. Il ne faut pas confondre morale et religion. La conscience morale est nourrie par la raison, et il existe des athées ou des agnostiques qui sur ce point pourraient en remontrer à bien des croyants. Il existe effectivement une morale dite naturelle, et il seraient bon que les politiques s'en souvinssent.

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