vendredi 22 mars 2013

Qu'est-ce que la liberté : deuxième billet du 22 mars

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J'invite tout d'abord mes lecteurs à lire la déclaration de Thierry DESJARDINS que je viens juste de produire. J'invite aussi les plus âgés d'entre eux à un devoir de souvenance. Souvenez-vous du mouvement du 22 mars 1968 dans les documents duquel on vit fleurir les revendications dites "libertaires", mot que je trouve impropre, péjoratif, et par dessus-tout aveugle. Car ce que réclamaient les leaders de ce mouvement, dont était Daniel COHN-BENDIT, c'était une forme de liberté entièrement dépendante de la subjectivité des individus (c'est à dessein que je n'utilise pas le mot "personne"), et de leurs désirs immédiats. Je réfléchis depuis longtemps à ce que pourrait être la liberté. Il convient, selon moi, de distinguer deux niveaux de réflexion : l'un théorique, l'autre pratique.
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Réflexion théorique.
Il existe un premier type de liberté. Cette liberté-là, je l'appelle la liberté ontologique. Elle est très exactement celle d'un être qui est à lui-même sa propre cause, et échappe donc à toutes déterminations extérieures à son être. Il s'agit d'un être nécessaire, et qui porte un nom : Dieu. La question n'est pas de savoir ici si Dieu existe ou non. Elle consiste à supposer qu'un tel être peut exister, sans préjuger aucunement de son existence réelle.
Il existe un deuxième type de liberté que j'appelle la liberté morale. Elle correspond dans ses grandes lignes au libre arbitre, grâce auquel, par le moyen de la raison, l'homme discerne et choisit le meilleur ou ne le choisit pas. Elle est essentiellemment la capacité d'évaluer le meilleur et le moins bon, et de choisir le meilleur. Je n'utilise pas ici le terme de "ce que l'on croit être le meilleur". En effet, il est impossible d'agir si l'on ne cherche pas un bien. Et ce qui paraît mal à l'un est bien pour l'autre, puisqu'il le cherche. Les philosophes médiévaux l'affirmaient très hautement : tout agent agit en vue d'un bien ; il semble que l'on ait remplacer le terme "bien" par un mot plus "laïc" que l'on appelle "mobile" ou "motivation". La substitution du mot bien par un autre mot est très révélatrice de la mentalité subjectiviste et relativiste de la pensée moderne.

Réflexion pratique.
Je suis très frappé d'entendre dire par Judith BUTLER, la théoricienne du gender, que l'on choisit son genre, indépendamment de son sexe biologique. Mais enfin c'est une philosophe et pour se faire un nom, depuis HEGEL, il faut être contre tous ceux qui sont pour et pour tous ceux qui sont contre. Plus révélateur est le discours tenu par Vincent PEILLON dans une interview publié dans le Journal du Dimanche (01.09.2012)  : «Pour donner la liberté du choix, il faut être capable d'arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel, pour après faire un choix ».

Il est tout à fait intéressant de souligner que la référence philosophique de monsieur PEILLON est celle d'une liberté quasi ontologique qui ferait fi de toutes les déterminations, sauf de celles que lui, ministre socialiste, entendrait imposer à tous, notamment aux parents, premiers responsables de l'éducation de leurs enfants.
http://www.lejdd.fr/Societe/Education/Actualite/Vincent-Peillon-veut-enseigner-la-morale-a-l-ecole-550018

Le 0 5.11.2012, le Grand Orient de France publie une déclaration en faveur du mariage homosexuel :
«Au nom de la laïcité, le Grand Orient de France rappelle que les Églises doivent se restreindre à la seule sphère spirituelle, et ne pas interférer, par des imprécations stigmatisantes et des amalgames violents et haineux, avec les légitimes débats publics et démocratiques qui président à l'évolution et au progrès des droits civils»

http://www.leparisien.fr/societe/mariage-homosexuel-des-francs-macons-rejettent-les-propos-de-l-eglise-05-11-2012-2294133.php  
Cette déclaration est tout-à-fait symptomatique de l'état d'esprit maçonnique : évolutionisme (qu'à la fin de sa vie, DARWIN lui-même avait singulièrement adouci notamment dans sa partie "lutte pour la vie"), droits civils (complètement détachés du droit naturel, et donc d'inspiration quasi ontologique, la nature n'ayant selon cet état d'esprit, rien à apprendre à l'homme). Mais puisque les francs-maçons se reconnaissent le droit d'intervenir comme association privée dans le débat public, pourquoi voudraient-ils empêcher les chrétiens (et non l'Église, comme ils feignent de le croire avec une mauvaise foi insupportable et qui trouve sa nourriture dans la haine qu'ils leur portent) de le faire ?  

Le 16.12.2012, le richissime et ignoble ou snob (sine nobilitatem) Pierre BERGE déclare : « Nous ne pouvons pas faire de distinction dans les droits, que ce soit la PMA, la GPA (gestation pour autrui, NDLR) ou l’adoption. Moi, je suis pour toutes les libertés. Louer son ventre pour faire un enfant ou louer ses bras pour travailler à l’usine, quelle différence ? C’est faire un distinguo qui est choquant »

L'inspiration de monsieur BERGE rejoint celle d'une liberté quasi ontologique dans le discours, mais en réalité ne repose que sur l'impériosité de son désir, qu'il veut faire reconnaître par la loi. J'aimerais savoir si monsieur BERGE reconnaît à la notion de bien et de mal un autre fondement que celui du seul sujet. Si c'est le cas, alors il doit accepter que d'autres sujets ne pensent pas comme lui, et au lieu de les vilipender, de les ridiculiser, ce qu'il lui est loisible de faire avec ses milliards et les journaux qu'ils contrôlent, il doit faire preuve de tolérance : mais alors, il lui faudrait reconnaître qu'au-dessus de la subjectivité, il y a une objectivité, celle de la tolérance ; ce serait reconnaître que quelque chose échappe au désir du sujet. 
Le 17.09.2011, avait lieu le premier grand gala dîner de la grande loge de France sous les lumières de monsieur ATTALI.  La manifestation a eu lieu ce samedi 17 septembre 2011 dans le grand restaurant du siège de la GLDF, rue Puteaux à Paris. Plus de 200 invités, dont deux tiers de profanes, étaient répartis autour de 21 tables. Celle du Grand Maître regroupaient : Jean-Paul Delevoye, président du Conseil économique, social et environnemental, membre de l’UMP… et présenté comme un frère, Jacques Attali, Edith Cresson, ancienne Premier Ministre PS, Claude Baty, Président de la Fédération protestante de France (FPF), Mohammed Moussaoui, président du Conseil français du Culte musulman (CFCM), Richard Prasquier, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), Sophie de Menthon, présidente d’Ethic, Eric Falt, sous-directeur général de l’Unesco.

Ce qui est fort intéressant dans ce document (publié avec bien d'autres séquences, dont celles que je cite, par monsieur Benoît JAHAN, lmdm@jahan.fr), c'est qu'il y note la présence de monsieur DELEVOYE, actuel président du Conseil economique, social et environnemental, un monsieur qui vient de refuser d'examiner la pétition citoyenne- contre toute logique juridique, mais après avoir pris ses ordres à Matignon et à l'Elysée - et qui est présenté comme un frère. Il est donc tout-à-fait possible que les raisons profondes qui l'ont conduit à rejeter l'examen de cette pétition soit de nature plus "fraternelle" qu'objective.
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Je conclus. Les propositions de l'actuelle, mais j'espère très provisoire "majorité" veulent que l'homme soit à lui-même la propre origine de ce qu'il considère comme bon ou bien. Et comme elle ne reconnaît aucune détermination (puisque monsieur PEILLON veut arracher par l'éducation les dites déterminations, ce en quoi je lui souhaite bien du plaisir), elle est obligé d'avoir recours au droit positif et à la loi. C'est très exactement la conception marxiste de la politique. Eh bien c'est clair, je n'en veux pas et bien d'autres français avec moi. Tous à PARIS le 24 mars !
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