samedi 22 août 2015

22 août 2015. Habitants d'Orange en Comtat-Venaissin, souvenez-vous ! Deuxième billet de ce jour.

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Il y a 211 ans, l’abominable MAIGNET, chargé de faire régner la Terreur dans le Vaucluse voulait se faire 10 000 à 15 000 victimes pour insuffler l’esprit de la République à une région qui lui semblait rebelle. Il n’en fit que 332 à ORANGE (mais des quantités d’autres à CARPENTRAS, AVIGNON ou ailleurs). Voici comment Gustave GAUTHEROT (voir mon deuxième billet du 21 août pour la référence du livre) résume le sort des martyrs d’ORANGE. Si Thermidor n’était advenu, il y en aurait eu bien d’autres, car ce MAIGNET était d’une rare barbarie. C’est curieux tout de même cette amnésie républicaine ! Ah ! Nous pouvons bien condamner DAESH et l’Etat Islamique, mais notre malheureuse patrie tombée aux mains de ces fous leur a donné l’exemple, y compris celui de la destruction des chefs-d’œuvre venus du fond des âges (destruction d’églises, de couvents, de statues de saints, vols des vases sacrés, par exemple). Alors de grâce, un peu de pudeur, ou de silence, ou de repentance, messieurs qui voulez sauver l’humanité mais vous moquez des hommes.


"En quarante-quatre séances, du 19 juin au 4 août, la Commission [nous sommes en 1794, à ORANGE] rendit 595 jugements et fit tomber 332 têtes. Parmi les condamnés à mort, on relève 27 nobles, 36 prêtres, 32 religieuses, 71 bourgeois (dont 32 propriétaires, 13 avocats ou avoués, 1l notaires. 6 médecins, 2 juges de paix et 7 assesseurs, greffiers ou secrétaires de commune, 7 officiers, soldats ou gendarmes). Beaucoup de ces bourgeois étaient d'ailleurs fils du peuple, et ils appartenaient aux classes sociales qui avaient fourni à la Révolution ses premiers et ses plus ardents prosélytes. Tous les autres étaient de pauvres gens : cultivateurs, artisans, ouvriers, petits commerçants, instituteurs, domestiques, couturières. Pour les condamnés à la prison, la proportion des gens du peuple est plus forte encore : 102 sur 116. Pour l'ensemble des «suspects» arrêtés, elle est absolument écrasante. Et nous savons qu'il en fut de même dans la France entière. Pourquoi cette hécatombe que Thermidor suspendit au moment où la guillotine était en pleine activité, alors que, légalement, la théorie des victimes vouées à la mort s'allongeait à l'infini ? Les textes et les faits qui précèdent le clament assez. L'érudition a examiné un à un les procès-verbaux des jugements de la Commission : ils se ressemblent tous. Les mots de fédéralisme, de fanatisme, de conspiration contre la République tenaient lieu d'arguments. Lorsque VIOT accusait, par exemple, deux ursulines de BOLLENE d'avoir voulu, en refusant le serment, « allumer la guerre civile, assassiner le peuple, faire triompher la tyrannie par le fanatisme » : lorsqu'une telle accusation suffisait à faire tomber le même jour les têtes des deux pauvres femmes, il n'y avait plus lieu de distinguer entre les Commissaires d'ORANGE et les massacreurs de la Glacière [massacres d’AVIGNON]. Le maximum d'indulgence consiste à dire d'eux qu'ils assassinaient par ordre du Gouvernement révolutionnaire; et il ne faut pas chercher dans les sanglants grimoires de ces pourfendeurs du « fanatisme » autre chose que le fanatisme le plus étroit et le plus atroce qui ait jamais (avant l'apparition du bolchevisme) sévi sur l'humanité."






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