dimanche 18 novembre 2007

Crédible, France Info ?

A 16 h 15, le journaliste qui, sur France Info, assurait les nouvelles, parlait de la manifestation contre la grève, et faisait état de 3.000 manifestants. A 16 h 30, le journaliste qui, sur France Info, assurait derechef les nouvelles, parlait de quelques milliers de manifestants. Vers 19 heures, le site Internet de France Info faisait état de quelques centaines de manifestants et insistait sur le fait que cette manifestation était inspirée par le mouvement étudiant UNI, des mouvements divers (le style connoté qui les décrivait exhalait une odeur soufrée ; pensez-donc, une manifestation "de droite", et l'on voyait bien que le rédacteur avait pris des gants et des pincettes pour parler de "la chose" ; en quoi UNI serait-il moins honorable que l'UNEF, je vous le demande ?), et soutenue par l'UMP. Sur TF1, Claire CHAZAL faisait état de quelques milliers de manifestants, et le commentaire du sujet filmé donnait le chiffre fourni par les services de police : 8.000.
J'ai sur les journalistes ci-dessus cités deux avantages : le premier est que je suis allé à cette manifestation et que je puis en parler en témoin direct ; le second est que je suis un scientifique et que j'aime la rigueur des chiffres et la probité des comptes-rendus. J'ai donc dénombré le nombre de manifestants par rangée il y en avait en moyenne 14. Puis je me suis mis de côté et j'ai évalué (et non point compté) le nombre de rangées. Il y en avait entre 600 et 700. Que multiplie 14, cela fait entre 8.400 et 9.800 manifestants, chiffre relativement proche de celui que donne la police.
Alors France Info, crédible ?
Pourquoi a-t-il fallu qu'en un quart d'heure les chiffres avancés par les présentateurs passent de 3.000 à quelques milliers ? Et pourquoi, quelques centaines sur le site Internet ? (Il est vrai que 8.000 manifestants font plusieurs centaines, et même plusieurs dizaines.) Comme si l'on avait voulu minimiser l'importance de la manifestation. France Info, crédible ?
Si vous voulez mon appréciation, la voici : l'exaspération des usagers, des citoyens est telle qu'il faut craindre, je pèse mes mots, de graves affrontements. Il est de la responsabilité des leaders syndicaux (et ils l'on, semble-t-il, compris) de faire cesser cette grève au plus vite. Sinon, nous irons au clash, et à une manifestation d'une ampleur imprévisible.
Quant aux slogans criés par les manifestants, ils ne se résumaient pas à "Fillon, tiens bon". Il y avait aussi "Les cheminots au boulot" et "Grévistes, égoïstes". J'ai, enfin, beaucoup aimé la banderole sur laquelle on pouvait lire (je cite de mémoire) "Retraite à 65, 60, 55, 50, 45, 40, 35, [les six premiers nombres étant barrés] si vous voulez, mais pas avec notre argent, avec le vôtre". On peut contester cette entorse au principe de la solidarité. Mais en matière de retraite, si l'on est tous égaux, il y en a qui sont plus égaux que d'autres. Devinez qui.

Aucun commentaire: