La grève c'est comme un moteur à explosion, sauf que le temps le plus long, le plus évident, le plus puissant, est celui de l'explosion, lequel est consécutif à un temps de compression... si vous voyez ce que je veux dire.
Il faut le voir, monsieur Didier LE RESTE, le responsable CGT des cheminots, bouffi d'orgueil et de joie à l'idée que la grève se prolonge. Quel sentiment de puissance sur son visage et de domination, quel assouvissement de cette volonté de pouvoir propre aux médiocres et qui suinte de toute sa personne ! Mais qu'il ne s'y trompe pas, cette grève, de mon point de vue, marque la fin d'une certaine forme de syndicalisme, celle qu'il incarne dans tout son archaïsme et que veut justement modifier Bernard THIBAULT. Les petits, les salariés du privé qui habitent loin de leur lieu de travail, et qui ne peuvent se permettre de perdre 30 ou 40 euros sur leur feuille de paye, qui n'ont pas davantage les moyens d'utiliser une voiture problématique et coûteuse n'en peuvent plus de cet égoïsme de 500.000 personnes qui en briment 25 millions. Ils sont fatigués, harassés, n'en peuvent plus de rogner sur leur sommeil pour aller travailler, eux qui devront partir après 40 ans annuités pour bénéficier d'une retraite à taux plein. Nous nous souviendrons, le moment venu, de cette inadmissible grève. Quand on veut être respecté, il faut être respectable.
Maintenant, venons-en aux faits. Rarissimes sont à l'heure actuelle les roulants de la SNCF qui partent avec 35 ans de travail effectif. Par le jeu des bonifications, liées à des conditions de travail dont il faut reconnaître qu'elles sont quelquefois pénibles (horaires décalés, travail de nuit, week-ends travaillés), nombre d'entre eux partent après 30 ans, avec une retraite qui correspond à 35 annuités. Avec la réforme, les roulants devront cotiser plus, mais ils n'auront pas à travailler 40 ans. Ils conservent un statut particulier qui leur permettra de quitter l'entreprise à 55 ans au lieu de 50 ans. Leurs collègues de la SNCF attendront quant à eux 5 ans de plus.
A la RATP, 80 %, je dis bien quatre-vingt pourcent, des agents continueront de partir à 55 ans.
A EDF/GDF, c'est un salarié sur deux qui continuera, même après la réforme, de partir plus tôt à la retraite. Au total, dans ces deux entreprises, 100.000 salariés conservent un régime particulier (très particulier !). Seulement 20 % de leurs agents s'aligneront sur les règles de la fonction publique.
Malgré la réforme, un fonctionnaire sur cinq bénéficiera d'un départ précoce. La pénibilité du travail, en effet, est prise en compte pour les policiers, les douaniers, les infirmièr(e)s, les surveillants de prison, les gendarmes et les autres militaires (officiers généraux exclus qui restent mobilisables dans le cadre de la deuxième section, et sont tenus à certaines obligations annuelles).
Il serait intéressant de voir ce que font des retraités de 50 ans ou de 55 ans. J'ai là-dessus mon idée. Je ne peux pas imaginer qu'ils restent le derrière sur une chaise à regarder la télé...
Fonctionnaire moi aussi, j'ai cotisé 40 ans et j'ai quitté mes fonctions au soir même de mon 65e anniversaire. Il me semble que ça me donne quelques droits à contester la mauvaise foi de ces champions du privilège qui, pour les uns, voyagent gratuitement, pour d'autres ne payent que 10 % de leur facture de gaz ou d'électricité, qui tous bénéficient d'un système tout à fait spécial de sécurité sociale, et des avantages tout à fait appréciables de comités d'entreprise aux finances pas toujours très transparentes (cf. celui d'EDF).
Bref, nous devons réagir. Primo, nous pouvons coller sur une vitre de notre voiture, de notre appartement, de notre maison, une feuille blanche, en signe de notre réprobation. Cette initiative a été prise par un internaute dont j'ai, hélas, oublié le nom. Dès que mon billet sera achevé, j'irai d'un pas allègre coller ma feuille sur la vitre de mon bureau. Secundo, pour ceux qui habitent Paris, il est toujours possible de manifester, dimanche 18 novembre, en se rendant Place de la Nation à 15 heures.
Enfin, et j'insiste là-dessus. Jean-François KAHN, sur France Culture, a justement réclamé de l'équité pour tout le monde, y compris pour les responsables de grandes entreprises qui partent avec des retraites de 30 millions d'euros. Ce n'est pas tant sur le plan économique que la chose est inadmissible. Je doute que la répartition de cet argent indûment distribué à ces gens (qui vivent dans un autre monde), aux milliers de salariés qu'ils ont eu à diriger, augmenterait considérablement les revenu de ces derniers. C'est sur le plan symbolique. Aucun service, aucune fonction, ne justifient ces retraites-chapeaux. Il faut les interdire. Et si ces messieurs ne veulent pas rester chez nous, qu'ils aillent ailleurs assouvir leur soif d'argent et leur cupidité. Ils seront facilement remplacés par des responsables de même qualité professionnelle et plus soucieux de l'intérêt de leur patrie. Je vous renvoie à mon billet intitulé "Déjà Philon".
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