J'ai trouvé tout à fait par hasard quelques réactions de l'opposition après la libération des journalistes français et des hôtesses de l'air espagnoles, emprisonnés au Tchad pour leur prétendue implication dans l'affaire de l'Arche de Zoé. Aucun de ces messieurs et dames de l'opposition n'a jugé utile de se réjouir de cette libération. Aucun, non plus, n'indique comment il fallait faire pour l'obtenir, alors qu'il y a huit jours tous faisaient chorus pour déplorer l'apparente inaction de nos dirigeants (Monsieur HOLLANDE sur RTL ; je l'ai entendu de mes oreilles). Monsieur HOLLANDE, faisant fi de la légitime susceptibilité des autorités politiques et judiciaires tchadiennes, s'interroge pour savoir si "le rôle du président de la République est de venir chercher lui-même" les personnes inculpées dans cette affaire. Monsieur HOLLANDE ne se fût point abaissé à faire un tel voyage. Il aurait réuni un Bureau National pour trouver une solution consensuelle ou majoritaire une solution socialiste, ou il aurait peut-être demandé à un diplomate du Quai d'Orsay de traiter l'affaire. Il y a fort à parier que nos compatriotes ainsi que leurs compagnons de galère espagnols continueraient de pourrir dans les geôles tchadiennes. Monsieur BIANCO, lui, reproche au président de (je cite) "se prendre pour Zorro". Monsieur BIANCO en serait alors le sergent GARCIA ! Moins bête, et plus au fait des sentiments du peuple français, qui lui est heureux de ce dénouement, madame BUFFET se contente (et cette réaction me paraît tout à fait digne et juste) de souhaiter "qu'il soit mis fin à toute cette affaire dans les plus brefs délais".
Mais ce n'est pas tout. Monsieur HOLLANDE "prépare l'avenir" titre un quotidien gratuit, à mon avis en regardant dans un rétroviseur. Que dit-il le premier secrétaire, qui n'en est pas à une incohérence près : "La gauche plurielle ou une union de la gauche à l'ancienne, c'est terminé" (ça c'est bien ; on attend alors des idées). Il estime que la recomposition de l'opposition devrait se faire "ensemble (qui se cache dans cet "ensemble" ?) et avec d'autres (mais qui ?), toute la gauche réunie". Voilà qui est admirable. On ne veut pas de la gauche plurielle. On veut toute la gauche réunie. J'ai du mal à voir la différence. Mais pour les idéologues, la réalité est dans les mots et les slogans, pas dans les faits.
En admirable politologue, le premier secrétaire exclut une alliance avec le Modem de François BAYROU, ou avec l'extrême-gauche de monsieur BESANCENOT. Voulez-vous me dire avec quels partenaires, il compte recomposer l'opposition ? Avec les radicaux de gauche qui tiendraient leur congrès dans une cabine téléphonique, avec le moribond Mouvement des Citoyens de monsieur CHEVENEMENT (homme honnête et au plus haut point estimable, quoique que monsieur JOSPIN puisse en dire), avec les débris du Parti Communiste ? C'est à mourir de rire, ou plutôt à pleurer. Il n'y a d'autre alternative crédible pour l'opposition socialiste que de tenir compte des profonds clivages idéologiques qui opposent en son sein les tenants du courant social-démocrate à ceux du marxisme relooké à la sauce EMMANUELLI et de faire ce que monsieur HOLLANDE exclut. Funambule avec les mots, aveugle dans ses projets, tel apparaît aux Français un homme qui porte cependant une grande responsablité politique sur ses épaules. Monsieur MOSCOVICI estime être une des personnalités susceptibles de succéder à monsieur HOLLANDE à la tête du PS. Au train où vont les choses, ses chances ne sont pas nulles.
PS : Peut-être serez-vous heureux d'apprendre que monsieur DOSIERES, député socialiste spécialiste des finances présidentielles, se réjouit d'apprendre l'augmentation du traitement du président de la République. Elle est une mesure de transparence, dit-il. Elle suppose, outre la suppression des fonds spéciaux déjà acquise sous monsieur JOSPIN (ce qui est une très bonne initiative), et une amputation équivalente des crédits alloués au fonctionnement de l'Elysée. Voilà ce qu'il serait honnête de faire savoir au Français ; ils pourraient apprécier la signification réelle de cette mesure. Mais on préfère, selon la bonne vieille méthode de l'agit-prop socialo-marxiste, ne voir qu'un des aspects du problème, l'apparente augmentation du traitement, pourtant parfaitement compensée par des restrictions de crédits dans d'autres domaines. Mais je n'ai pas entendu les députés (socialistes ou UMP confondus) protester contre les décisions prises en faveur de leur retraite, mesures qu'ils ont votées juste avant la fin de la précédente législature. En matière politique, il en est comme en matière morale : on a le droit d'être cohérent.
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