vendredi 13 janvier 2012

Liberté et nécessité

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Glanée dans le livre de Pascal BRUCKNER dont j'ai récemment parlé, cette affirmation de SPINOZA : "La liberté est l'intelligence de la nécessité".
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La formule ressemble à celle que MARX lui-même a dite (et je dois ce rappel à mon ami Yves) : "La liberté est la conscience de la nécessité".  Ce n'est pas tout à fait la même chose. On peut avoir conscience sans comprendre...
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Tout le problème est donc de savoir ce qu'est la nécessité. Il me semble que c'est cette propriété des êtres et des choses qui fait qu'elles cesseraient d'être si l'on s'avisait d'y toucher un tant soit peu. Je ne demande pas à mes lecteurs de partager cette définition. Mais si elle est exacte, alors il est non moins exact qu'une politique juste et qui promeut la liberté est une politique qui tient compte de la nécessité. Y a-t-il dans ce qui fait que l'homme est l'homme des caractéristiques qui relèvent de la nécessité ? Ce ne peut être le désir, ni le plaisir, ni même le savoir, ce me semble. Mais alors quoi ? Il m'apparaît que ce qui tient à la nécessité dans la nature humaine est cette double propriété que l'on peut résumer en une formule : l'homme n'est homme que s'il est un sujet social ; j'ajouterai "et qui aspire à l'éternité".
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Toute politique qui tend à faire de l'individu (comme le fait le rationalisme hérité des Lumières) l'objet unique de l'action publique est fausse. Inversement, toute politique qui ne voit comme objet de l'action publique la collectivité, est tout aussi fausse. Combien plus l'est celle qui utilise comme moyen l'action sur la collectivité pour épanouir l'individu. Il y a là une insupportable contradiction, et cette contradiction mine le socialisme à la française.
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Je vous renvoie à la définition de la liberté que donnait Simone WEIL. J'ai fait un billet là-dessus. Dans ce que je viens de dire, il n'y a rien de contradictoire avec ce que dit cette grande philosophe, pour qui la liberté est d'abord l'accord de la pensée (pas l'idée) avec l'action. Il y a une part d'empirisme dans la mise en oeuvre de cette liberté-là. Je dirai aussi que la liberté va de pair avec la vérité : "Ma vérité vous rendra libre" a dit Jésus. C'est bien vrai.
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C'est tout pour ce soir.

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