lundi 16 mars 2020

Lundi 16 mars 2020. A propos du Coronavirus...

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Certains de mes lecteurs le savent, d'autres non. J'ai enseigné la virologie pendant près de 40 ans à la Faculté de pharmacie de Strasbourg (qui comptaient deux unités INSERM et trois unités CNRS, faisant de cette faculté, la première de France dans pratiquement tous les domaines étudiés par le Comité National d'Evaluation). Je voudrais dire ici plusieurs choses importantes.
La première c'est que les critiques faites au gouvernement sur la gestion de la crise du Coronavirus sont infondées. Je ne suis pas, on le sait, un inconditionnel de LREM. Mais quand quelque chose est bien fait, il est normal de le reconnaître. Je pense que le Dr VERAN est un grand ministre de la santé. On reproche au gouvernement d'avoir maintenu le premier tour élections municipales. Pour maintenir cette critique, il faudrait prouver scientifiquement que ce maintien a contribué à la propagation de l'épidémie. C'est loin d'être démontré : solution hydro-alcoolique à l'entrée des bureaux de vote et sur la table des scrutateurs, respect des distances de sécurité (minimum 1 m), vérifiées par des agents municipaux. Non. Que n'aurait-on pas dit si ces élections avaient été annulées ? Manipulation, déni de démocratie, etc. En revanche, compte tenu de la situation épidémiologique, il est sans doute indispensable de reporter le second tour.
La seconde a trait aux raisons de la gravité de la situation.
La gravité de la situation dépend de quatre facteurs : (a) le virus est nouveau, la population est dite pour cette raison naïve. (Le cas de la grippe est tout à fait différent, car nous avons tous fait une grippe plus ou moins forte, et même si les souches varient d'une année à l'autre, il y a quand même une certaine immunité de masse résiduelle.) Tout le monde est sensible au Coronavirus ; (b) il existe un pourcentage non négligeable de sujets infectés qui ne font aucun symptômes et sont pourtant contagieux. Le Dr TIMSIT, de l'Hôpital BICHAT estimait ce matin, au cours d'un Webbinar, à 30-35 % cette part de la population ; (c) la maladie peut prendre trois formes : l'une est relativement bénigne, et frappe 80 % des sujets infectés et symptomatiques (fièvre, toux sèche, maux de tête, quelquefois vomissements et diarrhées) qui guériront spontanément en quelques jours et seront très probablement immunisés, l'autre frappe 15 % des sujets infectés qui après quelques jours d'incubation et le développement des symptômes susdits, vont présenter des troubles respiratoires d'intensité variable mais nécessitant une hospitalisation (oxygénothérapie ou respirateurs ; enfin 5 % des sujets infectés vont faire une forme gravissime, relevant des services de réanimation et justifiant des interventions lourdes (intubation, trachéotomie). C'est dans cette population que vont survenir des décès ; en général (mais pas exclusivement), les sujets à forme gravissime ont plus de 70 ans (d'autres disent 80), et ont souvent d'autres maladies : antécédents pulmonaires, cardiaques, traitement anticancéreux ou immunosuppresseurs, diabète. Des sujets plus jeunes peuvent faire ces formes gravissimes, sans aucun doute, mais souvent ils ont fumé et donc ont un poumon de tabagique ou ils ont pris de l'ibuprofène qui vient aggraver leur état ou présentent une maladie associée (cancer). (d) Comme tout le monde est réceptif, que 15 % de sujets symptomatiques doivent être hospitalisés, imaginez une situation ou 30 millions de Français seraient infectés et présenteraient des symptômes ; 15 % seraient des atteintes graves, soit 4.500.000 cas, et nécessiteraient   une hospitalisation. Les hôpitaux ne pourraient pas faire face, d'autant que du personnel soignant pourrait lui-même être contaminé. Bien entendu on peut imaginer une sorte d'étalement naturel du pic épidémique, mais on resterait très au-delà des capacités d'accueil des hôpitaux.
Les mesures de confinement, de fermeture des institutions et commerces non essentiels, des établissement d'enseignement (nombre d'enfants peuvent être des porteurs sains de virus) relèvent donc de la sagesse. Il nous faut faire preuve de solidarité, de civisme.
Reste enfin la question de la "survie" du virus hors de l'organisme humain. Le virus est fragile, car il est enveloppé, et ne garde guère son pouvoir infectieux au-delà de quelques heures (4 h). Les travaux qui rapportent que l'on en retrouve pendant 9 jours ne disent pas si ce qui est retrouvé au bout de 9 jours est infectieux, mais soulignent sans doute qu'il est possible de trouver des traces moléculaires (et non infectieuses) du virus pendant ce laps de temps.
Enfin, le virus est détruit par les solvants des lipides, par l'eau savonneuse, l'eau de Javel dilué. L'usage d'un gel alcoolique est utile, mais moins que ne l'est le lavage régulier des mains à l'eau savonneuse.
Il est important que nous soyons solidaires les uns des autres, civiques, et que donnions notre plein accord à des mesures qui paraissenyt contraignantes mais sont scientifiquement justifiées.









5 commentaires:

Brigitte ULRICH a dit…

Bonjour Mr Poindron,
Vous avez dirigé ma thèse d'exercice de pharmacie en septembre 1981...sujet "les coronavirus dans la pathologie humaine." ..Vous en souvenez vous ?... Il y a déjà 40 ans ...du temps où les coronavirus étaient considérés comme sympathiques. ..
Bien cordialement
Brigitte Ulrich
brigitte.ulrich2@orange.fr

Brigitte ULRICH a dit…

Bonjour Mr Poindron,
Vous avez dirigé ma thèse d'exercice de pharmacie en septembre 1981...sujet "les coronavirus dans la pathologie humaine." ..Vous en souvenez vous ?... Il y a déjà 40 ans ...du temps où les coronavirus étaient considérés comme sympathiques. ..
Bien cordialement
Brigitte Ulrich
brigitte.ulrich2@orange.fr

Brigitte ULRICH a dit…

Bonjour Mr Poindron,
Vous avez dirigé ma thèse d'exercice de pharmacie en septembre 1981...sujet "les coronavirus dans la pathologie humaine." ..Vous en souvenez vous ?... Il y a déjà 40 ans ...du temps où les coronavirus étaient considérés comme sympathiques. ..
Bien cordialement
Brigitte Ulrich
brigitte.ulrich2@orange.fr

Brigitte ULRICH a dit…

Bonjour Mr Poindron,
Vous avez dirigé ma thèse d'exercice de pharmacie en septembre 1981...sujet "les coronavirus dans la pathologie humaine." ..Vous en souvenez vous ?... Il y a déjà 40 ans ...du temps où les coronavirus étaient considérés comme sympathiques. ..
Bien cordialement
Brigitte Ulrich
brigitte.ulrich2@orange.fr

Philippe POINDRON a dit…

Je reprendrais volontiers contact avec vous...