vendredi 27 mars 2020

Vendredi 27 mars 2020. Les raisons scientifiques qui justifient l'usage de l'hydroxychloroquine pour traite la Covid.19

Je ne suis ni urgentiste ni réanimateur. Je suis pharmacien et virologue. C’est donc dans les limites de mes compétences que je m’exprime ici. Je vais essayer d’expliquer en termes simples les fondements scientifiques du choix fait par le Pr Raoult d’utiliser la chloroquine ou l’hydroxychloroquine pour traiter des patients atteints par le SRAS-CoV-2 responsable de la Covid-19.
(a) Une cellule vivante est limitée par une membrane souple et déformable, appelée membrane cytoplasmique ou membrane plasmique. Elle peut se déformer au moins par trois processus différents : les puits à clathrine, les caveolae, et la déformation normale dans laquelle intervient une molécule appelé l’actine (je vais y revenir) qui aboutit à la formation de petites vacuoles appelées des endosomes.
(b) Pour exprimer son pouvoir infectieux, un virus doit faire en sorte que son génome (la structure de DNA ou de RNA qui porte son information génétique) rentre dans le cytoplasme de la cellule, de façon à utiliser à son profit les mécanismes cellulaires indispensables, notamment, à la production de protéines.
(c) Pour rentrer dans une cellule, un virus reconnaît à la surface de cette dernière une molécule incluse dans la membrane cytoplasmique, à la suite de quoi se trouve enclenché le processus dit d’internalisation.

Le SRAS-CoV-2 responsable de la Covid-19 reconnaît, je l’ai déjà dit, une molécule appelée ACE de la classe 2. Il s’agit d’une ectopeptidase membranaire qui est capable de couper l’angiotensine 1 en angiotensine 2. Ces molécules interviennent dans la vasoconstriction et la régulation de la tension artérielle. Après avoir étudié la bibliographie sur ce sujet, il apparaît que si le CoV2 utilise certainement et surtout les puits à chlathrine, il utilise aussi les caveolae et les endosomes. Là ne s’arrête pas l’histoire. Dans les trois cas de figures, la petite portion de membrane qui limite la vacuole possède une enzyme appelée ATPase V. Cette enzyme expulse des protons dans le milieu extérieur. Les protons sont des ions qui interviennent dans l’acidité. Plus il y en a et plus le milieu est acide. Les vacuoles formées par l’un de ces mécanismes ne font en réalité qu’enclore une portion de milieu extracellulaire et, éventuellement, ce que l’on appelle un élément figuré, dont la taille varie, mais qui, pour les virus, est de l’ordre de 50 à 100 nm (en moyenne ; il y en a des plus gros, il y en a des plus petits). L’ATPase expulse des protons dans la lumière de la vacuole qui s’acidifie. Elle va fusionner avec de petites formations appelées lysosomes qui sont bourrées d’enzymes, dont nombre comme les cathepsines peuvent couper des protéines. L’intérêt de cette notion d’acidité est que les enzymes des lysosomes n’agissent qu’en milieu acide. Vous me suivez ?
Nous avons donc un Coronavirus englobé dans une vacuole puis dans un endolysosome après fusion de la susdite avec ce lysosome. C’est là que les choses deviennent intéressantes. Le Coronavirus est un virus dit enveloppé à la surface duquel émergent des projections ou spicules. Ces spicules sont responsables de la reconnaissance de l’ACE2, mais pas que. En milieu acide, ils sont coupés par les enzymes protéolytiques, et engendrent un produit de coupure qui a des propriétés fusionnantes. L’enveloppe du virus va donc fusionner avec la membrane limitant l’endosome ou l’endolysosomes, c’est à dire mettre en continuité son enveloppe membraneuse avec cette membrane limitante. Que pensez vous qu’il arrive ? Le contenu jusque là protégé par l’enveloppe rentre comme un intrus dans le cytoplasme et (je passe sur les détails moléculaires), il va produire très rapidement des protéines qui permettent sa multiplication et d’autres protéines la formation de sa structure. Vous me suivez toujours ?
Point n’est besoin, là encore, de sortir de normal sup ou de polytechnique pour comprendre que si vous empêchez l’acidification des endosomes et des endolysosomes, vous empêcher les enzymes lytiques d’agir, et donc vous empêcher le virus de déverser son génome dans le cytoplasme.
Il va de soi que des molécules inhibitrices des fichues protéases des lysosomes ont aussi cette propriété. Il en existe. Elles sont soit toxiques, soit très coûteuses.
Voilà pourquoi la chloroquine et l’hydroxychloroquine ont tété utilisée par le Pr RAOULT pour traiter des patients infectés. Les fondements rationnels et scientifiques sont tout à faite solides. Et c’est pourquoi il faut commencer le traitement non pas quand tout est grave, mais dès qu’il y a des symptômes et la certitude d’une infection.

Voir : https://www.youtube.com/watch?v=JKY1i7IpK3Y 

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