mercredi 20 août 2008

Des journaux qui parlent encore

Ma mère avait pris l'habitude de conserver dans cinq grands dossiers, des photos, des lettres, des documents envoyés par ses cinq enfants ou classés par elle de son propre chef. Elle avait poussé le souci du détail très loin. Dans le dossier qui m'intéresse, il y a deux journaux datés du jour de ma naissance : l'un est Paris-Soir, l'autre le Courrier du Centre. La lecture attentive du premier, daté du 31 juillet 1940, révèle, en page deux, en bas à gauche, l'existence d'un modeste entrefilet dont la lecture est bien révélatrice. Il est intitulé BERLIN-ROME-MOSCOU. Il dit ceci :
Dans les conversations qui viennent de se tenir à Berchtesgaden et à Rome, entre l'axe, d'une part, les Roumains et les Bulgares, d'autre part, il est curieux de constater que le nom de l'URSS n'a pas été une seule fois mentionné. Et certains de conclure à un antagonisme foncier entre Berlin et Moscou ou entre Rome et Moscou. C'est aller un peu vite. Le seul fait du rapprochement des Soviets et de la Hongrie, entre qui de prochaines négociations économiques vont s'engager prouve au contraire que l'axe semble agir en accord avec le Kremlin. Ou du moins sans désaccord.
Ainsi, fin Juillet 1940, il était de notoriété publique qu'il y avait entre les deux totalitarismes, le nazi et le communiste, un gentleman agreement pour le moins, un accord réel pour le plus. On a beau jeu, ensuite, de nous seriner que les communistes, français en particulier, ont été les ennemis jurés des nazis dès le début de la guerre. C'est un mensonge éhonté. Il y avait bel et bien un Pacte germano-soviétique qui laissait au Führer les mains libres pour agir en Europe, moyennant quelques concessions territoriales faites à l'URSS sur le dos de la malheureuse POLOGNE. Et l'URSS ne s'est pas privée pour utiliser ce pacte en établissant de fructueuses relations économiques avec la HONGRIE, un fidèle allié du Reich. Qu'après l'agression nazie de l'URSS, l'attitude des communistes vis-à-vis des nazis eût radicalement changé est une chose, qu'il y ait eu un réel accord avant cette attaque surprise, en est une autre non moins réelle. Comme quoi de petites causes, un dossier familial, peuvent révéler de bien grands effets : la VERITE.

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