Il est tout de même curieux de constater que la définition la plus précise des caractères de la démocratie ait été donnée par LI SHENZI, un oriental.
Je vous ai parlé il y a quelques jours de ce penseur chinois, et vous ai donné l'opinion qu'il avait du socialisme. Mais dans l'article auquel je faisais alors référence, il y avait quantité de remarques, toutes plus judicieuses les unes que les autres, et en particulier une énumération exhaustive des caractéristiques d'une vraie démocratie. Je vous les énumère ici brièvement pour compléter ce que je disais hier sur l'attitude scandaleuse d'une partie des élus de gauche qui refusent d'appliquer les lois régulièrement votées par la majorité, en invoquant des motifs futiles qui ne sont que des prétextes.
(a) Un pouvoir démocratique, dit LI SHENZI, tire sa valeur de sa capacité à garantir les droits des individus, les droits de l'homme. Ces droits incluent tous ceux qui sont inscrits dans la Déclaration des Droits de l'homme de l'ONU (liberté d'expression, d'édition, liberté d'association, etc.).
Il est donc tout à fait acceptable que l'opposition critique les mesures de la majorité.
(b) Le principe qui consiste à appliquer les décisions de la majorité n'implique nullement la soumission du parti minoritaire au parti majoritaire. Un parti minoritaire se doit d'exécuter les décisions du gouvernement tout en gardant la liberté d'opinion qui lui est garantie par la constitution.
Il est inacceptable que l'opposition refuse d'appliquer les mesures prises par la majorité. Dans l'affaire du service d'accueil minimum, il n'y a qu'a regarder qui refuse d'appliquer la mesure : exclusivement des municipalités tenues par la gauche. Dans une ville comme Marseille, avec un maire de droite, le SMA est assuré dans les arrondissements tenus par la droite ; ceux qui le sont par la gauche ont des maires qui prétendent ne pas pouvoir assurer cet accueil. Cherchez l'erreur.
(c) Un gouvernement démocratique est forcément respectueux des lois. Rien ne peut surpasser la Constitution. La mission de l'ensemble des fonctionnaires politiques, qui sont de fait les moins nombreux, consistent à faire appliquer les mesures prises par le gouvernement.
Que signifient dans ces conditions les pétitions, remarques, gloses, critiques et manifestations de ces 534 magistrats qui exigent des excuses publiques de leur ministre ? Celui-ci ne s'est pas occupé de jugement. Il a simplement contrôlé, à NANCY, le fonctionnement d'un service qu'il a mission de diriger. Je ne sache pas que les syndicats de magistrats aient présenté des excuses aux accusés d'OUTREAU, ni que monsieur LESIGNE ait démissionné de ses fonctions après avoir laissé se dérouler une procédure manifestement biaisée dans cette affaire, ou que le Greffier et le Président du tribunal qui ont signé un arrêt aboutissant, par erreur matérielle, à libérer un suspect, sans doute coupable de viols répétés, aient manifesté le moindre regret. Il revient aux syndicats de discuter avec leur ministre. Ils sont là pour ça. Mais ce n'est pas le rôle des fonctionnaires détenteurs du pouvoir judiciaire quand ils agissent "intuitu personnae".
(d) La séparation des trois pouvoirs, exécutif, législatif et judiciaire est une nécessité absolue.
Il faut bien reconnaître ici la propension du pouvoir exécutif à se mêler du fonctionnement du pouvoir judiciaire, ceci sous tous les gouvernements. Mais je crois que c'est le propre de tout pouvoir que de vouloir agrandir encore son champ de compétences. On rappellera ici les écoutes téléphoniques, les Irlandais de Vincennes, l'affaire Clearstream et tant d'autres, où l'exécutif s'est mêlé de judiciaire...
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