J'ai écouté avec beaucoup d'attention les réponses que madame Ségolène ROYAL a donné aux questions que lui posait hier soir la présentatrice du journal télévisé de France 3. Je les ai trouvées très justes, et je dois dire que mon opinion sur cette personnalité s'en est trouvée modifiée. Qu'a-t-elle dit en vérité? Deux choses qui me paraissent évidentes. La première est que l'honneur consiste à tenir la parole que l'on a donnée. Madame ROYAL visait sans aucun doute monsieur DELANOE qui a eu beaucoup de mal à justifier (en bredouillant) sa volte-face. Avant-hier, il ne donnait pas de consigne de vote à ceux des militants qui soutenaient sa motion ; hier, il leur demandait de voter massivement pour madame AUBRY. Que s'est-t-il passé en 24 heures qui justifie sur le fond ce ralliement ? La seconde, et celle-là est imparable, est qu'un parti qui prétend vouloir instaurer la fraternité dans la société n'a aucune crédibilité quand ses chefs ne cessent de s'adonner entre eux au jeu des petits mots assassins et des coups de Jarnac plus tordus les uns que les autres. Contrairement aux journaux qui parlent de "guerre des ego" ou de "guerre des trois" entre mesdames AUBRY, ROYAL et monsieur HAMON, je pense que cet affrontement féroce tire son origine de causes plus profondes, qui tiennent aux conceptions que chacun d'eux de fait du socialisme. Madame AUBRY, sans le dire, croit à la lutte des classes, et elle l'a laissé entendre. Il faut soutenir les conflits sociaux, voire les alimenter, travailler avec les syndicats (dont la fonction principale, selon moi, est de souffler sur les braises du mal-être de leurs membres en feignant de croire qu'il n'a d'autres origines que l'injustice sociale, alors qu'il s'agit d'abord de la crise du sens qui ronge notre société matérialiste). Monsieur HAMON veut s'ancrer à gauche. Que veut dire ce slogan ? Quel contenu lui donner ? Lutte des classes, nationalisation, poursuite de la politique dite laïque, redistribution à tout va ? Collectivisation totale des pratiques sociales ? Voilà bien un mode de fonctionnement qui disqualifie ceux qui le mettent en oeuvre : des mots, des mots, des mots. Tout compte fait, madame ROYAL est d'une autre trempe morale que ses compétiteurs. Elle leur est très certainement supérieure. Je confesse que je me suis trompé sur elle. Je la préfère finalement aux deux autres
Service minimum, respect des lois, démocratie.
Le nouveau maire de TOULOUSE veut se donner une belle posture de résistant à la "politique de droite", en refusant de mettre en oeuvre ce que la Loi exige de lui : le service minimum d'accueil des enfants les jours de grève des enseignants. Le Tribunal administratif vient de lui enjoindre de l'appliquer. Et c'est tant mieux. En Charente, une quinzaine de maire ont envoyé une pétition pour expliquer que cette mesure était inapplicable et qu'ils n'obéiraient pas à la Loi. A COLOMIERS, un professeur des écoles déclare qu'il ne suivra pas les directives de monsieur DARCOS. Etc. Je note que dans tous les cas ces initiatives viennent de personnalités de "gauche". Elles jouent avec le feu. Quand les citoyens se mettent à juger les lois en fonction de leur humeur du jour ou de leur idéologie, il n'y a plus de démocratie. Il ne faudra pas s'étonner si - au cas pour l'instant improbable - la "gauche" revenant au pouvoir, une partie des citoyens (les minoritaires) se mettent à ergoter, à contester, à refuser d'appliquer les mesures votées par la majorité. Ceux qui réprouvent en conscience l'avortement auraient de plus sérieuses raisons de déduire de leur impôt une somme, fut-elle minime, représentant le coût de cette mesure pour la collectivité nationale ; ceux qui défendent la possibilité de toute personne de conduire sa vie professionnelle comme elle l'entend, en travaillant autant qu'elle veut, pourraient contester les mesures restrictives en cette matière, etc. A dire vrai, quand la Loi ne viole pas les consciences par la contrainte, elle doit être appliquée. Sinon, il n'y a pas de vivre ensemble possible. Apprentis sorciers, quand le comprendrez-vous ? Vous êtes en train de tuer la démocratie. Et le peuple est prêt, hélas, à subir votre dictature molle.
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