Il y a des coïncidences qui relèvent de la Providence et non point du hasard. Mais avant d'en parler, je voudrais présenter de plates excuses à mes lecteurs réguliers (si, si, il y en a [bis]) pour ne pas avoir repris le 19 août comme je l'avais annoncé, mais aujourd'hui, le 20.
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Lors de mon dernier billet, je parlais des quatre chemins possibles (en tout cas pour moi) de la montée vers Dieu. Et voilà qu'en rentrant de vacances, je trouve un exemplaire de la revue Prier qui m'est envoyé à titre publicitaire. C'est un ensemble de quelques articles. L'un m'interpelle particulièrement. Il a pour titre : Claire GIBAULT : la musique m'a donné le goût du mystère. Il s'agit d'une interview de la première femme à avoir dirigé l'orchestre de la Scala de Milan. Sa carrière a été prestigieuse et semé d'embûches cependant, car dans ce métier, les femmes, dit-elle "sont perçues comme d'insupportables rivales par les hommes en situation de pouvoir".
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Au journaliste qui lui demande si la musique est un chemin vers Dieu (l'expression est donc celle que j'ai moi-même employée dans mon dernier billet), Claire GIBAULT répond : "Non, je ne crois pas, mais si l'on rencontre Dieu à travers la musique, tant mieux, cela la magnifie. Car la musique classique n'est pas naturellement proche de la spiritualité. On peut très bien diriger les Vêpres de la Vierge de MONTEVERDI [c'est un des exemples que je donnais dans mon billet] ou la Passion selon saint Matthieu de BACH sans éprouver la moindre émotion religieuse. Et de fait, notre société tend à remplacer la spiritualité par l'art, et la croyance par la beauté. Cette focalisation sur l'artiste comme seul maître de la beauté - une sorte de Deus ex machina - a longtemps été la mienne. Néanmoins, j'ajouterais que, très tôt, la musique m'a communiqué le goût du mystère".
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Je respire ! Je respire ! Car Claire GIBAULT parle ici de son expérience d'artiste et elle souligne avec justesse que le chemin de Dieu lui est barré, quand l'artiste se croit maître de la beauté alors qu'il en est que le médiateur. Elle utilise du reste l'expression Deus ex machina. Mais ce n'est pas tout. Un jour Claire GIBAULT se rend dans une paroisse orthodoxe de Paris. Elle assiste à une messe et elle traduit ainsi son expérience : "J'ai ressenti une douceur et une joie incroyables, lumineuses. Tout dans la liturgie me parlait : le langage, la force des chants qui comblait la musicienne que j'étais, et les icônes, de sorte que j'avais l'impression d'y être partie prenante". Cette expérience unique la pousse à la conversion à l'orthodoxie en 1984. Elle a alors 39 ans.
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Oui, la beauté est un chemin vers Dieu pour celui qui le cherche. Et c'est quand elle s'est mise en situation d'écoute que cette grande artiste a rencontré "celui que son coeur aime", comme le dit l'amoureuse du Cantique des cantiques. Pour trouver Dieu, il faut le chercher avant de se chercher soi-même.
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