Tout un chacun peut s'abonner aux nouvelles électroniques diffusées par le magazine Le Point. Voici aujourd'hui un petit article très instructif que je viens de recevoir. Quand on songe que deux des plus importantes fédérations du PS, celle du Pas-de-Calais et celle des Bouches-du-Rhône, comptent parmi leurs responsables des personnalités du genre de monsieur KUCHEIDA (qui n'étant pas jugé ni mis en examen est présumé innocent) ou de monsieur GUERINI (lequel est, lui, mis en examen), on peut se demander jusqu'à quel point ce genre de pratiques ne gangrène pas un parti qui se veut le champion de la morale civique. Cette question n'exonère pas la majorité des critiques analogues qu'on pourrait lui faire. Elle montre simplement que la démocratie à la française, dont on chante les louanges avec une touchante unanimité attire à elle bien des hommes qui ne se soucient guère de la chose publique. Entre nous, qu'est-ce qui est le plus grave : prendre un verre au Fouquet's payé sur ses deniers, ou se bâfrer dans des restaurants étoilés au frais d'une société qui est censée avoir un rôle de bailleur social ? Le poisson toujours pourrit par la tête. Voilà donc l'articulet.
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"J'attire votre attention sur le fait qu'il y a un solde non justifié de 1 532,91 euros à ce jour, que la fin de l'année se rapproche à grands pas et je pense avoir du mal à expliquer au commissaire aux comptes cette non-justification, ainsi que les dépenses payées aux Émirats arabes unis et en Turquie"...
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Ce 12 décembre 2007, un comptable de la Soginorpa alerte par courriel le directeur financier sur des dépenses non justifiées du député-maire de Liévin, Jean-Pierre Kucheida. Le baron du PS dans le Pas-de-Calais semble avoir utilisé à des fins personnelles sa carte de crédit professionnelle de la Soginorpa, filiale de l'Epinorpa, l'un des plus grands bailleurs sociaux de France, dont Kucheida est le président. "Pouvons-nous justifier le bien-fondé des déplacements de M. Kucheida en Corse, à Toulouse, la dépense de restaurants du dimanche 7 mai 2007 à 23 h 52 (dimanche de Pentecôte) et 1,6 kilo de poisson du jour sur la facture de La Rascasse, port de Saint-Florent, en Corse, d'un montant de 142 euros ?" insiste le comptable. À quel titre Jean-Pierre Kucheida possède-t-il une carte affaires de la Soginorpa, et pourquoi la fait-il "chauffer" pour des dépenses éloignées du champ d'action du bailleur social qui gère les logements miniers ? Pouvez-vous me dire si M. Kucheida effectue des voyages d'affaires d'une semaine pour Soginorpa, car en mars 2007 nous avons réglé une facture de parking à l'aéroport de Paris-Charles de Gaulle de 209 € pour un stationnement du 12/03/07 au 20/03/07", interroge encore le comptable par courriel du 26 novembre 2007.
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Fournitures en tout genre
Ce courriel fait partie des nombreux documents aujourd'hui entre les mains de la justice qui enquête sur un possible financement occulte de la fédération PS du Pas-de-Calais dont le chef d'orchestre serait Jean-Pierre Kucheida. Plusieurs courriers adressés à la juge de Béthune Véronique Pair par l'ancien maire socialiste de Hénin-Beaumont mis en examen notamment pour "détournements de fonds publics" ont allumé la mèche et déclenché une enquête préliminaire, comme l'a révélé Le Point.fr.
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Un autre e-mail, toujours du même comptable, relatif à un buffet dînatoire pour 100 personnes en présence de Jean-Pierre Kucheida, intéresse particulièrement les enquêteurs : "J'ai été contacté ce mercredi 21/12 par monsieur Bouche du restaurant le Cèdre Bleu, qui s'étonnait de ne pas avoir reçu le règlement de sa facture n° 147 du 10/10/05 pour un montant de 5 382 euros." Jean-Marc Bouche n'est pas un inconnu de la justice. Ancien chef d'entreprise de commerce de gros jusqu'en 2009, il était le fournisseur numéro un de la ville d'Hénin-Beaumont pour des marchandises aussi hétéroclites que du papier hygiénique, du mobilier ou des équipements de stade, le tout à des tarifs loin d'être concurrentiels.
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Impayé sans facture
Cet ancien vice-président de la chambre de commerce et d'industrie de Lens est sous le coup de deux mises en examen, l'une pour "trafic d'influence" dans l'affaire de Hénin-Beaumont, l'autre pour "corruption" dans le dossier du juge Pichoff, un ancien président du tribunal correctionnel de Béthune soupçonné d'avoir reçu de l'argent pour rendre des décisions complaisantes. Jean-Marc Bouche avait repris un temps la gestion du Cèdre Bleu, un restaurant devenu le passage obligé des fêtes et des cérémonies du PS local auquel Jean-Marc Bouche, adjoint au maire de Montigny-en-Gohelle, appartenait.
Et le comptable de la Soginorpa de poursuivre dans son courriel : "Après vérification du Cèdre Bleu, je me suis aperçu que Soginorpa n'était pas en possession de cette facture. J'ai demandé à Monsieur Bouche de me faire parvenir un duplicata et j'ai contacté Madame D. afin de savoir si cette facture était due par Soginorpa. (...) Ce matin, Monsieur Bouche m'a recontacté pour connaître la suite réservée à sa facture en me précisant qu'il voulait percevoir son règlement avant la fin de l'année. À défaut d'une suite favorable, il s'adressera à Monsieur Kucheida..." Finalement, la facture sera réglée rubis sur l'ongle au restaurateur.
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Grandes tables
Le Point a pu consulter la totalité des relevés des dépenses effectuées par le poids lourd du PS dans le Pas-de-Calais avec la carte de crédit Soginorpa. Le 4 août 2005, le député-maire règle une note de 1 624 euros au restaurant gastronomique de Marc Veyrat, près d'Annecy, où il possède une résidence secondaire. Assurément, Jean-Pierre Kucheida a un faible pour les bonnes tables. Le 28 mai 2007, encore un dimanche de Pentecôte, il régale dix convives au Meurin pour 1 009 euros. Le député-maire semble particulièrement apprécier ce restaurant, car il y retourne régulièrement aux frais de Soginorpa.
À la mi-août 2005, le président est à Malte, où il fait deux achats pour 519,55 et 322,30 euros. Il retire aussi des devises.
En octobre dernier, un rapport a épinglé la gestion de l'Epinorpa. La chambre régionale des comptes avait déjà critiqué dans deux autres documents la gestion de la Soginorpa. Dans le dernier, remis en juillet, les magistrats avaient notamment révélé des anomalies dans les appels d'offres. L'audit financier qui a été présenté au comité central d'entreprise de la Soginorpa a enfoncé le clou. Il mentionne des cessions de terrains et de bâtiments "réalisées à l'euro symbolique au profit de collectivités", jusqu'en 2008, "ce qui est susceptible de constituer un abus de bien social, s'agissant d'une société de droit privé", note le cabinet Diaseo. Ce que conteste la direction de la Soginorpa.
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Placement très hasardeux
L'audit financier s'interroge également sur l'existence d'un éventuel "manquement grave en termes de dissimulation d'informations" vis-à-vis du conseil d'administration. Malgré des éléments apportés par des experts financiers dès 2005, des "swaps" spéculatifs ont été souscrits jusqu'en 2008. Un manque de réaction qui pourrait coûter cher. Diaseo estime que les swaps, ces contrats de couverture de risques des taux des prêts, pourraient entraîner jusqu'à "173 millions d'euros de pertes probables". "On peut regretter ce manque d'information, mais ce n'est pas illégal", dit-on du côté de la Soginorpa.
Reste que, étant donné cet endettement, les dépenses du député-maire de Liévin font tache. Contacté par Le Point, Jean-Pierre Kucheida n'a pas donné suite.
Aujourd'hui, l'élu vient d'être de nouveau investi par les militants de la section socialiste du Pas-de-Calais pour être le candidat aux législatives. Il cumule les mandats et les casquettes. En est-il de même pour les cartes professionnelles ? "
Par Jean-Michel Décugis, Christophe Labbé et Aziz Zemouri.
Décidément, les socialistes du Nord aiment apparemment le poisson, même s'il a dépassé la date limite d'utilisation