mardi 13 décembre 2011

Faire crever les mythes

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Une courte absence dont je n'avais pas prévenu mes lecteurs habituels, fait que je n'ai pas pu délivrer mon petit billet quotidien. Je vais ce soir tâcher de rattraper le retard. Je suis en train de parcourir un livre tout à fait remarquable qui commence à dater mais dont les conclusions générales n'ont pas pris une ride. Il s'agit du livre d'Aldred SAUVY, intitulé Mythologie de notre temps, publié dans la collection "Etudes et Documents", Editions Payot, Paris, 1966.
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Alfred SAUVY dans le chapitre premier de cet ouvrage, définit ainsi le mythe en matière économique et sociale :
"Celui qui, toujours sans préjugé, et avec le scepticisme créateur du scientifique, creuse un sujet économique quelconque [...], s'aperçoit, non sans étonnement, que l'ensemble étudié n'est pas conforme à l'idée qu'il s'en faisait au préalable, ni à la représentation que s'en fait l'opinion courante. Nous disons, en ce cas, qu'il y a mythe.
Cette définition ne doit pas être perdue de vue à la lecture, car les mots mythe, mythique et même mythologie sont couramment employés avec une certaine générosité. Rien de surnaturel dans les mystères que nous étudions ; ce sont pour la plupart de simples représentation de faits contemporains, qui se modifient à l'étude approfondie du sujet.
[...] ; pour que notre définition soit suffisamment précise, pour qu'elle ait même un sens, il faut d'une part que les spécialistes aient des vues communes, d'autre part que l'opinion converge aussi, mais d'une façon différente. Il faut en somme qu'il y ait deux images pas trop floues.
En outre, l'écart entre l'opinion courante et la position scientifique doit persister dans le temps, sous l'action de causes qu'il importe de mettre en évidence dans chaque cas."
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Je tiens cette définition comme essentielle pour comprendre le caractère politique des Français. Les responsables de gauche comme de droite exploitent les mythes, les entretiennent, les couvent comme une poule ses poussins. Ils en crèent même, de sorte qu'il est devenu presque impossible à un citoyen qui n'a ni le temps de s'informer ni les compétences pour rentrer dans le détail des problèmes économiques ou sociaux, de se faire une idée éclairée, capable de guider ses choix. La gauche exploite le mythe de l'inégalité, alors que les études économiques montrent que l'écart entre les salaires moyens les plus faibles et les salaires moyens les plus élevés a eu tendance à se réduire dans les dix dernières années. J'ai même lu, mirabile visu, un article dans le journal Libération qui commentait ces chiffres. Mais l'opinion publique retiendra les gains faramineux de madame BETTENCOURT ou de Martin BOUYGUES, sans parler des confortables indemnités, souvent cumulées, de nos élus (moins bien connus, car plus discrets). La droite exploite le mythe des atteintes aux libertés que représentent à ses yeux le socialisme, mais un exament attentif des faits indiquent qu'en cette matière, elle n'a rien à envier à ceux qu'elle attaque. Les contrôles de toutes sortes - j'en ai souvent parlé - nous étouffent, nous broient même dans certains cas, au point que l'on ne trouve ou ne croit trouver la liberté que dans son espace privé, ou dans la transgression systématique des lois.
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Des mythes ? Il y en a des quantités. Celui  des effectifs enseignants par exemple. Je croirais au déficit le jour où le Ministère de l'Education Nationale publiera des statistiques incontestables sur les effectifs qu'il emploie : titulaires, contractuels, remplaçants. Or il en est incapable. Celui de l'Europe, présentée comme la solution miracle à tous nos maux. Je croirai à l'Europe le jour où je pourrai m'adresser à Direction des affaires scientifiques dans une autre langue que l'anglais, et le jour où une double majorité (comme dans la Confédération helvétique), celle des pays et celle de la population européenne suffira à entraîner une prise de décision. Or on voit bien, avec la dérobade de monsieur CAMERON, que l'Europe n'est qu'une vaste machine à visée économique, sans perspectives politiques ou  culturelles. On a envie de crier que pour l'instant, ce colosse aux pieds d'argile accélère très sensiblement le transit des citoyens qu'il domine du haut de ses 27 pays.
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Patience, chers lecteurs, patience dans l'azur. J'aurai l'occasion de décortiquer avec vous de très nombreux mythes. L'idéologie se nourrit de mythes et non de fait. C'est une machine à prendre le puvoir ou à s'y maintenir.
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Bonne nuit.

1 commentaire:

tippel a dit…

Encore un as du diner de cons, René la bricole, René Teulade, né le 17 juin 1931 en Corrèze, membre du Parti Socialiste Sénateur, et Maire PS d’Argentat, ancien ministre d’un autre chef dévoyé de haut vol, a été condamné, en juin 2011, à 18 mois de prison avec sursis(sic) pour avantages inclus reçus de la mutuelle de retraite de la fonction publique qu’il présidait pour son ‘aptitude’ envers les fonctionnaires.