jeudi 14 juin 2012

La morale et la vie

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Au risque de me faire taxer de monomaniaque, et au moment crucial pour l'avenir de notre pays où nous allons voter pour élire nos députés, je vais de nouveau citer l'immense penseur qu'est Gustave THIBON, avant de commenter son opinion.
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"C'est un symptôme très grave de décadence que d'entendre parler du 'conflit de la morale et de la vie'. De telles contradictions ne sont pas naturelles : elles n'existent pas sur le plan de la santé ou, du moins, elles n'y présentent pas ce caractère réfléchi et doctrinal qu'elles revêtent aujourd'hui. Le conflit n'est pas entre la vraie morale morale et la vraie vie : nos révolutionnaires attaquent une caricature de la morale au nom d'une caricature de la vie (les instincts d'un homme sain ne s'amusent pas à médire de la morale : ou bien ils lui obéissent ou bien ils la violent sans plus d'embarras ; l'instinct qui discute avec la morale est un instinct impuissant et corrompu). A vrai dire, le conflit n'est pas entre deux entités ennemis, mais entre les deux phases de la même maladie ; il n'est pas entre deux vérités, mais entre le mensonge d'hier et son enfant, le mensonge d'aujourd'hui. [...]. La vie et la morale s'opposent dans la mesure où elles communient à la même corruption centrale de l'homme.

De telles dualités (et Dieu sait si notre monde en regorge !) sont, dans leur fond terriblement unes. Elles se ramènent au plus simple, au plus solitaire des péchés, au péché unique : le refus de Dieu. [...]."
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Deux commentaires à ce constat tranchant comme celui d'une épée. Le premier s'adresse aux chrétiens qui, par hasard, viendraient à me lire. Au moment où nous apprêtons à communier, le célébrant nous présente l'hostie en disant : "Voici l'Agneau de Dieu, Celui qui enlève LE péché du monde." Pourquoi, dans cette présentation de "l'Agneau comme immolé" aux fidèles, évoque-t-on LE péché du monde et non pas LES péchés du monde ? Tout simplement parce que le péché du monde, le péché matriciel (comme l'appelle l'un de mes amis) c'est le refus de s'originer en Dieu, le refus de sa paternité, d'où découle le refus de se voir transmettre quoi que ce soit par qui que ce soit et la chute vertigineuse dans le mythe de l'autoconstruction.

Le second commentaire s'adresse à tout le monde. Ce n'est pas parce que les socialistes et leurs responsables veulent plus de justice sociale, ou vont augmenter les impôts que je m'opposerai à eux jusqu'à mon dernier souffle, c'est en raison de leur volonté réfléchie et doctrinale d'opposer la morale à la vie, d'élever le pur hédonisme à la hauteur d'une vertu politique. Décidément, non à l'aide active à l'euthanasie comme à l'avortement, non au mariage homosexuel, non à la dépénalisation de l'usage du cannabis, non à toutes ces initiatives de mort. Elles sont le signe le plus certain de notre décadence, à quoi je ne puis me résoudre.
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