dimanche 10 février 2013

Faire murir sa pensée

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Mes lecteurs habituels (il y en a, si, si !) auront remarqué que depuis trois semaines je consacre la quasi totalité de mes billets au projet du mariage homosexuel qui suscite tant d'oppositions dans le peuple français. J'ai longuement cherché les raisons de cette opposition massive et qui ne fléchira pas. Et je les trouve à la confluence des pensées de plusieurs philosophes politiques et d'anthropologues, qui influencent ma propre et définitive opposition à cette folie.
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D'abord Hannah ARENDT. "Le pouvoir, dit-elle, correspond à l'aptitude de l'homme à agir et à agir de façon concertée. Le pouvoir n'est jamais une propriété individuelle ; il appartient à un groupe aussi longtemps que ce groupe n'est pas divisé.
La violence se distingue [sous-entendu : du pouvoir] par son caractère instrumental. Sous son aspect phénoménologique, elle s'apparente à la puissance, car ses instruments, comme tous les autres outils, sont tous conçus et utilisés en vue de multiplier la puissance naturelle jusqu'à ce qu'au dernier stade de leur développement, ils soient à même de la remplacer." Dans l'esprit d'ARENDT, l'absence de division ne signifie pas consensus, mais accord sur le fonctionnement des institutions politiques.
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Magnifique commentaire de Paul RICOEUR. "Voilà la cible : avant la tentation de la violence, il y a une erreur même sur la nature même du politique, défini en termes de domination, c'est-à-dire de subordination d'une volonté à une autre." (Souvenez-vous du "Vous avez juridiquement tort, parce vous êtes politiquement minoritaires" ; je crois que c'est André LAIGNEL qui a dit cette bêtise) RICOEUR poursuit : "La domination c'est, pour ARENDT une interprétation falsifiée et falsifiante du pouvoir, entendu comme pouvoir de contraindre, COMME POUVOIR DE L'HOMME SUR L'HOMME" (les majuscules sont de votre serviteur).
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Et puis ma découverte récente du travail de Michel de CERTEAU sur l'Étranger ou l'union dans la différence. "Le refus d'accepter les lois d'un système semble ne plus laisser d'autres issues que la violence. Inversement, plus une société entend éliminer les DIFFERENCES INTERNES par voie autoritaire, plus le conflit resurgit, mais en dehors d'elle, sous la forme d'un retrait anomique, global, et sans autres expression que les armes ; les coups remplacent désormais les paroles. Par une sorte de réciprocité, un malaise global amène les hommes à se mettre en marge de leur société ; celle-ci en se défendant, rejette rejette hors de soi l'opposition et l'accule à employer des instruments étrangers aux réglementations internes dont les lois fixent théoriquement les voies."
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Et puis enfin, René GIRARD. Je réalise seulement maintenant que la revendication  de certaines paires d'homosexuels reflète leur désir mimétique de s'approprier le désir de l'autre (en l'occurrence le mariage et l'enfant) alors même que la chose paraît, pour des gens ordinaires, impossible.
Nous sommes donc non seulement dans la négation de l'altérité des sexes, mais encore dans l'indifférenciation absolue. Et dans le cas qui nous intéresse, il semble bien que dans l'esprit du législateur, l'indifférenciation (appelé par lui égalité) ait précédé la négation de l'altérité. La boucle est bouclée. Les conditions du déchaînement de la violence sont remplies. Pour l'instant, elle s'exprime par des manifestations, formes atténuées de la dite violence, mais  on ne sait pas comment les choses peuvent évoluer.
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Voilà pourquoi j'irai manifester le 24 mars.

1 commentaire:

CORATINE a dit…

Le texte de Daniel Godard, sur le mariage homosexuel, mis en ligne par TIPPEL, en commentaire à l'un de vos billets,le 9 février, est remarquable.