mardi 5 février 2013

Une pensée prétotalitaire

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Du 14 au 16 avril 1988, s'est tenu à PARIS un Colloque consacré à Hannah ARENDT. Les minutes de ce Colloque ont paru sous le titre Hannah Arendt, Politique et pensée en 1989, aux éditions Tierce. Je possède pour ma part l'édition parue chez Payot et Rivages, Paris, 2004. ARENDT s'est longuement interrogée sur la genèse du totalitarisme. Savez-vous ce qu'elle dit dans Le Système totalitaire ? "Le sujet idéal du règne totalitaire n'est ni le nazi convaincu, ni le communiste convaincu, mais l'homme pour qui la distinction entre fait et fiction (ie la réalité de l'expérience) et la distinction entre vrai et faux (ie les normes de la pensée) n'existent plus."
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C'est par cette citation qu'Anne-Marie ROVIELLO commence l'article publié dans l'ouvrage que je viens de citer. Anne-Marie ROVIELLO, après Hannah ARENDT, analyse avec beaucoup de finesse les affinités qui existent "entre la force contraignante de l'idéologie totalitaire et le libertinage de la pensée romantique : il s'agit, dit-elle, de deux figures différentes d'une seule et même émancipation radicale de la pensée vis-à-vis des contraintes, et donc des limites que veulent lui imposer la visée de dire vrai et de faire sens." Elle poursuit : "De part et d'autre se manifeste la même irresponsabilité d'une pensée qui s'est délestée de sa tâche première, la même indifférence à la question du sens, le même mépris du monde dans lequel se révèle sens et non-sens. Si l'idéologie totalitaire peut poursuivre de manière aussi implacable sa propre logique jusqu'aux ultimes conséquences que l'on sait, c'est précisément parce qu'elle a écarté une fois pour toute tout ce qui peut entraver ou interrompre cette cohérence, en l'occurrence la réalité importune du monde." Et, un peu plus loin : "Sans aboutir nécessairement à sa radicalisation totalitaire, cette irresponsabilité de la pensée et de l'action ou ce refus de penser ce que nous faisons peut prendre d'autres figures et celles-ci sont multiples..."
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Lisez cet article remarquable que je ne cesse de reprendre depuis que j'entends pérorer les perroquets de l'égalité des droits, du mariage pour tous, ou de l'homophobie. Monsieur Erwann BINET est le prototype des romantiques prétotalitaires, doublé d'un pauvre sophiste (ah ! les réflexions sur l'absence de différences entre enfants élevés dans diverses conditions familiales !). Madame TAUBIRA, idem. Et je regrette, comme ARENDT l'écrivait à JASPERS, de ne pouvoir parler à ceux qui nous gouvernent de "la solidarité qui nous unit même dans les choses où nous n'avons pas la même opinion". L'entente originaire qui unit des pensées opposées "vient de leur commune racine éthique, et de leur commune disposition à instituer un espace d'humanité en révélant ensemble le monde". Or nous n'habitons plus le même monde. Je reviendrai demain sur le livre de Michel de CERTEAU, L'étranger ou l'union dans la différence qui dit sensiblement la même chose sous un autre aspect.
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3 commentaires:

tippel a dit…
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tippel a dit…

De même que le socialisme révolutionnaire français perdure et progresse grâce aux "sympathiques" ayatollahs écologiques, emmenés par Noël Mamère; de même que le Front National(1) ne perce pas suffisamment pour accéder à une parcelle de pouvoir, grâce à l’obstruction des mollahs "démocrates" qui dirigent l’UMP. Il en va de même de l’église Catholique qui tolère en son sein des Catholiques socialiste fermement de gauche.

(1) "qui pose les bonnes questions mais n’apporte pas les bonnes réponses" selon Philippe Poindron dans un de ses billets. »

tippel a dit…

Extraordinaire développement lors de l’audition du pédopsychiatre PIERRE LEVY-SOUSSAN sur les enfants des couples homos. (commission du Sénat)