lundi 17 décembre 2018

Lundi 17 décembre. Ecoutez, nom de Zeus ! Ecoutez les Français


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Mes lecteurs habituels auront remarqué que, depuis quelques jours, je reste muet. Je pratique ce qu’une amie théologienne appelle « l’ascèse de la parole ». Aujourd’hui, je commence à voir mûrir un fruit des réflexions que me suggèrent la révolution des Gilets jaunes, et je pense pouvoir vous faire part de quelques remarques.
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Les citoyens français ont été à l’école et on leur a appris à avoir l’esprit critique. Celui-ci n’est pas forcément toujours bien employé, mais quand des centaines de milliers de Français disent la même chose, font les mêmes remarques, relèvent les mêmes défaillances, il faut bien en tirer les conséquences politiques et institutionnelles.
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Hélas, les élites sont incorrigibles ; elles savent, et sachant, elles imposent. Le Président de la République annonce un grand débat local ; fort bien. On ne peut qu’approuver. Ici et là ont circulé et circulent des cahiers de doléances. On aurait donc pu imaginer que ces débats locaux s’articulent autour de la parole des Français et de leurs plaintes. Il n’en est rien. Comme l’indique un bandeau du journal La croix, « l’exécutif a fixé cinq thèmes pour le futur grand débat ». Exeunt par conséquent toutes les demandes qui ne rentrent pas dans ce cadre, fixé par quelques technocrates lesquels ne craignent qu’une chose, la remise en question de leur statut social et de leur pouvoir.
Les Gilets jaunes réclament l’instauration d’un Référendum d’Initiative Citoyenne. Il existe théoriquement aujourd’hui, mais il y faut des conditions qui n’ont aucune chance d’être atteintes : puisque l’initiative doit venir et d’un nombre important de parlementaire et conjointement d’un pourcentage (10 %) du corps électoral.
Comme il est non moins évident que les métropoles, boboïsées jusqu’à l’os, ne voteront jamais en faveur d’un texte qui viendrait troubler leur digestion, et que, démographiquement, elles ont un poids considérable, il faut instaurer une double majorité : celle des votants, et celle des départements. Longtemps je les ai critiqués ; je réalise qu’ils sont en réalité un élément de proximité entre le pouvoir central et les citoyens.
Il y a un « mais », un gros « mais ». Et ce gros « mais » c’est l’existence de ces communautés de communes dont les contours ont été taillés sur mesure pour conférer à un petit potentat local une juteuse présidence, une concentration en leurs mains d’une partie des ressources fiscales des communes intégrées de force dans ces inutiles machines – ce qui leur permet d’arroser leur clientèle – et de punir le cas échéant la commune récalcitrante qui ne rentre pas dans les vues présidentielles.
Je connais un cas très précis – que je ne veux pas citer plus précisément pour ne pas faire pleuvoir des représailles de la part d’un de ces incapables sur des élus de cette communauté  – d’un de ces « présidents », retoqué aux Législatives, récupéré au Sénat et qui s’est littéralement taillé un fief territorial aux contours tellement tordus qu’ils font rire les géographes les moins doués.
Si l’on donne la parole aux Français dans ces débats citoyens, qu’on les laisse libres de mettre aussi à l’ordre du jour des questions aussi sensibles que l’immigration clandestine, l’hébergement forcé d’immigrés qui ne sont pas tous des saints, la signature du pacte de Marrakech, la question des niches fiscales. Je ne crois pas que le retour de l’ISF serait une bonne chose. Le mal est fait depuis longtemps, et nombre de Français très riches ont placé leur fortune à l’étranger. Ce que ni les gilets ni votre serviteur n’avons la possibilité de faire. Qu’on les laisse supprimer les dépenses inutiles qui grèvent les finances publiques (dont le mille-feuille territorial), et établir une hiérarchie des besoins et des urgences. Tout cela ils peuvent et savent le faire, à condition que l’idéologie libérale-libertaire ne contribue pas à les plonger dans les « eaux glacées du calcul égoïste ». Les Français ont le droit d’organiser leur vie commune. Nous y reviendrons.

Je résume ce que j’ai à dire aux gouvernants, avant une explosion qui risque d’être fatale à nos libertés, à nos biens et à nos vies :
Écoutez ! Nom de Zeus, écoutez, et cessez de trouver des solutions toutes faites avant d’avoir vu les problèmes qu’elles sont censées résoudre.


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