mercredi 5 décembre 2018

Mercredi 05 décembre 2018. Quelques réflexions de bon sens.


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Hasard ou providence ? Je ne sais. Mais la pause que je me suis imposé depuis quelques jours me permet, avec un peu de recul de faire quelques réflexions sur les graves événements qui frappent notre patrie.

Il me semble d’abord que la révolte dite des « Gilets jaunes » peut se résumer en une exigence très simple : "Nous voulons vivre du fruit de notre travail et non de subventions qu’il nous faut implorer auprès des pouvoirs publics en remplissant des formulaires incompréhensibles pour le commun des mortels." Si je mentionne ce dernier point, c’est que je l’ai entendu de la bouche d’un gilet jaune qui vivait ces aides diverses comme une humiliation.

Il est évident, deuxièmement, que lorsque le montant des dépenses incompressibles d’une famille (logement, chauffage, nourriture, transports) augmente dans des proportions sans cesse croissantes, et qu’au milieu du mois, il n’y a plus un centime pour se payer un petit extra (cinéma, restaurant), cela devient insupportable, et ce l’est d’autant plus que les publicités de la télévision nous vantent les croisières à des prix prétendus modérés (2000 euros), les bijoux scintillants, les voitures que l’on peut s’offrir à raison de 175 euros par mois pendant deux ans pour les plus modestes, à 275 euros pour les plus somptueuses, sans compter les BMW, les Mercédès et autres SUV à des prix exorbitants ; ces publicités heurtent la « décence commune ». Il faut bien en effet pour les justifier qu’il existe une clientèle qui peut s’offrir ces bijoux ou ces somptueuses limousines, et que ce n’est pas le citoyen lambda qui le peut. Nous sommes là dans le pur désir mimétique, matrice de la violence, si bien analysé par René GIRARD, d’autant plus que les Français sont des enragés de l’égalité. Ce qui ne signifie pas qu’ils veulent le même niveau de revenu pour tous, mais simplement des revenus qui rétribuent le service effectivement rendu au corps social.

Troisièmement, il est évident qu’il faut nous affranchir progressivement de l’usage des énergies fossiles qui (a) sont épuisables et (b) qui nous font dépendre de pays fondamentalement hostiles à notre civilisation et fort peu démocratiques. Mais la question de fond qui se pose à propos de la taxe sur les carburants est la suivante : cette taxe va-t-elle effectivement servir à la transition énergétique ou bien va-t-elle servir à combler les trous budgétaires d’un État incapable de faire des économies structurelles ? La production totale de gaz carbonique par les automobiles représente 14 % de la production totale de CO2 en France, laquelle contribue pour environ 1,7 % à la production mondiale de ce gaz à effet de serre. En d’autres termes on manipule grossièrement l’opinion en mettant sur le dos de la nécessaire écologie une mesure qui ressemble à un cautère sur une jambe de bois. Je conviens que la mesure est exemplaire, mais j’affirme qu’elle est parfaitement inefficace écologiquement et très efficace fiscalement.

Il y a un moyen drastique de réduire la consommation de carburants. Il consisterait à en rationner l’usage par les véhicules privés, comme ce fut le cas lors de la crise de Suez. Une telle mesure favoriserait le covoiturage par le partage équilibré de la pénurie et l’usage de moyen de transport alternatifs (transports en commun, vélo, marche à pied). Du reste, le développement de Blablacar indique que le système de covoiturage est parfaitement accepté et d’un usage croissant. Serait exclu du rationnement les professions qui ont besoin de carburant pour exercer leur activité : ambulanciers, médecins et infirmières, transporteurs routiers par exemple. Il conviendrait aussi de favoriser fiscalement le ferroutage et le transport par voie d’eau.

Demeure le problème de l’énergie. Il me semble qu’une solution d’avenir consiste à favoriser la production privée d’énergie électrique. Les panneaux solaires sont un bon exemple de ce type de production. Ils ont l’inconvénient de consommer des matériaux rares et épuisables (dont la tentative de possession par les grandes compagnies minières internationales explique de nombreux conflits, notamment en Afrique). Il existe un moyen infiniment plus simple qui consiste à développer la micro-hydraulique. Nous disposons en France d’un réseau hydrographique exceptionnel que nous devons en partie à notre géographie, et n’est guère de villages ou de villes qui ne soient bâtis à proximité d’un torrent, d’une rivière ou d’un fleuve. Les producteurs de ce type d’électricité peuvent être les communes ou les communautés de commune qui deviennent alors les distributeurs du courant produit aux habitants de leur ressort. Ce peut être aussi des particuliers qui l’utilise pour leur usage privé, et pourrait revendre le surplus à la commune. Il y a un « mais », et ce « mais » c’est l’EDF et l’ERDF qui ont le monopole du transport ET de la distribution du courant, et, qui plus est, pour complaire aux exigences européennes de non distorsion de la concurrence sont obligés d’aligner le prix de vente du kWh produit sur celui que produisent leurs concurrents, à des prix supérieurs.

On peut aussi exploiter le micro-éolien privé et non pas ces énormes éoliennes qui, pour le plus grand bénéfice de Véolia (et au prix d’une dépense carbone considérable liée à la confection d’une énorme semelle de béton où elles sont ancrées et avec un rendement de 16 % quand il y a assez de vent pour mouvoir des pales de plusieurs tonnes), défigurent les plus beaux paysages de nos campagnes. Je pense, notamment, à ces parcs hideux plantés sur le plateau du Lévezou en Aveyron. Point n’est besoin de sortir de polytechnique pour comprendre qu’un vent léger peut mouvoir des pales de 20 à 15 kg, mais ne peuvent faire bouger d’un millimètre des pales de plusieurs tonnes. La vérité est que l’État et ses organismes protéiformes qui produisent des norme inapplicables, pondent des projets insensés, ne veulent pas laisser aux citoyens le soin et le droit de choisir leur mode de chauffage et d’éclairage. Il veut tout régenter, avec ses Agences, ses comités Hippolyte et ses hautes-commissions Théodule.

Pour conclure sur ce sujet, on peut aussi exploiter les pompes à chaleur et la géothermie. Investir dans ce dernier domaine ne coûterait pas plus cher que de créer des énormes parcs marins d’éoliennes qui outre l’offense faite aux horizons marins sont d’un entretien aléatoire. Mais ça fait du bien au chiffre d’affaire de Véolia.

En vérité, c’est la mégalomanie, l’idolâtrie du progrès indéfini, l’absence totale de tempérance qui nous plonge dans ce chaos dont on voit mal comment sortir. Je partage l’avis de Jacques. Il y en a un moyen d'en sortir : nous devons vivre plus sobrement. Que ce soit de gré ou de force.

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