jeudi 8 avril 2010

Cohérence

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Ceux de mes lecteurs qui suivent le présent Blog depuis ses origines pourront témoigner, je l'espère, que je m'efforce de mettre de la cohérence dans mes propos. Je n'ai jamais caché que ma réflexion était guidée par les travaux de René GIRARD. Le billet intitulé "Choc" met en évidence la nécessité de la non violence, de la rupture des vengeances circulaires, un des éléments fondamentaux des conclusions du penseur. Celui que j'appelle maintenant "cohérence" porte sur les racines de la violence, le désir mimétique, si bien identifié dans ses causes et ses effets par GIRARD.
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J'ai toujours dit aussi que je portais à LANZA del VASTO une immense admiration. A plusieurs reprises, j'ai cité quelques passages de son oeuvre majeure, Les quatre fléaux. Voici encore un extrait de cette réflexion qui rentre en consonance parfaite avec ce que je viens de dire.
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"Dans la Cité, tous les postes sont offerts, toutes les carrières ouvertes à tous : chacun pense grandir en gagnant un poste plus élevé tandis qu'il risque à tout moment de perdre le sien que d'autres convoitent. L'inquiétude et le souci se trouvent sans cesse à son côté, son bonheur est toujours ailleurs et pour demain.
Comme l'appel d'air dans le fournaise, l'aspiration générale de bas en haut allume et fait ronfler la Cité. C'est grâce à ce feu d'enfer que tout marche et tourne, que la richesse et la vitesse croissent.
Les heureux qui réussissent, on ne sait si c'est un tourbillon qui les a emportés comme des escarbilles ou si c'est eux qui, par un travail acharné ou par un coup de génie, ont créé le tourbillon.
Ces heureux, d'ailleurs, ne le sont qu'aux yeux des autres et s'ils se sentent tels, c'est qu'ils se voient avec les yeux des autres. En eux-mêmes, ils sont restés tels quels, suie et cendre. La hauteur où ils ont été transportés n'a pas ajouté à leur taille un pouce, la poussée subie ne leur a imprimé ni liberté ni grandeur. Le bonheur social est illusoire et conventionnel. Mais c'est à peine s'ils s'aperçoivent de leur déception : ils s'en soulagent par des divertissements incessants qui les gardent de penser à leur sort.
Ces heureux ne le sont qu'au détriment d'autrui. Le feu qui monte est celui de la rivalité. Nul ne s'enrichit sans priver quelqu'un, nul ne domine sans soumettre plusieurs. L'ascension sociale consiste à tirer par les pieds celui qui se trouve au-dessus, et, l'ayant enfoncé, monter sur ses épaules et sur sa tête."
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Admirable description de cette rivalité mimétique qui nous fait crier que chez le voisin l'herbe est plus verte. Admirable perspective sur le panorama de nos sociétés contemporaines qui ne peuvent engendrer que de la violence dans ce désir exacerbé du désir de l'autre. Admirable appel à la tempérance.
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Je n'ai jamais cessé de crier ces évidences, que ce soit pour dénoncer l'égalitarisme, destructeur des libertés, l'insultante arrogance des banquiers et chevaliers d'industrie qui empilent des lingots sur les cadavres de leurs salariés ET de leurs clients, l'aveuglement des hommes politiques qui attisent le feu de l'envie ou de la prétendue liberté (celle de l'argent). Tout cela justifie le nom que j'ai donné à ce Blog : POLITIS. Car l'homme est fait pour rentrer en relation avec son semblable, pour s'enrichir de ses différences sans désir d'appropriation, pour reconnaître l'inaltérable dignité de sa personne. Il n'est pas possible de faire de la politique par goût de domination. L'homme politique a pour mission de conduire ses concitoyens à la fin qui leur est due : l'accomplissement en acte de ce qu'ils ont reçu en puissance de par la nature, l'éducation, et l'environnement.
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Je serais heureux d'avoir votre avis.

2 commentaires:

fernand.dohy a dit…

bonsoir
je n'interviendrai que trés peu dans votre blog même plus du tout mais je trouve que depuis qu'olibrius n'y intervient plus il manque cruellement de saveur, de pertinence et surtour d'impertinence. C'est dommage.

Philippe POINDRON a dit…

Cher lecteur,

Je suis désolé de votre réaction. Je vous invite cependant à relire certain de mes billets qui me semblent très éloignés du politiquement correct. J'ajoute que je ne me soucie guère de saveur, mais plutôt de véracité.
Je vais demander à mon ami Olibrius, que dis-je, je lui demande de planter ses banderilles. Ainsi vous trouverez dans ses remarques le sel qui manque aux miennes.
Bien amicalement.