samedi 24 avril 2010

Le florilège des éléphants

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Avez-vous réussi à connaître la position du PS sur la question de la burqa ? Moi, je n'ai pas eu ce bonheur. Voici quelques barrissements des éléphants, éléphanteaux et éléphanticules sur le sujet.
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Monsieur Harlem DESIR : Aucune burqa n'est assez grande pour cacher l'échec économique du gouvernement. Peut-être monsieur DESIR pourrait-il lui prêter celle qui sert à cacher sa bêtise ?
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Monsieur MOSCOVICI : Ça me paraît être une politique de gribouille. Une politique qui vise uniquement à servir certaines clientèles ou satisfaire certains instincts, ça n'est pas la bonne attitude. C'est une réflexion du genre "nous étions au bord du gouffre, nous avons fait un grand pas en avant". En quoi l'interdiction de la burqa serait-elle destinée à servir certaines clientèles, ou satisfaire certains instincts ? Que pensent les militants du PS du port de la burqa ? Approuvent-ils ou non cette mesure ? A entendre de-ci de-là les réflexions de nombreux Français, il m'apparaît que les clientèles viennent d'horizons très divers, et qu'elles sont toutes habitées des très bas instincts que dénonce monsieur MOSCOVICI. Il devrait être plus précis. Quels sont ces instincts ? Peut-il les nommer ? Quelles sont ces clientèles ? Hélas il lui est impossible de donner de vraies réponse à ces questions. Sa prose est belle comme l'antique ; c'est un avant-projet de proposition de brouillon d'un dictionnaire de figures de rhétoriques.
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Monsieur CAMBADELIS ironise. On imagine mal les policiers courir dans les rues pour retirer le voile aux femmes. Il faudrait que cet éminent membre du PS aille prendre des cours aux Trois Baudets s'il veut faire dans l'humour, ou, plus sérieusement, qu'il nous dise s'il estime que le port de la burqa dans l'espace public est souhaitable ou non, et qu'il explique les raisons de sa position. A défaut d'avoir de l'humour, monsieur CAMBADELIS a de la souplesse. Il sait faire la pirouette. Sa place, dans le cirque politique, est celle du contorsionniste.
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David ASSOULINE dénonce le port de la burqa dans ces termes : Il ne faut pas rester inerte et combattre la burqa qui est antinomique aux valeurs de la République. Fort bien. Si le français de monsieur ASSOULINE est approximatif, son opinion ne l'est pas. Voyons la solution. Il s'agit, pour monsieur le sénateur ASSOULINE, de renforcer les moyens existants (je me demande bien lesquels) pour intégrer ou protéger les femmes concernées. La position est nettement plus courageuse. Mais elle ressemble un peu à celle du général d'opérette qui harangue ses troupes en leur criant d'un ton martial : Armons-nous et... partez ! Personne au monde n'est en mesure d'obliger une femme musulmane que son mari oblige à porter la burqa, à se rendre dans ces associations (remarquables, utiles, et discrètes) qui accueillent des femmes d'origine maghrébine ou africaine de confession musulmane, et qui, dans le respect de leur personne et de leur conviction, les amènent à plus d'intégration dans la vie sociale. Monsieur ASSOULINE voudrait-il créer des structures étatiques chargées de cette fonction, ou aider celles qui existent ?
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Manuel VALLS, Aurélie FILIPETTI, appellent à voter la loi ; Gérard COLLOMB à voter contre ; il argumente : Il va falloir dire ce qu'est la burqa au juste, c'est le voile intégral ou bien c'est ["ce sont" m'eût paru une expression plus correcte] les voiles intermédiaires ? Déjà cela va être difficile à apprécier. Il est certain que si telle ou telle religion imposait la nudité dans l'espace public, nous aurions moins de difficultés à résoudre la question vestimentaire. La réponse aux doutes extrêmes de monsieur COLLOMB se trouve dans les dictionnaires arabe-français, qui expliquent très clairement ce qu'est une burqa, et toutes les variantes de ces pièces vestimentaires qui ont pour but de cacher le visage des femmes.
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En vérité, il me semble qu'il n'y a que deux (peut-être trois) positions rationnellement et politiquement acceptables. (a) Pas de loi. Il n'appartient pas au législateur de dire ce qui constitue la dignité vestimentaire de la femme. S'il le fait, il faut aussi qu'il légifère sur les publicités qui étalent des femmes en très simple appareil. En outre, il ne lui revient pas davantage d'interférer, au nom de la séparation des Églises et de l'Etat, dans l'expression d'une croyance ou d'une foi, si elle ne constitue pas un trouble manifeste à l'ordre public. Le port de la burqa ne trouble l'ordre public que s'il paraît insupportable à la majorité de nos concitoyens. (b) Une loi, au nom des valeurs de la République ; en vérité, je n'en vois qu'une, de valeur : la laïcité stricte des comportements dans l'espace public. Mais c'est accepter que l'espace public soit déserté par les questions de philosophie et de morale, d'anthropologie et de culture. Une variante restrictive consisterait à interdire la burqa dans les services publics. Mais alors il faudrait préciser si la mesure vise les agents des services publics, les usagers, ou tous ceux qui les fréquentent.
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Nous avons matière à réflexion dans cet incident qu'ont relaté les médias : un policier verbalise une femme qui conduit une voiture en portant une burqa ou un voile, au motif tout à fait légal que le port de cette pièce rend la conduite malaisée, en restreignant la vision du conducteur. Renseignement pris, elle ne serait qu'une des quatre femmes d'un algérien naturalisé français par le mariage. Père de douze enfants, cet homme vivrait de telle manière que chacune de ses épouses bénéficie de l'allocation de parent isolé. Monsieur HORTEFEU a raison. Il faut déchoir ce monsieur (au demeurant islamiste des plus durs) si le fait est avéré, le renvoyer dans cette Algérie, qu'il n'aurait jamais dû quitter, recenser tous les cas de femmes portant burqa, et voir si les pauvres ne rentrent pas dans ce système épouvantable de polygamie. Si nous continuons à fermer les yeux, à nous les voiler devrais-je dire, c'est qu'il y a des burqa invisibles qui nous empêchent de voir la réalité.
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C'était un exercice de réflexion sur un florilège de pachyderme.

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