Je vois hélas, dans les crispations corporatistes des magistrats, des avocats, des personnels de la SNCF et de la RATP, des médecins, etc. de profonds signes de décadence de l'esprit public. Chacun campe sur ses positions, non pas persuadé de son bon droit, mais convaincu qu'il peut - comme le dit l'inénarrable monsieur Didier LE RESTE (CGT, SNCF) - établir "un rapport de force qui lui sera favorable". Nous rentrons dans la lutte de tous contre tous, prédite par HOBBES, et qui n'annonce rien de bon pour la paix civile et la stabilité politique.
Un exemple récent et qui me navre, car j'ai pour l'homme et son courage une grande estime est celui du juge VAN RUYMBEKE. Interrogé sur l'attitude de Nicolas SARKOZY qui jouerait l’opinion contre les juges, il répond : "Oui, et c’est une erreur majeure". Cette réflexion n'est ni juste, ni cohérente, ni acceptable. Moi j'ai le sentiment que pour se défendre du blâme qui devrait lui être infligé après qu'il a dérogé aux règles de procédure les plus élémentaires en auditionnant secrètement monsieur GERGORIN, le corbeau de l'affaire Clearstream, le juge VAN RUYMBEKE joue l'opinion publique contre le Président de la République. Il peut alimenter à bon compte la maigre escarcelle oppositionnelle du PS. Mais qu'est-ce qu'un juge qui se permet de critiquer nommément un Président de la République ? Monsieur SARKOZY n'a jamais nommé monsieur VAN RUYMBEKE.
Bien entendu, pour se concilier les ennemis des "plus favorisés", il va prétendre que l'on veut priver de ses moyens d'action la justice financière. Mais ce n'est pas cela qui est en cause. L'intervention de l'exécutif dans le judiciaire est inadmissible, mais l'influence du judiciaire sur l'exécutif l'est tout autant. Voilà le coeur de la chose. L'affaire Clearstream le prouve abondamment qui avait pour but d'abattre un homme politique par le moyen d'une mise en examen puis d'une mise en cause ignominieuse. Mais monsieur SARKOZY, lui, n'avait pas inventé un faux attentat dans le square de l'Observatoire pour attirer sur lui l'attention.
Mais monsieur VAN RUYMBEKE termine plus sobrement.
"On peut craindre, dit-il, que la réforme annoncée sur la dépénalisation du droit des affaires ne crée de nouveaux obstacles juridiques à la poursuite de ces investigations". Il ne fait que craindre. Tant mieux. Les juges sont là pour appliquer la loi, et en matière fiscale, elle est assez fournie. Il n'est pas nécessaire de pénaliser ces fraudes, en tout cas à un certain niveau. Il suffit de les sanctionner sévèrement par des amendes dissuasives de 20 à 30 fois le montant des fraudes constatées et de les poursuivre comme un délit. Je vous garantis qu'il y en aura moins.
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