J'ai oublié le nom du philosophe (serait-ce Paul RICOEUR ?) qui distingue l'éthique de conviction de l'éthique de responsabilité. La distinction est pertinente quand il s'agit de juger la valeur morale de l'accueil qui a été fait au colonel KHADAFI. Si la morale est la réponse raisonnée que l'on fait à la question : Que dois-je faire ? Que faut-il faire ?, il apparaît alors que certains opposants (je ne parle pas des vertueux outrés à géométrie variable) à cette visite ont d'aussi bonnes raisons de protester, au nom de leurs convictions, que les hommes politiques responsables de la marche de notre pays en ont d'avoir pris l'initiative de cette rencontre, au nom des intérêts de notre patrie, certes, mais aussi de ceux du monde entier. Réintroduire dans le concert des nations un tyran sanguinaire et l'amener à des pratiques politiques et diplomatiques plus douces et plus conformes à l'idée que nous avons des relations internationales est une tâche qui ne manque ni de grandeur, ni de périls ; après tout, les Américains victorieux du Japon n'ont pas destitué l'Empereur HIRO HITO après la capitulation de l'armée japonaise en 1945. Ils auraient eu de sérieux motifs de le faire, mais l'histoire a montré que leur choix, (celui de maintenir l'Empereur, et d'en faire même un allié), qui aurait pu passer pour du calcul ou de la lâcheté, a été judicieux. C'est tout le sens de ce que les pays occidentaux appellent amnistie. Il est cependant bon que le colonel KHADAFI voient et entendent des personnalités politiques critiquer son action et ses méthodes de gouvernement. Nous avons là deux fers au feu, et c'est tout le mérite de la démocratie que de présenter une palette d'opinions contrastées sur des sujets aussi délicats. Mais je vais vous faire un aveu : je trouve que Rama YADE ne manque pas de courage !
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