mercredi 23 décembre 2009

Quand les religions mettent un pays laïc en feu...

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Il est tout de même curieux de constater que dans un pays dit "laïc", la question des religions tiennent une place si importante dans l'espace public, l'espace politique par excellence lequel est réputé avoir confiné le religieux à l'espace privé, celui de la famille : question de la burqa, problème des minarets suscitent des commentaires de tous les milieux politiques. Ainsi, on apprend que monsieur BESANCENOT s'élève avec vigueur contre une possible loi destinée à empêcher le port de la burqa dans ledit espace. On aurait pu imaginer qu'il s'élève avec vigueur contre les persécutions qui frappent les chrétiens en Chine, à Cuba, ou dans les états hindouistes de l'Inde, voire en Egypte où l'on affame les coptes en tuant les porcs qui servent à les nourrir, sous le prétexte que ce sont des animaux impurs. De cela, les tenants de l'idéologie de gauche n'en ont cure. Je ne suis pas certain que les motifs invoqués par les idéologue de droite pour soutenir l'initiative qui vise à interdire le port de la burqa soient d'un autre tonneau que celui de la gauche : le tonneau électoral. Peut-être pourrait-on demander aux Français ?
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La véritable question, me semble-t-il, est la suivante : est-il acceptable de laisser se constituer en France des communautés, musulmanes pour la plupart, dans lesquelles le politique et le religieux se confondent ? On peut répondre oui. On peut répondre non. Tout dépend. On peut simplement envisager qu'un jour, ces communautés fortes de millions de citoyens, réclament pour elles, et un territoire là où elles sont installées, et des lois particulières qui s'accordent à leur foi.
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Nous avons, hélas, des exemples en Europe, de ces questions soulevées par la présence de fortes communautés musulmanes dans des pays chrétiens. Faut-il rappeler l'histoire récente de la BOSNIE, où - c'est épouvantable - on a massacré des milliers de musulmans parce qu'ils étaient musulmans, ou celui du KOSOVO, injustement soustrait à la souveraineté de la SERBIE, parce qu'il est peuplé de sujets musulmans albanophones ? Comment faut-il concilier la légitime liberté de culte et de foi, avec le respect des règles du bien vivre ensemble ? C'est une vraie question, et l'on ne peut y répondre par des références idéologiques. On peut inversement rappeler le génocide des ARMENIENS par les TURCS, perpétré pour les mêmes raisons que celui des Musulmans de SREBRENICA.
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De mon point de vue, seul le dialogue, un véritable dialogue, avec les lettrés et les intellectuels musulmans, en général de très haute volée, et l'appel à la responsabilité, peut permettre de trouver des issues à ces apparentes impasses. On peut également promouvoir dans les milieux musulmans des études exégétiques historico-critiques du Coran de même nature que celles que les chrétiens ont entrepris sur le Bible, promouvoir également une très forte éducation civique, et travailler à apaiser le ressentiment des peuples et des hommes qui se sentent humiliés par l'arrogance occidentale. Et puis monsieur BESANCENOT pourrait aussi prendre la relance de soeur EMMANUELLE dans les bidonvilles du CAIRE. Voilà qui mettrait en accord la théorie et la pratique. Mais, comme disait (authentiquement) ma grand-mère : "Grand parleux, p'tiot faiseux".

2 commentaires:

Dominique S de P a dit…

Cher Philippe,
Toutes les personnes avec qui j'ai discuté "burqa", y sont totalement opposées. Première raison: l'esclavage ayant été abolie en France, il ne faut pas la laisser réintroduire sous un prétexte religieux ne figurant même pas dans le Coran. Deuxième raison: la sécurité, un terroriste pouvant se cacher sous cet accoutrement. Un Suisse anti-minaret nous a même fait remarquer "qu'à partir du moment où il existera une loi l'interdisant, toute personne portant ce vêtement de carnaval devra être abattue sans sommation, un terroriste kamikaze pouvant s'y cacher." C'est dire l'exaspération de certaines personnes! De toutes façons ce n'est pas à nous de nous adapter. Quand mon épouse et moi allons en pays musulman, ma femme porte un foulard et elle a même une fois porté une bure avec capuche et nous enlevons nos chaussures pour entrer dans une mosquée.
amicalement.

Philippe POINDRON a dit…

Cher D de S.

Là est bien tout le problème : celui de la réciprocité. Bien entendu, les raisons invoquées pour interdire la burqa peuvent paraître excessives, mais rien que de les dire, elles peuvent donner des idées à des excités ou à des fous. Je me souviens qu'un des Shah d'Iran avait interdit, au début du XXe siècle, le port de couvre-chefs traditionnels par les hommes de son pays, au nom de l'exigence de modernité. Il y a très certainement un rapport entre la modernité et des habitudes vestimentaires qui relèvent plus du culturel que du religieux. Mais j'ai lu certains témoignages, qui laissent rêveur, de femmes musulmanes portant burqa qui préfèreraient rester cloîtrées chez elle que de sortir sans ce vêtement si on venait à l'interdire...
Et si l'on interdit la burqa, pourquoi permettre les seins nus sur les plages ou les costumes extravagants dans les rues, et dieu sait s'il y en a ? La question est complexe.Il vaut mieux discuter, convaincre, avant d'interdire. Nous sommes dans un domaine très délicat, celui de la conscience. La loi peut-elle la forcer ?
Et pourtant, mon premier réflexe serait d'interdire le port de ce signe ostensible de moeurs médiévales dans notre espace public.