Je ne veux point perdre une minute pour, revenu de mon voyage, répondre à un lecteur qui me dit qu'une loi s'impose à tous les citoyens dès qu'elle est votée et promulguée, et que je devrais donc obéir à la loi sur l'euthanasie si elle venait au jour.
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Ce raisonnement me paraît très dangereux, car il revient à confondre deux ordres, l'ordre juridique et l'ordre moral. Les lois s'imposent (a) quand elles règlent des situations concrètes, des "cas" auxquels elles apportent des solutions pratiques assorties de sanctions si elles venaient n'être pas observées ; elles relèvent de la "casuistique" et deviennent applicable de fait ; les lois fiscales, pénales, sociales, etc. ont ce caractère casuistique ; (b) quand elles sont l'expression juridique d'évidences au caractère apodictique. Est apodictique tout ce qui relève de l'évidence de droit et non de fait. C'est ainsi que l'abolition de la peine de mort - une initiative que j'approuve tout à fait - n'est que la traduction juridique du "Tu ne tueras pas" qui justement est une exigence marquée de ce caractère. La loi sur l'euthanasie va à l'encontre de cet interdit, et non seulement ma conscience n'est pas obligée d'y adhérer, mais nul ne saurait me forcer à un tel geste, ou de donner par mon silence l'impression que je l'approuve. La loi sur les retraites relève de la casuistique, c'est même l'exemple d'école de la casuistique sociale. On peut être contre, mais on sera bien obligé d'y obéir si elle est promulguée, quitte à l'abroger si un autre gouvernement vient au pouvoir.
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Il faut bien comprendre que c'est en se retranchant derrière des lois, et les ordres qui en découlaient, que des policiers et gendarmes français ont pu participer à la rafle du Vel d'hiv, que des soldats allemands on pu fusiller sans état d'âme des otages, des fonctionnaires anonymes martyriser des déportés, ou que tant d'injustices ont pu être commises à travers le monde, qui heurtaient manifestement toutes consciences droites.
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Toute l'astuce diabolique de la loi sur l'euthanasie, consiste à transformer en "cas", à donner par conséquent un aspect casuistique, à des situations qui appellent une autre réponse que la mort, la passivité, ou la compassion mystico-gélatineuse (que les attendus de la loi ne manqueraient pas de mettre en exergue), mais exigent une intervention active de l'intelligence humaine et de la charité. Oh certes ! Il est plus facile de se débarrasser d'un malade qui souffre, que de tenter de le soulager, de l'accompagner, de le réconforter, de continuer à conduire des recherches scientifiques et médicales, même quand la maladie semble irrémédiablement condamner celui qui en est habité.
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La tragédie grecque nous donne dans la personne d'ANTIGONE un merveilleux exemple de la révolte d'une conscience contre une loi injuste : ANTIGONE brave CREON en donnant a son frère mort une sépulture décente, bien que le tyran l'eût interdit. Elle y laissera la vie, mais pas l'honneur. Il y a des causes qui valent qu'on la perde en effet.
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4 commentaires:
ai-je dit que vous deviez obéir, que vous deviez choisirou autre chose de ce genre?
J'ai dit que vous ne pouvez pas refuser le fait qu'une loi soit adoptée pour quelque raison que ce soit ; votre seul moyen serait d'en aller au médiateur de la république ou à la cour des droits de l'homme à strasbourg.
Je répète que je suis complètement contre cette loi, mais quel droit ai-je -autre qu'essayer de dissuader l' utilisateur éventuel- d'empécher quelqu'un d'en faire son parti?
Non, vous ne l'avez pas dit. J'ai très certainement outrepassé vos intentions. Il n'empêche que cette loi, si elle veanit à être votée, resterait illégitime et immorale. Mon intention, dans ce billet, était simplement d'indiquer que tout ce qui est légal n'est pas forcément moral, et que c'est précisément le problème de la modernité.
pour le moment, c'est l'absence de loi qui est illégitime!
l'euthanasie (la bonne mort)volontaire, aidée, n'existe pas pour la loi actuelle, elle n'est donc ni interdite, ni acceptée...
la loi doit la définir, l'encadrer, pour que chacun puisse être libre de ses choix de vie (qui englobe la mort)
qui souhaite une épouvantable fin de vie, comme on en voit tous les jours?
quel médecin, sage, qui aide son "patient", en fin de vie, en souffrances, peut ne pas craindre une enquête, un procès sur dénonciation malveillante, même si les derniers procès de ce genre n'ont jamais abouti à des condamnations fermes...
procès d'ailleurs dont les conclusions varient d'un tribunal à l'autre, puisqu'aucune loi ne gère ces cas.
finalement c'est admd34 qui me semble aller vers la raison.Mais je me demande si cette loi était votée dans un sens contraire à l'euthanasie, le risque n'existerait pas d'en changer ce sens par aprsè avec un simple décret ministériel.
a chacun son choix? les exemples donnés par admd 34 sont parlants.
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