Madame Cécile QUEGUINER, journaliste à France-Info, vient de publier un article sur le site internet de cette radio d'état, intitulé : L'avocat historique de Servier, père du Médiator ? Nicolas Sarkozy. Elle reprend dans cet article des informations que le journal Libération a livrées à ses lecteurs aujourd'hui même, et elle fait état des méthodes de management et de marketing qualifiées de 'redoutables'. Les employés de l'un des derniers grands laboratoires pharmaceutiques français seraient triés sur le volet, et l'on écarterait du recrutement les gauchistes, les syndiqués, les contestataires. Monsieur SARKOZY a été l'avocat des SERVIER. Il était avocat d'affaire. "Il s'est empressé", dit-elle, de donner à monsieur SERVIER la Grand-Croix de la Légion d'honneur dès qu'il a été élu Président de la République. Madame QUEGUINER mélange très subtilement les informations diffusées par son confrère Libération, et ses propres analyses qui sont repérables par des marques dites de "connotation". "Empressé" en est une. La journaliste aurait pu écrire par exemple "Après qu'il a été élu Président de la République, monsieur SARKOZY a décerné la Grand-Croix de la Légion d'Honneur à monsieur SERVIER dont il avait défendu les intérêts, depuis longtemps, quand il était encore avocat d'affaire". Je pense que tous mes lecteurs verront la différence de ton entre ma phrase et les insinuations de madame QUEGUINER.
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Malheureusement pour elle (vous allez voir pourquoi), il se trouve (a) que l'un de mes étudiants a été recruté par SERVIER et (b) que je suis allé à cinq reprises à ORLEANS et à GIDY, sur des sites dépendants des laboratoires SERVIER, pour y donner des cours au personnel, dans le cadre de la formation permanente et (c) que je suis par conséquent mieux placé qu'elle pour livrer un témoignage vécu. De plus, il se trouve que je suis pharmacien, et que, bien que je n'aie jamais exercé ce métier, mes études m'ont initié aux arcanes incroyablement compliquées des autorisations de mise sur le marché d'un médicament.
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Quand les laboratoire SERVIER désirent recruter un collaborateur (en tout cas dans mon expérience personnelle), ils font appel à un cabinet qui vient s'informer des qualités et habilités du candidat auprès des personnes avec qui il a déjà travaillé (après qu'il a déposé sa candidature auprès de la Direction des Ressources Humaines et que celle-ci l'a retenue au vu du curriculum vitae). J'ai été la deuxième personne contactée par ce cabinet pour donner mon avis sur cet élève. Aucune question n'a été posée sur les opinions politiques ou croyances. Toutes portaient sur les qualités de conception, d'analyse, de synthèse, d'exécution, d'initiative. Personnellement, je n'avais jamais vu une étude de recrutement aussi poussée et aussi déontologique. L'interrogateur n'a pu s'empêcher de me dire "ce que vous me dites confirme ce qu'un autre par ailleurs m'a dit de L... G..."
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Parlons maintenant des méthodes de management. Le site de GIDY est exceptionnellement beau et bien conçu. Les bâtiments sont dispersés dans la verdure, et d'une architecture soignée. Le site d'ORLEANS, quoique urbain, est lui aussi fort bien aménagé. Chacun des cinq stages que j'ai animés était suivi par une douzaine de personnes. J'ai donc rencontré 60 employés. Il se trouve que nous prenions nos repas de midi ensemble, et parfois, avec quelques uns, le soir aussi. Nous avions deux pauses dans la journée. Jamais, je dis bien jamais, je n'ai entendu la moindre remarque, la moindre critique sur la manière dont le personnel était dirigé ou traité. Et pourtant les occasions ne manquaient pas de s'épancher. Ce qui dominait dans les propos tenus était l'admiration que les employés portaient à leur patron.
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Alors appliquons ma méthode.
(a) Madame QUEGUINER a-t-elle des informations qui indiquent une collusion avérée entre monsieur SARKOZY et monsieur SERVIER dans l'affaire du Médiator ?
(b) Quel but madame QUEGUINER vise-t-elle en connotant son discours de manière telle qu'on peut sous-entendre une quelconque malhonnêteté de monsieur SARKOZY ?
(c) Pourquoi monsieur SARKOZY demande-t-il la lumière sur l'affaire du Médiator s'il a quelque chose à se reprocher ?
(d) Madame QUEGUINER connaît-elle la réglementation de l'AMM en matière d'étude de toxicité aiguë et chronique d'une nouvelle molécule ?
(e) Madame QUEGUINER peut-elle expliquer les raisons pour lesquelles elle s'offusque que les Laboratoires SERVIER aient fait des bénéfices énormes avec une molécule (l'isoméride) qui s'est révélée, à l'usage, dangereuse pour la santé ? Entend-elle insinuer que les responsables savaient et qu'ils ont laissé faire pour des raisons financières ?
(f) Madame QUEGUINER sait-elle qu'un avertissement portant sur le Médiator avait été envoyé aux autorités de santé en 1998, sous le Gouvernement de monsieur JOSPIN et qu'il ne semble pas avoir été suivi d'effet ?
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Voilà les questions que soulèvent ces accusations déguisées. Tiens, encore deux questions. Madame QUEGUINER aimerait-elle avoir comme consoeur ou confrère un journaliste qui défend des idées opposées aux siennes, quelqu'un idiotement qualifié "de droite" voire "d'extrême-droite" ? Si sa réponse est non, trouve-t-elle normal de condamner un chef d'entreprise qui hésite à recruter des 'fouteurs de merde' ? (On me pardonnera l'expression, mais je ne sais pas comment dire autrement).
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Bref, du politiquement correct. Madame QUEGUINER a un très bel avenir devant elle. Pendant ce temps, les Laboratoires SERVIER, (un fleuron de l'industrie pharmaceutique française, à qui l'on doit le SARPAGAN ou l'HYDROSARPAN qui furent de véritables révolutions thérapeutiques en leur temps,) perdent de la valeur et ils en perdront jusqu'au jour où un prédateur étranger viendra s'emparer de la dépouille de cette grande entreprise française que des compatriotes auront tuée.
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PS : ceci ne préjuge pas de l'idée que j'ai de la toxicité du Médiator. Elle est possible, sinon probable. Mais il faudra beaucoup d'efforts pour en être sûr.
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4 commentaires:
Il fallait le dire, c'est dit et c'est bien dit!
Je vous rejoins sur ce point M. Poindron.
Voici la réaction que j'ai postée sur le blog de M. Bilger :
Ainsi M. Bilger s'associe donc à ces légions de juges et de procureurs qui se lèvent soudain sur la foi de présomptions, pour crier au scandale et crier haro sur le baudet.
Mise à part la connotation politique que certains ne manquent pas de donner à l'affaire (la faute au grand capital, la faute à Sarkozy...), on s'étonne tout de même de ce ramdam au sujet d'un médicament commercialisé depuis 33 ans, qui a été prescrit à plusieurs millions de personnes, et pour lequel les premières observations concordantes de valvulopathies arrivent en 2008. Rappelons qu'il a été retiré du marché à la fin 2009 et que le nombre de morts (qui change tous les jours), relève de la projection théorique, non d'une réalité (les valvulopathies cardiaques étant de nos jours rarement mortelles).
Certes, il y a du ménage à faire à tous les niveaux pour comprendre comment on a pu continuer à rembourser plein pot un médicament dont le rapport bénéfice/risque a toujours été médiocre, mais un peu plus de mesure et de pondération seraient souhaitable.
Cher lecteur,
Merci pour cet éclairage sur les valvulopathies. Nombre d'entre elles en effet ne présentent pas de caractère de gravité mais constituent un facteur de risque, par exemple en cas d'infections (dentaires notamment).
Tous les médias s'acharnent à détruire de manière ignoble un homme, régulièrement élu, il faut le rappelmer, au seul motif qu'il s'attaque à des privilèges ruineux pour le pays. Toutes les occasions sont bonnes. Cet homme, disent-ils, a été l'avocat de monsieur SERVIER. Monsieur SERVIER a produit le Médiator. On dit que le Médiator provoque des atteintes cardiaques. Donc c'est la faute de monsieur SARKOZY. Tout cela est ridicule. Oh certes, tout ce que dit et fait monsieur SARKOZY ne porte pas la marque de la perfection. Mais il a au moins le courage d'agir. Je ne sais plus qui disait : "D'autres disent qu'ils feraient mieux que nous, mais nous, nous faisons". Que ces gens - qui ont encensé le sauteur de l'Observatoire, sous la magistrature duquel des scandales financiers (Urba, Triangle), politiques (NUCCI et le Carrefour du développement), sociétaux (sang contaminé), économiques (Crédit Lyonnais), humains (suicides de monsieur BEREGOVOY et de monsieur de GROSSOUVRE) - aient la pudeur de se taire. Je ne dirai rien sur l'usage personnel que le sauteur de l'Observatoire aurait (conditiionnel) fait régulièrement d'un avion Concorde. Il serait intéressant d'aller chercher.
Bien amicalement.
Excellent article "as usual", comme voudrait la formule.
Je suis d'accord à 100% avec l'entièreté du post de M Poindron.
Malheureusement il est plus facile de tuer une bête qui souffre. Nous en reparlerons quand nous vendrons les bijoux de famille français à des investisseurs situés à deux continents d'ici.
Bien cordialement
JPSM
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