lundi 5 septembre 2011

In memoriam : les victimes innocentes de septembre 1792

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Il y a 219 ans, presque jour pour jour, avaient lieu à PARIS, l'une des séquences les plus abominables d'une abominable Révolution. J'ai extrait du livre de Gustave GAUTHEROT, Septembre 1792, Histoire politique des massacres (Editions Gabriel Beauchesne, Paris, 1927), ceci qui devrait faire réfléchir tous les laudateurs de ce drame que fut l'acte fondateur du moderne totalitarisme.
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"Le matin du 2 septembre, le président de la section du Luxembourg, Joachim Ceyrat, procéda à [l]'appel nominal [des prisonniers]. Des hommes coiffés de bonnets rouges et armés de piques prirent la garde. Après 3 heures, tous les prisonniers, même malades ou infirmes, reçurent l'ordre de descendre au jardin ; ils se promenèrent dans les allées en méditant, en priant, en récitant des psaumes. Deux bandes d'assassins approchaient : l'une venue de Saint-Sulpice, où Joachim Ceyrat avait fait voter le massacre; l'autre, venue de Saint-Germain- des-Prés, où elle avait déjà tué vingt et un prêtres. Les deux bandes comprenaient vingt ou trente hommes. La première se rua dans le jardin. Près du bassin central se tient immobile, son bréviaire à la main, l'abbé Girault, confesseur des franciscaines : un coup de sabre lui fend la tête et plusieurs coups de piques l'achèvent. L'abbé Salins,accouru à son secours, est abattu d'un coup de fusil. Mgr Dulau se tient vers l'oratoire du fond du jardin : "C'est donc toi, l'archevêque d'Arles ? lui crient les bandits. — Oui, Messieurs, c'est moi. — Ah ! scélérat, tu as fait verser à Arles le sang des patriotes ! — Je n'ai jamais fait de mal à personne. — Eh ! bien, je vais t'en faire, moi !". L'archevêque, sans broncher, reçoit un coup de sabre sur le front ; un second coup lui ouvre le crâne ; sa main droite, qui s'avance, est tranchée ; une pique pénètre dans sa poitrine si violemment qu'elle n'en peut être retirée.
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Un groupe de prêtres s'est agenouillé dans l'oratoire : leur sang ruisselle le long des murs, et leurs cadavres couvrent le sol. L'évêque de Beauvais, la cuisse fracassée, ne meurt pas encore. Quelques prêtres, réfugiés dans les charmilles, réussissent à grimper aux arbres et à franchir les murs de clôture. Au moment de glisser de l'autre côté, le sulpicien Gallais, supérieur des Robertins, préféra revenir dans le jardin, vers le martyr... Le "commandant du poste" cria alors aux prisonniers de regagner l'église : « Arrêtez ! ordonnait-il aux assassins. C'est trop tôt. Ce n'est pas ainsi qu'il faut procéder. Le commandant du poste? Il ne s'agissait pas de la garde nationale, dont trois cents hommes faisaient l'exercice au Luxembourg, dont un autre détachement était au séminaire de Saint-Sulpice, dont une troisième troupe était rue Palatine, sous les ordres du nommé Tanche qui, averti par l'horloger Carcel, ne bougea pas. II s'agissait de Maillard, venu de l'abbaye Saint-Germain, ou de l'un de ses acolytes ; on voulait, comme à l'Abbaye, procéder avec « une sorte de justice ».
Rentrés dans l'église, les prêtres récitaient pour leurs compagnons et pour eux-mêmes les prières des agonisants. Appelés deux par deux, ils repassaient par le sombre corridor conduisant du choeur à l'escalier du jardin. Sur une table était posée la liste des détenus que compulsait le misérable assisté par Violette, commissaire de la section du Luxembourg. Violette déclarera avoir sauvé neuf prisonniers ; mais par sa seule présence et en raison du criminel arrêté pris par la section qu'il représentait, il autorisait les scènes qu'il dépeignait d'un mot le lendemain : « Je ne comprends pas ces prêtres ; ils allaient à la mort comme s'ils eussent été à des noces. »
Du jardin, les bourreaux réclamaient leur « gibier » : à mesure que les victimes descendaient le petit perron (resté intact), ils les tailladaient et les abattaient à coups de sabres et de piques. Parmi elles, citons l'abbé Gallais ; Régis de Valfons, ex-officier de Champagne, seul laïc, mais qui refusa de décliner d'autre profession que celle de catholique romain ; l'évêque de Saintes, et son frère l'évêque de Beauvais, qui avait été blessé dans le jardin : « Vous voyez que je ne puis marcher, observa doucement le prélat aux bandits qui le cherchaient dans le choeur de l'église ; ayez la charité de me porter là où je dois mourir. » On le soutint jusqu'au lieu du carnage. En deux heures, cent quatorze prêtres furent ainsi massacrés : presque un par minute... Vers sept heures, les assassins regagnèrent l'Abbaye ; quelques-uns demeurèrent dans l'église des Carmes, buvant la boisson fournie par le traiteur Langlois, et fouillant, volant les morts. Un sulpicien, l'abbé Dabray, resté caché entre deux matelas, fut découvert et abattu dans l'église à coups de sabre." (Fin de citation.)
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Voilà, chers admirateurs de la belle devise Liberté, Egalité, Fraternité, voilà dans quoi elle est née. Personnellement, je ne peux pas donner mon adhésion à un système qui n'est pas capable de reconnaître ses erreurs, de demander pardon, de faire repentance. La repentance, c'est bon pour les Chrétiens, pas pour ces messieurs... dont je ne donnerai ni les affiliations ni les références philosophiques.
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C'est le relativisme politique, le jugement à géométrie variable de tous nos responsables qui a transformé notre patrie en un gigantesque bateau ivre. Décidément, Non possum !

3 commentaires:

tippel a dit…

Trés bien de faire un rappel de l'histoire républicaine. La vraie!

Roparzh Hemon a dit…

"Je ne peux pas donner mon adhésion"? "Non possum"? Mais si, M. POINDRON, vous le pouvez et vous le justifiez même. Je me souviens encore de ce que vous aviez dit au sujet de votre attachement indéfectible à la marseillaise sans quoi vous ne pourriez pas vous considérer comme français.

Les Allemands ont majoritairement renié le nazisme qui a souillé leur histoire nationale ; les Russes sont sortis du communisme. Mais les Français, eux, n'aprennent rien et continuent bloqués sur les mêmes petites idées simplettes et meurtières de la tradition de 1789. La garantie la plus importante sans doute de la pérennité de cette tradition est l'appui que la majorité des "chrétiens" français lui donnent. Appui mitigé si l'on veut, mais cela ne lui donne que plus d'éclat en le faisant paraître réflechi et mesuré.

Philippe POINDRON a dit…

Le fait que j'accepte la Marseillaise comme hymne national ne doit pas vous faire oublier, cher Roparz HEMON, que j'ai dit aussi que j'en désapprouvais totalement les paroles. J'ai dit quelque part que je ne pouvais me désolidariser de l'histoire de ma patrie, prendre ce qui en serait bon et enrejeter l'ignoble, car j'en suis le produit partiel. Enfin, j'ai replacé mon adhésion à la Marseillaise dans le cadre très précis d'un match de foot entre la France et l'Algérie au début duquel la Marseillaise avait été sifflée par des jeunes Français d'origine maghrébine. Par ailleurs et à de très nombreuses reprises j'ai souligné le drame que la Révolution française a constitué et constitue encore pour la France. Je maintiens donc que je ne peux pas accepter les mensonges de l'histoire officielle, laïque et prétendument républicaine (ce serait le moindre mal que "républicaine" ; elle est totalitaire, volontairement mesongère). N'avez-vous pas souvenance de ce billet où je rappelais le mot d'un oncle prêtre et plein d'esprit qui disait "je préfère un grand c... à cent petits".
Sur l'adhésion des chrétiens à la République, il y a en effet beaucoup à dire, mais MAURRAS a été condamné par PIE XI (pour autant que je me souvienne)et cela n'a pas facilité l'implantation, la réimplantation ou le maintien d'une tradition monarchique modérée en France.
Je reviendrai sur ce point.