jeudi 8 septembre 2011

Islam et raison

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Je supplie mes lecteurs de ne pas être effrayés par la longueur de ce billet, et de le lire jusqu'au bout.
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Un nombre croissant de correspondants et de d'amis me fait parvenir des informations concernant les revendications des fidèles musulmans, ou les nouvelles pratiques des marchands à leur égard. Un lecteur alsacien me fait savoir que les supermarchés AUCHAN vendent maintenant des oeufs dûment étiquetés hallal par un représentant de la Mosquée de Paris, produits par la maison MATINES, au motif que la demande va croissant ; un ami très cher, lui aussi alsacien, me communique le dialogue édifiant qu'ont tenu un imam et un chrétien sur la guerre sainte et les "infidèles" non musulmans, l'un de mes proches me fait parvenir les exigences d'une association de musulmans parisiens qui réclamerait (je mets un conditionnel, tant l'information me paraît incroyable) à la mairie de Paris la suppression des croix vertes que les pharmaciens font clignoter artistiquement à la devanture de leurs officines. (Il semblerait qu'une des adjointes de monsieur DELANOE ait répondu qu'elle examinerait avec soin cette demande).
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Le nombre croissant d'informations, réelles ou controuvées, mettant en exergue les excès, eux aussi réels ou supposés, des fidèles musulmans m'amène à me poser une question : cette accumulation est-elle orchestrée par un ou des partis et par des réseaux sociaux (qui ne sont pas tous "d'extrême-droite", mot tout à fait vide de sens, mais aussi meurtrier que "réactionnaire" ou "pédophile") ? Je vais essayer de donner mon point de vue de la manière la plus irénique possible.
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Les imbéciles (au sens de BERNANOS) qui pullulent dans les rédactions des journaux écrits ou parlés, font le pied de grue dans les antichambres des grands éditeurs parisiens, ou sirotent un café à la terrasse du Flore, en glosant doctement sur le racisme et les manières de le combattre, ont tapé à bras raccourcis sur BENOÎT XVI et son discours de RATISBONNE. Ils ne savaient pas, en bons imbéciles, qu'ils sciaient la branche sur quoi ils ont posé leur cul (MONTAIGNE et ses Essais me confirment l'usage légitime de ce mot). La plupart d'entre eux ne se sont même pas donné la peine de lire en entier une des contributions contemporaines les plus importantes sur l'usage de la raison en matière de foi.
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Poursuivons. La Constitution de la République déclare que la France est un état laïc. Stricto sensu, une telle définition implique qu'aucune expression d'une quelconque croyance n'a droit de cité dans l'espace public : dans la rue, pas de soutane, pas de djellaba, pas d'habit de moine ou de moniale, pas de cornettes, pas de kipa, pas de foulards, de tchador, de burqah, de turban sikh, suppression des milliers de statues de saints ou de la vierge qui ornent les façades de tant de maisons ou d'immeubles, destruction des calvaires, changement de nom de la croix rouge, plus de croix en haut des clochers, Saint-Etienne devient Etienne, Saint-Lo devient Lo, les milliers de villages qui commencent par Saint-Martin deviennent Martin, idem pour les stations de Métro qui deviennent Michel, Marcel, Jacques, Germain-des-Prés. On voit le ridicule dans lequel tombe l'application excessive de ce principe. C'est pourtant (au moins pour les catholiques) ce que la Révolution française a fait. Cependant, l'interprétation de ce principe de laïcité a poussé messieurs CHIRAC et JOSPIN à refuser l'évidence : le Traité Constitutionnel repoussé par les Français, n'incluait pas la référence aux origines chrétiennes de l'Europe. Nous voilà dans un beau pétrin. Nous nous privons d'un argument juridique qui nous donnerait le droit très légitime de faire prévaloir les traditions chrétiennes sur les traditions fraîchement importées d'autres religions. Si l'on est logique, il faut en revenir à l'application stricte du principe dans l'espace public et faire ce que j'ai écrit au début de ce paragraphe.
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En vérité, si l'islam pose un problème à notre Patrie, c'est parce qu'elle a renié la foi de ses pères. Il y a de moins en moins de chrétiens en France. Et il se trouve que la foi musulmane ne fait pas de différence entre la foi et la politique qui sont pour elle les deux volets d'une même réalité. Si nous avions évangélisé notre identité collective nous comprendrions ceci :
(a) Les musulmans sincères et pratiquants ont droit à notre respect, comme nous avons droit au leur. En cette matière, il faut exiger l'absolue réciprocité. Il en résulte que tout prédicateur musulman qui attaque les "infidèles", les "chiens", etc. doit être expulsé sur le champ s'il est étranger, ou poursuivi et condamné s'il est français. Réciproquement, toute personne qui attaque de la même manière les musulmans ou MAHOMET doit être condamnée. Les caricatures de MAHOMET sont une mauvaise action, purement gratuite.
(b) Nous accepterions un dialogue fondée en raison. Et c'est pourquoi le discours de BENOIT XVI est si important. L'islam affirme que Dieu n'est pas tenu à la vérité pour les hommes. La raison est donc impuissante à argumenter. Le Coran ne peut être soumis à une étude historico-critique identique à celle que les chrétiens ont faite de la Bible. Le premier pas du dialogue consiste à faire comprendre aux théologiens musulmans que la raison n'est pas impuissante à connaître Dieu.
(c) Dès lors il devient possible de faire admettre aux musulmans un certain nombre de réalités historiques, littéraires et textuelles qui jettent sur l'islam des lueurs nouvelles. Pourquoi MAHOMET n'est-il nommé que 5 fois dans le Coran (2 sous la forme MUHAMMAD, 3 sous la forme AHMAD) ? Pourquoi la date prétendue de la prise de Jérusalem par les Saracènes, telle que l'affirment les musulmans, est-elle certainement fausse ? Pourquoi est-il  assuré que la première kaaba ne fut pas construite à LA MECQUE mais à JERUSALEM ? Pourquoi est-on [pratiquement] assuré que l'islam est une émanation d'une secte chrétienne, celle des judéo-nazaréens (qui ne reconnaissaient que la Torah et un Évangile apocryphe, dit Évangile des Hébreux, les deux seuls livres auxquels, précisément, le Coran semble faire allusion) ? Pourquoi est-il [pratiquement] assuré que l'islam tel que nous le connaissons est une construction politico-religieuse relativement postérieure au proto-islam de JERUSALEM, une construction voulue et organisée par les souverains Omeyyades de DAMAS, qui profitent des opportunités politiques pour transférer à LA MECQUE (jusque-là, une bourgade assez insignifiante) le centre de gravité de la religion islamique, ville politiquement plus proche d'eux ? Comment et pourquoi les arabes sont-ils venus à bout des judéo-nazaréens hiérosolomites ?
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Plutôt que de se moquer des musulmans, il vaudrait mieux les évangéliser, en commençant par connaître le contenu de leur foi, en les respectant et en leur montrant les erreurs historiques manifestes sur lesquelles se fonde une partie de leurs croyances. Je rêve ? On peut toujours rêver.

3 commentaires:

Roparzh Hemon a dit…

Cher auteur,

il y a des parties un peu faiblardes vers la fin de votre long billet. N'avez-vous pas écrit un jour que vous detestiez les "on-dit", et comme vous aviez raison!
Eh bien, moi je déteste aussi le "on est pratiquement assuré que" que je trouve même pire que le "on-dit".

Amicalement,

E. D.

Philippe POINDRON a dit…
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
Philippe POINDRON a dit…

Cher Roparzh HEMON, j'avais écrit une première réponse à votre commentaire, laquelle manifestement n'est pas passée. Je vais la reprendre. Si j'ai écrit "On est pratiquement assuré" c'est pour tenir compte de la toute petite marge d'incertitude dont on peut affecter l'affirmation en question, et en aucun cas pour raconter des ragots, ou des assertions controuvées. J'aurais pu écrire tout aussi bien "On est assuré", mais la probité intellectuelle n'y aurait pas trouvé son compte : "être assuré" n'est pas la même chose "qu'être pratiquement assuré". Ainsi, JERUSALEM n'a pas été prise en 635par les Arabes, mais très PROBABLEMENT en 638, comme l'indique le témoignage indirect d'un patriarche chrétien. Vous trouverez tous les éléments relatifs à mes remarques et à leur coefficient de certitude dans les deux ouvrages que voici.
Pierre-Marie SOUBEYRAND ; Comprendre l'islam, risque ou défi ? Editions des Béatitudes, sans mention de lieu, 2010 ;
Alfred-Louis de PREMARE. Les fondations de l'islam. Entre écriture et histoire. Collection "Points", série Histoire, N°H 407. Editions du Seuil, Paris, 2002. Je me demande sicje ne vais pas, justement, reprendre ces points dans des billets très courts.
Bien amicalement.