samedi 17 novembre 2012

Sur le vif

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Il est 17 h 45 au moment où je commence à rédiger ce billet. Je tiens à préciser ces détails, avant que les télévisions aux ordres ne vous rendent compte de manière partiale et déformées de la "manif' pour tous" organisée aujourd'hui à PARIS par différents mouvements, confessionnels ou non, groupés en un collectif. Il s'agissait de s'opposer au projet de loi que madame TAUBIRA, avec la bénédiction (si l'on peut dire) de MM AYRAULT et HOLLANDE s'apprête à présenter au Parlement, et qui concerne le mariage de deux personnes du même sexe et ouvre le loi à l'adoption ainsi qu'à la procréation médicale assistée.
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Nous avions reçu des organisateurs des consignes formelles. Elles ont été respectées. (a) Pas de slogans politiques ; (b) pas de revendications confessionnelles ; (c) respect absolu des homosexuels et défense de proférer à leur encontre des paroles de mépris ou de rejet. Il nous était demandé aussi de renvoyé aux porte-paroles dûment mandatés par les organisateurs les journalistes qui auraient voulu nous interroger. Les organisateurs nous avaient également prié de ne pas céder à d'éventuelles provocations. Ainsi, au cas où deux hommes ou deux femmes s'embrasseraient après s'être fondu dans la foule en faisant mine d'être des manifestants, les maris devaient embrasser leurs femmes, ou manifester leur affection pour un proche de sexe opposé. Un orateur a également parlé du drapeau bleu-blanc-rose, pour rappeler que la patrie ne portait pas de jugement sur ces orientations sexuelles. Enfin, il était interdit de distribuer des tracts et nous devions en avertir immédiatement un membre responsable (gilet bleu) qui devait intervenir alors pour faire cesser la distribution.
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Le cortège de manifestants s'est mis en route peu après 14 h 30. En tête, il y avait un vingtaine d'élus ceints de leur écharpe tricolore. J'ai interrogé une jeune fille d'une vingtaine d'année, membre du service d'ordre (gilet jaune) ; elle m'a indiqué que plus de 1000 jeunes assuraient cette fonction. J'ai pu le constater des mes propres yeux : ces jeunes avaient de 18 à 30 ans. L'animation était assurée par une équipe de jeunes. La foule était très mélangée ; des familles entières avec leurs enfants (dont nombre de bébés en poussettes), des adolescents et adolescentes, des gens (souvent des couples) dans la force de l'âge, et des personnes plus âgées. Impossible d'en dresser une statistique précise. Il me semble que prédominaient les jeunes couples (avec leurs enfants) et les couples dans la force de l'âge (avec souvent des enfants, pré-adolescents ou adolescents). J'ai aussi remarqué qu'un  cameraman, sur le trottoir du boulevard Raspail cherchait l'image choc, l'image scoop, alors qu'il suffisait de filmer une séquence de la foule qui défilait bon enfant pour rendre compte des faits. Et je reteins qu'une image est toujours le reflet des choix subjectifs de celui qui la fixe. A l'entrée de la rue de Rennes (j'ai un doute sur la rue), il y avait une contre-manifestation. Entre cent et deux cents femmes, se déclarant lesbiennes, huaient les manifestants qui, à de très rares exception, n'ont pas répliqué. Ces femmes portaient des pancartes : "Enfin une loi juste" ; "La messe en latin" ; "Range ta bible". On ne sait pas trop pourquoi la messe en latin et la bible étaient impliquées dans cette contre-manifestation qui m'a paru pitoyable.
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Quand je suis arrivée sur la place située derrière les Invalides, elle était noire de monde, et je n'ai pu aller au-delà du débouché du boulevard sur cette place. Il était 17 heures. Un haut-parleur nous a fait savoir que les derniers manifestants quittaient la place  Denfert-Rochereau. De fait, en remontant le boulevard Monparnasse jusqu'à la station Duroc, pour prendre le métro, j'ai pu voir ce dernier noir de monde. J'évalue à plus de 100 000 le nombre des manifestants. Mais comme une chaîne de jeunes gens et jeunes filles, munis de compteurs manuels, et placés peu après l'Eglise Saint-François-Xavier comptaient le nombre de personne se dirigeant sur les Invalides, nous aurons une appréciation relativement fiable de la taille de la foule, et sans doute sous-estimée en raison de que l'on appelle les passages en coïncidence. C'est donc le nombre publié par les organisateurs qui doit être pris en compte. Chose émouvante, les cloches de Saint-François-Xavier n'ont cessé de teinter pendant le passage du cortège.
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Cette manifestation n'est qu'un hors d'oeuvre. Et les participants sont fermement décidés à manifester de nouveau si les aveugles et les sourds continuent de nous conduire au gouffre.
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C'est tout pour ce soir.

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