jeudi 29 novembre 2012

Un petit passage du Zhuang Zi, à méditer

-
Je suis tombé sur ce petit passage du ZHUANG ZI (TCHOUANG-TSEU) traduit par Jean-François BILLETER, un sinologue averti. Quand je vois les nominations, les promotions, les bonnes places que l'on se distribue dans le monde politique (actuel ou passé du reste), dans le monde financier ou dans celui de la haute fonction publique, je ne peux m'empêcher de penser que ZHUANG-ZI était un très bon observateur ; il a vécu sans doute du temps des Royaumes Combattants, mais je n'ai pas encore trouvé de détails précis sur les dates de sa naissance et de sa mort, car je n'ai pas eu le temps de les chercher ; certes, dans le présent passage, il est un peu cru. Mais enfin la description est si juste qu'on passe sur la verdeur du propos :
-
"Un homme de SONG, un certain TS'AO CHANG, avait été envoyé en mission à TS'IN. Au moment de son départ, il avait reçu un train de quelques chars. Le roi de TS'IN, à qui il eut l'heur de plaire, lui offrit cent autres chars. Lors de son retour à SONG, rencontrant TCHOUANG-TSEU, il lui dit : 'Très peu pour moi de passer ainsi mes jours au fond d'une ruelle étroite, dans un quartier misérable, à tresser des sandales pour vivre, le visage hâlé et la nuque brûlée par le soleil. Moi, je sais faire reconnaître instantanément mon mérite par un souverain de dix mille chars et je reviens de chez lui avec cent chars en plus dans mon équipage'. A quoi TCHOUANG-TSEU répondit : 'Quand le roi de TS'IN a des ennuis de santé, il convoque ses médecins. Celui qui lui crève un abcès ou lui vide un furoncle reçoit un char, celui qui lui suce les hémorroïdes en reçoit cinq. Plus ils descendent, plus ils en reçoivent ! D'après ton train, tu as dû le lécher le cul ! Va, circule !".
-
Il est absolument stupéfiant de voir que les élites ou ceux qui se prétendent telles continuent à faire comme si elles étaient vraiment les meilleures personnalités de la patrie. Aveugles et sourds, ils ne voient pas la colère qui monte et s'accumule et les cris des mécontents. J'ai discuté aujourd'hui avec une élue locale. Elle m'a confirmé que ces soi-disant élites étaient corrompues, oh ! souvent d'une manière discrète et délicate ; on s'entend surtout pour se distribuer les postes : à toi, la présidence de tel organisme et les émoluments afférents, mais tu me laisses ce secrétariat général de tel autre organisme. Ils s'entendent nos hommes politiques, ils s'acoquinent entre eux et le cul des plus élevés en grade est plus lisse qu'il nous est possible de l'imaginer à force d'avoir été léché par les courtisans...

Aucun commentaire: