mardi 20 janvier 2015

20 janvier 2015. Nouvelles de la Résistance : la tolérance à la Voltaire ou le rafraîchissement de la mémoire...

-
Jamais maxime ne fut plus vraie qu'en ces temps troublés :

Ce n'est pas l'ignorance qui nous empêche d'être vrai, c'est la lâcheté
-
1. Les citations du jour.
-
Je les emprunte toutes à VOLTAIRE et je vous demande instamment de les lire toutes :

Dictionnaire philosophique (‘article Juif’).
 « C’est à regret que je parle des Juifs : cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre » 

« Vous ne trouverez en eux qu’un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent. Il ne faut pourtant pas les brûler. »

« Toujours superstitieuse, toujours avide du bien d'autrui, toujours barbare, rampante dans le malheur, et insolente dans la prospérité, voilà ce que furent les Juifs aux yeux des Grecs et des Romains qui purent lire leurs livres. »

Essais sur les Mœurs.

 « Si nous lisions l'histoire des Juifs écrite par un auteur d'une autre nation, nous aurions peine à croire qu'il y ait eu en effet un peuple fugitif d'Egypte qui soit venu par ordre exprès de Dieu immoler sept ou huit petites nations qu'il ne connaissait pas ; égorger sans miséricorde les femmes, les vieillards et les enfants à la mamelle, et ne réserver que les petites filles ; que ce peuple saint ait été puni de son Dieu quand il avait été assez criminel pour épargner un seul homme dévoué à l'anathème. Nous ne croirions pas qu'un peuple si abominable (les Juifs) eut pu exister sur la terre. Mais comme cette nation elle-même nous rapporte tous ses faits dans ses livres saints, il faut la croire. »

« N’est-il pas clair (humainement parlant, et ne considérant que les causes secondes) que si les Juifs, qui espéraient la conquête du monde, ont été presque toujours asservis, ce fut leur faute? Et si les Romains dominèrent, ne le méritèrent-ils pas par leur courage et par leur prudence? Je demande très humblement pardon aux Romains de les comparer un moment avec les Juifs. »


« Si ces Ismaélites [les Arabes] ressemblaient aux Juifs par l'enthousiasme et la soif du pillage, ils étaient prodigieusement supérieurs par le courage, par la grandeur d'âme, par la magnanimité [...] Ces traits caractérisent une nation. On ne voit au contraire, dans toutes les annales du peuple hébreu, aucune action généreuse. Ils ne connaissent ni l'hospitalité, ni la libéralité, ni la clémence. Leur souverain bonheur est d'exercer l'usure avec les étrangers ; et cet esprit d'usure, principe de toute lâcheté, est tellement enracinée dans leurs coeurs, que c'est l'objet continuel des figures qu'ils emploient dans l'espèce d'éloquence qui leur est propre. Leur gloire est de mettre à feu et à sang les petits villages dont ils peuvent s'emparer. Ils égorgent les vieillards et les enfants ; ils ne réservent que les filles nubiles ; ils assassinent leurs maîtres quand ils sont esclaves ; ils ne savent jamais pardonner quand ils sont vainqueurs : ils sont ennemis du genre humain. Nulle politesse, nulle science, nul art perfectionné dans aucun temps, chez cette nation atroce. »
-
2. Commentaires.
-
Il paraît que les ventes du Traité sur la tolérance de monsieur AROUET dit VOLTAIRE se sont envolées de 40 %, après les sanglants attentats qui ont endeuillé la France.
Il me semble nécessaire de rappeler aux lecteurs, (abusés par les professeurs de l'Education dite nationale, qui sélectionnent dans l'oeuvre du polygraphe ce qui convient à la doctrine de la République), un certain nombre de propos de celui qui passe pour le champion de l'ouverture d'esprit. Je ne commenterai pas davantage. Les mots parlent d'eux-mêmes.
Mais il faut bien écraser l'infâme, non ? C'est sans doute pourquoi les dessinateurs de CHARLIE HEBDO ont cru bon, à contre-pied total du champion de la liberté d'expression, caricaturer le prophète MAHOMET, et déclencher une vague sans précédent de réactions dans les pays musulmans dont les victimes principales, outre la France et ses institutions, ont été des chrétiens. Il semble que la quasi-totalité des églises chrétiennes de NIAMEY aient été incendiées, détruites ou vandalisées. Nous devons aussi déplorer la mort de quatre chrétiens brûlés vifs dans l'incendie de l'Eglise où ils avaient trouvé refuge. On a retrouvé leur corps calcinés dans les décombres de l'édifice.

Décidément, je suis de moins en moins CHARLIE, si être CHARLIE c'est cautionner la connerie (qu'on me pardonne cette expression) et l'irresponsabilité.
-
3. Compléments d'information.
-
De l'observatoire de la christianophobie, cet article repris du magazine Le Point.

Le bilan s’alourdit à Niamey. Les services de police parlent désormais de 45 églises et d’une école chrétienne pillées puis incendiées par les émeutiers musulmans. Il n’y a, évidemment, aucun lien de cause à effet entre les cochonneries des nihilistes de Charlie Hebdo et les chrétiens du Niger. Si ce n’est que, comme je l’avais annoncé et pas seulement dans ce cas particulier, des provocations irresponsables et franchement criminelles de Charlie Hebdocontre les musulmans mettent en péril toutes les minorités chrétiennes véritables boucs émissaires de toutes les frustrations dans les pays musulmans.
Source : Le Point (19 janvier)
-


5 commentaires:

Pierre-Henri Thoreux a dit…

D'où tenez-vous cher Philippe ces citations tendant à faire passer Voltaire pour un odieux antisémite ? J'ai beau lire et relire mon exemplaire du fameux « dictionnaire portatif » (édition Garnier Flammarion) je ne vois rien de tel.
Il lui arriva sans doute d'exprimer quelques excès, mais qu'il distribua généreusement, sans exclusive à l'endroit des Juifs, et à replacer dans le contexte de son époque. Mais tout porte à croire que l'homme fut extrêmement réticent aux jugements à l'emporte pièce, dont il fut lui-même victime comme on sait, son dictionnaire ayant fini sur plus d'un bûcher...
A l'article « tolérance », on peut ainsi lire: « que nous devons nous tolérer mutuellement, parce que nous sommes tous faibles, inconséquents, sujets à la mutabilité, à l'erreur. »
S'agissant de la religion, s'il n'était sans doute pas croyant, il n'était pas davantage athée. En homme pétri de bon sens et d'esprit pratique, il écrivit ainsi que « la foi consiste à croire, non ce qui semble vrai, mais ce qui semble faux à notre entendement », tout en affirmant « que l'athéisme est un monstre très pernicieux dans ceux qui gouvernent et que s'il n'est pas aussi funeste que le fanatisme, il est presque toujours fatal à la vertu... »
A l'article fanatisme, enfin, on peut trouver cette question tragiquement actuelle : « que répondre à un homme qui vous dit qu'il aime mieux obéir à Dieu qu'aux hommes, et qui, en conséquence, est sûr de mériter le ciel en vous égorgeant ? »
En fin de compte, il y a pire enseignement selon moi, que celui qui propose aux élèves les œuvres de Voltaire...
Bien à vous

Philippe POINDRON a dit…

Il suffit d'aller, cher Pierre-Henri dans les éditions anciennes, et même sur internet où vous pourrez les retrouver aussi à l'article Voltaire antisémitisme. Je possède l'édition complète des oeuvres de VOLTAIRE publiées en 1775 (sans mention d'éditeur) dite édition carrée car le texte imprimé est encadré par un très beau filet. Vous retrouvez dans le Tome I de l'Essai sur les moeurs(aux pages 141 et suivantes) , un ensemble de constatations et les citations que j'ai rapportées. Je sais que ce n'est pas très politiquement correct de rappeler ces évidences. Mais c'est ainsi. (Par exemple page 165 où VOLTAIRE parle d'un peuple charnel et sanguinaire à propos des juifs. Je ne puis relever toutes les pages où apparaissent une haine féroce de ce peuple, tourné en dérision avec une rare obstination. Personnellement, je considère que VOLTAIRE n'est pas le plus recommandable des penseurs, mais il écrit admirablemenT.

Pascal Hutten a dit…

La citation décontextualisée est très à la mode ces temps-ci. Dans quel but? La Vérité? Vraiment?

«C’est à regret que je parle des Juifs: cette nation est, à bien des égards, la plus détestable qui ait jamais souillé la terre»
= J’aimerais que les Juifs (de l’Ancien Testament) aient été doux avec leur prochain. Mais la Bible regorge de guerres, etc., commises au nom de Dieu. C’est donc à regret que je parle des Juifs… Le Dictionnaire philosophique commente l’Ancien Testament, et s’oppose aux interprétations allégoriques par lesquelles ses exégètes essayaient de le rendre compatible avec le christianisme et son appel à l’amour universel – de même Voltaire vise ailleurs les contradictions entre message du Christ et faits accomplis en son nom : Croisades, etc.

Pascal Hutten a dit…

La citation décontextualisée est très à la mode ces temps-ci. Dans quel but? La Vérité? Vraiment? (Suite)

«Vous ne trouverez en eux qu’un peuple ignorant et barbare, qui joint depuis longtemps la plus sordide avarice à la plus détestable superstition et à la plus invincible haine pour tous les peuples qui les tolèrent et qui les enrichissent. Il ne faut pourtant pas les brûler.»
= Un paradoxe qui semble intolérant à qui le lit... à demi. La première phrase rappelle que dans l’Ancien Testament (qui est la cible, non par acharnement monomaniaque, mais en réponse aux historiens de l'époque tenant la Bible pour vérité incontestable et cautionnant les exactions qu’elle rapporte), l'histoire des Juifs ne les montrait guère bienfaisants ni tendant au christianisme (polygamie de Salomon, tueries diverses, etc.). Mais la seconde phrase change tout: même dans le cas où les Juifs seraient abominables, il ne faut pas les brûler. Même si des gens se montrent superstitieux ou haineux, on ne doit pas leur répondre par la violence. Et aujourd’hui, même si l’on croit –à tort ou non– que des caricatures d’un journal satirique relèvent de la haine, y répondre en en massacrant les auteurs est ignoble… À lire les deux phrases et non seulement la première, on y voit un appel à la tolérance, et, si l’on tient à faire des anachronismes, une condamnation de ce que Voltaire ne pouvait prévoir, un fléau des siècles suivants: l’antisémitisme et ses violences.

Pascal Hutten a dit…

La citation décontextualisée est très à la mode ces temps-ci. Dans quel but? La Vérité? Vraiment? (Suite et fin)

«Toujours superstitieuse, toujours avide du bien d'autrui, toujours barbare, rampante dans le malheur, et insolente dans la prospérité, voilà ce que furent les Juifs aux yeux des Grecs et des Romains qui purent lire leurs livres.»
= «aux yeux des Grecs et des Romains» répond aux apologistes de la Bible prétendant que si des mythes païens ressemblaient à des histoires bibliques, c’était parce que les Grecs les avaient appris des Juifs, leurs professeurs. Voltaire n’y croyait pas (avait-il tort? Par exemple, aujourd’hui, le lien entre mythe de Deucalion et histoire de Noé s’explique par une source commune, non juive, mais sumérienne, et inconnue au XVIIIe s.: l’épopée de Gilgamesh). En outre, il s’appuie sur des textes comme le Pro Flacco de Cicéron, qui est loin d’être la meilleure œuvre de ce Romain, comme d’ailleurs les citations relevées ici et isolées de leur contexte sont loin d’être les passages les plus intéressants de Voltaire. C’est probablement pourquoi les odieux «professeurs de l’Éducation dite nationale, qui sélectionnent dans l'œuvre du polygraphe ce qui convient à la doctrine de la République» préfèrent étudier des œuvres intégrales comme Candide ou Zadig: non seulement parce qu’elles apparaissent au fil des siècles comme les plus enrichissantes (les professeurs de physique ont aussi tendance à enseigner des lois jugées encore aujourd’hui pertinentes plutôt que celles qui sont désormais dépassées; est-ce parce qu’ils sont vendus à la «doctrine de la République»?), mais aussi parce que lire un conte entier évite les contresens qu’on multiplie dès qu’on tire trois ou quatre lignes, voire dix ou douze, d’un texte qui compte plus de cent pages…

Il faudrait relire aussi ce que vous retenez de l'Essai sur les mœurs, «Mais malheur à [celui] qui veut toujours instruire! Le secret d’ennuyer est celui de tout dire» (Voltaire, Discours en vers sur l’Homme, VI)