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Chers amis et lecteurs. Voici deux histoires
vraies. L’une vécue par Jean-Pierre DENIS, l’autre par votre serviteur, il y
une quinzaine de jours.
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UN MUSULMAN A CONVERTI JEAN-PIERRE DENIS AU CHRIST-JESUS.
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"En réalité, c’est
un musulman qui m’a converti.
"Laissez-moi vous expliquer.
"Ce jour-là, la conversation s’engage comme mille
autres conversations des jours ordinaires, au petit bonheur de la politesse. Le
chauffeur de taxi, un Maghrébin, me demande distraitement mon métier. J’ose à
peine lui répondre, car je sais que la corporation dont je fais partie a
mauvaise presse.
"— Euh, journaliste… Je suis journaliste.
"Je n’avais pas tort. Il fait la moue. Journaliste !
Et où ça ?
"Je travaille pour un magazine chrétien, catholique.
"Contre toute attente, il ne me demande pas de
descendre immédiatement. AU contraire. Dans le rétroviseur, il commence à me
regarder d’un autre œil. Moins suspicieux, mais encore prudent. Un journal
chrétien…
"— Mais vous-même, nous n’êtes pas chrétien ?
"— Si, je le suis.
"— Je veux dire, croyant. Vous ne croyez pas en Dieu ?
"— Si, je crois en Dieu.
"Enfin, je crois que je crois. J’essaie de croire.
Je voudrais, quoi ! J’ai construit ma vie autour de ça, un tant soit peu.
Il ralentit et fait un drôle d’air. Je me demande ce qui l’inquiète à ce point.
Suis-je tombé sur un islamiste qui va me poignarder ? Un missionnaire d’Allah
qui voudra à tout prix me faire la leçon connue sur l’islam-qui-est-la-vraie-religion
et le Coran-qui-est-la-vraie-Bible ? Un témoin de Jéhovah ? Un
scientologue ? Je sens qu’il va se passer quelque chose. Je pose la main
sur la poignée de la portière au cas où. Un feu rouge, je serai vite descendu.
C’est après un court silence qu’il lance sa dernière question. Pas agressive,
finalement. Au contraire, il la pose comme quelqu’un qui n’a plus grand espoir
ou qui parle à un malade dont le pronostic vital est engagé.
"— Mais vous ne pratiquez pas, quand même ?
"Le « quand même » me surprend. La vérité
se cache souvent dans les plus insignifiants adverbes, les locutions creuses,
les mots de liaison abandonnés là, au milieu de la phrase, ou vers la fin. Je
dois lui avouer, malgré tout, que si.
"Si, je suis pratiquant. Si, je vais à la messe, à
peu près chaque dimanche. J’ai rendez-vous avec Dieu aux alentours de 10 h 30.
"Son visage s’illumine. Il cesse de regarder devant
et prend le risque de se retourner vers moi. C’est là que je devrais m’inquiéter
pour ma vie.
"— Un catholique pratiquant ! Vous êtes le premier
que je rencontre. Je pensais que vous, les Français, vous ne croyiez qu’à l’argent.
"Certains en concluront que ce chauffeur,
fraîchement arrivé dans notre pays, connaissait mal les Français, fils de la
fille aînée de l’Église et peuple des plus critiques vis-à-vis de la tyrannie
du fric. Je voudrais être sûr qu’ils aient raison. Mais qu’importe. C’est
ainsi, en tout cas, qu’un chauffeur de taxi musulman m’a converti.
"Il m’a appris qu’il y avait une autre religion que
la chrétienne, une religion matérialiste dont le culte était tellement installé
que je ne le voyais plus. Il m’a appris, leçon ô combien plus utile, qu’il fallait
parler. Dire ce que l’on croit. Ne pas la jouer comme Jonas, le prophète de l’Ancien
Testament qui fuit Ninive pour échapper à la parole et se trouve happé par la
baleine. Il m’a appris que j’étais attendu par des gens qui, en apparence, n’attendent
rien. Il m’a appris l’urgence du christianisme attestataire. Il m’a appris à
confesser ma foi. Je lui suis profondément redevable.
"Grâce
à lui, un catholique s’est échappé."
In
Jean-Pierre DENIS.
Un catholique s'est échappé.
Les Editions du Cerf, Paris, 2019. (Pages 48 à 50.)
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MON HISTOIRE À MOI.
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Dans le métro. Ligne 10. Il y a une quinzaine de
jours. À la station Sèvres-Babylone, monte un vieux monsieur, coiffé d’un
improbable feutre, portant en bandoulière un accordéon aussi vieux que lui, s’il
est possible. C’est un Rom. Je dois dire que je déteste le son grinçant de l’accordéon,
un son qui perce les tympans et ne laisse aucun répit à ceux qui voudraient
somnoler ou lire. Et je me méfie de ces bandes venues des bords lointains du Danube
pour faire la manche dans les transports publics. Bref, je ne suis vraiment pas
bien disposé à l’égard de cet importun. De l’autre côté du couloir, assis sur
un strapontin comme moi, il y a un homme robuste, un maghrébin manifestement.
Il porte un tee-shirt noir et je ne vois d’où je suis assis (pas loin) que son
bras gauche entièrement tatoué.
Vient le moment fatidique de la quête pleurarde.
Je ne supporte pas davantage ce côté apitoyant de la requête. Mais mon voisin,
sans doute, ne l’entend pas de la même oreille. Il plonge dans la poche de son
jean. Je vois très clairement qu’il sort un euro et le met gentiment dans la sébile.
Je lui manifeste mon étonnement et mon mécontentement muet, du genre : « Vous
avez tort d’encourager cette mendicité ». Et lui de me dire, ayant compris mon agacement : « Il
est vieux. Il est fatigué. Il ne peut pas trouver de travail. Eh ! ».
Je suis retourné par cette réflexion. Par bonheur, je vois à l’autre bout de la
rame, émerger au dessus d’un dossier de siège, l’improbable feutre. Mon vieil
homme n’est pas descendu. Je vais le voir, et lui donne ce que je crois devoir
lui donner. Puis je reviens et dis à mon voisin : « Vous m’avez donné
une bonne leçon. Vous êtes croyant ? ». « Oui, je le suis. ».
Je rétorque, complètement bouleversé : « Moi aussi. Que Dieu vous
bénisse ». Il descend à la prochaine. Ce sera le dernier de cet échange
qui pour moi est la manifestation évidente de la présence divine dans le cœur des
croyants sincères.
Je sais, oh je sais ! Voilà une histoire
qui ne va pas plaire à certains de mes lecteurs. Comment ? Un musulman ?
Vous n’y pensez pas ! Si, j’y pense et même intensément. Cet homme a mis
en pratique l’un des cinq préceptes de sa religion : l’aumône. Et les
chrétiens ne devraient pas louer Dieu pour cette générosité donnée à toutes les
âmes droites ?
Je me souviens que dans la langue française,
nous disposons de l’article indéfini, indifférenciateur, généralisateur et
piège de la pensée, et de l’article défini, qui précise et délimite le champ du
prédicat. Je ne confonds donc pas « LES » musulmans avec « DES »
musulmans. Je refuse toute assimilation de la violence exprimée par certains d’entre
eux avec la violence supposée de tous. Je dis et je maintiens que c’est refuser
de penser que de ne pas tirer les conséquences purement humaines de cette
petite expérience que je viens de vous narrer.
Bonne journée.
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