Une partie des journalistes de la rédaction du Nouvel Observateur proteste hautement contre la publication par Michel LABRO et Denis OLIVENNES de l'entretien à eux accordé par le Président de la République. C'est, d'après ces "journalistes", de la basse flatterie, un soutien déguisé à un homme qu'ils abhorrent, non pour ce qu'il est (quoi qu'ils en disent), mais pour ce qu'il fait et pense. Un journal peut publier - comme l'infâme Airy ROUTIER - des "informations privées", controuvées de toutes pièces, et destinées à nuire, uniquement à nuire, cela ne les gêne guère. C'est "contre", ça ridiculise, ça démolit, ça n'apporte rien au débat politique, et par- dessus tout c'est un mensonge. Mais l'effet visé est (partiellement) obtenu.
Je suis allé lire, sur le site du Nouvel Observateur, la partie de l'entretien qui a été mise en version numérisée. En voici quelques extraits :
"Deux ans après son élection, Nicolas Sarkozy affronte dans un environnement tourmenté la seconde partie de son quinquennat. Crise, chômage, retraites, bouclier fiscal, ouverture, médias ou justice... Dans un entretien exclusif pour «le Nouvel Observateur», il répond aux questions de Denis Olivennes et de Michel Labro. Qu'un président de la République, élu sur un programme de droite, en vienne, la crise aidant, à défendre des positions qui s'apparentent parfois à celles de la social-démocratie, il y a là de quoi surprendre. De quoi s'interroger aussi. Cette volte-face, faut-il la comprendre comme une adhésion partielle aux idées que nous défendons ici depuis toujours ? Ou comme une manoeuvre pour séduire les voix du centre et de la gauche «raisonnable» ? Cela nous a conduits à rencontrer Nicolas Sarkozy. Nous voulions qu'il s'exprime, qu'il dise s'il y avait vraiment un changement et ce qui l'avait motivé, qu'il s'explique sur ce qui nous apparaissait comme une stratégie nouvelle. Nous avions conscience qu'un entretien est aussi une tribune. Faisant cela, nous prenions le risque d'offrir à l'hôte de l'Elysée les colonnes d'un journal qui ne le ménage pas. Mais le débat démocratique, tel que nous l'entendons, nous commandait de le faire. Nous a-t-il convaincus ? Loin s'en faut. Est-il tout à fait le même qu'au début de son quinquennat ? A vous d'en juger. En attendant, voici le nouveau Nicolas Sarkozy, tel qu'en lui- même la crise le change. A tout le moins, tel qu'il veut se présenter à nous.
On ne peut pas dire que cette introduction soit vraiment tendre pour le Président. LABRO et OLIVENNES délimitent avec honnêteté, me semble-t-il, les limites de l'exercice, conviennent qu'il peut être perçu comme une tribune, et mettent clairement en doute la bonne foi de leur interlocuteur, en concluant leur introduction par "A tout le moins, tel qu'il veut se présenter à nous". A croire qu'ils avaient prévu le coup de pied de l'âne de leurs chers confrères.
N. O. - On se souvient encore de l'échange plutôt vif que vous aviez eu avec Laurent Joffrin, le patron de "Libération" - il vous reprochait d'avoir "instauré une forme de pouvoir personnel, voire de monarchie élective" -, lors de votre conférence de presse de janvier 2008...
N. Sarkozy. - Je ne l'aurais plus aujourd'hui. Pas seulement en raison de la considération que j'ai pour l'intéressé. Mais en raison de l'idée que je me fais de ma fonction. Est-ce de cela dont je suis le plus fier dans mon début de mandat ? Certainement pas.
N. O. - Tout récemment encore, à Bruxelles, vous avez éconduit un journaliste de l'AFP qui vous interrogeait sur les rebondissements dans l'enquête judiciaire sur l'attentat de Karachi.
N. Sarkozy. - Si ce journaliste m'avait demandé: "L'assassinat de nos compatriotes est-il lié à un différend franco-pakistanais à propos de commissions non payées ?", je lui aurais répondu que je n'en savais rien et qu'il fallait que la justice aille jusqu'au bout de la recherche de la vérité. Mais la question était : "Vous étiez ministre du Budget, vous souteniez Balladur dans la campagne présidentielle, il y a l'attentat de Karachi, est-ce que vous étiez dans le coup ?" Je fais de la politique depuis trente-cinq ans, je n'ai jamais été associé à un scandale quel qu'il soit, et pourtant on a enquêté sur moi sous tous les angles. Cela devrait vous rassurer d'avoir un président pointilleux sur les questions d'honnêteté. J'en ai connu d'autres qui disaient à la télévision: "Des écoutes ? Moi, jamais." Je ne suis pas capable d'une telle hypocrisie !
(...)N. O. - Dans les deux premières années de votre mandat, vous n'avez donc commis aucune erreur ?
N. Sarkozy. - Certainement pas : j'ai commis des erreurs. Est-ce que tout ce qui m'est reproché l'est injustement ? Non. Il faut un temps pour entrer dans une fonction comme celle que j'occupe, pour comprendre comment cela marche, pour se hisser à la hauteur d'une charge qui est, croyez-moi, proprement inhumaine.
N. O. - La soirée du Fouquet's, au soir de votre élection par exemple, c'est le péché originel du sarkozysme : le CAC 40, les patrons de presse amis, le show-biz !
N. Sarkozy. - Lorsque le général de Gaulle est revenu au pouvoir, en 1958, il avait organisé une conférence de presse dans un grand hôtel parisien, l'hôtel La Pérouse. Un de vos confrères a écrit: "Le général de Gaulle a reçu les journalistes dans cet hôtel où il a ses habitudes." Notons que le standing du La Pérouse ne faisait pas alors débat... Je n'avais pas mes habitudes au Fouquet?s. J'observe d'ailleurs que les critiques sur mes amis, ma vie...
N. O. - ...Votre côté bling-bling !
N. Sarkozy. - Ces critiques avaient commencé bien avant le Fouquet's. Cela correspondait à une époque de ma vie personnelle qui n'était pas facile et où j'avais à me battre sur plusieurs fronts. Je n'avais pas attaché à cette soirée une importance considérable. J'ai eu tort. En tout état de cause, à partir du moment où quelque chose n'est pas compris et fait polémique, c'est une erreur. Et si erreur il y a, ce n'est pas la peine de la recommencer.
Etc., etc.
Je ne vois aucune complaisance dans les questions. Et je me dis qu'une partie de la rédaction du Nouvel Observateur est comparable à un champ de narcisses... Ils détestent tout ce qui n'est pas comme eux ; ils aiment se regarder dans le miroir de leurs propres idées ; ce sont des petits esprits, des minuscules agents d'une opposition infirme, aveugle et sourde, pour le plus grand malheur de la démocratie.