Je viens de trouver par hasard un texte d'Hannah ARENDT qui me paraît tout à fait intéressant. Dans le contexte de scientisme, et du cortège de croyances qui l'accompagne, le point de vue est rafraîchissant. Et, venu d'une personne qui pense aussi intensément et profondément qu'Hannah ARENDT, il incite à la prudence.
"Du point de vue des processus universels et des probabilités statistiques qui les régissent, la naissance de la terre est déjà une improbabilité infinie. Et il n'en va pas autrement pour la naissance de la vie organique à partir du processus de développement de la nature inorganique. Ces exemple font voir que, chaque fois qu'il se produit quelque chose de neuf, cela fait irruption à l'improviste, d'une façon non calculable et finalement causalement inexplicable, comme un miracle dans l'enchaînement des déroulements calculables. En d'autres termes, tout nouveau commencement est par nature un miracle, tout au moins lorsqu'il est vu et expérimenté du point de vue des processus qu'il interrompt nécessairement. En ce sens correspond à la transcendance religieuse de la croyance au miracle, la transcendance réellement démontrable de tout commencement par rapport à la continuité du processus dans lequel il fait irruption." (In "La politique a-t-elle finalement encore un sens ?")
J'apprécie énormément ce point de vue qui permet de moduler les évidences assénées par nombre de pseudo-scientifiques sur les origines de la vie. Il me semble que la reconnaissance de notre impuissance à connaître en ce domaine, et l'humilité qui doit accompagner cette faiblesse, laissent à chacun de nous l'espace intérieur nécessaire pour s'interroger sur notre fin dernière. Si le but de la politique est de conduire chaque être humain à la fin qui lui est due, on comprend l'importance du constat que fait, avec beaucoup de probité, ARENDT, sur la transcendance des commencements.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire