jeudi 30 juillet 2009

Condorcet, démocratie et souveraineté du peuple, un mirage

Monsieur AYRAULT, le président du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, utilise un bien mauvais argument pour dénoncer le projet de redécoupage des circonscriptions électorales. Il argue, bien à tort, que, sur la base des dernières élections législatives et de ce nouveau découpage, la majorité aurait eu trente députés de plus.
Cet argument me paraît faible. Faire dépendre une majorité d'un découpage territorial me paraît, certes, tout à fait anormal. Mais enfin on ne voit pas comment une majorité maîtresse de cette opération pourrait la réaliser à son détriment. Et s'il suffit de sortir quelques communes ou quelques cantons d'une circonscription pour faire basculer une majorité, alors il fait s'interroger sur la démocratie.
CONDORCET, ce mathématicien qui appelait de ses voeux la venue du règne de la raison et qui s'est suicidé dans sa prison pour échapper à la guillotine, une fois ce règne advenu, a montré qu'il est impossible de dégager une majorité d'opinion qui reflète l'état réel du corps électoral, quand on offre à celui-ci plus de deux choix. Si l'on combine cette conclusion, fondée mathématiquement (Théorème de CONDORCET), à l'anomalie qui fait varier une majorité en fonction de l'étendue d'une circonscription, il résulte que la seule manière d'avoir une opinion vraiment démocratique consisterait à n'avoir qu'une seule circonscription, celle du territoire national, et seulement deux partis. Alors, et alors seulement, on aurait le reflet de l'opinion de la majorité du corps électoral.
Cette condition n'est remplie pour l'instant que par le votre référendaire qui s'exprime par un OUI ou un NON, totalisé à l'échelle du territoire national. A pousser le raisonnement, on simplifierait certainement la vie politique, si l'on obligeait les divers partis à former des coalitions AVANT le vote, et si seulement deux coalitions étaient mises aux suffrages des électeurs, sur un programme précis, détaillant tous les champs de l'action politique. Mais alors, adieu les poisons et les délices des conciliabules de couloir, des combinaisons d'appareils, des partis loufoques ou utopiques. Ces messieurs seraient bien obligés de se mettre d'accord avant de nous demander notre avis.

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