samedi 18 juillet 2009

Je rêve

Il est donc possible, en France, de bloquer un lycée, d'empêcher d'y rentrer ceux qui veulent travailler et suivre les cours, et d'être réinscrit dans le lycée dont on a perturbé gravement le fonctionnement sans prendre l'engagement de ne plus recommencer.
Tristan SADEGHI, en effet, s'était vu refuser la réinscription sans condition au lycée Maurice RAVEL. Le proviseur, Philippe GUITTET, avait subordonné la réinscription de Tristan à un engagement, non pas de renoncer à ses opinions ou à son militantisme, mais à celui de ne plus bloquer le lycée. Tristan SADEGHI entendait ainsi protester contre la réforme de monsieur DARCOS. Mais, fort du soutien du ministre et de la loi, monsieur GUITTET ne voulait pas que de telles actions illégales puissent être de nouveau entreprises. Il a dû avaler ses convictions. Tristan SADEGHI soutenu par le PG, le PC, le NPA, les Verts, le PS, l’Unef, l’UNL, la FIDL et la FSU, ainsi que par les élus PG et PS qui sont intervenus auprès du proviseur et du rectorat, est de nouveau admis dans ce lycée.
Son comité de soutien fait état du "soulagement" du jeune homme et de sa famille. A vrai dire, si être inscrit dans un lycée pour y poursuivre théoriquement des études n'a d'autres finalités pratiques que de s'empêcher de le faire et d'empêcher de même ses camarades, on ne voit pas très bien à quoi ça sert d'être réinscrit.
Quand aux démagogues de gôôôôche, tous plus aveugles les uns que les autres, il ne faut qu'ils s'étonnent si d'aventure, revenant au pouvoir, ils voient se développer dans le pays des blocages durables contre une politique qui paraîtrait insupportable à une minorité de citoyens. Leur victoire est un victoire à la Pyrrhus. Ils sont misérables dans leur démagogie et leur incivisme. Décidément, la démocratie est bien malade en France.

2 commentaires:

Roparzh Hemon a dit…

Cher auteur,

je ne peux m'empêcher de retourner la dernière phrase de
votre billet : ce n'est pas la démocratie qui est malade en France,
c'est au contraire la France qui est malade de sa démocratie. Vous
et ce Monsieur GUITTET aussi d'ailleurs. Si vous admettez le
principe démocratique, vous admettez ipso facto que votre opinion
ou celle de monsieur GUITTET a la même, exactement mathématiquement
la mêêêême valeur que celle celle de M. SADEGHI, d'un militant du PS,
de la FSU ou autre. L'un des camps étant beaucoup plus fourni et
donc plus "représentatif" que l'autre, il est tout-à-fait normal (et même
obligatoire) démocratiquement que ce soit celui-lá qui gagne la bataille.

Comment ? Vous dites que la démocratie ne "doit" pas
être cela, que dans le lendemain qui chante et le futur radieux
elle "doit" être autre chose ? Je vous renvoie alors à la fin
de votre billet précédent, où vous expliquiez qu'il ne faut pas
s'enfermer dans le futur ...

Amicalement,

E. D.

Philippe POINDRON a dit…

Cher monsieur,

je ne puis souscire à votre analyse. Il ne s'agit pas ici d'opinion. Monsieur SADEGHI a parfaitement le droit de ne pas être d'accord avec la réforme des lycées. Mais, démocratiquement, il doit admettre que la loi est faite par la majorité. S'il n'est pas content, il peut toujours militer pour faire changer les choses aux prochaines élections dans le respect des lois en vigueur. Il peut le dire. Il peut manifester. Il n'a pas le droit de nuire à ses concitoyens ou à ses condisciples. Il ne faut pas confondre opinion et respect de la loi.
Par ailleurs, le blocage du lycée est illégal. Je ne vois pas pourquoi on devrait défendre une action illégale. La subtilité de l'opposition ici est de s'attaquer à une mesure (de bon sens) prise par un proviseur qui a une haute idée de ses responsabilités, a aussi l'autorité nécessaire pour juger du bien-fondé d'une inscription dans son établissement, mais n'a pas, sur ce point, le pilier absolu de la loi. Sa décision, parfaitement légitime et légale, relève d'une analyse qui lui est personnelle et laisse un assez large pouvoir d'appréciatiton, et c'est à ce titre là que messieurs de la gôôôche se permettent de la critiquer. Mais leurs critiques n'a pas plus de poids légal, elles en ont même moins que celle de monsieur GUITTET.
Il est vrai qu'un député socialiste a dit à l'opposition de l'époque, du temps de monsieur MITTERRAND, bravant du reste la constitution : "vous avez JURIDIQUEMENT TORT parce que vous êtes POLITIQUEMENT minoritaires." C'est une aberration. S'il est vrai que la majorité fait la loi, celle-ci ne peut-être quelconque. C'est la raison d'être du Conseil Constitutionnel que de vérifier la conformité de la loi à l'esprit et la lettre de la Constitution. Or la loi sur les lycées n'a pas été censurée.
A force de critiquer la loi, on va finir par fabriquer des non-citoyens. Et je crains fort que nous en soyons arrivés là.
Bien amicalement.